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© L'Articho

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Aujourd'hui
ScénarioFroissart Loïc
DessinFroissart Loïc
CouleursFroissart Loïc
Année2022
EditeurL'Articho
SérieOne-shot !
Bullenote [détail]

 

1 avis

Mael
Les lecteurs et lectrices de Biscoto ou Topo (ou plus largement de littérature jeunesse) connaissent les personnages de Loïc Froissart, grands corps aux petites têtes parfois perdus dans des décors plus importants qu’eux. Son dessin limpide joue sur ces contrastes, appuyé par une palette de couleurs sobres et nettes. Avec cette capacité de synthèse, il n’est pas étonnant qu’on le retrouve beaucoup dans la presse, en illustrateur.

Aujourd’hui incarne ce même principe synthétique : un livre de 72 planches uniques pour présenter toute la journée d’une école primaire, toutes classes confondues, alternant d’un lieu à l’autre, par bribes. Nous ne suivons pas un personnage précis, même si nous retrouvons ici un élève, ici un concierge, mais la vie d’un lieu. Les 72 pages ne sont pas toutes des gags, si certains vont dans le bon mot ou le comique de situation, d’autres sont de simples séquences contemplatives – comme un arrosage de plante à la bibliothèque –, voire des illustrations.

Naviguant d’une représentation à l’autre, l’auteur nous présente une école crédible, qui n’apparaît pourtant pas comme une « BD reportage », même si l’on apprend auprès de l’éditeur que c’est après un an de travail en école primaire que Froissart a fait ce livre. On ne l’y verra pas en petit journaliste, nous élaborant un propos général et documenté sur l’école, on ne l’y verra pas du tout d’ailleurs. Curieusement, cette succession de scènes détaillant diverses heures et moments de la journée, captant des saynètes, n’apparaît pas non plus comme un recueil d’anecdotes, autre habitude d’une bande dessinée descriptive. Comme l’intention de capter n’est pas ressentie, l’ensemble évite une lourdeur.

Une des choses les plus finement représentées, qui concourt au réalisme de l’ensemble, est cette rupture constante entre le calme total de nombreux lieux de vies (couloirs, cours de récréation, cantine…) en dehors de certains créneaux, et à l'inverse les salles de classe lors des moments de pause. Cette dualité de la vie de l’école est ainsi particulièrement ressentie, avec une grande économie de moyens et de mots, mots bien présents quand il s’agit de décrire le flux voire le chaos.

Aujourd’hui reste un livre curieux, difficilement classable (sans jeu de mot) dans sa cible, les divers regards pouvant parfois parler aux enfants mais se destinant d’autre fois directement aux adultes. Cette spécificité explique sans doute une relative discrétion du titre dans la presse critique, malgré quelques chroniques et des expositions. Sa nomination au festival d’Angoulême dans la sélection « Jeunesse » permet de le remettre un peu en avant, dans une sélection qui, si la création pour la jeunesse est réjouissante et riche, participe toutefois à ce brouillage de la cible.
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