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| Astucieusement déguisé en bande dessinée facile à lire, le livre de Scott Mc Cloud explique simplement le langage de la bande dessinée.
Un des très rares livres sur la bande dessinée et en bande dessinée, cet ouvrage propose la réflexion de l'auteur sur la bande dessinée, ainsi qu'une "grille de lecture" au lecteur désireux d'approfondir sa compréhension et sa réflexion sur le sujet. |
  CoeurDePat
| Cet ouvrage, de même que "Réinventer la bande dessinée", est assez exceptionnel. Contrairement à son successeur, le dessin n'est pas entièrement fait sur ordinateur, mais à la main. La différence n'est pas très grande, sauf que le trait perd en précision ce qu'il gagne en personnalité.
Mais à dire vrai, le dessin importe peu. Le message par contre, est éminement intéressant. L'auteur expose quelques pistes pour mieux comprendre (ou pourquoi pas faire !), et par là-même apprécier la bande dessinée, et toutes sont intéressantes. Elles ne manqueront pas de faire réagir et réfléchir le lecteur. On peut bien évidemment être plus ou moins d'accord avec l'avis de Scott McCloud, mais ce livre est une base de réflexion vraiment digne d'intérêt. L'auteur le souligne d'ailleurs lui-même, ésperant susciter un débat sur la vision de la BD, ses moyens, son avenir.
Si certains pourront regretter (et encore, le terme est fort), des répétitions et un défonçage de quelques portes ouvertes (en Europe, en tout cas), cet ouvrage est tout simplement indispensable au lecteur qui veut (mieux) comprendre le monde de la bande dessinée, et ses bandes dessinées.
J'ajouterai que les exemples cités sont eux-aussi très intéressants, on trouve même des références à Moebius. |
flop
| Scott mc Cloud, je le connais uniquement par ces deux bouquins: "L'art Invisible" et "réinventer la bande dessinée".
Les deux forment une somme de réflexion très très intéressantes sur la forme et le fond de la bédé. Sur la diffusion, bref des ouvrages théoriques complexes et riches, d'autant plus qu'ils sont sous la forme d'une bédé. Expliquer et décortiquer un mécanisme en utilisant ce mécanisme, quoi de mieux pour être d'une clarté limpide??
En l'occurence, l'efficacité des exposés de McCloud est incontestable.
Qu'il nous parle du temps qui passe dans une bédé (l'espace est à la bande dessinee ce que le temps est au cinéma), de l'espace magique entre les cases, là où tout se passe, ou de l'apport narratif des mangas, il tombe toujours très très juste et certains passages nous font dire "Bon sang mais c'est bien sur" (comme dirait l'autre).
Qu'on soit auteur du dimanche ou auteur confirmé ou simplement amoureux de bédé, c'est un bonheur de voir clairement mis en lumière des mécaniques qui nous sont si familières qu'on en oublie qu'elles existent.
J'ai, en bédé comme au cinema, toujours beaucoup de mal à me soustraire à mon regard de spectateur admiratif pour rentrer dans l'analyse. Aussi les mécaniques narratives décrites par McCloud m'ont apporté énormement, en ce sens qu'elles ont réellement pris une place de technique et non plus de simple ressenti de lecteur. De là à dire qu'a partir de là, on peut tenter de les apprivoiser, les appliquer dans son propre travail...
En tout cas c'est de toute façon un ouvrage précieux, et la passion qui transpire de chaque page, la totale implication de l'auteur dans son métier qui est son mode de vie, donnerait envie a n'importe qui de s'y mettre.
Méfiez vous, si vous avez déja une petite envie de faire de la bédé, et que vous achetez ce bouquin vous allez craquer.
A ce sujet reportez vous au 7e chapitre, qui regorge de trucs géniaux sur le fait d'être auteur...
Voila, passion intense, explications limpides, informations précises et variée, ce petit bouquin de chez Vertige Graphic est un incontournable...
A lire et a relire. |
pessoa
| L’art invisible est un livre unique en son genre, ou presque : un essai en bande dessinée. Le sujet est bien sûr la bande dessinée elle-même. Plus précisément, McCloud définit avec exactitude la bande dessinée et fait la promotion de cet art singulier, à la manière d‘un ouvrage de vulgarisation en théorie de l’art. Les questions abordées sont ici l’origine de la BD, les mécanismes en jeu dans la perception du lecteur, le rôle du dessin « comique », celui de la couleur…
Scott McCloud prouve par l’exemple ce qui n’était pas une évidence : la bande dessinée peut être didactique. L’art invisible est même un album très vivant, une démonstration abondamment illustrée (c’est le cas de le dire) du potentiel du « neuvième art ». La démonstration m’a semblé brillante, mais en l’occurrence, McCloud prêchait un convaincu !
Bien sûr, Scott McCloud se base essentiellement sur des exemples issus des comicsaméricains, mais il pioche aussi dans la BD européenne et dans le manga. Sans parler des pages historiques où il remonte aux Egyptiens, aux Incas et à la tapisserie de Bayeux. Au passage, je me souviens qu’au collège on m’avait expliqué que cette tapisserie était en réalité une broderie, mais je ne crois pas que mes profs aient admis que c’était avant tout une bande dessinée ! Et pourtant…
Bref, c’est l’ouvrage indispensable pour « s’instruire en s’amusant » ! |
asacem
| Qu'une bande dessinée parle du médium bande dessinée sous l'angle dirons nous théorique était un point de départ tout à fait intéressant. L'ouvrage de Scott Mc Cloud a ses qualités: il est facile d'accès, c'est un ouvrage de vulgarisation de certaines théories, il explique très bien les mécanismes qui font de la bande dessinée un art 9ème.
Néanmoins l'ouvrage m'a profondément déçu. Pourquoi? Parce qu'il accorde une place discutable à une sociologie des media américaine que je conteste. Parce qu'il a une vision progressiste de l'acte créatif. Lisez Michel Foucault, le plus grand criticien de la pensée des catégories ( Les mots et les choses, l'archéologie du savoir). Puis relisez Scott Mc Cloud. Vous verrez, vous serez comme moi, vous serez déçu. A ce travail, je préfère la néo sémiotique de Groensteen dans son système de la bande dessinée, ou encore les travaux d'Harry Morgan, sympathique polémiste sur son site l'adamantine.
Quant à Scott Mc Cloud, c'est un bon auteur de bande dessinée ( allez sur son site scottmccloud.com il est merveilleux) mais un théoricien plus que discutable. |
herbv
| Scott McCloud est l’auteur d’un essai sur la nature de la bande dessinée réalisé sous la forme d’une bande dessinée qui est paru en 1993 aux USA et en 1999 en France. Dans les années 1980, il a été l’auteur de quelques bandes dessinées et aussi un des principaux contributeurs au projet de Déclaration des droits des auteurs de comic books qui a été publié en 1988. Il ne s’agit pas du premier essai sur la bande dessinée réalisé sous la forme d’une BD car Will Eisner en a réalisé un auparavant mais qui s’attachait plus à montrer certains principes et techniques que d’élaborer une analyse générale (La bande dessinée, art séquentiel, 1985). C’est d’ailleurs cet ouvrage qui est à l’origine de L’Art invisible.
En un peu plus de 210 pages L’Art invisible cherche à proposer une définition de la bande dessinée, s’attache à présenter le vocabulaire de celle-ci puis passe en revu ses caractéristiques : l’ellipse, la gestion du temps, le dessin, la place du texte. Ensuite, Scott McCloud s’attache à élargir un peu son propos sur l’élaboration de la bande dessinée et la mise en couleur avant de conclure. Le tout est proposé de façon très didactique et cherche à être le plus compréhensible possible. Il y a un réel souci de vulgarisation et de pédagogie qui est parfaitement rendu par une excellente traduction de Dominique Petitfaux, professeur d’anglais, auteur de plusieurs ouvrages sur Hugo Pratt et membre de feue la revue Le Collectionneur de Bande Dessinée.
Tous les chapitres ne sont pas de la même qualité. Le premier consacré à l’histoire et à la définition de la bande dessinée est un peu faible car cherchant peut-être à englober un peu trop d’œuvres dans le champ de la BD. Pour moi, le codex précolombien, la tapisserie de Bayeux ou les récits en gravures d’Hogarth ne sont pas de la bande dessinée même s’il s’agit de récits graphiques. Je renvoie les personnes intéressées par ce débat à deux autres ouvrages : Système de la bande dessinée de Thierry Groensteen et Principes des littératures dessinées d’Harry Morgan. Cependant, ce premier chapitre, malgré ses faiblesses dues principalement au fait qu’il aurait eu besoin de plus de développements, passe en revue les principaux enjeux d’une définition et donne une certaine assise à la suite du livre.
Le deuxième chapitre a le défaut d’être un peu trop théorique mais il pose les bases indispensables à compréhension de ce qu’est une bande dessinée et de l’importante variété de formes qu’elle peut prendre. Il faut donc un peu s’accrocher si on a pas trop l’habitude de lire des ouvrages théoriques car il est un peu long (36 pages). Ceci dit, l’effort demandé n’est pas insurmontable (c’est quand même plus lisible que du Harry Morgan) et c’est illustré avec beaucoup d’à propos. Cependant, si on a compris quel était le vocabulaire de la bande dessinée, notamment en distinguant l’image et le texte et en précisant les notions de réception / perception et les différents degrés entre la représentation de la réalité par l’image et le texte, il reste encore à voir comment ce vocabulaire est mis en œuvre.
Les chapitres 3 à 6 permettent de comprendre comment la bande dessinée fonctionne, quelle est sa grammaire. Ainsi, Scott McCloud attire note attention sur l’espace inter-iconique appelé aussi gouttière (le blanc entre deux cases d’une planche de BD) et l’importance de l’ellipse dans la narration. Les 34 pages consacrées au sujet sont formidables de clarté et constituent, à mon avis, la meilleure partie de l’essai. On peut apprécier tout particulièrement une tentative d’explication des spécificités narratives du manga. L’excellent quatrième chapitre consacré à la gestion du temps est plus court et se focalise sur la façon de rendre celui-ci sous la forme figée d’un ensemble de dessins sur une page ou même à l’intérieur d’une case. Ensuite, un chapitre assez court rappelle quelques vérités sur le dessin et la représentation des sentiments, sensations sous forme graphique. De nombreux fans de dessins léchés auraient bien intérêt à lire tout particulièrement cette partie afin de comprendre que non, l’auteur qu’on admire n’est pas si bon que cela et qu’en fait, c’est peut-être un tâcheron même s’il est excellent illustrateur.
C’est ensuite que L’Art invisible commence à perdre un peu de son intérêt. Heureusement, on n’est plus très loin de la fin, ce qui fait que cette baisse est sans réelle importance, le principal ayant été dit. Le chapitre 6 est pourtant important pour une bonne compréhension de la bande dessinée car il est consacré à l’interdépendance du texte et de l’image. Malheureusement, toute la première partie est assez théorique, plutôt nébuleuse et se contente souvent d’enfoncer quelques portes ouvertes. C’est seulement ensuite que l’auteur propose des cas concrets avec différents types de textes en exposant leur fonction narrative. J’aurai préféré une démarche inverse, partir du concret pour aller vers une théorie plus globale.
Le chapitre suivant sur le processus de création d’une BD expose là aussi une série de lieux communs et rappelle quelques évidences. Cela peut toujours intéresser les apprentis auteurs mais risque surtout de laisser de marbre les simples lecteurs. La courte partie sur la couleur est intéressante mais le thème est survolé un peu trop vite. Surtout, on continue à s’éloigner trop d’une théorie de la bande dessinée et des mécanismes nécessaires à sa compréhension. Enfin, un dernier chapitre propose une conclusion en résumant les propos de l’auteur. Il est de trop, incontestablement. On a l’impression que Scott McCloud a peur de ne pas avoir été assez clair et essayer de re-expliquer autrement ses idées à grand renfort de pages très graphiques. À moins qu’il applique un principe pédagogique bien connu : celui de la répétition.
Il reste, malgré une fin moins intéressante, que l’ouvrage est indispensable pour qui cherche à mieux comprendre pourquoi il apprécie la bande dessinée et comment elle est construite. Il est amusant, puis, petit à petit agaçant, de remarquer l’usage systématique par Scott McCloud d’un effet de suspens en fin de page. Chaque planche est construite par une première case introduisant le propos et par une dernière créant une attente (il ne faut pas confondre avec l’effet de suspense qui lui, à l’intérieur d’une construction dramatique, cherche à générer une angoisse). On peut aussi regretter que les possibilités au niveau de la planche, notamment des deux planches en vis-à-vis, ne soit pas mieux développées. La notion de narration visuelle n’est pas vraiment explicitée non plus. L’importance du rythme dans la narration n’est pas réellement abordée non plus. Cependant, d’autres ouvrages permettent de combler ce manque et L’Art invisible les rends bien plus compréhensibles. |
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