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| Mort. Tranquille. Peinard. Derrière les volets clos de son pigeonnier, Julien assiste à son propre enterrement d'un oeil goguenard. Mais que faire lorsqu'on est obligé de se cacher ? Rien d'autre qu'écouter les conversations du café des Tilleuls ou respirer l'air de la nuit, loin des regards. Et contempler Cécile. Cécile, l'amour de Julien, qui sert au café. Cécile à qui il ne peut parler, Cécile qu'il ne peut toucher. Tranquille, peinard ?
Rien n'en est moins sûr. En ce mois de juin 1943, à Cambeyrac, petit village aveyronnais, le calme n'est qu'apparence, la douceur de vivre qu'illusion. La milice du maréchal Pétain vient tout juste d'être créée, et les colonnes de blindés allemands ne vont pas tarder à apparaître... |
  jean loup
| Ce premier tome du "Sursis" de Gibrat, histoire en deux volumes imaginée par un illustrateur qui passe pour la première fois à l'écriture, est d'ores et déjà un classique de la Bande Dessinée. Dès la première planche (que vous pouvez découvrir en ligne sur ce site), le ton est donné. La qualité graphique de l'album est un petit miracle. Vous allez rentrer dans cet univers villageois et vous y sentir à votre aise, observateur privilégié comme le héros. Les couleurs sont fabuleuses et créent une ambiance chaleureuse et d'une crédibilité absolue. L'humanité mise en planches. Les petites mesquineries quotidiennes découpées en cases. La beauté du monde couchée sur le papier. Vous allez tomber amoureux de Cécile, qui est peut-être la plus belle héroïne jamais créée. A chacune de ses apparitions, c'est comme si la grâce s'était faite femme. On comprend que Julien, obligé de se cacher pour échapper au STO dans la France de 1943 et réduit à observer en silence les allées et venues dans le village, pose souvent le regard sur Cécile. Il s'inquiète davantage lorsque Paul tourne autour d'elle que quand les Allemands s'arrêtent à Cambeyrac. On est en pleine Seconde Guerre mondiale, et le récit en est fortement marqué ; mais "Le Sursis" est surtout une très belle histoire d'amour. Gibrat aime sans doute les gens, car il réussit à recréer la vie d'une communauté villageoise comme on a rarement su le faire avant lui. Vous n'oublierez jamais cet album qui a marqué de son empreinte le neuvième art de la fin du XXe siècle. |
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