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  Coacho
| Ca faisait un moment que les amateurs de Rabaté attendaient une nouvelle œuvre de cet auteur atypique. C’est chose faite avec cet album de 94 pages paru chez Futuropolis.
Après ce sombre voyage en noir & blanc qu’il nous avait offert avec Ibicus, Rabaté décide de nous conter une histoire en couleurs… Un petit côté pétillant de plus pour cette histoire incroyablement tendre. Et c’est en suivant Emile dans ses pérégrinations de sexagénaire que nous allons le faire ce chemin.
Tout d’abord, on est surpris par un dessin avec plus de rondeurs qu’à l’accoutumée. Il y aurait un peu comme du Davodeau dans ces pages… Et pas seulement sur le trait (d’ailleurs, je me trompe sûrement sur cette impression que j’ai), mais aussi sur le fond du propos.
Car il est profond, tendre, mais aussi casse-gueule !
En effet, il s’agit de la question de l’amour, mais pas seulement le platonique, mais bel et bien l’amour physique et ses pulsions chez les personnes âgées.
Et croyez-moi, les scènes sont parfois crues… Et pourtant… Pourtant… On se laisse bercer par le charme incroyable de ces retraités qui sont occupés à s’offrir une nouvelle jeunesse, et quand l’objet de ce qui pourrait être considéré comme un tabou dans notre société est abordé, c’est sans vulgarité aucune… Ca reste touchant et émouvant…
Une belle retraite comme une cure de jouvence qui fait un bien fou !
Le tout est un peu gâché par une relecture défaillante de l’éditeur qui laisse passer, par exemple, des « j’en avait plus d’assez grand » (p.17 case 4), « vous pouvez vous rabillez » (p.32 case 3) ou « j’en est pour deux secondes » (p.46 case 5). C’est absolument intolérable et indigne d’un éditeur qui veut jouer dans la cour des grands, et, surtout, qui doit déjà composer avec les innombrables reproches des défenseurs du Futuropolis originel qui trouvent en ce laxisme une raison supplémentaire de brocarder les repreneurs. Il ne faut pas tendre le bâton pour se faire battre… C’est en tout cas un fort bémol de forme qui m’empêche le coup de cœur absolu alors que cet album est pétillant, frais, puéril, tendre et touchant, d’une force émotionnelle incroyable, et qui reste un très beau livre qu’il vous faut lire absolument.
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nirvanael
| Ça commence comme une douce chronique de la vieillesse à la campagne : les parties de pêche paisibles qui donnent l’occasion de se vanter, les discussions animées au bistro du village où on se descend un petit blanc, un parler vivant et nostalgique, on s’insulte (gentiment) avec les mots d’autrefois et on évoque les « choses de la vie » avec poésie (on ne parle pas de « baiser » mais de « biquer » ou de « faire des bricoles »), et les copains, tout ça…
Jusqu ‘à ce qu’Edmond, le meilleur ami d’Emile, casse sa pipe, et que la libido repointe son museau. C’est là que ça se corse pour l’Emile : toutes les mamies qu’il croise se retrouvent nues dans son regard et il faut réapprendre à jouer au joli cœur tout en jonglant avec la solitude et un fort sentiment de culpabilité…
Il lui faut partir.
Puis ce qui devait être un « dernier pèlerinage » deviendra une sorte de voyage initiatique qui vous fera voir le troisième âge et la retraite comme quelque chose qui risque de vous surprendre.
Cet album d’une centaine de pages est indéniablement une réussite. En plus d’oser, sans se départir d’humour, des choses presque taboues dans la description de cette crise de la soixante-dizaine / quatre-vingtaine, il se paye le luxe d’être servi par un dessin rond et doux, maîtrisé et vivant, dont la coloration faite d’aplats est harmonieuse et caressante. Jamais rides et expressions ne m’ont parus aussi attachantes.
Les petites ruisseaux, en plus d’être une lecture des plus agréables, nous montre qu’au gré des rencontres et des événements, pour peu qu’on le veuille un peu, la vie peut s’écouler de la plus belle façon qui soit.
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