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Princesse Saphir
Dessin et scénario : Tezuka Osamu

Princesse Saphir, terminé


Volume 1 - 2005

Volume 2 - 2005

Volume 3 - 2005

 

1 avis


Herbv
Tink est un ange facétieux qui fait une blague à Dieu en donnant un cœur de garçon (bleu) à un futur nouveau-né qui a déjà reçu un cœur de fille (rouge). Le Tout-Puissant envoie alors son subordonné un peu trop espiègle sur Terre avec pour mission de réparer sa bêtise. Malheureusement, il ne s’acquitte pas correctement de sa tâche ; et Saphir vient au monde avec ses deux cœurs. Suite à une méprise, tout le monde croit qu’un garçon est né, ce qui arrange bien le roi : une fille n’aurait pas pu hériter du trône. C’est alors que Saphir va devoir mener une double vie : privée, où elle peut se comporter en fille, et publique où elle doit être un garçon. Le fait de posséder deux cœurs, un pour chaque genre, lui permet de faire bonne figure et d’être un maître escrimeur. En fille, Saphir va rencontrer le prince Franz Charming, l’héritier du royaume voisin ; et un amour va naître de cette entrevue à l’occasion du carnaval.

Cependant, les ennemis ne manquent pas, à commencer par le duc Duralumin, le second prétendant au trône qui ne rêve que d’une chose : prendre la place de Saphir en révélant sa féminité. Il est aidé par l’ignoble Lord Nylon, l’exécutant des basses œuvres. N’oublions pas Madame Hell, une puissante sorcière (qui remplace Méphisto dans la seconde version du manga) qui veut récupérer le cœur de fille de Saphir pour rendre sa fille Hécate plus féminine. Enfin, il y a Vénus, la déesse de l'amour, qui convoite le Prince Charming et qui veut donc se débarrasser de Saphir, la gêneuse. Lorsque Duralumin révèle la véritable nature de Saphir, ce qui lui permet de prendre le pouvoir, c’est le début d’une série d’aventures plus rocambolesques les unes que les autres pour notre malheureuse princesse qui a pris l’identité d’un justicier masqué : le chevalier au ruban.

En effet, un titre plus exact pour le manga aurait été « Le chevalier au ruban » car le travestissement est au cœur de cette série en trois tomes. Il existe d’ailleurs deux versions (une troisième a été abandonnée) de la série : la première date de 1953, l’autre de 1963. Toutefois, elles ne sont pas fondamentalement différentes. C’est cette dernière que l’on connait en français grâce à sa publication par Soleil manga en 2005 d’après la réédition de Kodansha en 1977. Prince·esse Saphir est connu sous deux titres différents en version française : le dessin animé Prince Saphir a été diffusé en France durant la deuxième moitié des années 1970 ; une version redoublée et dont le titre a été changé en Princesse Saphir a été diffusée en France dans les années 1980. C’est ce dernier titre qui a donc été repris par Soleil manga pour la version manga.

Il s’agit d’un des trois titres qui ont assuré la renommée de Tezuka avec Le Roi Léo et Astro, le petit robot (Astro Boy). Avec Prince·esse Saphir, Tezuka a été présenté comme le fondateur du shôjo manga - ce qui est faux, le manga s’adressant aux filles existait depuis des dizaines d’années. Par contre, il s’agit de la première longue histoire publiée dans un magazine shôjo, Tezuka appliquant les principes du story manga qu’il avait développé dans les publications à destination d’un public de jeunes garçons. Malheureusement, même dans sa version datant de 1963, le titre n’est pas exempt de défauts, bien au contraire. Tezuka en fait un peu trop, multiplie les aventures tout en les expédiant assez vite pour passer à la suivante. Comme d'habitude avec le Maître, il y a un peu trop de facilités scénaristiques. Qui plus est, l'humour jouant beaucoup sur des stéréotypes parfois un peu misogynes passe mal au XXIe siècle.

Effectivement, pour une jeune fille de maintenant, ce manga pèche à ce niveau, en apparence : il n'y a aucune remise en cause des stéréotypes. Il y a une dichotomie cœur de fille / cœur de garçon. Les filles sont des êtres faibles, doivent être douces et gracieuses alors que les garçons doivent être forts et courageux. Cela fait d'ailleurs l’objet d’un gag dans le chapitre 2 du tome 2. Pourtant, si on y regarde bien, Saphir est entreprenante, même en fille, et elle est un beau garçon, qui plait aux filles : elle est un homme charmant avec de beaux cheveux noirs, de grands yeux et des jambes de biche. On peut donc déduire que l’homme idéal est androgyne, et ne correspond pas aux canons habituels de la masculinité.

Il a été dit que le titre était inspiré par le théâtre de Takarazuka où tous les rôles sont joués par des femmes, y compris les rôles masculins (l'inverse du kabuki, donc). Tezuka a passé sa jeunesse dans la ville de Takarazuka et était amateur des pièces de théâtre jouées par la troupe. Pourtant, on ne retrouve cette influence que dans quelques scènes, généralement dansées (et « chantées ») ou dans quelques postures. En effet, le Takarazuka n’a jamais joué sur la confusion des genres et pratique une différentiation claire du sexe des personnages, même s’ils sont tous joués par des femmes. La confusion est plutôt chez les spectatrices qui peuvent fantasmer et se projeter dans tel ou tel personnage, qu’il soit masculin ou féminin.

De fait, l'autre point intéressant est celui de la confusion. Il y a le conflit vécu par Saphir : pour être elle-même, elle doit se « déguiser » en fille. Elle doit aussi se travestir en garçon pour prétendre au trône ou pour lutter masquée contre les usurpateurs, une fois qu’elle a été chassée de son royaume. Qui est-elle donc réellement ? Il est à noter que, surtout dans la version de 1953, Saphir, aussi bien en prince qu’en chevalier au ruban, a des formes. Elle a de la poitrine, même si celle-ci n’est pas très développée. Ses formes féminines sont plus masquées dans la version de 1963. Ainsi, le travestissement et l'androgynie participent à une certaine confusion des genres, luttant ainsi contre une certaine norme hétérosexiste en proposant d’autres représentations de la femme. Les deux aident aussi à ne pas cantonner la femme dans un rôle d’épouse et de mère au foyer. Deux autres mangas ont illustrés ce point : La Rose de Versailles de Riyoko Ikeda et Utena, la fillette révolutionnaire de Be-papas.
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