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  asacem
| Ouvrage éminemment difficile à chroniquer, (a)mère de Raphaël Terrier mérite néanmoins amplement qu'on s'y arrête.
En 86 pages parfaites de fluidité et de concision, ce tout jeune auteur - 22 ans - dont c'est le premier livre expose les "raisons", ou plutôt les évènements qui l'ont conduit à une rupture radicale d'avec sa mère.
Graphiquement l'auteur se cherche un peu. Son dessin reste néanmoins efficace.
Ce que l'on peut dire de ce travail, c'est qu'il est d'une élégance rare. D'abord parce qu'il arrive à évoquer l'indicible sans le galvauder: des évènements qui l'ont conduit à se défier de sa propre mère, l'auteur ne dira quasiment rien, il ne fera que les suggérer ou en pointer la cause. Ensuite parce que malgré cela il fait l'économie d'une quelconque théorisation ou distanciation par rapport à ces évènements. Les faits ressentis sont là, ils sont bruts. Enfin parce que la narration est fluide, sans excès, le découpage d'une grande maîtrise, le symbolisme par petites touches usé à bon escient.
Je dirais qu'au delà de ses qualités narratives indéniables, ce livre est important car il parle d'un sentiment qui n'est pas facile à dire, encore moins à montrer. Raphaël Terrier a réussi à le faire, magistralement. Il ne parle pas pour ceux qui n'ont jamais pu ou su dire ce sentiment, mais peut être leur montre t'il un bout du chemin...
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Coacho
| Je ne sais pas si c’est parce que j’arrive en fin d’année et que je suis fatigué, mais j’ai l’impression que mes lectures se succèdent, s’enchaînent, mais sont ponctuées par autant de baffes !
Tout d’abord méfiant à la vue de cette couverture peu attrayante, dont le dessin ressemble à un essai sur un coin de carnet, j’ai feuilleté… Et je me suis dit que bof…
Mais, tourne et vire et saute et trépigne, je me suis décidé à tout de même acheter (A)mère parce que le sujet me tentais.
Pas à cause d’un voyeurisme déplacé, non, juste pour comprendre la douleur d’un homme face à ce fléau qu’est l’alcool. Enfin, la douleur d’un homme.. Celle d’un enfant qui voit sa mère tomber amoureuse de Johnnie Walker, et qui verra ce couple maudit détruire son enfance, sa famille, et faire peser sur sa vie un poids dont il ne pourra jamais se départir.
Il n’a que 22 ans Raphaël Terrier, mais il est déjà amoché…
Avec une grande finesse, beaucoup de délicatesse et d’ellipses magnifiques (je pense à l’illustration de sa mère qui coule en lui qui trouvera une opposition quelques pages plus loin avec la saignée de ses poignets…), il dépeint avec la naïveté d’un jeune enfant qui ne comprend pas ce qu’il advient de sa mère…
Sans misérabilisme, sans les ficelle dramaturgiques classiques, l’auteur nous conduit au triste constat d’une famille dans laquelle tout semble réuni pour aller bien et qui, par on ne sait quelles raisons, bascule dans l’indicible horreur du quotidien.
Comme je le disais, point d’apitoiement, point de scènes glauques, et c’est tout le talent de Raphaël Terrier, pour nous prendre par la main, nous donner juste ce qu’il faut d’éléments pour envisager, et nous laisser ainsi travailler du ciboulot pour tenter de comprendre l’incompréhensible…
C’est poignant, fort, notre rythme cardiaque varie en fonction des angoisses de cet enfant que l’on voudrait juste rassurer…
Je ne rentrerai pas dans les détails et/ou composantes de sa famille, pour ne pas vous parler de ses frères, aînés et cadets, car je voudrais vraiment que vous lisiez ce album de grand talent narratif, si je peux me permettre de donner cet avis…
En quelques minutes, en quelques pages, l’auteur arrive à nous résumer avec beaucoup de sang-froid, mais aussi de passion, ce que fut cet Œdipe mal consommé, et cette mère trop consumée…
Malgré la dureté de son propos, malgré le silence qu’il entretien en même temps que sa haine, cet album est tout autant un cri de désespoir qu’un cri d’amour… Troublant, et terriblement poignant…
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