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© Delcourt

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Tome 1
ScénarioTezuka Osamu
DessinTezuka Osamu
CouleursNoir et Blanc
Année2003
EditeurDelcourt
CollectionMangas
SérieAyako, tome 1
autres tomes1 | 2 | 3
Bullenote [détail]

 

4 avis

MR_Claude
Un nouveau Tezuka, c'est toujours quelque chose dont on est en droit d'attendre le meilleur. Annoncé comme une histoire d'espionnage mêlé de "réalisme social", on s'attend donc à retrouver le Tezuka de "l'histoire des 3 Adolf".
Début 1949, le Japon est adminsitré par les Etats-Unis, et les réformes drastiques se succèdent, aggravation, du chômage, misère du peuple, la tension monte... Jirô Tengé est un ancien prisonnier qui travaille maintenant pour les Etats-Unis, en tant qu'espion. Il va retrouver sa famille, et le moins que l'on puisse dire c'est que ce n'est pas l'amour qui y règne entre le père tyrannique, l'ainé qui complote pour toucher l'héritage, une soeur aux relations douteuses, et la petite dernière, Ayako, fille de son père et de sa belle-soeur...

Il s'agit peut-être de l'oeuvre la plus sombre de Tezuka. Sa description des rapports sociaux de l'époque se veut très réaliste, et il en résulte un portrait du Japon de l'époque sans concessions, que ce soit vis-à-vis des Japonais ou des Américains. Peu de personnages apparaissent comme fondamentalement bons, Jirô Tengé, le personnage principal de ce premier chapitre se comporte plutôt comme une ordure égoiste, à l'image du reste de sa famille. Seules, comme souvent chez Tezuka les femmes sont épargnées, vistimes des brutalités masculines. La petite Ayako joue un rôle mineur dans ce premier tome, mais c'est autour d'elle et de son destin apparemment tragique que devrait se nouer l'histoire.
C'est très sombre et le dessin de Tezuka s'en ressent, peu des habituels effets comiques, le dessin passe au second plan, pas aussi travaillé que dans "L'Histoire des 3 Adolf", mais moins simpliste que dans d'autres oeuvres. Tezuka, se contente de rester sobre et c'est tant mieux, l'histoire n'en garde que plus de force. Encore une fois, Tezuka, aborde son histoire simplement, sans fioritures, et à l'art quasi unique de faire intervenir ses personnages au moment opportun, pour réapparaitre ensuite dans un croisement perpétuel et toujours à bon escient. Quelque soit l'univers décrit il est riche de dizaines de personnages sans que cela soit gratuit ou fouillis. La description sociale d'une époque méconnue du Japon (pour moi en tout cas) est particulièrement réussie.

J'attends de voir la suite pour juger d'un éventuel coup de coeur, la suite pouvant être je pense encore plus forte, mais lisez-le. C'est un peu atypique dans sa production tant la noirceur est présente et l'histoire dure, mais c'est fait avec le talent et la simplicité de Tezuka, et rien que ça, cela devrait suffire à combler toutes les hésitations...
petitboulet
Japon, 1949. Jirô Tengé est de retour au pays après avoir été fait prisonnier de guerre. Pour survivre, il est devenu un espion au profit des dirigeants actuels du Japon, les Etats-Unis, et ceux-ci entendent bien continuer à employer Jirô. De retour dans la maison de son père, Jirô retrouve sa famille déchirée (de riches propriétaires terriens en déclin à cause de certaines lois) par les conflits intérieurs, où le père règne en despote. Il découvre qu'il a une nouvelle petite sœur, Ayako, mais que ce n'est pas sa mère qui l'a mise au monde...


Ayako, cela pourrait être Les Misérables à la japonaise, avec un soupçon d'espionnage en plus. Dans la famille Tengé, l'honneur prime sur tout, ou du moins l'apparence d'honneur. La loi du silence règne, les scènes de chantage du père sur son fils aîné Ichiro à propos de l'héritage sont monnaies courante, et les secrets inavouables regorgent des placards. Jirô ne fait pas exception, lui qui est devenu espion à la solde des Américains. Cela le ronge, d'autant plus que les Américains n'en ont pas fini avec lui. Chaque action amène son lot de culpabilité à Jirô, le rendant de plus en plus amer.

Tezuka a créé un personnage principal particulièrement antipathique pour son premier tome. Lâche, faible, Jirô subit les événements sans chercher à s'en sortir, s'enferme dans un cercle vicieux meurtrier. Les autres personnages ne sont pas moins torturés, entre le père libidineux qui torture psychologiquement son fils et sa belle-fille, Ichiro qui se laisse faire par peur de ne pas toucher l'héritage ... seuls de rares personnages, dont Ayako, qui apparaît assez peu dans ce premier tome, sont sans tache.

L'auteur situe Ayako en 1949, période de conflits entre le gouvernement et les ouvriers, période de montée du communisme, de grèves et de licenciements massifs. Il joue sur plusieurs tableaux, oscille entre récit social, espionnage et drame familial avec brio, sans jamais nous perdre dans son intrigue. Son dessin, efficace, simple, beaucoup moins caricatural qu'à ses débuts, sert à merveille son propos, amène de la clarté et renforce le souffle dramatique qui baigne son histoire.

Ayako est indispensable à plusieurs titres. Pour le dessin maîtrisé de Tezuka, pour le grand équilibre et l'intensité de l'histoire ensuite, pour le côté historique enfin (Tezuka utilise beaucoup de faits historiques, et les mélange à sa fiction pour en augmenter le réalisme et la crédibilité). Un ouvrage mûr et maîtrisé de plus pour ce grand du manga.
CoeurDePat
"Ayako" se déroule au lendemain de la seconde guerre mondiale, dans un Japon dévasté et à la botte des Américains. Dans ce contexte social, économique et politique plus que morose, des soldats Japonais reviennent au pays. L'un d'eux, Jiro Tengé, est le second fils d'une riche et ancienne famille de propriétaires terriens. Mais la réforme agraire imposée au Japon par les Américains contraint la famille Tengé à donner ses terres. Dans ce climat tendu, Jiro joue les espions ; son frère aîné, Ishiro intrigue pour hériter de ce qui reste de la fortune des Tengé ; et la famille veut dissimuler un horrible secret.

Je serai direct : je n'ai aimé "Ayako" que très modérément. A cela plusieurs raisons...

Les dialogues tout d'abord. Je ne sais si cela vient de la version originale ou du traducteur, mais certains dialogues sont assez mauvais ou maladroits. De plus la présence de longs monologues dont le seul but est de faire comprendre au lecteur une situation par ailleurs déjà exprimée par l'image alourdit parfois beaucoup l'ensemble.

L'histoire ensuite. Certains éléments sont assez caricaturaux (dans le mauvais sens du terme), voire même contraires au simple bon sens. La filature par Jiro de sa soeur au début en est un bon exemple. Il y a également la séparation marquée entre différents éléments : la situation économique et sociale de cette époque de l'après-guerre est largement évoquée dans une première partie, puis passe presque complètement sous silence. De même le fait de mélanger histoire d'espionnage et drame familial peut surprendre. Je suis presque sûr que ça passera mieux à la relecture, mais cela m'a tout de même un peu gêné.

L'utilisation outrée du symbolisme. Deux exemples très frappant : le lieutenant-colonel Américain qui ne cesse de brandir un révolver sous le nez de Shimokawa, le responsable Japonais en charge des chemins de fer ; et la scène où la fille repose sur un rocher de forme on ne peut plus phallique pendant que l'océan se déchaîne autour... Ce genre de choses a alourdi ma lecture : c'est gros et ça manque de subtilité.

Le dessin enfin, qui est parfois maladroit. Certains visages me paraissent presque ratés, et l'agencement de certaines cases laisse à désirer. L'exemple le plus marquant est peut-être Jiro qui monte un escalier vers la droite (sur la page de droite : il se dirige donc vers le bord de l'album), puis se retrouve à gauche sur la case suivante... Saute d'axe assez déroutante...

Le fait que Jiro, le "héros" de l'histoire, se révèle être un assez sale personnage, qu'Ayako n'ait ici qu'une importance finalement très restreinte, que ce tome ne fasse que poser les bases de ce drame familial, et que le ton de l'ensemble soit résolument sérieux, voire grave, joue probablement aussi.

Enfin bon, il faut tout de même relativiser : ayant lu récemment tout l'excellent "Phénix", "L'histoire des 3 Adolfs" qui se conclut de façon magistrale, et étant actuellement plongé dans "Bouddha", il est vrai que la barre est haut placée et que ma déception par rapport à ces chefs d'oeuvre laisse à "Ayako" une bonne marge pour qu'elle soit une lecture tout de même très agréable et intéressante.


pikipu
C'est curieux comme dessin Tezuka. On a pas vraiment envie de s'y mettre. On garde tous en tête le souvenir d'Astro boy, un trait un peu désuet et trop caricatural. Quand j'ai acheté Ayako, j'avais comme seul souci la rentabilité. Je me disais qu'une bande dessinée sans combat, à ce prix-là, avec autant de pages et une suite à venir, ne pouvait qu'être un bon investissement. En tout cas, une belle façon de combler mes déplacements dans le métro.
Avec Ayako, mon premier Tezuka, je suis tombé amoureux. Pas de l'auteur, en photo sur nombreux de ses ouvrages, mais de son style, de la simplicité apparente de son dessin et de la véracité de son propos. Ayako nous compte le drame d'une petite fille dans un japon d'après-guerre encore marqué par des moeurs archaïques, de l'histoire d'un pays en pleine mutation.
Ayako n'est peut-être pas le plus grand ouvrage de Tezuka (attendons tout de même les deux tomes restants) mais elle est fut pour moi la partie apparente d'un énorme et splendide iceberg.
La sublime production de Tezuka.
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