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© Casterman

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Asterios Polyp
ScénarioMazzucchelli David
DessinMazzucchelli David
Année2010
EditeurCasterman
SérieOne-shot !
Bullenote [détail]

Fils d’immigrant, Asterios Polyp est l’archétype du brillant universitaire américain de la côte est. Un intellectuel plein de charme et d’assurance, tour à tour cynique, séducteur ou arrogant. Mais le personnage social sophistiqué qu’Astérios s’est composé avec soin va voler en éclats par une nuit d’orage, alors qu’il vient d’avoir cinquante ans. Jeté à la rue par l’incendie accidentel de son appartement, Asterios bouleversé part au hasard d’un bus Greyhound, comme s’il larguait soudain les amarres de toute une vie…Une parenthèse ? Un nouveau départ ? Ou le début d’un sévère examen de conscience, ponctué du souvenir de ses amours et de ses échecs ?

 

2 avis

thierry
Un nouveau Mazzuchelli ! En voilà une nouvelle qu'elle est bonne. Sans attendre que Casterman ne le traduise (espérons que le roi des éditeurs y prodigue le même soin qu'à Art Spiegelman, et ne traite pas Mazzuchelli comme un simple Ben Katchor), je me suis offert la version originale. C'est toujours avec plaisir que je manipule un bel objet, et « Asterios Polyp » en est indéniablement un. Mais le plus bel emballage du monde ne transformera jamais une bouse en chef d'oeuvre. Avec « Asterios Polyp », Mazzuchelli se situe clairement dans la deuxième catégorie. J'ai lu sur internet qu'on rapprochait ce livre de « Blankets » de Craig Thompson. Cette comparaison me semble peu pertinente, et cruelle pour le pauvre Craig Thompson, tant Mazzuchelli plane haut avec ce livre, que je situerai au niveau d'un « Jimmy Corrigan ». N'ayons pas peur des mots ! Mazzuchelli nous a pondu une putain de merveille.



« Asterios Polyp » est une histoire simple, d'un homme en quête de lui-même... introspection, fin des certitudes, crises... des éléments simples et classiques, mais agencés avec un tel talent que Mazzuchelli vous scotche. Il y a une finesse et une intelligence incroyables dans cette bande dessinée. Que ce soit du point de la narration, des dialogues ou du graphisme, les trouvailles sont nombreuses, pour mieux nous transmettre les émotions. Je pense essentiellement à la manière dont Mazzuchelli traduit le rapprochement puis l'éloignement d'Asterios et Hana... Derrière une impression de fluidité parfaite, la maîtrise de Mazzuchelli nous échapperait presque. Pourtant, il faut un sacré talent pour que cette virtuosité ne phagocyte pas le récit, surtout s'il est aussi « simple ».
Une merveille, je le répète.
lanjingling
On peut lire dans la présentation que cet album sonde les potentialités du roman graphique et le conduit vers de nouveaux territoires palpitants. Je dirais plutôt que c'est un cours de bd, mais bien moins pontifiant que ne l’est le personnage d’Asterios. Ce cours comprend des exemples sous forme de citations graphiques (le personnage d’Hana vient de Paul (au Canada) ou Monsieur Jean (en France), l'encrage charboné de Blutch et Baudoin, le lettrage différent selon les personnages de Bidouille et Violette), de traitements graphiques et palettes de couleurs différents pour exprimer la personnalité et l’état d'esprit des personnages (alternance de lignes géométriques et de lignes brouillées). C’est un cours intelligent, très bien fait, pour les amateurs débutants, avec les scènes de tension et celles de repos placées aux bons endroits. Ainsi, on pense à la longue séquence où l’intellectuel européano-new-yorkais se confronte à l’Amérique rurale, le beau passage de la construction d’une cabane dans arbre, avec une pause où l’on entend les insectes et ressent la chaleur du soleil du Sud profond. C'est un album rempli d’Americana, comme lors du défilé du 4th of July, avec les Dawters uv tha revalooshun, qui nous projette dans le monde de Li'l Abner. Les signes de contemporanéité sont amusants, comme la cuisine végétarienne, bienvenus, comme celui sur la réappropriation d'idées d’une femme par un homme (la passage sur la modeste pigne de pin - oui, c'est une question d'attention), ou simplement inspirants et beaux, comme le voyage en voiture solaire entre mer et usines.
Deux points plus faibles sont à souligner : un chat qui monte dans une voiture en passant par une roue est récupéré facilement. Ce n’est pas du tout réaliste (j’ai testé plusieurs fois, involontairement). Et la longue scène de danse est moins belle que celle d’Ibn al Rabin dans Retour Ecrémé. Et puis, le rapport entre États-Unis et Europe est bien plus subtilement montré dans Moi, ce que j'aime, c'est les monstres - mais ce n'était pas tout-à-fait le sujet de cet album, il faut l'avouer.
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