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La Crise (économique mais pas seulement)

Bandes Dessinées : auteurs, séries, et toutes ces sortes de choses... ]


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Pages : 1

SydN, 28.09.2012 à 11:14346734
Moi :
Un article de Libé sur les problèmes économiques des auteurs.


ben ouais :-/

Moi, 27.09.2012 à 19:46346727
Un article de Libé sur les problèmes économiques des auteurs.

SydN, 02.02.2012 à 10:23342682
Moi :
ce n'est pas la surproduction en elle-même qui est le nœud du problème, mais le fait que cette surproduction ne s'accompagne pas d'un agrandissement du lectorat...


Une production qui augmente sans que le nombre de consommateurs augmente, c'est exactement la définition d'une surproduction, non? Tu fais du pléonasme là...


Moi :
Tu vois qu'on en revient toujours à la surproduction.


Oui, je pense aussi que c'est le noeud du problème. Mais à mon sens, il ne s'agit pas seulement de réduire la voilure. Ca n'est pas LA solution ultime.
Il faut que les éditeur parvienne à retrouver la confiance du lectorat. J'ai vraiment l'impression que cette surproduction -avec les conséquences sur la qualité et la visibilité qui en découle- à causé une réelle lassitude du lectorat. On a non seulement dans l'impossibilité de se tenir à jour de tout ce qu'il sort, mais en plus on à plus ou moins l'impression qu'on nous propose toujours la même chose.
Donc le lectorat se lasse, achète moins (surtout que la place dans sa bibliothèque n'est pas extensible à l'infini), et fini par ne regarder les sorties que d'un oeil.
Il faut donc que la baisse de production s'accompagne forcément de choix éditoriaux qui fasse la différence. Car il faut reconquérir les anciens gros lecteurs, et arrêter de noyer les potentiels nouveaux lecteurs dans une masse incohérente, où on ne sait plus où donner de la tête (et où quand on est pas -encore- un passioné on préfère généralement laisser tomber, plutôt que passer des heures à fouiner...)

Thierry, 02.02.2012 à 9:57342681
Mr_Switch :
Thierry :

Finalement, la réusite d'une série comme Cité 14, c'est qu'elle est sortie d'un schéma FB standard.

Ou alors, c'est tout l'inverse, difficile de savoir. C'est ballot que Cité 14 ait un prix en 2012 pour des tomes maintenant de 60 pages, francobelgisants.

oui, sans doute, mais il y a eu au départ une formule originale qui a permis à la série d'exister et de durer. Ce n'était pas gagné au départ

Mr_Switch, 01.02.2012 à 18:05342669
Thierry :

Finalement, la réusite d'une série comme Cité 14, c'est qu'elle est sortie d'un schéma FB standard.

Ou alors, c'est tout l'inverse, difficile de savoir. C'est ballot que Cité 14 ait un prix en 2012 pour des tomes maintenant de 60 pages, francobelgisants.

SydN, 01.02.2012 à 14:15342658
Moi :
Toute la question est : quel est l'équivalent de "jouer dans les petits bars après le boulot" pour un auteur de bande dessinée ? Quel serait ce biais qui permettraient aux auteurs de se faire connaître tout en en tirant un petit pécule ? Pas le fanzine, pas les blogs. Les analogies ont leur limite. Peut-être la presse BD mais on sait où elle en est. Peut-être qu'il faudrait la relancer de manière intelligente, avec des jeunes talents, en les payant, en diffusant en librairie...


Je pensais plutôt à bosser sur la BD le soir après le boulot, comme on joue dans les bar après le boulot...
Ca ne permet pas de vivre de, mais on continue à créer, à un rythme plus retenu et donc moins épuisant pour l'aspect créatif (mais plus fatiguant d'un point de vue physique...), et on a un petit pécule une fois l'album édité. Comme je le disais; créer par pure passion au détriment de sa vie personnelle s'il le faut, c'est dur à digérer, dur à admettre, mais peut-etre fraudrat-il en revenir à cette démarche là pour relancer la machine...

Moi :
Là encore c'est très décalé par rapport au statut d'auteur de bande dessinée... L'auteur de bande dessinée n'a jamais été mis sur un piédestal. [...] Moi je veux bien qu'on fasse descendre les artistes de leur piédestal mais les auteurs de BD sont en-dessous du piédestal.


Mais t'es jamais allé dans un festival de BD ou quoi?
Les auteurs de BD sont carrément sacralisés par les lecteurs de BD ! J'ai même assisté à un festival où, même si c'était fait sur le ton de l'humour, les auteurs arrivaient un par un sur une harley, lunettes de soleil et tout, avec le commentateur qui envoyait des "Et voiciiii... ZEEEEEEEEPPPP !!!!!" et les gens qui prennent des photos, applaudissent leur arrivée triomphante... Affligeant... Bien sûr on est d'accord sur le fait que le grand public et les médias n'ont que peu de considératiosn (c'est peu de le dire) pour les auteurs de BD, mais quelqu'un qui n'écoute pas de musique parce que ca l'interesse pas, si ça existe, ne mettra pas les chanteurs sur un piedestal non plus! Les auteurs de bande dessiné SONT adulés par de nombreuses personnes, quoique tu en dise, sisi :)
A ce titre, il sont considérés comme des artistes comme les autres. Certains sont même starifiés, malgré le peu de médiatisation.

Moi, 01.02.2012 à 14:06342657
Thierry :

Les auteurs vont se faire signifier que, ben non, finalement, on réduit la voilure, va trouver un vrai boulot.

Ben c'est déjà ce qui se passe avec la réduction des avances sur droit (consécutive du plus grand nombre d'auteurs et de publications).
Pour décaler un peu la question de manière plus optimiste, on peut aussi dire que ce n'est pas la surproduction en elle-même qui est le nœud du problème, mais le fait que cette surproduction ne s'accompagne pas d'un agrandissement du lectorat... Ce qui revient à se poser la question du soutien des éditeurs aux livres qu'ils sortent, à leur envie et leurs moyens de les faire découvrir et de les faire vivre le plus longtemps possible...


Pour ce qui est du mécénat, on peut faire un peu de fiction... Imaginons que François Pinault se prenne d'une passion subite pour la bande dessinée. Contre l'avis de son comptable qui voit s'envoler les réductions d'impôts liées à l'acquisition d’œuvres d'art, il injecte sa fortune personnelle dans une maison d'édition et sort le premier bouquin d'un auteur issu du fanzinat en lui signant une jolie avance de 50 000 euros (rêvons). Il fait un premier tirage à 10 000 exemplaires. Porté par un bouche-à-oreille dément alimenté par les contacts politico-médiatiques de Pinault, le livre est un succès majeur, autant critique que public, réimprimé continument etc.
Pinault, en homme avisé qu'il est, décide d'y aller tranquilou et de n'augmenter sa production que modestement... Disons qu'il table sur 10 bouquins par an (mais la crème de la crème, et toujours avec des avances somptuaires... Pinault, quoi). Que vont alors faire les autres éditeurs (on notera que si le bouquin est un four, la démonstration s'arrête là et que les éditeurs ne changent rien, le marché reste le même, les rayons BD continuent de se réduire dans les librairies etc.) ? Est-ce qu'ils vont décider d'adopter le mode de fonctionnement de François, en diminuant drastiquement leur production pour se concentrer sur quelques titres majeurs payés rubis sur l'ongle (en serrant les miches puisqu'ils n'ont pas la fortune de François pour les soutenir) ou bien est-ce qu'ils vont plutôt profiter du fait que François ne publie que 10 bouquins par an pour lui couper l'herbe sous le pied en publiant plus (avec des avances moindre, forcément) afin de noyer les bouquins de François dans la masse ?
Tu vois qu'on en revient toujours à la surproduction. Et que le chemin à suivre se trouve sûrement entre les deux extrêmes que je viens de citer.

Thierry, 01.02.2012 à 12:18342654
Sans rire, je ne peux m'empêcher de tiquer quand on dit que le problème vient de la surproduction et qu'il faut produire moins pour mieux soutenir ceux qui restent. D'un côté, c'est la réalité, je ne le nie pas.
Et quid des autres ? Des laissés pour compte ?
Les auteurs vont se faire signifier que, ben non, finalement, on réduit la voilure, va trouver un vrai boulot. Et pourquoi untel et pas untel ?
En plus du désastre humain pour les victimes de cet écrèmage, je crains surtout un gros creux créatif pour une décennie parce que de nombreux auteurs intéressants vont être débarqué...
Je pourrait être d'un optimisme béat et avoir confiance que l'éditeur et le public seront assez intelligents pour ne choisir que la crème, qui remonte toujours à la surface. Mais comme dit Jarvis Cocker, the cream cannot help but always rise up to the top; Well I say, 'Shit floats')

Thierry, 01.02.2012 à 12:10342653
Moi :
A ce moment-là, Média-participations peut peut-être entrer dans ta définition du mécène moderne, puisque c'est un groupe qui rassemble plusieurs activités dont les recettes peuvent financer transversalement sa branche édition...
A part ce genre de groupes (parmi les nouveaux, Ankama finance aussi différents projets grâce au trésor de guerre des jeux en ligne), je ne vois pas trop de quoi on parle en évoquant le mécénat dans le monde de l'édition.
Je pense que le problème de soutien des auteurs rejoint plutôt le problème de la surproduction. En produisant moins, on peut soutenir mieux (financièrement et en librairie) des auteurs choisis...

mais qui choisit ? :o)

justement, le mécénat est en général à destination d'un artiste ou d'un groupe d'artites. L'éditeur ne fait pas de mécénat mais alimente un catalogue en produits qui sont sensé lui rapporter, sur le court ou sur le long terme (quoique le long terme ne soit plus très à la mode)
ALors, les bourses diverses accordées par le public ou le privé sont du mécénat. Le 'mécénat éditorial' n'existe que dans les cas très rares ou une structure éditoriale publie un livre dont elle sait qu'elle ne rentrera pas dans ses frais.
Il n'est pas question du risque de publier un livre sans savoir s'il sera rentable, mais de la certitude qu'un livre bien précis a suffisamment de valeur intrinsèque pour que l'édieur estime qu'il est plus important qu'il existe, même à perte.

Moi, 01.02.2012 à 11:50342652
A ce moment-là, Média-participations peut peut-être entrer dans ta définition du mécène moderne, puisque c'est un groupe qui rassemble plusieurs activités dont les recettes peuvent financer transversalement sa branche édition...
A part ce genre de groupes (parmi les nouveaux, Ankama finance aussi différents projets grâce au trésor de guerre des jeux en ligne), je ne vois pas trop de quoi on parle en évoquant le mécénat dans le monde de l'édition.
Je pense que le problème de soutien des auteurs rejoint plutôt le problème de la surproduction. En produisant moins, on peut soutenir mieux (financièrement et en librairie) des auteurs choisis...

Thierry, 01.02.2012 à 11:16342651
Moi :
Oui enfin les "mécènes" du monde de l'édition (moderne) ont toujours été les éditeurs, non ? (Gaston Gallimard, tout ça...) N'est-ce pas leur rôle de soutenir financièrement (ou parier sur, si vous préférez) les artistes qu'ils aiment ? (sinon, c'est quoi, leur métier ?)

un mécène soutenait 'gratuitement', enfin, pour l'amour de l'art.
les éditeurs fait du business, il investit sur un artiste mais doit récupérer ses investissement pour survire. Alors, quand Boudjellal réédite Eisner et Delcourt réédite McCay, ils ne gagnent pas un sous, c'est du mécénat. Mais cela reste marginal dans leur activité

Moi, 01.02.2012 à 11:06342650
Oui enfin les "mécènes" du monde de l'édition (moderne) ont toujours été les éditeurs, non ? (Gaston Gallimard, tout ça...) N'est-ce pas leur rôle de soutenir financièrement (ou parier sur, si vous préférez) les artistes qu'ils aiment ? (sinon, c'est quoi, leur métier ?)

Thierry, 01.02.2012 à 10:51342648
Et cela n'a sans doute rien à voir, mais en relisant contre l'histoire de l'art, ce qui est frappant, c'est à quel point le statut d'artiste a été longtemps lié à celui de mécènes, qu'ils soient lié au pouvoir politique et religieux. L'art a toujours été prétexte à luttes d'influences politiques, qui permettaient à l'art en général de profiter de ces rivalités pour subsister, même si nombreux étaient ceux qui souffraient de misère.
Dans the craddle will rock de Tim Robbins, il y a une scène terrible etre Rockfeller (John Cusack) et Randolph Hearst (James Cromwell) où ceux-ci estiment que ce ne sont pas les artistes qui font l'Art (dans le sens de son évolution) mais eux, parce que ce sont eux qui achètent et décident quoi acheter. Donc, si ils soutiennent tel ou tel courant au lieu d'un autre, ils peuvent faire évoluer l'art dans une direction.
EN bande dessinée, trouve-t-on de tels acteurs ? A la limite, des entités comme Leclerc, la SNCF ou la Fnac soutiennent la bande dessinée qu'ils veulent soutenir. C'est bien, mais la conséquence logique est que celle qu'ils ne soutiennent pas a plus de mal. Ce n'est pas un reproche, juste un constat.

Thierry, 01.02.2012 à 10:41342647
THYUIG :
SydN :
Je poste ça dans un autre message, car c'est un peu différent.

Je ne comprend toujours pas pourquoi les éditeurs s'entêtent à faire massivement de "beaux livres". Les gens n'ont plus les moyens, ou plutôt sont encore plus réticent à se payer ce qu'ils considèrent comme du luxe.

La plupart des petits éditeurs parviennent à faire de beaux bouquins tout en ayant une jaquette souple... Cette prédominance de "l'album" me semble une plus grave erreur aujourd'hui qu'il y a 10 ans...



autant sur les bds FB classiques, le cartonné n'ajoute rien et je suis ton propos, par contre, suffit de prendre en main les Amateurs de Bretch Evens pour mettre tout son sens à l'idée de beau livre. Voilà un bouquin magnifiquement édité, un plaisir de lecture et qui justifie à lui seul la lecture (à travers l'achat, osons-le !). Une grosse partie de la production peut se lire en ligne, au format numérique, no problem, mais si on doit conserver un support papier, autant que ce soit pour ce genre d'ouvrages.
En tout cas moi je suis client pour ça !

La différence, c'est qu'un livre comme celui de Brecht Evens est un livre qu'on peut qualifier 'de prestige', pour un public plus ciblé, et que je qualifierai d'une certaine 'ambition' (notez l'usage des guillemets, chaque fois que j'ai parlé d'ambition pour des bande dessinée dans le passé, on m'a renvoyé la soi-disant mépris que j'affichais pour les autres :o))
J'ai toujours trouvé que publié une collection qui s'appelle 'série B' dans une maquette luxueuse était une aberration. C'est comme publier les titres de la série noire dans la maquette du style de celle de la Pléïade (ouais, certains y ont eu droit après, mais après qu'elles furent passé à la postérité :o))
On avait demandé à Arleston pourquoi ils publiaient Lanfeust dans un format aussi cher. Il répondait que les gosses avaient le droit d'avoir de beaux livres. Mouais, le gosse qui veut suivre tous les mondes parallèles de Troy a intérêt à avoir des tatas, tontons, papys, mémères et autres pour l'aider un peu aux fêtes. La bande dessinée est le média pour lequel la forme et le fonds correspondent le moins. Produit luxueux et cher pour un contenu qui se veut populaire et tout public. Chercher l'erreur.
Finalement, la réusite d'une série comme Cité 14, c'est qu'elle est sortie d'un schéma FB standard.

Thierry, 01.02.2012 à 10:30342646
J'arrive après tout le monde pour cause de déménagement (saboté par certains corps de métiers qui travaillent comme des bites, je les hais, mais je les hais, ces cuistres), mais j'avais suivi de loin la discussion.
Un des points interpellants est celui soulevé par Mr Switch, qui rappelle qu'avant, le métier d'auteur était plutôt un emploi de dessinateur de presse, sans la prédominance du livre comme seul aboutissement. Combien de bandes sont restées inédites parce que publiée uniquement dans des journaux ? L'auteur de bande dessinée, au fil des années, a vu son horizon se modifier du tout au tout, perdant la "sécurité" d'un emploi "stable" dans uns structure à celui d'indépendants, qui doit non seulement produire pour vivre, mais produire quelque chose qui se vende suffisamment pour assurer ses besoins vitaux.
Il y a 10 ans, Gibrat estimait que pour vivre bien de la bande dessinée (sans passer par la case rolex à 50 ans), il fallait, pour au auteur complet, sortit tous les 18 mois un livre qui se vende à 30.000 exemplaires. Autrement, il fallait multiplier les petits boulots d'affiche, d'illustration et autres... moins gratifiant du point de vue créatif, sans doute, mais qui représentent de l'argent facilement gagné. A une époque, j'étais proche de l'organisation du festival BD de Tournai. Ils avaient demandé à Delaby, originaire de la région et formé à l'académie St Luc de Tournai, qui venait de sortir le premier Muréna, de faire l'affiche du festival. Il demandait alors 750 euros, alors qu'il n'avait pas encore un vrai bestseller pour booster sa cote. Pour les finances du festival, c'était beaucoup et ilm me semble qu'ils ont renoncé.
750 euros assurés pour un travail de quelques jours, comparé à l'investissement de la réalisation d'un album, avec tout l'aspect aléatoire que cela comporte, on comprend l'importance de ce genre de piges pour les auterus, et encore plus de nos jours. Mais il y a de plus en plus de pigistes potentiels pour un nombre de pige qui n'a sans doute pas explosé dans la même proportion. Et la précarité s'accentue.

Moi, 28.01.2012 à 8:45342579
Non mais vous avez compris... L'antienne de l'industrie musicale c'est que si le marché du disque se casse la gueule, ça remet en valeur l'importance du concert etc.
Pour la bande dessinée, si le marché du livre se casse la gueule, ben la bande dessinée se casse la gueule.

Glotz, 28.01.2012 à 2:58342577
Moi :
Toute la question est : quel est l'équivalent de "jouer dans les petits bars après le boulot" pour un auteur de bande dessinée ?

Donner des cours de dessin du soir ?
Caricaturiste en salon agricole ?

THYUIG, 27.01.2012 à 19:23342574
SydN :
Je poste ça dans un autre message, car c'est un peu différent.

Je ne comprend toujours pas pourquoi les éditeurs s'entêtent à faire massivement de "beaux livres". Les gens n'ont plus les moyens, ou plutôt sont encore plus réticent à se payer ce qu'ils considèrent comme du luxe.

La plupart des petits éditeurs parviennent à faire de beaux bouquins tout en ayant une jaquette souple... Cette prédominance de "l'album" me semble une plus grave erreur aujourd'hui qu'il y a 10 ans...



autant sur les bds FB classiques, le cartonné n'ajoute rien et je suis ton propos, par contre, suffit de prendre en main les Amateurs de Bretch Evens pour mettre tout son sens à l'idée de beau livre. Voilà un bouquin magnifiquement édité, un plaisir de lecture et qui justifie à lui seul la lecture (à travers l'achat, osons-le !). Une grosse partie de la production peut se lire en ligne, au format numérique, no problem, mais si on doit conserver un support papier, autant que ce soit pour ce genre d'ouvrages.
En tout cas moi je suis client pour ça !

Moi, 27.01.2012 à 18:34342573
SydN :
Delerm disait que s'il fallait en revenir à jouer dans les petits bars le soir après le boulot, et bien tant pis, il a été bien privilégié de pouvoir vivre de sa musique pendant plusieurs années.

Toute la question est : quel est l'équivalent de "jouer dans les petits bars après le boulot" pour un auteur de bande dessinée ? Quel serait ce biais qui permettraient aux auteurs de se faire connaître tout en en tirant un petit pécule ? Pas le fanzine, pas les blogs. Les analogies ont leur limite. Peut-être la presse BD mais on sait où elle en est. Peut-être qu'il faudrait la relancer de manière intelligente, avec des jeunes talents, en les payant, en diffusant en librairie...

SydN :
Camille se demande en quoi ce qu'ils font est-il plus remarquable que la boulangère qui se lève à 4h du matin pour faire son pain, qu'il y a quelque chose de disproportionné dans la vision de l'artiste aujourd'hui, que cette mise sur un piédestal peut créer des dysfonctionnements divers et variés.

Là encore c'est très décalé par rapport au statut d'auteur de bande dessinée... L'auteur de bande dessinée n'a jamais été mis sur un piédestal. Je ne vais pas citer les multiples exemples de traitement indigent de la bande dessinée dans les médias, pour ça il y a "le betisier de ceux qui n'y connaissent rien a la BD" et "La Presse parle de BD" mais franchement l'auteur de bande dessinée n'est pas du tout jugé à la même aune que le chanteur (pour prendre ton exemple)... Dans l'inconscient collectif et l'inconscient journalistique, au fond, la BD ça reste un métier de feignants qui devraient s'estimer contents d'être payés pour leurs conneries.
Symptomatique : la mode cette année est de s'extasier sur les "BD reportages" -foutez n'importe quoi dedans, de Delisle à Sacco en passant par Spiegelman : le sujet est "réel" et donc on englobe tout ensemble, sur le mode "enfin la BD parle du monde" ou je ne sais quelle connerie. Les éditeurs et les auteurs, trop contents de voir qu'on parle de leurs livres, acceptent ces classements, acceptent qu'on ne parle jamais de dessin ou de narration pour se concentrer sur le "sujet" des livres. Camille a été interrogée sur son studio d'enregistrement (une chapelle, je crois), sur la modulation de sa voix, sur ses inspirations médiévales pour les textes... J'attend encore qu'on demande à Guy Delisle comment il s'y prend pour faire une page, quelle est le rôle du croquis d'après nature dans son dessin, y a -t-il une esquisse préparatoire, pourquoi les couleurs et pas le noir et blanc... Tant qu'on en sera à parler du sujet en bazardant trois anecdotes, l'image de l'auteur feignasse (qui fout rien puisqu'il ne fait que raconter des anecdotes sans aucun savoir-faire) perdurera. Moi je veux bien qu'on fasse descendre les artistes de leur piédestal mais les auteurs de BD sont en-dessous du piédestal.

SydN, 27.01.2012 à 15:45342572
Je poste ça dans un autre message, car c'est un peu différent.

Je ne comprend toujours pas pourquoi les éditeurs s'entêtent à faire massivement de "beaux livres". Les gens n'ont plus les moyens, ou plutôt sont encore plus réticent à se payer ce qu'ils considèrent comme du luxe.

La plupart des petits éditeurs parviennent à faire de beaux bouquins tout en ayant une jaquette souple... Cette prédominance de "l'album" me semble une plus grave erreur aujourd'hui qu'il y a 10 ans...

Je ne sais plus trop qui (Xavier peut-être?) avait posté une vidéo montrant Delcourt à la radio, interrogé à propos du rachat de Soleil. Le journaliste lui demandais si dans le contexte actuel il ne trouvait pas un peu onéreux de payer plus de 12€ un album de BD. De souvenir, Delcourt à répondu que non, les gens sont prêt à payer pour la qualité. Ah ah, mon dieu, que ces gens peuvent être hors de la réalité...

SydN, 27.01.2012 à 15:33342571
En fait, on en revient à l'éternel débat de:

est-ce qu'auteur doit être un métier ?

On peut vivre du dessin, mais de la BD à proprement parler (et donc être "auteur" au sens commun du terme) ça devient encore plus difficile qu'avant.
Tout comme être musicien, ou chanteur. C'est encore plus facile aujourd'hui de le devenir, mais en vivre c'est bien plus difficile !

La question qu'on doit se poser, je pense ce n'est pas comment arriver à conserver notre système, car ce système va droit dans le mur (surtout pour la musique), mais plutôt comment doit progresser ce système. Ce qui est difficile à accepter, ce que cette progression va très probablement se faire au détriment des artistes.

Il est évident qu'une grande partie de cette crise est due à la surproduction. Les éditeurs ont publiés ces dernières années bien plus "facilement" qu'ils ne l'ont jamais fait. Du tout et du n'importe quoi, noyant les potentielles réussites au milieu d'un énorme tas de banalités quand ce n'est pas de nullités. Ajoutons qu'aujourd'hui, presque n'importe qui sait tenir un crayon peut se dire auteur en réalisant sa BD sur son blog.
Celà à pour conséquence de lisser la production, difficile d'y voir clair, d'y trouver quelque chose de remarquable.
Ce qui provoque à terme un désintérêt plus ou moins fort du lectorat.

Quelle est la solution?
Diminuer la production, mieux sélectionner les projets sur des qualités d'innovation, plutôt que de se baser sur des qualités qui ont déjà fait leurs preuves trop de fois. Rechercher à reproduire tel ou tel succès, appuyer des auteurs qui font penser à untel ou untel, c'est la pire des choses à faire quand on est éditeur: Ca banalise les qualités de l'oeuvre "inspiratrice" et de son auteur, et ça empêche le dynamisme éditorial.
En gros, on sclérose la production.

A titre personnel, je me pose aussi la question de l'inspiration. Trondheim n'avait pas tout à fait tord avec son désoeuvré. Finalement, un auteur de BD qui vie de ses livres est obligé de continuer à oeuvrer s'il veut vivre, mais à devoir produire à tout prix, est-ce que ça n'engendre pas chez certains un essoufflement? Une réalisation faite par devoir et non par passion ne suinte-t-elle pas l'effort, l'habitude et le manque d'envie?
Finalement, pour n'avoir que des bons bouquins, ne faudrait-il pas que les auteurs reviennent à ne plus exercer un métier, mais plutôt une passion dévorante?

Pour en revenir à la musique, je pense à John Zorn, qui est un fou qui consacre sa vie à son art. Il refuse femme et enfant pour assouvir pleinement sa passion. Il y a quelque chose de maladif et de perturbant dans cette image, mais aussi quelque chose de fascinant à travers le sacrifice.

Je ne dis pas que tous les artistes devraient faire de même, je m'interroge juste sur ce point:
Si finalement métier rime avec lassitude (et servitude), et passion avec vivacité, peut-on vivre de son art éternellement sans qu'il y ai des effets pervers?
Je n'aime pas trop Vincent Delerm, mais je l'ai vu une fois dire un truc qui me paraissait pertinent, si si. C'était à propos de la crise du disque d'ailleurs, il était au côté de Camille et Oxmo Puccino. Delerm disait que s'il fallait en revenir à jouer dans les petits bars le soir après le boulot, et bien tant pis, il a été bien privilégié de pouvoir vivre de sa musique pendant plusieurs années. Camille se demande en quoi ce qu'ils font est-il plus remarquable que la boulangère qui se lève à 4h du matin pour faire son pain, qu'il y a quelque chose de disproportionné dans la vision de l'artiste aujourd'hui, que cette mise sur un piédestal peut créer des dysfonctionnements divers et variés. a Oxmo Puccino de finir en expliquant que bizarrement il y a toujours cette image de l'artiste enfermé dans son grenier qui écrit ou compose à la lueur de sa bougie, alors que l'artiste qui vit de son art est généralement très loin de cette image là.

Personnellement, j'ai du mal à me situer, car le contexte actuel est très complexe, surtout pour les auteurs qui jusqu'à maintenant parvenaient à vivre de leurs BD et qui aujourd'hui s'interrogent sur leur avenir. Je me voit mal dire un truc du genre "ben hé, vous aviez qu'à rester dans votre grenier avec votre bougie! Na !"
Et en même temps, j'ai conscience des dérives du système actuel.
Est-ce que changer de politique éditoriales serait suffisant pour "sauver" la bande dessiner de la crise? Mais dans ce cas là aussi, ça serait mettre beaucoup d'auteurs "à la porte". On en revient toujours au moment, contraint ou forcé, j'ai bien peur que beaucoup d'auteurs devront se saigner pour "survivre de la BD" comme m'avait dit Eddy Vaccaro une fois, ou alors en revenir à bosser la journée, et dessiner des p'tit mickey le soir, pour ceux qui en auront un besoin viscéral...

Comme vous voyez, je ne suis guère optimiste.

Mr_Switch, 26.01.2012 à 11:24342558
Dans le véritable après-guerre, la bande dessinée pouvait être un métier, certes. Mais, un métier au sein de la presse, pas encore un métier livresque.
BM ne dit pas le contraire mais la nuance n'est pas anodine...

Moi, 26.01.2012 à 10:04342556
Dans une interview de Benoît Mouchart :

Le secteur de l’édition est toujours en hausse avec 5.327 albums publiés en langue française en 2011. Malgré cette bonne santé apparente, la crise touche-t-elle les auteurs?

« Il y a une précarité assez préoccupante. Depuis l’après-guerre, la bande dessinée a toujours été une profession. On pouvait en être auteur sans avoir une autre activité à côté, ce qui n’est pas le cas en littérature par exemple. C’était un travail à plein temps et j’ai l’impression que cela va être de moins en moins le cas dans les années à venir. Tout simplement parce que le fait qu’il y ait beaucoup d’albums publiés est impressionnant du point de vue du volume, mais les chiffres d’affaires n’ont pas progressé en proportion du nombre de titres. Cela veut dire que les éditeurs publient plus pour gagner la même chose et ceux qui gagnent moins sont les auteurs.

Il y a deux gros défis pour les années à venir pour la bande dessinée: le numérique et l’expo taïwanaise est très intéressante à ce sujet car elle présente une avance sur cette évolution; et continuer de captiver les enfants. Il faut trouver de nouveaux héros pour la jeunesse. Si on regarde actuellement, cela reste Astérix, Tintin, Boule & Bill, les Schtroumpfs, Lucky Luke… Bien sûr il y a aussi Titeuf, Kid Paddle et quelques autres. Mais pas tant de nouveaux que cela. Les auteurs en sont conscient, il faudrait réinvestir le champ de l’enfance aujourd’hui. »

Moi, 24.01.2012 à 19:01342522
Ouhlàlà, ce lancement de sujet est un peu pourri. Bon faites pas attention au premier message. Je voulais dire qu'on faisait beaucoup de foin sur megaupload alors que tout le monde se fout de la décrépitude de la BD, je ne voulais pas sous-entendre que megaupload (dont je me fous) mangeait la laine sur le dos de la BD ou quoi, plutôt que je trouvais que c'était quand même un épiphénomène comparé au reste... Mais bon le premier message est limité en caractères alors j'ai coupé dedans et donc c'est pas très compréhensible. Bref...

Moi, 24.01.2012 à 18:57342521
Pour commencer, on se souvient de cet article assez symptomatique où des auteurs (tous publiés chez Delcourt d’ailleurs) décrivent assez bien la fuite en avant des gros éditeurs, qui préfèrent désormais miser sur une occupation des librairies par une production (sur)abondante et des tirages plus faibles au lieu de produire moins avec des tirages plus élevés et un accompagnement mieux pensé des livres.

Ce témoignage corrobore ce qu’on peut constater en librairie, à savoir que les bandes dessinées sont maintenant (ou de nouveau) rangées le plus souvent directement dans les rayonnages, avec de moins en moins de livres en présentoir… Bref, les bouquins sont lâchés dans la nature par les éditeurs puis les libraires les entreposent comme ils peuvent (avant de renvoyer les cartons d’invendus). La bande dessinée n’est plus défendue et n’est plus visible… Personnellement, quand je vais dans les rayons BD des libraires, j’en pars souvent sans rien avoir feuilleté tant il est difficile de trouver quelque chose (même quand on vient chercher un livre spécifique).

Tout porte à penser que la surproduction des éditeurs aura entraîné une lassitude du public et des libraires… Il y a ainsi de plus en plus d’auteurs mais de moins d’auteurs « visibles » et capables de se faire une place dans la masse (je pense par exemple que le « phénomène Persépolis » serait absolument impossible aujourd’hui). Et si certains auteurs ont pu se démarquer grâce à la captation d’un nouveau public par l’intermédiaire des blogs, cette « solution » semble désormais illusoire tant les blogs pullulent et constituent, aussi, une masse illisible.

Cet accès (au propre comme au figuré) de plus en plus difficile à la bande dessinée a créé, il me semble, un accident qu’il sera très difficile de surmonter : la bande dessinée, très « cotée » à la fin des années 90 et au début des années 2000 (qu’on se souvienne du hors-série de beaux-arts magazine, de Artpress, et de l’apparition du « Libé spécial BD » à l’occasion d’Angoulême en 1997) est devenue « has-been ». Ce qui ne serait pas un drame en soi, si ça ne signifiait qu’elle perd petit à petit le peu d’espace médiatique qu’on lui avait concédé pour retomber dans un anonymat dont elle mettra sûrement dix à vingt ans à revenir. Il y a quelques années, Lewis Trondheim était invité à 19h sur Canal Plus, Jean-Louis Gauthey était interviewé pendant 1h sur France Inter dans l’émission culturelle de 9h… Cette situation est aujourd’hui un doux rêve, à l’heure où la publication du recueil de « L’Ascension du Haut Mal » ne trouve qu’un silence général dans la presse. Cette situation, consécutive du reste, entraîne également une perte de visibilité de la bande dessinée dans le monde culturel et participe donc à la crise économique qui frappe ce mode d’expression, tout en y rajoutant une composante essentielle : le lectorat potentiel qui venait à la BD par la petite aura médiatique qu’elle pouvait avoir ne vient plus… Mécaniquement il y aura de moins en moins de lecteurs pour des livres de plus en plus nombreux.

Je pense qu’il y a beaucoup à dire et je ne suis pas expert donc j’aimerais bien que des personnes plus qualifiées prennent part au débat (s’il y en a un) et apportent, si possible, les solutions qu’elles envisagent.
J’ai au moins essayé, dans ce message, de citer le plus d’éléments possibles du problème qui, à mon sens, ne peut être réduit à un seul facteur.

Moi, 24.01.2012 à 18:54342519
Bientôt on va faire péter le parlement pour protester contre la fermeture de megaupload... Pendant ce temps, les rayons BD maigrissent à vue d'oeil dans les librairies tandis que les éditeurs publient à tour de bras... Donc bon, la crise, tout ça ? Hum...

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