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Stray Bullets
Dessin et scénario : Lapham David

Chez Dark Horse [inachevé], terminé


Volume 1 - 1996

Volume 2 - 1996
Chez Delcourt, terminé


Volume 1 - 2019

Volume 2 - 2019

Volume 3 - 2020

Volume 4 - 2021

Volume 5 - 2022

 

2 avis


june
On ne sait toujours pas vraiment où classer Stray Bullets (Balles Perdues pour la seconde édition française). Cette série n'est pas qu'un roman noir, ni un triste portrait social d'une amérique perdue; ce n'est pas un chassé croisé de personnages douteux, ni un polar un peu trash; ce n'est pas non plus qu'une tragédie humaine (thème d'aujourd'hui : le gâchis), passée au gaufrier d'un jeune auteur déjà culte.
Stray Bullets, c'est tout cela, mais en pire.

Somptueux et tortueux puzzle en noir et blanc, Stray Bullets explore la vie et le destin d'une poignée de personnages, en situant l'action de chaque épisode à un moment précis (passé, présent, et futur rêvé et esperé...), où tous les protagonistes se croisent au gré des pages (à l'origine c'est un comics en une trentaine d'épisodes de 30 pages environ) ; tous ne se rencontreront pas forcément, mais chacun d'entre eux aura un effet, une influence sur la vie, le quotidien de l'autre. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que l'effet est rarement positif dans l'oeuvre de David Lapham.
Un méli-mélo assez traumatisant se met progressivement en place, ou l'on croise violence physique et détresse psychique, crimes imparfaits et baises foireuses, amours impossibles ou incompris, et humour très, très noir.

L'auteur ne doit guère croire en l'être humain pour dépeindre un tel portrait de ses concitoyens; la plupart d'entre eux ne font que jouer à cache-cache avec leurs propres vies, sombrant dans le désespoir ou l'illusion pour subsister, sans force ni conviction aucune, ou si peu.
Sans rentrer dans l'étude psychologique lourde et chiante, les caractères sont fouillés, précis et travaillés. On les croit réels : parfois exaspérants, parfois attristants.
Lapham est un orfèvre des tempéraments désespérés, jouant sur une palette d'émotions et de sentiments sacrément maitrisée. On est pas dans un comics typique, c'est le moins que l'on puisse dire.

Car en plus de proposer des histoires originales et novatrices (surtout dans le panorama du comics made in US), l'homme parvient avec un découpage rudimentaire (en apparence, avec l'emploi systématique d'un gaufrier qu'on retrouve du début à la fin de la série) à exposer avec brio l'état d'extrême désespoir de ses personnages, le pathétique de ses histoires.
Son dessin simple va droit au but, et l'encrage dynamique et rapide de Lapham, monté sur une narration et un découpage très cinématographique (et donc très expressive), cadrent ses idées à merveille : après des pages et des pages de ce qui pourrait passer (à la longue) pour une pauvreté graphique, Lapham prouve que son économie de moyens était un fort bon prétexte pour nous emmener là ou il le voulait, dans un grand désert vide de tout espoir.

Les dialogues rappeleront évidemment ses (presque) contemporains cinéastes ou romanciers, dont on ne cesse de lui chercher une parenté. Quelque part entre les frères Coen qui adapteraient du James Ellroy défoncé, qui aurait lui même pris des substances illicites avec un Tarantino sous Valium. Des histoires touchantes, cyniques mais justes, désolantes ou désopilantes... car pour mieux mettre en valeur le désespoir, Lapham n'hésite pas à être très drôle, en filigrane permanent.
Mais bon, on rit bien jaune dans ce polar bien noir.

Espérons qu'après les 2 premières tentatives de traduction française, soldées par un échec qui laisse 2 albums pour chaque éditeur, d'abord chez Dark Horse France (format comics, avec une couverture souple) puis chez Bulledog (format plus grand, cartonné), on aura droit à davantage que les seuls premiers épisodes ; au passage, révons d'une édition qui saurait associer le format idéal (car assez fidèle) de l'édition Dark Horse France, et une traduction un peu plus réussie...


David Lapham, né en 1970, lisait tellement de comics qu'il a fini par en dessiner.
L'autodidacte et passionné Lapham frappe aux portes de bon nombre d'éditeurs américains, avant de débuter au tout début des 90's dans le comics mainstream avec des titres (pas tous très glorieux) comme "Magnus Fighter Robot", "RAI", "Shadowman" ou "Harbinger" chez Vaillant (devenu Acclaim).
Après un passage éclair sur un Superman Annual chez DC Comics, il commet l'exploit de supporter l'alors controversé Jim Shooter et signe "Warrior of Plasm" chez Defiant ; en 95, las et remonté contre le monde incolore et aseptisé du comics mainstream il fonde avec sa coloriste (et épouse) Maria sa propre maison d'édition, "El capitan", ou il publie "Stray Bullets", série culte de l'indé américain, puis "Murder Me Dead".

oslonovitch
Voilà du comic noir de très très haut vol.
Dès la première histoire, on sent une force incroyable dans la structure du récit et une grande dimension chez les personnages de Lapham. C’est d’ailleurs peut-être ce dernier point qui m’a le plus étonné, qui m’a le plus ravi en dévorant ces deux tomes (de la traduction française chez Bulledog). Lapham parvient à présenter une galerie de personnages vraiment à part, en marge, à la fois sombres et héroïques, tragiques et paumés. On est complètement absorbé par le rythme et le ton de ces histoires que je qualifierai bien de "nouvelles" tant elles n’ont rien à envier aux meilleurs scénarii des auteurs de polar les plus inspirés. Et pourtant on sait combien le genre court est difficile à maîtriser en narration. Lapham s’en sort d’une façon vertigineuse, en ponctuant ces six balles perdues de bien belle façon. Les chutes sont à l’image des histoires : fortes, enlevées, rythmées, poignantes, bref tellement vivantes qu’elles paraissent vraies. On a parfois cette étrange impression de lire un récit d’évènements qui se sont vraiment passés… Ce n’est pas donné à n’importe quel auteur de parvenir à provoquer ce sentiment chez des lecteurs.

Le dessin n’est certes pas un modèle du genre, avec parfois quelques proportions un peu ratées, ou des visages un peu difformes. Au delà du simple constat, on s’y fait très vite tant on est emballé par la teneur de fond de ces deux albums. C’est du noir et blanc classique, efficace. Et finalement c’est ce genre de dessin qu’il faut pour accompagner l’œuvre dans son ampleur, dans sa dimension de démesure, à l’image de ce qu’elle propose/dénonce : la folie humaine.
Une œuvre marquante, à ne surtout pas rater.
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