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Sengo Dessin et scénario : Yamada Sansuke Albums indépendants, en cours |
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Volume 1 - 2020 | Volume 2 - 2020 | Volume 3 - 2020 | Volume 4 - 2020 | Volume 5 - 2021 | Volume 6 - 2021 | Volume 7 - 2021 |
  Herbv
| La série, terminée en sept tomes au Japon, nous narre la difficile vie des Japonais au lendemain de la défaire en 1945. Nous y suivons les efforts de deux anciens militaires démobilisés pour sortir de la pauvreté dans laquelle les a plongés le retour à la vie civile dans une ville, Tokyo, dévastée par les bombardements. Tels des rats survivant grâce aux poubelles des Américains, vivant de débrouille et d'entre-aide, Toku, le désabusé, et Kadomatsu, un gros ours mal léché mais éternel optimiste, essayent de repartir de zéro grâce à de multiples combines. Il y en a bien une qui réussira, après tout !
L'auteur, Sansuke Yamada, a commencé sa carrière professionnelle en 1994 à l'âge de 22 ans dans les revues Sabu et Samson, bien connues des amateurs de mangas porno gay. C'est au début des années 2010 qu'il commence à publier un titre plus grand public dans le Comic Beam, intitulé Sengo. Celui-ci lui permet d'exprimer son intérêt pour la période de l'après-guerre au Japon, celle de l'occupation américaine, et de mettre en évidence les difficultés pour survivre à une extrême pauvreté, notamment pour les femmes.
Sengo est vraiment un titre excellent. L'auteur nous décrit donc avec truculence les difficultés de survivre dans un Japon détruit par les Américains, et totalement mise sous leur coupe. Son propos est intéressant à plus d'un titre : lors de longues analepses, notamment dans le tome 2, il montre l'inhumanité de l'armée japonaise durant la Seconde guerre mondiale (et ensuite celle de la société civile après la défaite). Plus exactement, il expose la violence de certains officiers ou soldats totalement décérébrés par la propagande militariste. Il dépeint aussi la cruauté banalisée des hommes de troupes. Il n'oublie pas de mettre en scène l'enfer que subissaient les femmes à cette époque, obligées de se prostituer pour calmer les ardeurs des soldats, puis pour survivre après la guerre. Mais il montre aussi que tout le monde n'est pas stupide, méchant ou pourri ; il existe des personnes généreuses, bonnes, et parfois altruistes.
Le tout est raconté avec beaucoup d'humour grâce au personnage de Kadomatsu, qui réfléchit peu mais que rien ne peut abattre, qui n'a peur de rien, même pas les yakuzas ou des Américains. Cette brute, bon vivant, incurable optimiste, est en total décalage avec son ancien chef d'escouade (celle des durs à cuire et des brutes d'un contingent détachés en Chine continentale). A la différence de Toku, qui tente de noyer ses souvenirs dans l'alcool, Kadomatsu ne semble pas souffrir du moindre syndrome post-traumatique. Il a pourtant tué plus d'un Chinois ou d'un Américain (voire quelques Japonais déplaisants). Mais ne croyez pas que c'est un mauvais bougre, bien au contraire ! Tout ce qu'il veut, c'est vivre !
Plus que la galerie de personnages (yakuzas, prostituées, commerçants, etc.) hauts en couleur et au caractère fort, ce sont les propos historiques et politiques, disséminés ici ou là au fil des chapitres, qui font l'excellence de cette série que je ne peux que conseiller. Surtout que le dessin très plaisant et la narration fluide permettent de l'apprécier pleinement. Un pur régal et vivement que l'on puisse lire la suite ! |
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