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Kamakura Diary Dessin et scénario : Yoshida Akimi Albums indépendants, en cours |
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Volume 1 - 2013 | Volume 2 - 2013 | Volume 3 - 2013 | Volume 4 - 2014 | Volume 5 - 2014 | Volume 6 - 2015 | Volume 7 - 2016 | Volume 8 - 2018 | Volume 9 - 2019 |
  Herbv
| Tout commence par l’annonce de la mort d’un père absent, qui s’est enfui des années auparavant pour refaire sa vie avec une autre femme, abandonnant épouse et enfants. Les funérailles sont alors l’occasion pour les filles Kôda (Sachi, Yoshino et Chika) de faire connaissance de Suzu Asano, une collégienne qui se révèle être leur demi-sœur par leur père. Celle-ci accepte de venir habiter avec sa nouvelle famille, ne supportant pas l’idée de rester avec sa belle-mère (sa propre mère étant morte depuis longtemps). C’est alors la découverte d’une nouvelle ville, Kamakura, puis l’occasion de se trouver de nouveaux amis, particulièrement grâce au club de football local qui accepte les éléments féminins au sein de l’équipe junior, qui est donc mixte.
Yoshida Akimi développe ainsi une histoire mettant en scène de nombreux protagonistes et s’intéresse aux nombreuses interactions qui en découlent. En effet, si le récit tourne principalement autour de Suzu, on suit aussi la vie, notamment amoureuse, de Sachi et de Yoshino, la troisième sœur étant, du moins pour l’instant, en retrait. Pourtant, nous ne sommes pas ici en présence d’une énième comédie romantique collégienne identique à celles sous lesquelles croulent les rayons des librairies. L’auteure aborde de nombreux sujets graves comme la mort, la maladie, la fin de vie, et non seulement en évoquant le cas du père disparu. D’autres thèmes, l’adultère, la difficulté de trouver l’amour, sont abordés régulièrement. La tentation du suicide, le risque du passage à l’acte, sont encore d’autres points abordés à maintes reprises. Pourtant, le ton général reste assez léger, l'auteure sachant placer suffisamment d'humour pour ne pas dramatiser à l'excès son propos.
Indéniablement, il s’agit là d’une lecture qui ne peut intéresser qu’un lectorat plutôt âgé, sinon adulte. Ce constat est d’autant plus manifeste que les caractéristiques formelles de la série ne peuvent que rebuter les lectrices les plus jeunes. Nous sommes en présence d’une narration à l’ancienne, directement issue des années 1970. Le nombre de cases par page est plutôt élevé (environ huit cases par page, contre six en moyenne dans les mangas actuels), ce qui donne une narration dense. Surtout, l’absence de cases éclatées, de gros plans émotionnels ou de personnages mannequins, qui sont pourtant autant de techniques mises en place dans les années 1970, marquent à la lecture. Cette rigidité narrative, déjà présente dans Banana Fish, est renforcée par la lecture des planches qui ne se fait pas en S comme souvent dans le shôjo mais en suivant un sens plus classique, en forme de W couché. Ce ressenti lors de la lecture est renforcé par un graphisme old school (il n’y a pas de grands yeux exagérés, pas de dessin léché avec des trames très travaillées) avec un gros travail sur les décors afin d’ancrer le récit dans une certaine réalité.
Devant de telles caractéristiques promettant une absence certaine de succès commercial en France, nous ne pouvons que nous demander ce qui a pu pousser Kana de sortir un tel titre. Est-ce par volonté de montrer aux lectrices qu’il existe des mangas s’adressant à elles, dont le contenu peut être ambitieux et surtout différent des meilleures ventes du genre ? En effet, il est indispensable pour les éditeurs de développer une offre qui suit l’évolution des goûts du lectorat au fur et à mesure qu’il vieillit, sous peine d’aggraver les problèmes de renouvellement en n’arrivant pas à garder les lecteurs qui ont atteint un certain âge. Quoi qu’il en soit, Kana fait preuve de courage en sortant un titre à contre-courant des modes actuelles, alors que nous sommes en période de contraction du marché, ce qui incite généralement à plus de frilosité éditoriale. |
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