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L'Horloge Dessin et scénario : Roosevelt José Trilogie d'une quête se déroulant dans un monde qui se laisse entrevoir par des signes : douzes tableaux à l'huile, des parchemins aux cercles sacrés, des sociétés secrètes, des coquillages géants qui sillonnent les cieux et beaucoup de livres.  Volume 1 - 2000 |  Volume 2 - 2000 |  Volume 3 - 2001 |
   petitboulet
    | l'Horloge navigue entre plusieurs styles. ceux qui recherchent une histoire qui les fait rêver, voyager, qui les transporte en d'autres termes, ceux la y trouveront leur compte. ceux qui cherchent des personnages subtils, attachants, non manichéens et complexes seront ravis. les amateurs de bd qui ne prennent pas le lecteur pour un imbécile liront et reliront cette série.
l'horloge ne se dévoile pas a la première lecture, tout juste commence-t-on a creuser superficiellement, a accumuler des indices ténus qui nous aideront a comprendre cette histoire a tiroirs, composée de 12 chapitres. 12 chapitres pour 12 tableaux. 12 tableaux qui n'en font qu'un, l'Horloge, composée d'un cercle renfermant tout ce qui compose le cycle de la vie, le nécessaire a l'acquisition de la Connaissance, celle qu'Eve obtint grâce a la pomme du jardin d'Eden. d'ailleurs la religion est très importante, se faisant tailler un costard tout en n'étant pas reniée, tout du moins à mon sens.
Roosevelt ne nous impose pas sa vision des choses, il nous laisse le loisir, a travers son univers faits de lumière champêtre côtoyant l'obscurité urbaine, fait de personnages simples (mais pas simplistes) et naïfs se colletant a la perversion et a l'hypocrisie d'hommes et de femmes sans scrupules, il nous laisse le loisir donc de trouver nous même notre chemin dans le foisonnement de symboles que renferme ce livre, et d'y découvrir notre vérité. mais une chose est sure: la vie est un cercle, un éternel recommencement, une initiation perpétuelle, et Roosevelt signe là une oeuvre obsédante, qui me (pour)suivra longtemps.
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 Rohagus
   | L'Horloge est la première grande BD de José Roosevelt et elle porte tous les germes de ce qui composera ses œuvres suivantes. Peintre surréaliste à l'origine, Roosevelt s'inspire essentiellement de Dali mais aussi de Bosch et Brueghel. Dans L'Horloge, il intègre ses tableaux comme des éléments à part entière de l'intrigue. C'est aussi pour lui l'occasion de créer la galerie de personnages qui vont peupler toutes ses BD ultérieures, jouant chaque fois des rôles sensiblement différents, à la manière d'une Commedia dell'Arte façonnant peu à peu son univers artistique et narratif.
Cette série constitue donc la première brique de cet univers, déjà extrêmement riche en symbolisme, ésotérisme et références érudites. Elle dégage une atmosphère onirique séduisante au départ, mais devient vite confuse, voire étouffante.
Suite à l'assassinat mystérieux d'un peintre aux allures de prophète, le canard anthropomorphe Juanalberto et le couple de jeunes faunes, Vi et Ian, quittent leur vallée paisible pour partir vers l'Est à la recherche d'on ne sait trop quoi : un message, une rencontre avec d'hypothétiques hérétiques, ou encore un sens au rêve que le peintre leur a transmis. Leur quête est structurée en 12 chapitres, comme autant d'heures d'une horloge, mais aussi comme autant d'étapes ésotériques liées au zodiaque, aux saisons, aux anges et à d'autres symboles mystiques.
Graphiquement, on oscille entre le splendide et l'approximatif : les peintures sont remarquables, mais le dessin des personnages ou certains choix de couleurs peuvent sembler maladroits, voire rebutants. On sent qu'il s'agit des débuts de l'auteur en BD, notamment dans la raideur de Juanalberto, qui deviendra plus tard son personnage fétiche, quasiment son avatar. Les couleurs de l'édition Paquet ne sont pas mauvaises mais portent la marque de la colorisation informatique de la fin des années 1990 (la même qui avait momentanément défiguré L'Incal de Moebius). Toutefois, 25 ans plus tard, la réédition en intégrale aux Éditions du Canard a repris ces couleurs dans des teintes monochromatiques plus élégantes, qui mettent bien mieux en valeur les peintures.
J'ai apprécié l'ambiance mystérieuse et certaines planches où les peintures à l'huile s'intègrent parfaitement au récit, apportant un supplément d'âme et de mystère. Les premiers chapitres intriguent grâce à leurs idées originales et à des décors intéressants. Malheureusement, la suite s'alourdit : tirades pompeuses, personnages absurdes ou mal exploités, et développements scénaristiques qui tiennent souvent du raccourci ou du fourre-tout. Les intrigues se perdent dans des allusions bibliques, littéraires ou philosophiques qui brouillent le propos au lieu de l'éclairer. Certains monologues sont franchement rébarbatifs. Le travail symbolique, lui, reste intéressant : chaque chapitre s'ancre dans une ambiance et des motifs ésotériques qui seront explicités à la fin du troisième tome par un tableau symbolique récapitulatif. Mais là encore, aucune explication véritable n'est donnée sur leur signification. On notera également un clin d'œil appuyé à l'œuvre de Carl Barks à la fin de ce même tome.
C'est aussi à ce moment de la lecture que l'on croit toucher enfin aux révélations, que l'intrigue semble s'ordonner et promet de tout éclairer... sauf que l'œuvre s'arrête brusquement, comme s'il manquait une ultime page de révélation ou au moins de retrouvailles. Effet sans doute volontaire d'un auteur qui souhaite laisser libre cours à l'interprétation du lecteur, mais le résultat est frustrant et laisse un goût d'inachevé.
En définitive, malgré quelques fulgurances visuelles et une vraie ambition intellectuelle, j'ai trouvé cette lecture plus frustrante qu'enrichissante. Elle m'a donné le sentiment d'une œuvre pleine d'intentions et de symbolisme, mais mal aboutie. J'ai parfois été captivé, mais bien souvent aussi perdu en route. |
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