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L'Hiver d'un monde Dessin et scénario : Mazan Un bagne construit en plein océan... Une mine à ciel ouvert où sévit un mal mystérieux... Une ville située à côté de la ligne de front, qui ne vit la guerre que par cinéma interposé... Un circuit de course où, d'un tragique accident, naîtra une improbable idylle... Tel est le monde ténébreux et puissamment original de Mazan. L'hiver d'un monde, terminé |
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Volume 1 - 1990 | Volume 2 - 1992 | Volume 3 - 1994 |
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| Inconditionnel de Dans l'cochon tout est bon, il y a longtemps que je me disais qu'il faudrait que j'aille fouiller dans les oeuvres antérieures de Mazan, auteur plus que reconnu mais à la bibliographie épaisse comme une tranche de mortadelle. C'est chose faite après la lecture de L'hiver d'un monde et je suis ni déçu ni emballé : cette trilogie à laquelle des prétextes servent d'unité (les personnages de ces trois histoires se croisent les uns les autres tout au long de la série, notamment convergent tous vers Charençon-les-pins - station balnéaire de Dans l'cochon... - à la clôture de leurs aventures) est intéressante sur bien des points mais pas toujours pour ses qualités propres.
Elle permet tout d'abord d'observer l'évolution et la construction du "style de Mazan" (dessin), chose passionante en elle-même. Les scénarios suivent un peu la même voie, et, de quelque chose de convenu (SF peu affriolante), découpé avec une application ennuyeuse, mis en scène de manière frileuse, on aboutit rapidement à quelque chose de séduisant, dynamique et poétique (sans être forcément novateur). Certains prémices des aventures de Philibert aident à apprécier encore plus la "suite" donnée par Mazan à son oeuvre (thèmes abordés, ton poétique et critique à la fois, dialogues, bases d'un véritable "petit monde").
Le premier tome (Le grand mal) ne tient que grâce à sa construction fragmentée et intriguante (les deux "héros" passent brutalement d'un pénitencier à un camp de travail pour finir dans une station balnéaire...), son histoire ne cassant pas trois pattes à un canard radioactif (fantastique cheap) et ses personnages étant plutôt peu attachants, le tout étant relativement brouillon.
Le deuxième tome (Lumière sur le front) est plutôt bien construit, de grands thèmes comme la représentation dans l'art et l'engagement sont (à peine) effleurés mais ont le mérite de donner un peu de profondeur à l'histoire dans l'Histoire. Le trait de Mazan commence à être vraiment agréable et il met en scène somptueusement, par son découpage, en proposant successivement les scènes de la guerre (au cinéma) et celles avec ses héros - civils derrière les lignes - le rythme dans cette alternance croissant peu à peu (avec l'enrolement du fils au front) pour finir sur le mélange de la guerre... et la paix. Note : on découvre les idées de bases de la maison "qui gêne" de Philibert2.
Le troisième tome (Ville basse - ou Melle de la Cuisse en l'air) abordent l'amourette romantique avec une poésie touchante (accentués par les sentiments de remords) tout en étant en dessous de ce qui suivra (Philibert1, toujours) et le regard d'autrui à travers, notamment, le racisme (avant Philibert2). Les bas-fonds servent de toile de fond à ce drame léger, avec pour l'occasion, un joli travail sur les textes (argot parlé). Même si l'histoire ne réserve pas de grosse surprise, le découpage et le dessin pleinnement maitrisés rendent le tout agréable à lire. Remarquons également, au milieu de la banalité des héros, le personnage du "coach" (plus life-coach que sportif), d'un intérêt certain dans le sens où il n'est pas du tout réaliste (naïveté, humanisme demesuré) mais crédible tout de même (cela sert la poésie de l'ensemble, non ?).
L'épilogue inédit de six pages (seulement, hélas !) présenté en fin d'intégrale est plein de saveurs pour l'amateur de Dans l'cochon... que je suis (non, je ne suis pas un cochon, je suis l'amateur du cochon !) et m'a comblé à lui seul. On y voit Philibert, son frère, sa soeur et ses parents en vacances à Charençon-les-pins (plus de trois, à cette époque) ; l'évolution des paysages (à travers l'oeuvre de Mazan) et les retrouvailles avec ces lieux et personnages de la série qui suivra (Léa ausssi passe par là), ces derniers croisant ceux de L'hiver d'un monde que l'on vient de quitter, lie le tout (L'hiver et Philibert) de manière élégante (même s'il ne se passe rien) : c'est étonnament mon meilleur moment de lecture de ces 150 pages. |
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