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Elektra Dessin : Sienkiewicz Bill Scénario : Miller Frank Volume 1 - 1989 | Volume 2 - 1989 | Volume 3 - 1989 | Volume 4 - 1989 |
  Thierry
| Décidément, hors de "Sin City", j'ai, comme qui dirait, un problème avec la prose de l'ami Miller. Elektra: Assassin, c'est une Xième variation sur la lutte contre la Mal. Cette obsession du Mal est typique de la culture américaine. Elle se double d'une volonté d'attribuer les racines du Mal a quelques forces obscures, telles les invasions extraterrestres a la X-Files, ou a le théâtraliser par la création de super-méchants, souvent inhumains, parfois ridicules. Sans doute faut-il y voir une volonté d'exorciser certains mauvais souvenirs et de dédouaner l'humanité de ses crimes.
Conséquence logique de cette obsession, le Grand Complot qui rampe sournoisement, attendant son heure. Paranoïa et théologie a 2 balles, un terreau fertile pour les scénaristes ! Voici donc le Grand Complot que les pauvres pions que nous sommes ne soupçonnons même pas. Le Grand Complot est grand, très grand. Il est aussi très obscur. Et qui trouve-t-on derrière lui ? Une grosse bébête qu'on dirait qu'elle est surgie tout droit de l'Enfer ! Roooh, le diable tout laid qui souille les âmes avec un bon verre de lait (Got Milk ?). Et en plus, il veut provoquer une guerre nucléaire avec les vilains communistes (nous sommes dans les années 80) en s'invitant aux élections présidentielles. Le président sortant est un simili-Nixon version gnome éructant, Son challenger démocrate a la gueule figée de David Letterman. Une petite lampée de lait en fait le parfait serviteur de la vilaine bête. Heureusement, il y a Elektra, la tueuse Ninja sexy au cerveau reptilien qui va se dresser pour bouter le Mal hors du monde.
Le dessin de Sienkiewicz me parait un peu date, mais tient plus que la route. Le gars sait indéniablement tenir un crayon. Le scénario de Miller, par contre, me laisse un très mauvais goût dans la bouche. Bien sur, cette histoire n'est pas a prendre au premier degré. Le ton est volontiers outrancier, le trait grossi au bazooka, contrastant avec la finesse de celui de Sienkiewicz. Mais je me demande toujours si Miller est un anarchiste qui joue la carte de la provocation pour mieux démonter les mécanismes de l'extrémisme, ou si cette outrance dissimule une certaine indulgence pour l'idéologie qu'il feint de dénoncer. Le discours de Miller ne s'éloigne jamais du "tous pourris" réducteur, qui mène parfois a l'exigence d'un bon coup de balai. La même ambiguïté se retrouve bien sur dans Sin City. Mais elle s'y inscrit comme l'un des codes centraux de la relecture baroque du roman noir a laquelle Miller se livre. "Sin City" n'est rien moins qu'un exercice de style, créant un univers fantasmé inspiré de la culture pulp.
A l'inverse, Elektra: Assassin semble hésiter entre le dynamitage des conventions du comic-book et paroxysme primaire, jouissif de prime abord, mais aux relents nauséabonds.
Par contre, et dans le style graphique de Sienkiewicz, et dans la structure narrative du scénario de Miller, j'ai été frappé par les similitudes avec Kabuki, de David Mack. Elektra, mère spirituelle de Kabuki ? |
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