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Rêves d'enfants Dessin et scénario : Otomo Katsuhiro Réédité en intégrale sous le titre « Dômu » Volume 1 - 1991 | Volume 2 - 1991 | Volume 3 - 1992 |
  petitboulet
| En 1981, un an avant qu'il ne commence Akira, un livre qui fera office de baffe en pleine face pour beaucoup d'occidentaux, Katsuhiro Otomo dessina un polar fantastique à l'atmosphère étrange, oppressante: Dômu.
Comme pour beaucoup de polars, il est facile de résumer l'intrigue: plusieurs suicides étranges se produisent dans un ensemble d'immeubles, et la police tente de trouver le fin mot de l'histoire. L'important dans un policier n'est pas l'intrigue mais les ambiances que l'auteur distille, sa maîtrise du suspens et des techniques de narration qui le feront parvenir à son but. Un exercice de style, difficile et périlleux, dont l'auteur sortira grandi ou ridicule. Otomo en sort grand, très grand.
Ici, point de suspens sur l'identité de celui qui tire les ficelles, elle nous est révélée dès la 44e page. Ces 44 premières pages introduisent les personnages et installent, une atmosphère, dérangeante sous des dehors apparemment banals. A cette fameuse page 44 un tournant s'opère alors, et l'histoire vire au fantastique...
Le festival Otomo peut commencer. Le récit gagne lentement en intensité, le rythme s'accélère doucement mais sûrement, et à mesure que la folie s'installe, les pages dégagent une impression d'oppression de plus en plus palpable. Otomo s'amuse: son histoire est servie par des cadrages surprenants, efficaces et spectaculaires, (ses nombreux gros plans de visages effrayés notamment, qui contribuent fortement à l'ambiance du récit, ou ses scènes récurrentes en plongée, soulignant l'isolement, qu'il soit physique ou moral, des personnages...). Le découpage est nerveux, incisif, alternant scènes au rythme ultra-rapide et double-pages d'une seule case, comme autant d'aérations nécessaires pour reprendre son souffle.
Otomo possède le talent de brosser des méchants remarquables, autant sur le plan graphique que moral. Dômu ne déroge pas à la règle et l'apparition du personnage en question est un passage marquant du récit, à la fois tranquille et plein de tension, ridicule et inquiétant. D'ailleurs paradoxalement Otomo en fait plus tard un élément humoristique, le révélateur d'un personnage autrement dangereux...
Primé en 1983 au Japon (meilleur album SF, ce qui est surprenant puisqu'il s'agit d'un livre fantastique teinté de polar), Dômu se révèle largement à la hauteur des espérances du lecteur. Otomo nous emmène dans un monde réaliste et violent, banalise l'incroyable pour mieux nous y faire croire et nous laisse haletants et comblés par son talent.
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CoeurDePat
| Ayant adoré "Akira" et me fiant à de nombreux avis élogieux, je me suis jeté sur l'intégrale de "Rêves d'enfants".
Et pour tout dire, je suis déçu.
En effet, on est (forcément) loin (très loin, même !) d'avoir l'ampleur d'"Akira". Les similitudes sont cependant nombreuses : superpouvoirs, univers urbain omniprésent, lutte entre "surhumains" pour ne citer que ceux qui m'ont paru les plus évidents.
Ensuite, les personnages présentés ont peu de profondeur, et j'ai l'impression de ne les "avoir vu" que pendant une très courte période de leur vie, sans avoir pu appréhender leurs motivations, goûts, envies, espoirs, etc.
De plus, l'histoire est présentée comme fantastique (au sens littéraire du terme), mais après avoir lu "Akira", elle paraît bien fade et bien banale, même lorsque les deux principaux protagonistes se déchaînent.
Même le découpage, très "haché" -- ce qui montre une grande maîtrise -- ne m'a pas plu; il induit certes un certain malaise chez le lecteur, et en cela on peut dire qu'il est très réussi, mais il ne me donne pas envie de relire cet album; en fait, il me rebuterait plutôt. Sinon le dessin est ma foi (presque) aussi bon que dans "Akira".
Conclusion, j'ai l'impression d'avoir été déçu par ce manga en grande partie à cause de la comparaison implicite avec son grand frère (grand par l'ampleur...). Ses qualités sont là, indéniables, mais l'album ne m'a pas plu. |
Grunt
| Une assez grande déception que ce titre d'un mangaka pourtant prestigieux.
L'histoire débute pourtant bien, l'intrigue est d'emblée bien plantée et le décor urbain, qui ne surprend pas quand on connait les oeuvres d'Otomo, se prete on ne peut mieux à l'histoire. Et la thématique choisie, qu'on découvre rapidement promet de bons moments...
Hélas, malgré des découpages et des gros plans de qualité, qui contribuent efficacement à une atmosphère angoissante et qui témoignent d'un talent certain, Otomo n'est pas parvenu à m'accrocher plus que ça. Ses personnages ne semblent pas "creusés" et le dénouement final reste facile, voire baclé.
En conclusion, c'est une impression assez confuse que m'a laissé Domu: un mélange d'interrogation et de déception subsite lorsque je referme ce livre; ce qui me pousse à dire que ce titre ne m'a vraiment pas séduit. |
Herbv
| N'ayant jamais apprécié Akira et n'étant pas particulièrement fan du dessin d'Otomo (mais je reconnais son très grand talent), je me demandais ce qu'aller donner la lecture de ce manga. Et bien je dois dire que c'est un bon sang de sacré bon truc. Vu que je partais avec un à priori négatif, ça vous donne une idée de la qualité de l'oeuvre ;) Attention, ce qui suit va légèrement dévoiler le contenu du manga.
J'adore l'ambiance qui s'en dégage, ce mélange de vie moderne avec ses petits détails (les propos que les mères de famille s'échangent, l'atmosphère qui se dégage des grandes barres d'immeubles, les couloirs glauques, les enfants qui jouent...) et de fantastique (le combat psychokynésique entre E-Chan et Chô-san, le vol au dessus des immeubles). L'aspect policier du manga, ce mélange de fantastique et de modernisme déshumanisant m'a fait penser à un film japonais, Suicide Club. J'ai aimé le fait qu'il ne faut pas s'attacher aux personnages, tous étant susceptible de mourir (un certain nombre n'y survivront pas, d'ailleurs). Par certains aspects, car le propos de Katshuiro Otomo est infiniment mieux construit que celui de Sion Sono (le réalisateur du film), j'ai retrouvé le même monde glauque basé sur des "suicides" inexplicables, le même décalage entre le réalisme policier (dépassé par les événements) et le fantastique d'un monde inconnu. J'ai adoré la scène de poursuite où le mangaka sait nous dérouter par des angles de vues faisant fi de la pesanteur. Quelle maîtrise du cadrage. Par contre, comme pour Akira, je trouve qu'il en fait des tonnes (nettement moins, certes) dès qu'il s'agit de scènes de destructions. Je trouve qu'il appauvrit son histoire, en faisant trop de scènes d'explosions, en s'attardant trop dessus. On perd pas mal de la subtilité de l'histoire à ce moment. Mais après tout, pourquoi pas...
Dans tous les cas, je reconnais qu'il s'agit d'un manga incontournable et je le préfère largement à Akira.
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