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Les Compagnons du crépuscule Dessin et scénario : Bourgeon François Les Compagnons du crépuscule, terminé |
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Volume 1 - 1984 | Volume 2 - 1986 | Volume 3 - 1990 |
  Rohagus
| Depuis longtemps, les Compagnons du Crépuscule était une série que je considérais comme culte. Néanmoins, je ne l'avais pas lue depuis au moins quinze ans et j'appréhendais de la redécouvrir aujourd'hui, craignant de trouver qu'elle avait trop vieilli ou de découvrir des défauts que mes yeux désormais plus acérés en matière de bande dessinée pourraient trouver.
Je suis heureux de pouvoir dire que mon avis reste inchangé, c'est une bande dessinée véritablement excellente.
Les Compagnons du Crépuscule, c'est une série médiévale fantastique.
Rares sont les séries qui mettent autant l'accent sur le côté médiéval : François Bourgeon a effectué un formidable travail documentaire pour redonner vie au Moyen-Âge français de l'époque de la Guerre de Cent Ans. Décors, costumes, architecture, état d'esprit et coutumes sont parfaitement respectées et bien rendues. Cela va jusqu'aux dialogues qui sont écrits en grande partie en vieux français, les rendant parfois un peu plus compliqués à comprendre mais ajoutant nettement à l'ambiance du récit.
Quant au fantastique, il s'insère à des degrés divers de tome en tome. Globalement, il s'inspire des légendes médiévales, essentiellement d'inspiration celtique avec des influences druidiques et l'apparition d'un discret Merlin dans le dernier tome. Mais nous sommes loin d'un récit d'heroïc-fantasy, même si le second tome va un peu plus loin que les autres dans ce domaine.
Chaque tome forme une histoire complète, avec chacun une ambiance assez différente. L'ensemble est relié par les personnages évidemment, par un fil rouge narratif évoquant un mystérieux conflit entre des puissances immortelles et symboliques, Noire, Rouge et Blanche, mais aussi par quelques moments clés se répétant de tome en tome tels que le texte d'introduction, certains dialogues et scènes comme les différentes fois où l'Anicet essaie un casque et se fait successivement traiter de chaudron, marmite et casserole.
Le premier tome met en scène la rencontre entre les 3 personnages principaux. On y trouve d'abord la Mariotte, jolie rousse rebelle et pas toujours très chanceuse. Puis l'Anicet, beau gosse mais très lâche, égoïste et assez détestable. Et enfin le Chevalier, défiguré et sans domaine, poursuivant une folle quête inspirée par ses rêves. L'intrigue de ce tome n'est pas passionnante mais met en place l'ambiance de la série, entre réalisme médiéval et légendes fantastiques à la croisée du rêve.
Le deuxième tome est nettement plus orienté vers l'imaginaire et la poésie. Son récit, aventureux et débridé, est proche de la fantasy avec des créatures surnaturelles et un monde caché. Très beau, j'aime la façon dont il se raconte en parallèle un récit plus druidique, très celtique. Il y règne en outre une légère ambiance hippie tant au niveau des personnages que de certains costumes comme celui de la dame blanche.
Le troisième tome est le plus gros et le plus abouti. C'est le final grandiose de la série. Nos héros arrivent cette fois dans un décor urbain, celui d'une ville et d'un château pleins de vie, de dangers et de personnages divers et variés.
Le Dernier Chant des Malaterre est un chef d'œuvre, ne serait-ce qu'au niveau du dessin, de la recherche historique, de la beauté et du réalisme ultra-fouillé de ses décors. Bourgeon a fait une recherche énorme afin de construire cette bande dessinée. Mais au-delà de cette justesse du détail et du réalisme, l'histoire en elle-même est captivante et envoûtante. Le scénario est complexe car il concrétise des notions acquises dans les deux premiers tomes et ne s'offre pas tout cru au lecteur. Il y a une part de fantastique, de magie et beaucoup d'humanité dans cette œuvre. Et le final de toute cette aventure médiévale est tout simplement beau et intelligent.
Une pièce maîtresse dans toute bédéthèque à mes yeux. |
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