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Asatte Dance
Dessin et scénario : Yamamoto Naoki

Cycle 1, terminé


Volume 1 - 1995

Volume 2 - 1996

Volume 3 - 1996

Volume 4 - 1996

Volume 5 - 1997

Volume 6 - 1997

Volume 7 - 1997

 

3 avis


Herbv
J’ai terminé il y a peu cette série mythique (auprès des fans de mangas qui ont un peu de bouteille ;)) qu’est Asatte Dance. Pour ceux qui ne connaissent pas, il s’agit d’une série en 7 volumes parus chez Tonkam entre 1995 et 1997 réalisée par Naoki Yamamoto. Il s’agit d’un seinen (paru dans le Big Comic Spirit entre 1989 et 1991) qui allie comédie romantique, vie sociale et érotisme. On pourrait presque dire qu’il s’agit d’une sorte de Maison Ikkoku avec l’érotisme en plus vu le côté looser de Suekichi, étudiant de son état, et de la galerie de personnages originaux qui l’entoure. Il faut dire que Aya n’est pas une fille ordinaire. Tout au long des 7 volumes nous allons donc suivre l’évolution des relations de ces deux personnages.

Il s'agit donc d'un manga à lire pour ceux qui aiment le genre, à la condition de le trouver vu qu'il a été retiré du catalogue de Tonkam lorsqu'il est arrivé en fin de droit en août 2003. Et comme le volume 3 est assez dur à trouver, bonne chance...
Plusieurs choses frappent à la lecture de cette série. Tout d’abord, c’est chaud, très chaud à certains moments, on peut même considérer qu’on est parfois en face d’un manga hentai. Il faut dire que l’auteur est un spécialiste du genre sous divers pseudonymes et cela se voit. Mais si le pseudo-hentai est assez lourd au début, il se révèle assez bien amené et participe tout à fait à l’histoire. Attendez-vous quand même à de nombreuses scènes explicites même si elles ont tendances à devenir de moins en moins fréquentes au fil des chapitres. Le grand tournant a lieu au volume 3 où les scènes de cul cèdent beaucoup de terrain à la vie sociale, une fois que le mystère Aya est en grande partie levé.

L’autre chose qui frappe est le dessin. Il y a quelques années, j’avais fuit devant, le trouvant trop particulier, un peu comme Amer Béton de Tayou Matsumoto. Mais les goûts changent... De plus, le dessin évolue assez considérablement tout au long de la série, devenant parfois superbe, certaines scènes étant magnifiques. Moi qui m’intéresse assez peu au dessin, je me suis surpris de m’arrêter plus d’une fois pour contempler une planche ou une illustration. Notons que les scans des volumes 1 et 2 sont plutôt ratés, ce qui n’arrange rien.

Enfin, il s’agit d’une peinture de la société japonaise à la fin des années 80. On y voit les joies et les peines, les doutes d’une certaine jeunesse, de la difficulté de trouver sa voie lorsqu’on est pas intéressé par celle de salaryman. On voit aussi la difficulté d’embrasser une carrière artistique dans une société tournée vers l’économie, la difficulté de s’intégrer lorsqu’on est un « gaijin » d’origine asiatique venu à la recherche de son rêve japonais, d’être une femme libre maîtresse de ses désirs.

Il s'agit donc d'une série à lire si on est fan du genre, à la condition de le trouver car elle a été retirée du catalogue de Tonkam étant arrivée en fin de droits en août 2003. Et comme le volume 3 est assez difficile à trouver... Bonne chance.

Matrok
Asatte Dance, c'est-à-dire « danse jusqu'au surlendemain matin », un joli titre, qui sonne mieux en japonais qu'en français, pour une comédie érotico-sentimentale assez atypique... Ce manga est devenu quasiment introuvable en France, je ne l'ai donc lu que dans une version un peu particulière, mal scannée, maladroitement traduite en anglais et avec quelques pages manquantes. J'ai pourtant assez vite accroché, et j’ai alors tout lu d'une traite ! Et relu depuis plusieurs fois avec plaisir. En effet, c'est drôle, rythmé, attachant, parfois surprenant, déstabilisant même par moments avec des ruptures de ton et de genre assez osées, aussi bien dans le récit que dans le dessin. Ce dernier est souvent réellement sensuel, et semble parfois jeté avec un naturel et une grâce que l'on ne voit pas si souvent dans les mangas.

Mais en lisant ici la chronique postée par Herbv, j'ai un peu tiqué sur ce bout de phrase : « Maison Ikkoku avec l’érotisme en plus ». La référence est bien vue, elle est d'ailleurs citée dans un dialogue du manga, et l'humour nuancé de tendresse rappelle un peu le manga de Takahashi Rumiko, qui est d'ailleurs une référence devenue incontournable au Japon. Mais ce qui caractérise « Maison Ikkoku » c'est aussi sa morale convenue où l'amour est une vertu éternelle, pourvu que toute coucherie soit exclue avant le mariage... Sur ce plan là, « Asatte Dance » en est l'exact opposé. C'est l'antidote même contre la niaiserie romantique.

Avec ce manga paru à la toute fin des années 1980, Yamamoto Naoki, auparavant pornographe plus ou moins anonyme, a obtenu son premier succès auprès du grand public - majeur et averti cependant. Le jeune héros, Suekichi, est un étudiant peu assidu, comme le héros de Maison Ikkoku d'ailleurs. Mais dès le début, une différence s'impose : Suekichi apprend qu'il héritera de son grand-père une somme d'argent fabuleuse à condition qu'il réussisse ses études et qu'il fasse un bon mariage. Les règles du genre, d'habitude hypocritement tacites, sont ici exposées dès le départ, ce qui annonce clairement que l'on va avoir droit à un dézingage en règle des clichés moraux du genre « Comédie romantique ». Ce qui commence dès les premières pages du manga, puisque suite à l'enterrement du grand-père, Suekichi se réveille avec la gueule de bois et une jeune femme entre les pattes, la jolie Aya, qui va bouleverser sa vie. Au grand dam de l'exécuteur testamentaire du grand-père, qui voit en elle une intrigante attirée par l'argent.

Le récit, aux péripéties un tantinet improbables, suit les amours contrariées d'Aya et de Suekichi, mais aussi la vie mouvementée d'une troupe de théâtre amateur dont Suekichi est le trésorier, factotum et parfois figurant. C'est l'occasion pour l'auteur de se montrer fin moraliste, au sens où il décrit d'un regard lucide les comportements de ses personnages sans chercher à les juger. Cette satire met en lumière bien des tares de la société japonaise de l'époque, ce Japon capitaliste, libéral et triomphant des années 1980, où l'argent est roi mais où presque tout le monde endetté, où la peur du déclassement conduit à un conformisme stérilisant, où le mode de vie est devenu inepte, et où règne le mépris pour les artistes, pour les étrangers, mais encore plus pour les femmes, dont les seuls projets de vie envisageables si elles ne nient pas toute sexualité se résument au mariage ou à la prostitution. Ce qui, insinue l'auteur, n'est peut-être pas si différent. Et l'amour dans tout ça ? Le titre donne une piste sur la façon que l'auteur nous encourage à le vivre.

Malgré les scènes de sexe très explicites, ce manga pousse plus souvent le lecteur à la réflexion critique qu'à l'identification : dans ce sens, il est très romanesque et ne s’embarrasse pas de héros exemplaires. Suekichi fait et pense énormément de bêtises, il se voudrait anticonformiste mais n'en a ni le courage ni la volonté et la simple promesse d'un paquet de fric le rend moutonnier. Il tombe dans toutes sortes de pièges, il est jaloux à l'extrême et bourré de préjugés sexistes. Quant à Aya, elle ment beaucoup, par omission le plus souvent, se fait souvent manipulatrice, mais se ment à elle-même aussi. Suekichi et elle ont ceci de commun qu'ils ne comprennent pas vraiment leur bonheur ni leur malheur. C'est peut-être pourquoi leurs sentiments, leurs désirs, touchent profondément le lecteur et font naître une empathie très forte avec eux.

L’œuvre n'est pas sans défaut cependant : ça traîne en longueur, inutilement. Plusieurs branches de l'intrigue, notamment dans le dernier tiers, auraient pu être élaguées car elles n'apportent pas grand chose et sont beaucoup plus fades que les meilleurs passages. Enfin le côté racoleur de certaines scènes peut déranger et rabaisse parfois le récit à un genre pornographique alors que par moments cela vaut beaucoup mieux que ça.

Pour terminer cette chronique, je souhaite insister sur le fait que Yamamoto Naoki est un auteur qui reste encore à découvrir, puisque à part cet Asatte Dance (qui n'est plus édité depuis 15 ans) et un recueil de récits érotiques (Blue, que je n’ai pas lu) ses œuvres ne sont pas disponibles pour le public français. À quand une réédition de Asatte Dance ? Ou une traduction d’autres de ses inédits ?

Rohagus
A l'époque de ma première lecture de cette série, j'ai été éberlué. Pourquoi ? Car l'esprit même de ce manga est à l'opposé de tout ce que je connais alors en matière de manga !

Quand on regarde cette histoire de loin, on croit qu'on va lire une nouvelle version de Maison Ikkoku avec une romance contrariée entre un gentil étudiant un peu bêta et une belle jeune femme timide et sage. Et effectivement, on retrouve pas mal de composantes des mangas typiques de ce genre : le garçon mignon et réservé qui ne réussit pas trop dans ses études, la jolie brune dont il va se rapprocher, les amis un peu envahissants, un yakuza effrayant mais en fait gentil, et pas mal de clichés ou du moins de ce qu'on croit être des clichés au premier coup d'œil.
Mais en fait, ce manga est à mille lieues d'un manga typique du genre.

On pourrait presque le prendre comme l'antithèse de Maison Ikkoku en fait.
Le garçon n'est pas amoureux de la jolie brune ou du moins passe son temps à faire comme si elle n'avait aucune importance pour lui et qu'il voulait s'en débarrasser.
La jolie brune n'a rien d'une sage femme au foyer : elle est totalement délurée voire nymphomane. Elle a une forte personnalité de même que toutes les autres femmes de ce manga qui sont toutes ou presque des femmes de tête.
Ce « couple » ne restera pas indéfiniment dans la même situation à se tourner autour en habitant l'un à côté de l'autre : la vie va les changer, ils vont déménager, mûrir, changer de travail, d'amis, etc.
Et toute l'intrigue est ainsi, tellement plus proche de la réalité ou du moins de la réalité occidentale des couples et du sexe que c'en est ahurissant venant d'un manga.

L'élément principal qui saute aux yeux, c'est que les personnages n'ont presque aucun tabou vis-à-vis du sexe. C'est bien simple, l'héroïne est dans le lit du héros dès la première page. Et tout le long de la série, le sexe vient naturellement, un peu trop souvent sans doute pour des esprits prudes mais tellement proche de la réalité d'une vie de couple ou de la vie de coureurs de jupons. Ces scènes de sexe sont présentées de manière à la fois érotiques et réalistes les rendant très bien intégrées à l'histoire mais également émoustillantes juste comme il faut aussi bien pour un lectorat d'hommes que de femmes.

Quant au reste de l'histoire, c'est pareil, il est très réaliste, abordant les sentiments amoureux sous un angle qu'on n'imagine pas dans un manga et surtout n'hésitant pas à considérer des relations possibles sans sentiments entre les partenaires : le sexe pour le sexe ou l'affection par pur intérêt. C'en est parfois assez dérangeant, pour quelqu'un qui s'attend à s'émouvoir et à lire une belle romance compliquée, que de découvrir que l'histoire de ce manga ne contient peut-être pas la belle histoire d'amour qu'on aimerait y voir.

C'est réaliste, c'est assez fort, mais à côté de ça, il y a quand même une bonne dose d'humour. Je l'ai trouvé moins présent que dans Maison Ikkoku ou dans F.Compo mais il est pourtant bien là et j'avoue avoir été explosé de rire à pas mal de moments, même si j'aurais aimé l'être plus souvent.

Les personnages sont juste et très originaux. J'ai une réelle affection pour le personnage de Aya même si jusqu'à la fin elle reste assez difficilement cernable.
Les dialogues sont excellents et, si ce n'était un certain nombre de fautes d'orthographe ou d'inattention dans l'édition que j'ai lue, je féliciterais vraiment les traducteurs.
Et je félicite aussi au passage Tonkam car l'édition qu'ils ont publiée est excellente, avec une couverture belle et solide et des albums de 200 pages fins et denses à lire. Je ne pourrais que leur faire qu'un reproche : quel dommage que la qualité de reproduction des planches des tomes 1 et 2 soit aussi mauvaise : la résolution des images est tellement mauvaise qu'elles paraissent vraiment pixellisées, comme si à l'époque elles avaient été imprimées directement depuis Internet*.

Asatte Dance se présente comme un mélange étonnant entre Maison Ikkoku et De mal en pis auxquels aurait été ajoutée une dose d'érotisme qui s'insère bien dans l'histoire et même dans l'humour. Les sentiments sont traités avec réalisme et la fin ne sera pas celle qu'attend une midinette en mal de mariage heureux.

Maintenant, je dois admettre ne pas avoir été aussi captivé par cette série que par l'intrigue de F.Compo par exemple, et surtout en fin de lecture, j'ai été largement moins ému et touché que par la fin de De mal en pis.
Il y a dans Asatte Dance quelques longueurs et moments moins plaisants que les autres. Et de même, le manque de sentiments affirmés dans ce qu'on pourrait espérer devenir une vraie romance est assez frustrant surtout vers la fin.
Mais cette série détonne tellement par son originalité par rapport aux autres mangas que je ne peux pas la laisser passer inaperçue.

Un OVNI à mes yeux dans le monde du manga, un immanquable d'une certaine manière, à lire absolument tellement c'est surprenant et différent du manga romantique typique.

* J'ai écrit cette chronique en 2005. Vous aurez compris que j'ai lu la première édition française, débutée en 1995. C'étaient encore les balbutiements du manga en France...
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