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© Delcourt

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Sorcières ! disent-ils
ScénarioIhler Juliette
DessinSingeon
Année2021
EditeurDelcourt
CollectionOctopus
SérieOne-shot !
Bullenote [détail]

 

1 avis

rohagus
En nous plongeant au cœur d'un village au XVe siècle, cet album nous présente de manière documentée la chasse aux sorcières qui a ravagé l'Europe à partir du tout début de la Renaissance, avec notamment la diffusion du Malleus Maleficarum, le Marteau des Sorcières, ce livre soutenu par l'Eglise catholique et l'Inquisition qui décrivait de manière extravagante et horrible les manières de reconnaître une sorcière, et de la torturer pour la faire avouer ses pêchés, avec la mort comme seule échappatoire dès l'instant où qui que ce soit l'accusait. Là où l'album se démarque, c'est qu'elle replace l'ensemble dans un contexte sociologique et politique particulier, celui de la fin du féodalisme et du communalisme, et de l'instauration du capitalisme.
Après une courte introduction présentant la réappropriation de l'image des sorcières par les mouvements féministes au XXe et XXIsup>e siècle, nous allons découvrir nos quatre héroïnes. L'une est une guérisseuse, l'autre vit de son rôle de voyante, l'autre encore est une forgeronne indépendante et séductrice, et la dernière est une simple serveuse vivant une vie tranquille avec son mari aimant. Mais toutes les quatre vont être confrontées à l'injustice d'inquisiteurs trop zélés et d'accusations hypocrites d'une poignée de villageois jaloux, mesquins ou purement mauvais.
Et pour bien appuyer son propos dans son cadre documentaire, les auteurs vont intégrer dans leurs descriptions et dialogues de véritables extraits de nombreux ouvrages dédiés au sujet des sorcières et de la persécution des femmes à l'époque.

C'est donc à la fois un documentaire et un roman graphique, avec une véritable histoire pour ce village et ces héroïnes, avec une dose de fatalisme au départ qui tourne finalement à la revanche par la suite, évitant par bonheur une fin dramatique et trop attendue comme je le craignais. Le ton est à la fois juste en terme historique et moderne dans la mise en scène et les dialogues. Cela permet une lecture fluide et agréable. On est à la fois effaré par l'imposture et la cruelle mascarade des accusations inquisitoriales et des méthodes aboutissant forcément à la mort douloureuse des accusées, et on s'attache aux héroïnes en espérant qu'elles s'en sortent.
Le tout est soutenu par un dessin très appréciable et efficace, avec des couleurs élégantes et assez personnelles dans leurs tons souvent mauves, rose et bleues.

J'en ressors toutefois avec un sentiment légèrement mi-figue mi-raisin. Car autant j'ai bien apprécié les personnages, le récit et l'apport documentaire, autant j'ai été gêné par le discours militant qui s'en dégageait trop souvent. Pour commencer, il y a certains faits qui sont affirmés ici et dont je n'ai pas trouvé l'origine historique, notamment cette estimation du nombre de victimes s'étendant de 100 000 au chiffre énorme de 9 millions, alors que les estimations que j'ai vues vont de 40 000 à 100 000. Ensuite, je n'ai pas pu m'empêcher de noter les citations récurrentes des écrits de Silvia Federici qui est une militante féministe marxiste qui appuie très fortement la responsabilité du capitalisme patriarcal dans la persécution des femmes et plus particulièrement des plus indépendantes et sages d'entre elles. Autant je suis d'accord sur l'influence des bouleversements sociologiques de l'époque sur ces persécutions, autant j'ai du mal à voir dans le capitalisme l'origine du patriarcat et du sexisme dans le monde alors que ceux-ci existaient largement depuis au moins aussi longtemps que l’Égypte Ancienne et la Grèce Antique, avec certes plus ou moins de sévérité. En outre, plusieurs points cités comme sources du mal et origines des problèmes sont en réalité plus liés au monde anglophone que propres au reste de l'Europe. Du coup, j'ai trouvé que ce côté militant du discours de l'album parasitait en partie sa partie documentaire.
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