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© L'Association

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Klas Katt
ScénarioLundkvist Gunnar
DessinLundkvist Gunnar
CouleursNoir et Blanc
Année2001
EditeurL'Association
CollectionCiboulette
SérieKlas Katt, One-shot !
Bullenote [détail]

 

2 avis

sixpieds
Amis de la culture nordique bien plombée, "Klas Katt" est fait pour vous. Il faut bien reconnaître que les quelques séquences pré-publiées dans Lapin ne rendaient pas justice à l’oeuvre de Gunnar Lundkvist. La fragmentation éditoriale laissait difficilement entrevoir le dramatique univers de ce curieux chat à nez de clown qui vient dynamiter la bande dessinée animalière traditionnelle... Quoique. En y regardant bien, on peut tracer une ligne depuis "La bête est morte" de Calvo, longer l'oeuvre d'un Raymond Macherot dont le tour de force aura toujours été de savoir se positionner sur le fil du rasoir, pour déboucher sur "Maus", où l'imagerie animalière devient le baume nécessaire à l'accomplissement de l'oeuvre. Finalement Gunnar Lundkvist ne dépareille pas. "Klas Katt", son personnage, est le loser typique, dont l'indécision et le questionnement réduisent à néant le contrôle qu'il cherche à avoir sur sa vie. On est là en plein drame nordique, dans l'hiver de l'esprit des pays où la nuit dure huit mois. Comme chez Aki Kaurismaki, dont on pourra de notre lointain sud évoquer un air de ressemblance, Lundkvist sait que la dérision reste l'arme inaliénable pour rester debout par - 40° (avec un peu d'alcool de patates, éventuellement...) et en use abondamment dans l'enfer du quotidien qu'il décrit. Car Klas Katt, écrivain chômeur que les distractions ne touchent pas, a pire que lui comme point de mire en la personne de Olle Blatt, son copain chien, mené par le bout de la truffe par les sirènes de la consommation et les programmes télé. En quête non plus du bonheur, on n'en est plus là, mais simplement de se soustraire au mal-être, Klas Katt a fort à faire dans sa ville sombre où les passants -des cochons, des ours, des lapins- pleurent et veulent se suicider, où sortir de chez soi fait se poser la question : "oui, mais pour aller où ?".

Du récit atonal aux décors minimaux -un appartement, des fragments de rues-, à l'hachurage méthodique en noir de l'ensemble des cases, qui ne laisse aux personnages qu'un fin halo de lumière les enveloppant, telle une atmosphère -leur intériorité-, l'absence d'activité des protagonistes qui vont de leur lit à la cuisine, de l'épicerie au marchand de journaux, tout contribue à plomber l'ambiance, à écraser les êtres sous le poids d'un immense ennui. Mais alors quel intérêt ? Et bien pour qui ne se limitera pas à l'agacement d'une telle situation (oui, je sais, c'est là que les trois quarts des gens quittent la salle en général), c'est une délicate leçon de choses et la délectation d'émotions subtiles qui sont en jeu, un vrai point de vue sur la condition humaine, incarnée. Au final, le récit est d'une immense profondeur, et justement, ça, ça n'a pas de prix.
L M
Voilà un livre qui pourrait presque être résumé à son intrigue, tant le traitement graphique paraît – au moins dans un premier temps - être mis le plus platement possible au service de la platitude non moins grande et désespérante de la vie de ses personnages, et notamment de Klas Katt et de son ami Olle Blatt.
Le premier, très lucide, se rend parfaitement compte de ce qu’il endure, sans pouvoir toutefois s’en dépêtrer ; le second est beaucoup moins conscient de ce qu’il est et de comment il est perçu, et s’empêtre dans des ennuis sans fond ou dans le pire gavage de consommation passive contemporain – sorti par ailleurs d’internement psychiatrique, sujet à des crises, etc.
Si le système de Lundkvist joue énormément sur la répétition (chapitres très courts le plus souvent très similaires dans leur développement et leur inexorable conclusion de mal-être), il faut remarquer la structure très au point et significative –et très simple- de cette « compilation » : suivi d’un des personnages, qui pose déjà assez clairement le problème, c’est le moins qu’on puisse dire ; puis suivi de son ami (encore pire malgré une situation matérielle peut-être plus confortable), le tout entrecoupé de (rares) sorties en extérieurs et rencontre avec d’autres « animaux » ; puis départ du personnage principal en toute fin de parcours. On ne sait s’il s’agit là de l’ensemble des pages concernant ce personnage, il est vrai qu’elles pourraient aussi se poursuivre, ou reprendre à zéro ailleurs.
Cette structure s’avère très indissociable de son sujet – qu’on pourrait réduire à la « dépression », celle-ci étant elle-même réduite à sa plus simple expression et creusée de façon sensible, aucunement théorique (mis à part les théories que tentent d’échafauder sur leur situation les propres personnages) ; une vraie expérience de lecture, rendue très convaincante par la répétition des mêmes motifs dépressifs (tristesse, fatigue, désoeuvrement, incompréhension ou décalage permanent avec autrui, et sensation globale qu’aucun changement n’est possible), déclinés à l’infini ou presque, et rendus de manière très palpable.

De même, on en vient à apprécier le graphisme, et même à regarder avec amour ces petites hachures horizontales qui ne servent à rien sinon à mettre un peu plus de noir autour de la tête des personnages (fétichisme pathologique des lecteurs qui aiment ça?...), à observer la beauté, toute vide de hardiesse, de certaines compositions muettes – silhouettes solitaires dans le métro, pérégrinations nocturnes sous des paysages déserts ; à prendre garde à la variété toute relative du traitement en y cherchant d’éventuelles marques d’un pas vers le « mieux ». La fin du livre –Klas Katt sauve une vie ! il essaie de réconforter son ami ! – devrait suffire à faire taire les accusations approximatives de « complaisance », fréquentes pour ce type de démarche.
Par ailleurs, les histoires sont souvent drôle, parfois de façon métaphorique (des catégories de personnages sont censés refléter des maux entiers à eux seuls, tels les infortunés cochons), avec plus de finesse et de profondeur qu’il ne pourrait paraître au premier abord, mais à sa manière toute particulière. Un livre qui ne « parle » pas de son sujet, mais qui l’ « est ».
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