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© Grasset

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Le complot
ScénarioEisner Will
DessinEisner Will
Noir et BlancEisner Will
Année2005
EditeurGrasset
SérieOne-shot !
Bullenote [détail]

 

3 avis

Mr_Switch
Je ne saurais dire.
Je ne saurais dire si Le complot est un bon Eisner. C’est loin d’être le meilleur de ses livres ? Je ne saurais le dire. L’échantillonnage que je connais de son oeuvre n’est pas suffisant pour me forger une opinion.
A vrai dire, j'ai oublié l'auteur, après quelques pages, saisi par l’histoire.

Laissons ça de côté.
On a l’impression qu’Umberto Eco est venu vendre, en préface, son propre livre ? Ne nous formalisons pas : le lecteur est dispensable de lire ce genre de préambule. Ce n’est pas un nouveau Maus ? Chic ! Au contraire... Ce n’est qu’après coup que j’ai remarqué cet argument de l’éditeur. Je doute que l’auteur ait ici une ambition comparable à celle de Spiegelman. Par ailleurs, son instant autobiographique, Eisner l’a croqué . Non, il a un dessein qui va au-delà de sa propre personne dans ce livre. Oui, les Juifs sont encore le thème de son dernier livre. Sans doute que, trop concerné par ce sujet, ce complot, il ne peut s’empêcher d’être didactique, de trop démonstratif. Les tenants et aboutissants peuvent sembler trop clairs, s’emboîtant trop facilement.
Je ne peux pas dire que j’en fais fi. Seulement, cela ne m’a pas perturbé durant la lecture. Quant au sempiternel thème Juif, je l’ai moins vu comme un objectif que comme une illustration. C’est sans doute là une clé : Nul doute que la dénonciation de cette persécution fut le but premier pour Eisner. Ce ne le fut pas pour moi, lecteur.

Saisissant
C’est la mécanique de ce complot qui est saisissante. Je ne dirais pas fascinante, ce se serait mal venu. Le terreau, le germe, la croissance, la fructification, la dissémination du complot. C’est un arbre bien ramifié et qui semble pouvoir faire feu de tout bois.

C’est une mécanique implacable, vertigineuse, incroyable et pourtant convaincante. Elle est aussi, bien sûr, effrayante. En outre, ce qui frappe, c’est que cette imposture soit un puits sans fond qu’aucun démenti ne semble comblé. C’est une hydre. On lui coupe la tête, il y en a deux qui repoussent. On supprime une ramification à ce complot tentaculaire, une nouvelle repousse ailleurs, plus tard.
L’image que j’ai eue au moment de la lecture est celle du sparadrap de Haddock. Ce complot en est une sinistre version. Dans L’Affaire Tournesol, le capitaine se débat avec un sparadrap. Plus il se démène, plus l’adhésif se colle. Chaque fois qu’il croit s’en être débarrassé, il le retrouve coller autre part sur lui. Et bien, chaque fois que le complot des Protocoles des sages de Sionsemble avoir été terrassé, on en retrouve une souche, un germe, en un nouvel endroit inattendu.
...et le canard était toujours vivant ! aurait dit Robert Lamoureux. Cette répétition n’a pourtant rien de comique.

C’est un puits sans fond. Pire, plus on prouve que les protocoles sont des faux, plus ils prennent des identités, des aspects différents. Eisner rapporte que cela va jusqu’au syllogisme qui dit "c'est un faux ? Voilà bien la preuve de la fourberie de ces gens"

Le complot est un livre facile à lire. Son écriture, graphique ou scénaristique, est fluide. Eisner rend la chronologie simple à suivre. C’est, semble-t-il, ce qu’on reproche à l’auteur. Oui, c’est sûrement simplifié. Pourtant on ne peut parler ni de simplisme ou ni de théorie simplette.
Puisque c’est simple… et bien je ne peux qu’inviter chacun à lire ce livre et constater de quoi il en retourne.
Manu Temj
Voilà donc le dernier album de l’immense Will Eisner, dont je ne cesserai jamais de louer le talent. Pourtant, reconnaissons-le, cet album là n’est pas le « nouveau Maus » annoncé en quatrième de couverture, ni même le meilleur opus de l’auteur, dont on ne dira jamais assez à quel point ses Dropsie Avenue et L’Appel de l’Espace sont des monuments.

Le Complot plaira au public d’Eisner, on y retrouve la narration lumineuse du maître, qui parvient sans lourdeur à articuler récit graphique et pièces documentaires, à rendre pleinement lisible pour tous un dossier historique tortueux, concocté par des esprits qui ne l’étaient pas moins. Et puis toujours, ce dessin, tout droit issu de la tradition des années 40 ; un dessin comme on en fait plus : habile, vivant et populaire.

Mais Le Complot ne dépassera pas non plus les critiques habituelles des bédéphiles détracteurs d’Eisner : trop didactique, trop manichéen, en un mot vieillot, gentiment vieillot, mais vieillot quand même.

Dans l'absolu, j’aime ce versant de la narration d'Eisner. Je la trouve rafraîchissante et honnête, dans une production actuelle plus cynique et agressive, mais je comprends qu’il puisse décevoir, même agacer. Reste que le sujet abordé ici est parfaitement édifiant, et méritait cette mise en exergue. Difficile dès lors de ne pas être manichéen dans sa présentation : il le mérite. Eisner l’a dit, il voulait en proposer une exposition claire, accessible à tous, pour la mémoire et pour convaincre tous ceux qui pourraient se laisser entraîner par d’autres sirènes, démagogues et terrifiantes, notamment la jeunesse. Alors disons-le tout net, il y parvient absolument. Cet album est un album à mettre entre toutes les mains, un album à faire lire à un public jeune et qui lui est fondamentalement destiné !

Je crains malheureusement que l’objet échappe à sa cible ! La faute sans doute à l’éditeur qui aura forcément fait un livre un rien luxueux, destiné au public habituel des romans graphiques, et qui n’attirera pas a priori le gros de la troupe. Mais il n’est probablement pas seul coupable, car je crois qu’un autre éditeur aurait fait la même chose… Le marché de la bande dessinée est ainsi fait. Espérons seulement que les enseignants, les bibliothécaires, les libraires, la presse, nous tous lecteurs, sauront faire la promotion de l’ouvrage pour qu’il arrive dans les bonnes mains, celles dans lesquelles il aura l’effet que souhaitait Will Eisner.

Petit point d’énervement quand même, la préface totalement inadaptée d’Umberto Eco, qui vient là faire utilité de caution littéraire (après tout ce qu’est qu’un roman graphique…). Rien à dire sur la pertinence de son propos, ni sur la qualité de sa plume, seulement qu'il s’attache à résumer l’ouvrage et à en livrer l’essentiel, ou plutôt à résumer l’essentiel du complot. Quel est l’intérêt de ce « spoiler » ? Le plaisir de la découverte, de la mise au jour progressive des éléments de l’enquête, pourtant mis en place par Eisner avec tant de virtuosité, est bêtement brisé. Condescendance ? Qui a dit condescendance ? (là j’ose espérer, pauvre naïf, qu’un éditeur plus habitué à la bande dessinée aurait évité cet écueil…)
Coacho
Je regardais la bande-annonce du nouveau film de Marc Levin, « Les protocoles de la rumeur », et je m’étonnais que le cinéma offrait en même temps que la bande dessinée une analyse des tristement célèbres « Protocoles des sages de Sion ».
Bien qu’il fut démontré assez tôt (début des années 20 si je ne me trompe pas trop) la vacuité de cette supercherie, ces protocoles semblent connaître un regain d’intérêt pour des populations sujettes à la xénophobie.
Et pourtant, les premières images du film de Levin étaient édifiantes.
Un jeune afro-américain haranguait la foule pour les avertir du péril juif…
Il en allait même à dire que l’Amérique était juive, et que le Maire de New-York, M. Bloomberg, donnait tout pouvoir aux fils d’Israël. Le réalisateur lui disait alors que le précédent Maire était italien, et que son nom (Rudy Giuliani) ne pouvait pas entretenir de quelconque équivoque. Ne se démontant pas, et avec toute la mauvaise foi qui le caractérisait, ce jeune homme affirmait que l’italien était juif, son nom étant Jew-liani… Atterrant…
Je vous passe le moment succulent durant lequel on voit un propriétaire d’une boutique qui vend des objets dédiés au culte nazi (incroyable !) auquel on évoque la possibilité qu’Hitler ait pu avoir du sang juif et qui rétorquait qu’il était impossible que cela soit le cas car sinon, Hitler se serait suicidé et que tout le monde sait qu’il n’avait pas de tendances suicidaires…
En cela, il était donc nécessaire que ce film paraisse, et que Will Eisner nous laisse en héritage ce livre qui fut assurément le plus long combat de sa vie …
Mais justement, mes digressions nous avaient éloignés du livre et pourtant, il nous faut bien aborder celui-ci dans une chronique dédiée à la bande dessinée !
Cette livraison post-mortem de celui qui est devenu une référence unique dans le monde du roman graphique est un travail étalé sur plus de 20 ans de recherches…
Avec une grande précision historique et didactique, Will Eisner va nous montrer la genèse de ce pernicieux texte odieusement recopié sur un ouvrage de fiction du 19° siècle (Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu) et surtout sa persistance destructrice au travers du siècle dernier, ainsi que les tristes conséquences historiques que nous lui connaissons…
Ne pouvant pas rendre avec exactitude l’ampleur de cette campagne désinformatrice, ni même avec quelle force la rumeur aura enflée jusqu’à sa résurgence aujourd’hui, Will Eisner s’est appliqué à articuler son rapport sur quelques personnages identifiables et qui permettent de synthétiser sa pensée…
Avec amertume, ironie et cynisme, il va montrer combien est tenace cette supercherie et qu’elle continue d’alimenter une haine xénophobe malsaine.
Dans son style graphique inimitable, Will Eisner continue d’envoûter le lecteur.
Qu’il soit beau, froid, souillé, clair, aéré, fouillis, son dessin est toujours d’une remarquable lisibilité et inspire le plus grand respect.
Arrière-plans en lavis, travaux précis à la plume, les expressions, les attitudes, les ambiances, tout est d’un niveau complètement hallucinant qui nous fait regretter toujours plus sa disparition…
D’un point de vue narratif, il y a plus à discuter semble-t-il…
En effet, il est reproché à Will Eisner d’avoir livré une œuvre qui tient le lecteur par la main plus qu’il ne lui suggère de comprendre. Notamment pendant les 17 pages qui constituent la décortication de ces protocoles, copies exactes du livre de Maurice Joly…
Cependant, il me semble que le cœur qu’il mettait à l’ouvrage concernant ce rapport correspondait à son envie de faire quelque chose de réel, et plus du roman.
Ainsi il s’oblige à être précis, pointu, didactique, pédagogique, ne livrant pas un de ses travaux sublimes qui nous ont tous conquis, mais bel et bien une œuvre qui pourrait être étudiée scolairement.
En ce sens, si déception il y a, c’est peut-être de ce côté là que l’on peut la trouver.
En revanche, à l’image de « La guerre des tranchées » de Tardi, « Le complot » est un livre qui doit être pédagogiquement montré aux jeunes générations pour tenter de les alerter sur cette cruelle ignominie.
Une lecture plus éducative que récréative, mais tellement enrichissante culturellement qu’il serait dommage de passer à côté.

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