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© Casterman

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Blankets - Manteau de neige
ScénarioThompson Craig
DessinThompson Craig
CouleursNoir et Blanc
Année2004
EditeurCasterman
CollectionEcritures
SérieOne-shot !
Bullenote [détail]

Drôle d’enfance pour Craig. Il grandit dans un cadre idyllique, celui d’une ferme isolée dans les bois du Wisconsin, où il cotoie biches, renards, ours, blaireaux… En revanche, la petite ville où il va à l’école est emblématique de l’Amérique profonde : repliée sur elle-même, violente, raciste. Une intolérance subie de plein fouet, à laquelle vient s’ajouter une culpabilité omniprésente entretenue par son éducation ultra-religieuse. Lassé de l’autoritarisme de son père et des brimades vécues à l’école, Craig se réfugie dans le dessin, “plaisir frivole” dont s’efforcent de le détourner ses éducateurs. Son sentiment de culpabilité atteint son paroxysme lorsqu’il tombe raide amoureux de Raina, rencontrée dans un camp de vacances paroissial. Une passion qu’il parviendra tout de même à vivre jusqu’au bout…

 

7 avis

flop
Une bédé surprise pour ce gros format de 582 pages.
C'est sur le conseil de mon libraire (qui a toujours des purs conseils, soit dit en passant, et ne m'a jamais déçu -l'Experience, a Lyon) que je pris en rayon Blankets, de Craig Thompson. Un format bien agreable et deja une admiration pour le gars qui a pondu 582 pages, quelquechose qui dit quelque part que c'est un tétu de boulot.

Meme pas peur. Je feuillette...
Un bien beau dessin, assorti de petites trouvailles de mise ne pages bien sympathique. La parenté avec le dessin extraodinaire de Fred Peeters n'est pas pour me deplaire.
Banco je le prends.

Petite parenthese au passage. Mon dealer préféré
me dit " ha, ben si ca te plait, il est en train de dedicacer dans la piece a coté..." Ya des jours comme ca. J'ai donc fait connaissance avec un gars tout sympathique tres humble, d'une gentillesse parfaite, qui m'a de plus gratifié d'un tres beau dessin, laché en quelques minutes de son feutre pinceau... Ouep y z-enervent ces gars qui maitrisent. Fin de la parenthese.

Alors donc ce gros bouquin, une pure autobiographie nous parle d'enfance, d'adolescence, de premier amour, et de souffrance aussi, un petit peu.
Souffrance familiale, souffrance d'enfant, souffrance amoureuse. Le tout avec beaucoup de pudeur. Le theme du tout premier amour aurait pu tomber dans le sentimentalo-romantismo-baveux, il n'en est rien.
Craig Thompson a une capacité a tomber juste, precieuse dans ce genre de travail.

Les sequences ou il nous raconte ses souvenirs d'enfants tres jeunes, les jeux avec son petit frangin, les hontes, les incomprehensions, les moments de fou rire, les moments horribles aussi, ou un baby sitter degueulasse joue avec eux, tout ca nous replonge dans de vieux vieux souvenirs. Revoir le monde avec des les yeux d'un gamin, l'espace de quelques pages.
Qui n'a jamais joué au bateau pirate, sur son pieu, alors que tout le reste de la chambre est une mer dechainée... un regal de lire ces pages, de redecouvrir ces instants la...

Au chapitre du graphisme, je suis assez fan.
Belle maitrise graphique et si on sent l'influence de la grosse artillerie du comics americain, il nous livre un dessin tres personnel, epaulée par des trouvailles graphiques et narratives originales.
La planche ou son amoureuse lui offre une couverture en patchwork est super sympa, un jeu de mise en page rafraichissant.

La religion est elle aussi présente dans le parcours de ce jeune homme sous la forme de sa famille affreusement pratiquante. C'est une vraie croix a porter pour l'enfant, l'adolescent, et meme l'adulte. Les marques indelebiles que laissent tous ces interdits, ces prechi-precha, ces prejugés, les embrigadements en camp chretien, laissent peser sur l'ensemble du recit un sentiment d'oppression. Il a du en baver, le craig Thompson...

Tout ca pour finir sur un personnage a l'age adulte, libéré de tout ca, qui a digéré son adolescence sans perdre son ame de gamin, ni ses reves...

Les themes abordés sont divers et je ne compte pas en dresser la liste, mais le recit temoigne d'une humanité touchante, a l'image de cet auteur discret et attachant...

Un bien bel ouvrage, a lire si vous aimez la veine autobiographique.
alia
De prime abord, Blankets et ses presque 600 pages effraie: "Pitié, non! Encore un récit semi-autobiographique d'intello avant-gardiste!"... Réaction normale pour toute personne n'ayant pas choisi Proust comme auteur de chevet...

Néanmoins, il serait méchamment contrariant que quiconque passe à côté de cette superbe entreprise à cause de quelques petits à-prioris, alors laissons là notre esprit borné et fainéant et lançons nous dans cette brillante découverte (qui, soit dit en passant, va très vite à lire et ne nécessite pas la réservation d'un créneau horaire dément).

Craig Thompson nous raconte ici l'histoire d'un enfant marginal et famélique (élevé dans une famille modeste extrêmement croyante du Wisconsin) qui subit la bétise et la violence de ses camarades d'école en bon petit martyre. Il ne connait que deux échappatoires à sa souffrance et à sa culpabilité (et notamment à celle de n'avoir pas su défendre son petit frère): la Bible et le dessin, malheureusement incompatibles.

L'auteur s'inspire d'éléments autobiographiques pour donner corps à cette fiction et nous dévoile l'instant où son destin bascule... Une rencontre, étrange et sensuelle, Raina, douce et belle comme "la création d'un artiste divin".

Le récit est enlevé et soutenu par un coup de crayon magique, tout de noir et blanc, expressif et rythmé, mêlant inexorablement rêve et fantasme... Tout en pudeur et en humanité...

Comme un abum de souvenirs, ce récit est une bulle vers un retour à soi-même...Pour les douleurs ou les jeux de l'enfance, pour la tendresse des heures passées ensemble les yeux au ciel ou plongés dans notre autre, pour nos peurs à tous quel que soit notre âge ou notre histoire...
Parce que ce récit parle à tous comme s'il ne s'adressait qu'à chacun...
Enfin, parce que Craig Thompson s'est ici lancé dans l'éloge de la pudeur et de l'individualité...
Matt Murdock
Chronique rédigée dans le cadre de la rubrique comics de BDNews

Le moins que l’on puisse dire, c’est que lire cette BD, ça se mérite ! Il y a pas loin de 580 pages de BD, ce n’est pas le comics format 22 pages que l’on lit à la sauvette. Mais une fois ces petites nuisances passées, Blankets se dévore avec plaisir. C’est un récit dense où l’on trouve des éléments autobiographiques sur l’adolescence de Craig Thompson, notamment le passage à l’age adulte, le premier amour, la nostalgie de l’enfance, le tout mélangé avec de nombreuses séquences oniriques et des illustrations de passages de la Bible.

Après de nombreuses illustrations effectuées pour DC Comics, Dark Horse et Owl Magazine, Craig Thompson, jeune auteur de 27 ans, écrit et dessine son premier grand comics - Good Bye, Chunky Rice - qui gagne le prix Harvey Award. Blankets est son dernier opus.

Blankets raconte donc l’histoire de Craig Thompson, tout d’abord enfant dans une famille catholique pratiquante du Winsconsin, qui bien qu’heureux avec ses parents et son frère, se fait martyriser par ses camarades de classes. Malheureux, il s’évade alors en dessinant et rêvant. A l’adolescence, il rencontrera Raina et c'est le coup de foudre mutuel instantané. Après quelques lettres échangées, ils finiront par passer deux semaines ensembles dans la famille de Raina, qui est en plein désarroi suite à la décision de ses parents de divorcer.

A première vue l’histoire est de facture assez classique mais le récit de Thompson regorge de détails ( la description détaillée des nuisances que font subir une horde de "redneck" à Thompson, la rencontre avec Raina, la naissance du couple et de leur romance, etc. ) qui donnent à l'album un ton assez juste grâce également à un découpage choisi avec soin ( l'utilisation de "splash pages" par exemple ). Les séquences oniriques où l’on voit le jeune Thompson rêver, ainsi que les récits de passage de la Bible peuvent passer pour de nombreuses digressions, mais leur construction prend parfaitement place dans le récit. Par exemple Thompson est constamment en proie à sa culpabilité, il lit donc la Bible tous les soirs, l’histoire nous présente donc de nombreux textes des évangiles, qui sont autant de passages destinés aux lecteurs pour comprendre le sentiment de culpabilité de Thompson. Le récit utilise aussi le mythe de la caverne de Socrate pour illustrer le passage douloureux à l'âge adulte de Thompson.

Outre la construction impressionnante du récit, Blankets est une histoire touchante. L’amour qui lie Raina et Thompson en devient émouvant, tellement le récit accumule les passages romantiques (sans pour autant tomber affreusement dans le fleur bleu) : Raina écrit des poèmes et Thompson dessine, chacun étant la muse de l’autre ; ils s’embrassent sous une pluie de neige, ils s’occupent de la sœur handicapée de Raina, ils dorment ensembles sous une couvertures cousue par Raina (d’où le titre Blankets). Malgré tous ses clichés romantiques, le récit tombe juste, sûrement parce qu’il est autobiographique. Les passages entre Thompson et son frère sont assez rigolos, puisqu’ils décrivent les bagarres et jeux des enfants.

Enfin ce récit décrit également avec justesse le passage à l’âge adulte puisque Thompson y perdra sa foi religieuse, et son histoire d’amour avec Raina se finira tristement. Sans oublier les galères que traversera Thompson une fois installé seul en ville à faire des petits boulots. Un dessin assez joli vient parfaitement illustrer ce passage, puisqu’on y voit Thompson seul, perdu au milieu d’une foule de passant.

Côté dessins, Thompson semble être cousin de celui de Frederik Peeters ou de Blutch. Tous les dessins sont en noir et blanc, et c’est beau ! Les dessins de Raina sont magnifiés, et de nombreux détails viennent enrichir ce récit, comme la chambre de Raina où l’on voit des jaquettes de disques collés sur les murs ( le lecteur mélomane reconnaîtra Björk, Radiohead, Nirvana, Violent Femmes, Jane’s Addiction, tous les disques de ma génération, ça nous rajeunit pas ! ), sans oublier l’apparition de Tom & Jerry. Les illustrations de la Bible, le Mythe de la caverne, les scènes oniriques sont aussi magnifiques. Bref sur les dessins c’est du tout bon.

Blankets est donc une grande réussite, un récit autobiographique touffu avec un histoire, une construction et des dessins magnifique, et il faudrait vraiment faire la fine bouche pour ne pas l’apprécier. Une belle autobiographie, donc, auquel on ajoutera que ce genre de récit, s’il est nourri de souvenirs, est forcément arrangé, magnifié, par rapport à la vérité. Enfin pour lire cette BD j’ai mis en fond sonore l’album des Smiths, The Queen is Dead. Cela constitue sûrement la meilleure bande-son pour lire cette BD.
isaac
Après un premier livre remarqué et récompensé par le Harvey Award : Good bye, Chunkie Rice, édité en France par les éditions Delcourt, Craig Thompson revient avec ce qui sera probablement l'un des plus beaux livres de cette année 2004.
Blankets est un récit de 580 pages au format roman compilant différents passages autobiographiques, dont sa rencontre et son idylle avec Raina synthèse de deux histoires vécues par l'auteur.
L'album débute logiquement sur l'enfance de Craig, qui grandit au sein d'une famille catholique pratiquante du Wisconsin. Toutefois, ces passages de l'enfance jalonnent le récit en entier, y apportant diverses anecdotes tout au long de l'adolescence de Craig permettant de mieux cerner le personnage. Les scènes le plus régulièrement, sont les diverses aventures que Craig a vécu avec son frère. Tour à tour drôles, difficiles ou injustes, ces scènes, rappellent le petit Christian de Blutch, tant dans l'esprit narratif que dans le traité graphique, un peu moins hachuré que son homologue français toutefois.
La famille de Craig étant très modeste, celui-ci se remémore surtout les nuits d'hiver passées dans le lit qu'il partageait avec son frère et de l'absence. Ces différents moments sont touchant, sonne toujours juste, sans doute parce qu'ils sont autobiographiques. Toutefois, sortie du cocon familial, Craig connaît quelques difficultés d'insertion à l'école où il est le martyr de ses camarades. Il s'évade dans le dessin et à travers ses songeries oniriques.
Blankets est également un album marqué par la foie d'un auteur profondément croyant. Lisant la bible chaque soir, assistant tous les dimanches à la messe et partant même dans des camps de vacances religieux. Il n'y a pas à dire, l'Amérique ce n'est pas du tout comme chez nous. Le puritanisme jalonne les premières parties de ce série, amenant le lecteur sur un territoire étrange et inhospitalier. L'éducation de Craig l'amène rapidement à culpabiliser, lorsqu'il réalise des bêtises avec son frère ou encore lorsqu'il fantasme sur le sexe opposé. Néanmoins, l'adolescent garde un esprit critique qui l'amènera à remettre sa foi en cause.

Puis vient sa rencontre avec Raina au sein de l'un de ces camps de vacances. Les deux adolescents tombent immédiatement amoureux l'un de l'autre et vivront dans un premier temps, un amour totalement platonique. Cette première partie s'achève sur une scène touchante où Raina s'endort aux côtés de Craig, sous une table de billard. Les illustrations se font pleines pages (tout comme à divers endroit du récit) permettant de renforcer cette impression de chaleur et d'intimité. Le lecteur en ressort ému. Après une courte relation à distance où chacun témoigne timidement son affection à l'autre, à travers des lettres pudiques, Craig va finalement passer deux semaines dans la famille de Raina. Cette dernière bouleversée par le divorce de ses parents trouve en Craig un ami pour l'épauler et une personne pour l'aimer. C'est à ce moment que le récit devient le plus prenant et le plus touchant, multipliant les scènes romantiques. L'idylle entre les deux jeunes s'étoffe bien qu'elle reste secrète. Les deux personnages se découvrent mutuellement, explorent leurs sentiments. Les scènes sont fortes, toujours bien illustrées. Les traits du personnage de Raina et les illustrations pleines pages marquant les passages oniriques sont magnifiques. Malgré cette avalanche de sentiments et d'émotion, le récit sonne toujours juste et n'a pas cet aspect "fleur bleue".

Au bout de ces 580 pages dont je ne vous dévoilerais pas la chute, le lecteur en ressort comblé et heureux d'avoir partager ce chemin avec Craig. Plus riche de quelque chose tout comme l'auteur, grandit. Ce livre marque le passage à l'âge adulte, la perte de la foi et la prise en main de Craig. Un nouvel homme en ressort mûri, plus sûr, prêt à affronter un monde peuplé d'inconnus. Personnage incompris évoluant à travers le monde comme un simple visiteur, nombreux seront les lecteurs qui s'identifieront au personnage de Craig.
Blankets est donc un récit touffu, riche en sentiments et réflexions, aux dessins magnifiques. Le lecteur tout comme l'auteur en sort changé. Pendant américain de Blutch, Craig Thompson dans cette oeuvre me fait toutefois plus penser au Peeter des pilules bleues, deux auteurs dont les romans m'ont profondément marqué. Au final, Blankets est un album fabuleux, un très grand moment de lecture.
cracoucass
La forme tout d'abord impressionne. C'est un énorme pavé, à la couverture blanche, presque immaculée, et qui s'accorde merveilleusement au sous-titre du livre: "Manteau de neige" (une des traductions française du mot "blanket") qui s'étale en italiques violettes. Un monstre donc, de pratiquement 600 pages. Aux habitués d'une bd franco-belge formatée, cantonnée dans son éternel 44 planches, l'oeuvre en ferait presque peur. Et pourtant, les deux personnages de couverture Craig et Raina sont là, déjà attendrissants, arborant un air légèrement naïf et innocent, touchants dans ces vêtements qui paraissent trop ample pour eux. On plonge. Après tout, être adoubé par Neil Gaiman et Brian Michael Bendis est sans doute la garantie d'une belle surprise (Art Spieglemann a refusé- il ne signe jamais ce genre de choses- mais c'est par son entremise que Benoît Peteers directeur de la collection Ecritures chez Casterman a repéré les planches de Blankets). On plonge donc, au risque de ne pouvoir s'en détacher. L'histoire de Craig, autobiographie romancée, mêle différentes périodes de sa jeunesse: Le récit d'une enfance avec son petit frère Phil, et ses parents, dans un climat ultra catholique comme seule les Etats-Unis semblent en produire jusqu'a la caricature: repliée, autoritaire dont il conserva un sentiment d'éternel culpabilité; et qui s'entremêle avec l'adolescence et l'histoire d'amour qu'il tentera de vivre avec Raina, rencontrée dans un camp de vacances paroissial. Une histoire d’amour adolescente, émouvante sans sombrer dans le ridicule du ″ fleur bleue ″, et où l'auteur, qui s'évade dans le dessin trouva sa muse en cette romance.
Le récit est fort, profond et juste, de par ses moments emplis d’émotions- voire terrible par ses sous entendus, telle la scène avec le baby-sitter, effleurée, simple esquisse pudique d'une innocence violée, et qui va de nouveau exacerber pourtant son sentiment de culpabilité- comme de par ses respirations (les chamailleries entre Craig et son frère- la scène où ils se pissent dessus est écoeurante mais tordante-, les moments drôles et tendres, ou encore les rêves représentés par des double pages oniriques). Un ″illustrated novel″ en neuf chapitres qui se lit d'une traite, passionnant de bout en bout, grâce sans doute aussi à l'effort du traducteur Alain David, fondateur des éditions Rackham.
Les parents de l'auteur furent un temps contrariés par la parution de l'ouvrage ″inspiré par le diable″, depuis encensé par le Time. Mais Raina, la jeune fille dont fut follement épris Craig?
Cette dernière vient de lui écrire un courrier dans lequel elle lui demande de lui dire sincèrement ce que contient le livre sur leur histoire avant qu'elle ne l'ouvre et le lise.
Il n'a pas encore répondu.
pessoa
Que dire de plus sur Blankets ?

C’est un livre qui rend amoureux.
Je ne sais pas par quelle magie Craig Thompson réussit à nous faire tomber amoureux de Raina dès son premier dessin, mais il y a une sorte de grâce (sur)naturelle dans ce dessin qui m’a fait craquer au premier coup d’œil. La force de l’art, je suppose.

C’est un livre qui donne à penser.
C’est un livre qui donne à penser sur un beau sujet : l’amour.
De l’amour comme échappatoire au milieu familial ? Comme substitut à la religion ? Comme réalisation de soi ? L’amour avec tout ce que ça comporte de mystère…
C’est un livre qui donne à penser sur plein d’autres choses. Sur la relation de fraternité, qui ne dure que le temps de l’enfance… Sur la religion, dans ce qu’elle peut avoir de plus abject, ici un puritanisme protestant basé sur la culpabilité, la peur de l’enfer, le culte de la soumission et l’intolérance… Sur le passage à l’âge adulte, Ô combien ardu…

Un bien beau livre, voilà tout.
pikipu
J'ai acheté cet ouvrage les yeux fermés, confiant du choix éditorial de la collection écritures, excité par l'épaisseur gargantuesque de l'ouvrage, fasciné enfin par le dessin de Thompson que je venais de découvrir en le feuilletant.

Contre toute attente, je n'ai pas été absorbé par la lecture. J'entends par là qu'elle s'est faite simplement, par chapitre, alors que mes antécédents dans ce genre de BD à caractère autobiographique m'avaient toujours aspiré dans une lecture suspendue, une lecture où l'on ne redescend que bien longtemps après avoir fini le livre, un livre que l'on ne peut lire que d'une traite.

Voici l'enfance et l'adolescence d'un jeune américain "bouseux" et chétif, voici la narration des faits marquants de sa jeunesse qui vont faire de lui un homme, car c'est ainsi que se termine le livre, par le passage de l'enfance à l'âge adulte, de la soumission passive à la liberté de choix et de pensée. La petite chenille devient enfin papillon. Amen.

Car, Craig n'a pas eu une enfance épanouie, et ce n'est pas dans l'accomplissement de soi qu'il a été éduqué, mais dans la soumission à une branche de la chrétienté protestante, avec tout le lot de péché sous-jacent et d'effroyable passivité qu'elle implique. "Tout est écrit". "Nous sommes les instruments de sa volonté". Des paroles qui ne me sont personnellement pas tout à fait inconnues.

C'est dans cette éducation soumise à la religion, à son acceptation et à sa réalisation que Craig va découvrir l'amour. Le premier amour. Celui qui détermine et qui marque. Cet amour-là qui, avec toute son euphorie et sa charge libératrice a posteriori, vous change et vous fait grandir. Nous l'avons tous vécu cet amour-là. On s'y retrouve souvent. D'autant plus que Craig nous brosse le portrait d'une Raina magnifique, idéalisée, transcendée, immaculée. Aussi magnifique sans doute que nous l'avons idéalisée nous aussi, notre premier amour.

Le dessin de Thompson est magique, cet homme-là possède manifestement un don divin. Il y a une souplesse dans le trait, une atmosphère qui se dégage de nombreuses planches qui ne peuvent pas laisser indifférent. C'est un dessin qui donne à la bande dessinée des lettres de noblesse encore plus grandes. Un dessin qui se place à mes yeux au même rang que celui de Peeters, non parce qu'il lui ressemble, mais parce qu'il possède le même pouvoir, celui de donner vie à ce qui n'existe que sur le papier.

Toutefois, le Thompson auteur n'est à mon sens pas à la hauteur du dessinateur. Je ne parle évidemment pas de la mise en page, virtuose, ni de cette liberté de cadrage, qui accentue souvent sa vision des événements. En fait, je pense à ses talents de conteur, qui, s'ils marchent parfois de façon très efficace grâce à son dessin, ne sont dans l'absolu, pas toujours pas très percutants.

Car à force de vouloir brosser des tas de petites choses, et c'est que son trait le lui permet alors il ne s'en prive pas, Thompson passe à côté d'une narration plus concise. Les flash-back sur son frère n'arrive pas toujours au moment où on les attend. Ils cassent parfois la tension qu'il avait réussi à créer. De nombreux événements sont évoqués, et resteront sans suite. Des personnages sont à peine présentés et disparaissent, sans qu'ils apportent les uns et les autres un éclairage particulier au propos de l'auteur. Si les événements sont clairs dans la tête de Thompson, si les personnages qu'ils évoquent lui sont familiers, ils ne le sont finalement pas beaucoup pour nous, et détournent à mon sens les principaux centres d'intérêts qu'il tente d'exorciser : son éducation et son premier amour.

Et c'est sans doute mon grand regret sur cet ouvrage, celui de ne pas avoir utilisé la longueur exceptionnelle de cet ouvrage pour nous conter une histoire plus aboutie, plus précise et peut-être moins "lyrique". Le passage à l'âge adulte est balayé d'un trait dans le dernier chapitre… Et c'est seulement là que l'on comprend où il voulait en venir.

Curieusement, après ces 580 pages, je suis alors resté sur ma faim, moi qui m'attendais pourtant à être rassasié…
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