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Mael
| La série de strips animant Le Journal de Spirou continue sa route avec succès. C’est en effet toujours avec plaisir que l’on retrouve les trognes de Libon et les soucis du libraire stressé imaginé par Salma. Seulement, autant on apprécie le rendez-vous hebdomadaire au sein de la revue, autant la lecture de l’album est plus difficile.
Non que ce soit désagréable : la plupart des gags font mouche et sont bien vus, et en disent souvent long sur la situation de la BD aujourd’hui. Surproduction, manque de possibilité d’émergence des auteurs, fragilité économique des librairies ou attitudes parfois tordantes des fans, tout y passe. Le dessin de Libon est adapté au format strip : minimaliste sur les décors mais centré sur le ressenti, on y retrouve sa grande agilité à figer les expressions. L’objet enfin, suivant la forme verticale des gags, est sympathique et attirant.
Au sortir de ce tome 4, on est pourtant mitigé (un peu comme avec le précédent). Certes, les auteurs tiennent leur pari, mais est-ce bien nécessaire de publier en album cette série si bien conçue pour un journal ? Ne perd-elle pas là un peu de son intérêt ? Hors de ce cadre, on a finalement l’impression d’une bande dessinée un peu nombriliste, réussie, mais qui s’adresse au cercle restreint de ceux qui connaissent déjà les problématiques du secteur, et ne feront que sourire sans rien apprendre. S’il s’agit de parler à un public plus large, il y a de fortes chances que le but soit manqué, le prix de vente assez élevé achevant de dissuader les curieux.
À ces problèmes s’ajoute un amusant paradoxe entre un discours décriant la surproduction et un album au final loin d’être indispensable, ou du moins à réserver aux plus passionnés du milieu de la bande dessinée (ou aux amateurs du travail des auteurs, bien entendu). |
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