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 | | J-C, 07.08.2003 à 14:04 | 102681 |
|  |  | Les Anglais aiment Gainsbourg
LE MONDE | 07.08.03
Le chanteur de "Melody Nelson" aurait voulu être reconnu par tous les Britanniques. Il connaît enfin, outre-Manche, une célébrité posthume.
Paru avant l'été dans la presse pop-rock d'outre-Manche, un encart publicitaire vantait "The definitive collection from one of the greatest stars of the XXth Century" ("La compilation définitive d'une des plus grandes stars du XXe siècle"). Elvis Presley, Bob Dylan ? Non, Serge Gainsbourg.
La sentence, qui propulse notre héros national au panthéon des références anglo-saxonnes, accompagne une photo éloquente : nœud pap', pochette et chemise à jabot, le dandy désinvolte prend la pose du poète maudit. L'homme à tête de chou, longtemps reconnu dans sa seule patrie, tient sa revanche dans la postérité.
Avec Initials SG (Mercury/Universal), voici donc le Beau Serge gratifié, douze ans après sa mort, d'un premier recueil de ses œu- vres exclusivement destiné à l'exportation. En Grande-Bretagne, 15 000 exemplaires ont été mis en place. La perfide Albion, que Gainsbourg tenta en vain de conquérir, s'est enfin entichée de lui.
Rédigé en anglais, le livret de l'album est signé Sylvie Simmons, journaliste au magazine Mojo. L'auteur de la biographie A Fistful of Gitanes (Helter Skelter, 2001), explique la genèse de cet engouement tardif : "Ce qui est intéressanr, c'est que c'est un mouvement venu de la base. Gainsbourg n'était pas le chouchou des critiques. Ce sont les musiciens, les fans qui l'ont découvert par le bouche-à-oreille."
Ne nous méprenons pas : Gainsbourg n'est pas encore adulé des masses. Il est plutôt l'objet d'un culte. "Je ne pense pas que ce succès soit lié à sa mort -le 2 mars 1991-, explique Sylvie Simmons, même s'il date des années 1990. Des gens venus d'horizons différents se sont intéressé à lui en même temps."
AVEC LA CRÈME DES ROCKERS
En Grande-Bretagne, la gloire posthume de Gainsbourg a bénéficié de deux vogues concomitantes : l'easy listening, musique d'ambiance légère dans ses intentions, chargée dans ses orchestrations ; et la britpop (pop britannique), nostalgique des sixties autant pour le son que pour l'imagerie. "Jarvis Cocker, de Pulp, Brett Anderson, de Suede, sont devenus des fans de Serge, constate Sylvie Simmons. Ils aimaient sa musique, mais enviaient aussi son style : cool, humoristique et un brin arrogant."
Ne pas négliger non plus le succès en Grande-Bretagne des Versaillais du groupe Air, qui a pu aiguiser la curiosité pour un aîné dont ils se sont inspirés.
De toutes les nations étrangères, c'est la Grande-Bretagne qui comptait le plus aux yeux de Gainsbourg. Dès 1965, il enregistre aux studios Fontana de Londres et s'entoure de la crème des rockers de studio avec l'arrangeur Arthur Greenslade. Toutes les chansons de l'album Initials B.B. sont titrées en anglais, les références anglophiles y abondent. D'"Une nuit que j'étais/ A me morfondre/ Dans quelque pub anglais/ Du cœur de Londres" (Initials B.B.) à l'allusion aux "petits gars de Liverpool" dans Qui est in qui est out. Ajoutons 69, année érotique et sa traversée de la Manche en ferry-boat, plus tard La Baigneuse de Brighton,écrite pour Jane Birkin, et, bien sûr, Melody Nelson, cette nouvelle Lolita qui "voulut revoir le ciel de Sunderland". Gainsbourg a aussi commis deux reprises en anglais (Bonnie and Clyde et Comic Strip) et utilisé le franglais avant les autres. Bref, il voulait percer sur le marché britannique.
Il y parvint une seule fois, en 1969. Auréolé de scandale, Je t'aime moi non plus se hisse au sommet des classements. Le Vatican a mis à l'index le slow orgasmique du Pygmalion et de sa créature (Jane). "Tout le monde connaissait ce tube, rappelle Sylvie Simmons. Même la famille royale."
Ce succès, hélas, reste sans lendemain. "Ici, il y a eu très longtemps ce préjugé selon lequel les Français étaient incapables de faire du rock, estime Sylvie Simmons. Les Anglais pensent souvent que la langue française ne se marie qu'avec des chansons comme celles d'Edith Piaf. Mais il faut dire qu'ici on connaît surtout Charles Aznavour et Sacha Distel !"
Aux Etats-Unis, son nom commence aussi à sortir des cercles branchés de New York. Le groupe Sonic Youth lui a fait une formidable publicité. John Zorn lui avait consacré, en 1997, un volume de reprises dans sa série Great Jewish Music sur son label Tzadik.
Aujourd'hui, Beck a pris la tête du fan-club américain. Dans son dernier album, Sea Changes, le blondinet californien a écrit Paper Tiger, "hommage" à Melody Nelson. En fait un pillage. On s'indignerait si Gainsbourg lui-même ne s'était copieusement servi chez les autres, en négligeant parfois de les mentionner.
Pour beaucoup, Melody Nelson est devenu un Graal pop, à commencer par l'électronicien britannique David Holmes, dont le tube Let's Get Killed contient un sample du grand œuvre. " Melody Nelson est un des plus beaux mariages entre un orchestre de rock et des arrangements de cordes classiques que je connaisse, confie également Beck. Le disque est raffiné, méticuleux, mais il conserve un aspect naturel. Le rock progressif de l'époque -qui tenta aussi d'associer binaire électrique et forme symphonique- semblait bien plus besogneux. Sans doute parce que Gainsbourg avait étudié sérieusement la musique classique. Il a ainsi pu s'échapper des contraintes techniques."
"SANS TOUT COMPRENDRE"
Le musicien fascine. Qu'en est-il du personnage ? Avec ses attributs toxiques, la Gitane et le pastis, Gainsbourg incarne une vision de la France. Il est perçu comme un héritier des symbolistes. Il associe le négligé et la classe. Il se trouve laid et ses nombreuses conquêtes laissent songeur.
Brian Molko, le chanteur de Placebo, dit s'être rendu compte du potentiel provocateur de son métier en voyant "Gainsbarre" brûler un billet de 500 francs ou faire en direct une avance explicite à Whitney Houston. "C'est un provocateur, ce dont nous manquons cruellement aux Etats-Unis où tout est trop sérieux et professionnel", constate Beck.
Reste l'homme de (bons) mots, jamais évoqué à cause de la barrière de la langue. Ses nouveaux fans savent de quoi ils sont privés. "Des Français ont essayé de m'expliquer ses jeux de mots. En vain", déplore Beck. Sylvie Simmons estime, elle, que "la complexité des textes de Dylan n'a empêché personne de l'aimer dans les pays non anglophones. Et Gainsbourg a traité les mots comme un instrument. On peut être sensible à leur musique sans tout comprendre".
Le traduire ? L'exercice a déjà été tenté dans les années 1990 par celui qui fait figure de pionnier dans la découverte de Gainsbourg par les Anglo-Saxons, l'Australien Mick Harvey, fidèle guitariste de Nick Cave au sein des Bad Seeds. Il est aussi l'auteur de deux albums (Intoxicated Man et Pink Elephants) de reprises en anglais. Sylvie Simmons souhaiterait aujourd'hui que "quelqu'un qui soit à la fois musicien, poète et fan" s'attelle à ce travail. "Pourquoi pas Leonard Cohen ? suggère-t-elle. Il m'a dit qu'il adorait Gainsbourg."
Claire Guillot et Bruno Lesprit
At'chao ! |
 | | june, 06.08.2003 à 23:55 | 102586 |
|  |  | | et pis en ouvrage a consulter, lire "alpha flight" chez marvel comics. 8) |
 | | man, 06.08.2003 à 23:24 | 102584 |
|  |  | | C'est pas l'oiseau qu'il y a dans Banquise ?? |
 | |  |  | | Si vous voulez voir la photo : http://www.cws-scf.ec.gc.ca/hww-fap/owl/icons/snowy.jpg |
 | |  |  | Tout sur le harfang des neiges (parce que c'est un très bel oiseau).
Le Harfang des neiges Nyctea scandiaca se reproduit dans les régions reculées de l'Arctique canadien. En hiver, il gagne diverses régions du sud du Canada, permettant ainsi à de nombreux Canadiens d'observer l'un des hiboux les plus impressionnants et les plus remarquables parmi les 146 espèces qui existent dans le monde. En décembre 1988, le Québec a choisi le Harfang des neiges comme oiseau emblème officiel de la province.
Répartition
Le Harfang des neiges se reproduit dans la toundra arctique de l'Eurasie et de l'Amérique du Nord. Au Canada, son aire de nidification englobe l'archipel de l'Arctique à partir de l'île d'Ellesmere au nord, jusqu'à la terre de Baffin à l'est, jusqu'à l'île Banks à l'ouest, et tout le long de la côte nord du Yukon au Labrador.
Quelques spécimens hivernent dans la région où ils nichent. Ainsi, on a observé le Harfang vers le milieu de l'hiver jusqu'à 82° de latitude nord sur l'île d'Ellesmere, où la nuit polaire dure 24 heures. Le Harfang des neiges migre aussi vers des lieux plus cléments, au sud de son aire de nidification. Il visite même régulièrement certaines régions de son aire d'hivernage, par exemple dans les prairies de l'Ouest canadien et les zones non boisées du sud de l'Ontario et du Québec ainsi que dans les régions limitrophes du nord des États-Unis, même si le nombre d'oiseaux varie d'une année à l'autre. On le voit moins fréquemment dans les autres sites d'hivernage, le long de la côte du Pacifique au Canada et dans le nord des États-Unis ou dans les provinces de l'Atlantique et les États de la Nouvelle-Angleterre. Dans ces régions, on peut observer de nombreux Harfangs au cours d'un hiver sans en revoir un seul pendant plusieurs années. Habituellement, les oiseaux nés dans l'année préfèrent ces secteurs moins fréquentés par leurs congénères adultes. Le Harfang a été aperçu jusque dans le centre de la Californie, au Texas et en Géorgie, mais on doit qualifier ces observations d'exceptionnelles.
Autrefois, on croyait que le Harfang migrait périodiquement, à savoir tous les trois ou quatre ans, lorsque la population des lemmings de l'Arctique atteignait un creux. Toutefois, une analyse récente des recensements d'oiseaux effectués à Noël indique que le nombre de Harfangs des neiges qui hivernent dans diverses régions d'Amérique du Nord connaît une fluctuation annuelle irrégulière.
Traits distinctifs et moeurs
Considéré comme le plus gros des hiboux de l'Amérique du Nord, le Harfang des neiges mesure presque 50 cm et, les ailes déployées, a une envergure de près de 1,5 m. La femelle est plus grande et plus lourde que le mâle (2,3 kg contre 1,8 kg en moyenne) à l'instar de la plupart des rapaces diurnes et des autres hiboux, mais à l'inverse de la majorité des autres familles d'oiseaux, une particularité qui a fait couler beaucoup d'encre.
Adulte, le mâle est presque entièrement blanc. La femelle adulte est plus sombre et arbore des plumes blanches striées de brun foncé. Les jeunes des deux sexes nés dans l'année ont un plumage plus fonçé que les adultes. Le mâle immature ressemble à la femelle adulte tandis que, vue de loin, la jeune femelle peut paraître gris foncé tant elle est striée. La couleur claire du plumage facilite le camouflage sur la neige, mais cet avantage disparaît en été. Quand le printemps approche et que le sol se découvre, les Harfangs se déplacent vers les amas de neige ou de glace pour s'y asseoir; nul ne sait vraiment s'ils le font pour tirer parti de leur coloration et se camoufler ou pour se tenir au frais.
Une épaisse couche de duvet, recouverte de plumes abondantes, isole tout le corps du Harfang, y compris les pattes et les doigts, ce qui lui permet de maintenir la température de son corps entre 38 et 40°C, même lorsque le thermomètre descend à -50°C. Par grand vent, le Harfang se blottit à terre derrière divers objets, comme un tas de pierres, une congère ou une balle de foin.
Les aigrettes semblables à des oreilles, caractéristiques de beaucoup de hiboux, sont atrophiées et pratiquement invisibles chez le Harfang des neiges, ce qui donne à sa tête son profil typiquement rond. Le bec noir est pratiquement dissimulé sous les plumes qui l'entourent. Les grands yeux jaunes sont encerclés de disques de plumes rigides qui réfléchissent les ondes sonores vers les oreilles situées immédiatement à l'arrière. Son sens de l'ouïe très développé aide le Harfang à déceler ses proies dans la pénombre, quand la vue est limitée.
Les yeux du Harfang ne roulent pas dans leur orbite, ce qui oblige l'oiseau à tourner la tête pour regarder sur le côté ou suivre un objet en mouvement. Ils renferment néanmoins plus de cellules visuelles que nos yeux et peuvent repérer de petits objets en mouvement de très loin. Comme chez les autres hiboux, le champ de vision des deux yeux, braqués vers l'avant, se chevauche largement. Cette vision binoculaire permet au Harfang de juger très bien les distances, facteur capital quand vient le moment d'attaquer une proie. Contrairement à ses cousins nocturnes, le Harfang des neiges chasse aussi bien la nuit que le jour. Une telle adaptation n'est pas surprenante quand on songe que, dans le cercle arctique, le soleil ne se couche jamais pendant presque toute la période de reproduction en été.
Quand il hiverne dans le sud du Canada, le Harfang des neiges affectionne les prairies, les marécages, les champs ou les rivages, autant d'habitats qui lui rappellent la toundra non arborée de son aire de nidification. Même si certains oiseaux errent en hiver, bon nombre d'entre eux établissent un territoire de chasse qu'ils défendront pendant deux ou trois mois.
Le Harfang des neiges passe une bonne partie de son temps juché sur un piquet de clôture, une meule de foin, un arbre, un bâtiment, les poteaux électriques ou tout autre objet offrant une vue bien dégagée. Il surveille constamment son territoire du haut de son perchoir, prêt à chasser un hibou importun ou à fondre silencieusement sur une souris ou une autre proie. La capture survient habituellement au terme d'un vol court partant du perchoir, mais le Harfang chasse également en vol, surtout dans la toundra arctique, se déplaçant lentement de 10 à 15 m au-dessus du sol, prêt à s'abattre sur une proie intéressante. Ses pattes puissantes aux griffes recourbées et noires, de 25 à 35 mm de long, réduisent rapidement à l'impuissance même la proie la plus grosse.
Le Harfang des neiges est un animal plutôt timide et silencieux, sauf pendant la nidification où il siffle, crie ou claque du bec pour chasser les intrus et n'hésite pas à piquer sur le téméraire qui voudrait examiner son nid.
Régime alimentaire
Bien qu'il soit assez rapide pour tuer des canards au vol, le Harfang des neiges préfère les petits mammifères. Dans l'Arctique, il mange des lièvres arctiques, des lagopèdes ou des oiseaux de mer lorsqu'ils sont disponibles, mais son mets favori demeure le lemming (genres Lemmus et Dicrostonyx). Ces rongeurs, qui ressemblent à de gros campagnols des champs, sont très prolifiques et leurs populations atteignent rapidement un sommet jusqu'à l'épuisement des réserves alimentaires. La famine, la maladie et les prédateurs déciment alors les lemmings si bien qu'ils semblent sur le point de disparaître. Ensuite, les populations de lemmings augmentent peu à peu jusqu'à une nouvelle explosion démographique, trois ou quatre ans plus tard. Ce cycle est synchronisé sur de grandes étendues de la toundra d'une superficie pouvant atteindre jusqu'à 2 500 km², ce qui a de lourdes conséquences sur la reproduction des Harfangs dans ces régions.
En hiver, le Harfang des neiges se nourrit surtout de petits rongeurs, surtout des campagnols des champs Microtus pennsylvanicus et des souris à pattes blanches ou sylvestres Peromyscus. Les hiboux qui passent l'hiver près des silos à céréales ou des dépotoirs peuvent vivre presque exclusivement de rats. Toutefois, le Harfang des neiges est un chasseur opportuniste et attrape des mammifères dont la taille varie de la musaraigne au lièvre et des oiseaux allant du bruant au canard et au faisan.
À l'instar des autres oiseaux de proie, le Harfang des neiges avale ses petites proies tout entières. Les sucs gastriques très puissants dissolvent la chair tandis que les os, les dents, la fourrure et les plumes indigestes sont comprimés en boulettes ovales que l'oiseau régurgite 18 à 24 heures plus tard. La plupart du temps, le Harfang régurgite du haut de son perchoir favori, au pied duquel on peut trouver des dizaines de boulettes. Les biologistes les analysent souvent pour déterminer la quantité et le type d'aliments consommés. Dans le sud du Canada, elles renferment très souvent la fourrure et les os de campagnols des champs et autres souris. Chaque oiseau doit capturer 7 à 12 souris par jour, soit jusqu'à 350 par mois, pour subvenir à ses besoins. La présence de grenaille de plomb dans les boulettes à l'automne et en hiver révèle que le Harfang ne dédaigne pas les canards blessés par les chasseurs.
Reproduction
Le Harfang des neiges, qui hiverne dans le sud du Canada et dans le nord des États-Unis, reprend le chemin du Nord en février ou mars vers son aire de nidification de l'Arctique. Les couples ou les petits groupes se forment parfois à cette occasion, et il arrive que l'on voie jusqu'à 20 Harfangs perchés à quelques centaines de mètres les uns des autres. La majorité d'entre eux auront regagné les régions boréales en avril.
Les Harfangs retrouvent leurs sites de nidification avant que la toundra se soit débarrassée de son manteau nival. Chaque couple occupe un territoire de 1 à 2 km² de superficie. Le mâle avertit de sa présence par un hululement puissant et n'hésite pas à s'attaquer à ses congénères par trop aventureux. Le Harfang fait habituellement sa cour au mois de mai. Il vole en battant exagérément des ailes et marche très droit sur le sol, devant la femelle, les ailes partiellement déployées. Il tient souvent la dépouille d'un lemming dans son bec durant ses démonstrations.
Le nid se résume à une petite dépression pratiquée dans le sol par la femelle et garnie de quelques plumes et d'un peu d'herbe ou de mousse. Il est de préférence situé sur une butte, une petite colline ou un autre endroit surélevé. Il s'agit en effet des seuls endroits dépourvus de neige quand débute la nidification, et ils ont l'avantage d'offrir une vue bien dégagée des alentours.
La reproduction du Harfang des neiges est intimement liée aux fluctuations des populations de lemmings dans les régions où il se nourrit surtout de ce rongeur. Quand les lemmings abondent, le Harfang pond jusqu'à 11 ou 12 oeufs. Quand ils se font rares, la femelle n'en dépose que quatre à sept dans le nid. Lorsque la population de lemmings atteint un creux, il arrive que le Harfang ne niche pas du tout ou se déplace de 50 à 100 km pour trouver un endroit où ils abondent.
La femelle reste seule à couver les oeufs et à protéger les oisillons. Comme il gèle souvent au début de la nidification, elle doit couver presque continuellement. C'est alors son compagnon qui la nourrit, en lui apportant des lemmings au nid. Le mâle se charge aussi de trouver la majeure partie de la nourriture des oisillons durant leurs premières semaines.
La femelle pond habituellement un oeuf tous les deux jours jusqu'à la fin de la ponte, mais la couvaison débute dès la ponte du premier. Les oisillons éclosent à intervalles d'environ 48 heures après une incubation de 32 à 34 jours. On trouve donc dans le nid des oisillons dont l'âge et la taille varient considérablement. Même si cette éclosion échelonnée résulte de la nécessité de commencer la couvaison dès la ponte du premier oeuf, elle permet également d'ajuster la taille de la couvée à la quantité de nourriture disponible. En effet, si les adultes ne parviennent pas à nourrir tous les oisillons, les plus jeunes et les plus petits qui ne peuvent se mesurer à leurs frères et soeurs plus âgés finiront par mourir de faim.
Les oisillons sont recouverts d'un duvet blanc, mais à celui-ci s'ajoute vite un duvet gris foncé qui vire presque au noir en l'espace de 10 jours. Les jeunes Harfangs quittent le nid à l'âge de 3 ou 4 semaines, bien avant de pouvoir voler. Cependant, s'ils se dispersent loin du nid, ils continuent d'être nourris par leurs parents. Les jeunes sont voraces et il faut environ 120 kg de nourriture, soit près de 1 500 lemmings adultes, pour alimenter une couvée de neuf oisillons jusqu'à ce qu'ils soient en mesure de se débrouiller. Les jeunes atteignant l'âge de l'envol quittent leurs parents à 7 ou 8 semaines, quand le duvet foncé a été remplacé par le plumage immature. Le court été de l'Arctique tire alors à sa fin, et les jeunes Harfangs devront entreprendre sous peu leur première migration.
Obstacles à la croissance de la population
Le Harfang des neiges a peu de prédateurs. Durant la période de nidification, les oeufs et les oisillons laissés sans protection peuvent être attaqués par des labbes (oiseaux prédateurs au vol rapide ressemblant aux mouettes) ou par le renard arctique. Toutefois, l'adulte sait se montrer vigilant et est bien armé pour repousser ces attaques.
Même si le milieu dans lequel il vit est particulièrement rigoureux, en été comme en hiver, le Harfang des neiges s'y est magnifiquement adapté. Bien sûr, une pénurie de nourriture est toujours à craindre mais, par sa mobilité, l'oiseau aura vite fait de trouver une région mieux nantie. Quoique certains Harfangs immatures, donc inexpérimentés, qui s'écartent de leur aire normale d'hivernage puissent connaître la famine, c'est sans doute l'être humain qui laisse planer la plus grande menace sur ceux qui passent l'hiver dans les régions habitées. La collision en vol avec des lignes électriques, des clôtures de fil de fer barbelé, des automobiles ou d'autres structures est une cause de mortalité importante chez les Harfangs qui hivernent dans le sud du Canada. Autrefois, les chasseurs ont tué des Harfangs par milliers durant leurs vols en provenance de l'Arctique. Même si l'on en abat encore quelques-uns illégalement en hiver, la majorité des gens se contentent maintenant d'observer ou de photographier cet oiseau imposant et mystérieux.
Gestion
Bien que le Harfang des neiges ne soit pas protégé par la Loi sur la Convention concernant les oiseaux migrateurs, des règlements provinciaux et territoriaux en interdisent la chasse dans toutes les régions du pays. Le baguage à des fins scientifiques exige des permis spéciaux du gouvernement fedéral et des provinces. Le Service canadien de la faune ne poursuit pas de recherches intensives sur cette espèce, mais subventionne des projets sur l'écologie de l'Arctique qui comprennent l'étude des hiboux et aussi des recherches sur la biologie du Harfang en hiver.
Le Harfang des neiges constitue un maillon important dans la chaîne alimentaire de l'écosystème de la toundra et illustre admirablement bien une adaptation morphologique et comportementale complexe aux conditions très rigoureuses de cet environnement. Durant son séjour dans le sud, le Harfang des neiges peut jouer un rôle important dans la limitation naturelle de la population de rongeurs sur les terres agricoles.
Ouvrages à consulter
Godfrey, W.E. 1989. Les oiseaux du Canada. Éd. rév. Éditions Broquet, en collab. avec le Musée national des sciences naturelles. La Prairie (Québec).
Publié en vertu de l'autorisation du ministre de l'Environnement
© Ministre des Travaux publics et Services gouvernementaux Canada, 1974, 1979, 1980, 1989, 1994
No de catalogue CW69-4/46-1994F
ISBN 0-662-99457-4
Texte: Ronald D. Weir
Révisé par M. Ross Lein, en 1989
Photo: Tom W. Hall
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 | | J-C, 06.08.2003 à 9:22 | 102422 |
|  |  | merci man !
At'chao ! |
 | | man, 05.08.2003 à 23:05 | 102395 |
|  |  | 6 - LE REVE AMAZONIEN
L'espion qui vient du ciel
19 Juillet 2003
Comment voir à travers 5 millions de km2 de forêt impénétrable sans y poser les pieds ? Grâce aux procédés à infrarouge, un immense système de surveillance aérienne permet d'observer le moindre mouvement sous les feuillages...
DÈS le départ, l'Amazonie est un cadeau empoisonné, appétissant et surdimensionné, un os trop grand et qui reste en travers de la gorge du Brésil. Impossible de l'avaler d'un seul coup, il faut se contenter de le ronger. Ne pas se le faire voler par les voisins qui lorgnent dessus, d'abord, et tâcher de voir comment il est fait, par quel bout s'y prendre. On a vu que tous les régimes qui se sont succédé au Brésil, surtout à la moitié du XIXe siècle, ont eu la même obsession : ne pas céder l'Amazonie, ce trésor imprévisible.
Qui sait ce qu'il contient encore, combien d'eldorados, d'or, de fer, de métaux bien plus précieux ? En outre, comme d'autres avant lui, le Brésil s'est toujours fait « une certaine idée » du Brésil, de sa grandeur ( grandeza ), non seulement géographique, mais historique, de sa prééminence dans le continent sud-américain, et aurait volontiers siégé parmi les membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU.
Aussi, lorsqu'en 1992, au Sommet de la Terre qui se tient à Rio, les Européens déplorent avec lyrisme la destruction de l'Amazonie, ce « patrimoine de l'humanité », les Brésiliens voient se profiler le vieux spectre de l'internationalisation et décident de relever le défi.
On leur reproche de maltraiter le poumon de la planète ? Soit. Ils vont accélérer la mise en oeuvre d'un projet déjà à l'étude, le Sipam (service de protection de l'Amazonie), afin d'harmoniser les impératifs de l'écologie et le développement économique de la région. Mais pour maîtriser celle-ci, encore faudrait-il mieux la connaître : l'étape préalable, indispensable au Sipam, reçoit le nom de Sivam (service de vigilance de l'Amazonie).
Pendant des siècles, l'Amazonie s'est elle-même protégée en restant invisible. C'est par hasard qu'un garimpeiro découvre l'or de Serra Pelada ; tout comme en 1967 un ingénieur américain, posant son hélicoptère sur la Serra dos Carajas et s'étonnant de la résonance de la terre sous ses pas, constate qu'il marche sur une montagne de fer, la plus grande du monde, vaste comme la France et l'Angleterre réunies. De tels coups de chance - qu'on n'a pas fini d'exploiter - en font désirer d'autres : on ne peut laisser la forêt choisir seule les heureux élus. Néanmoins, une exploration systématique d'une forêt de cette surface est irréaliste. Et la survoler en avion, inutile : du vert à l'infini, un océan vert monotone, souvent recouvert par les nuages et la fumée des feux allumés par les forestiers.
Les progrès récents de la technologie militaire résolvent le problème au début des années 1990 avec les rayons infrarouges. Du haut du ciel, ils seront les yeux du Sivam sur l'Amazonie. Ils n'abîment rien, ne sont jamais fatigués ni en grève. Ils se moquent de la fumée, de la brume, du feuillage et des petits oiseaux.
Un avion équipé de caméras à infrarouge peut « voir » à travers tous ces écrans naturels et analyser la surface du sol, détecter la présence des humains sous le manteau de la forêt, observer leurs concentrations et leurs déplacements.
Le cône de visibilité de chaque caméra étant limité à un cercle de 60 kilomètres, il faut près d'une dizaine d'avions, constamment en rotation, reliés par radar à des capteurs au sol, communiquant les informations recueillies à trois grands centres, situés à Belem, Porto Velho et Manaus, qui les recoupent et les coordonnent au moyen de satellites. Les avions seront également dotés de récepteurs pour intercepter tous les messages radio terrestres ou aériens dans leur zone.
L'objectif à terme est de couvrir ainsi 5,5 millions de km2 de la forêt impénétrable, sans y risquer un orteil. L'Amazonie a toujours fonctionné comme une « boîte noire » : des gens y entrent, d'autres en sortent, mais ce qui se passe dedans reste une énigme. Avec le Sivam, on va désormais le savoir. Un scénario de science-fiction que même Fritz Lang, en tournant trente ans plus tôt Les Mille Yeux du Dr Mabuse, n'aurait osé imaginer.
POUR les promoteurs du Sivam, cet outil fantastique va remplir diverses missions fort utiles : la protection de l'environnement et des populations indigènes, le contrôle de l'occupation des terres et de leur usage, le respect de l'écologie, l'établissement de cartes géographiques, la prévention des épidémies, la surveillance des frontières, du trafic fluvial et aérien. Il existe déjà des satellites qui effectuent des relevés et repèrent les incendies, mais le Sivam va les surclasser tous, de très loin. De plus, les scientifiques devinent que l'Amazonie dispose, par sa biodiversité unique, d'un réservoir de richesses potentielles illimité.
Si les bédouins d'Arabie ont vu la fortune jaillir du sable avec le pétrole, les pauvres habitants de l'Amazonie sont assis sur un banc en or massif : la médecine et la pharmacie du futur sont là, dans sa faune et sa flore à peine explorées. Le Brésil entreprend d'interdire les brevets sur des matières vivantes. Dans un premier temps, les écologistes, ces nouveaux venus avec lesquels il faut compter maintenant, hésitent, attendent prudemment, séduits par le caractère « propre », non polluant, du Sivam.
Ce brillant projet est toutefois fort coûteux - 1,4 milliard de dollars -, un pactole pour les fournisseurs étrangers dont l'offre sera retenue. Le groupe français Thomson (aujourd'hui Thales) est bien placé dans la compétition. Mais, après la chute du mur de Berlin, les Etats-Unis ont pensé que la guerre se déroulerait désormais sur le terrain économique et ont décidé de soutenir leurs entreprises en leur donnant des informations recueillies par la CIA et la National Security Agency. Un réseau d'espionnage planétaire, baptisé Echelon, est tissé, qui peut tout voir et entendre : les fax, les e-mails, les conversations téléphoniques, concernant toutes les transactions commerciales importantes dans le monde.
En 1994, Edouard Balladur se rend à Riyad pour signer une vente d'armes et d'avions, dont l'Airbus européen, et revient bredouille. Un journal de Baltimore révèle peu après que les Etats-Unis, ayant su par Echelon qu'Airbus allait verser des pots-de-vin aux Saoudiens, auraient surenchéri pour que l'affaire soit conclue avec Boeing. Vérité ou intox ? Washington ne dément pas l'existence de ce qu'on appelle alors pudiquement des « démarches diplomatiques »...
En 1994, les Etats-Unis accusent bruyamment Thomson de tentative de corruption auprès des responsables brésiliens à propos du projet Sivam. Bill Clinton écrit une lettre vertueuse au président Itamar Franco : le projet est attribué à la société américaine Raytheon, dont le missile Patriot s'est illustré pendant la guerre du Golfe, ainsi qu'à d'autres groupes, tel Ericsson. Bien sûr, Raytheon à son tour est bientôt sur la sellette. D'autres scandales s'enchaînent, des généraux « soupçonnés » sont démissionnés. Rien n'y changera.
Raytheon et ses partenaires construiront le Sivam, avec ses 25 radars, ses 87 satellites, ses 200 plates-formes de réception. Les 8 avions spécifiquement conçus pour le Sivam, sont fabriqués au Brésil, hypersophistiqués et plus « pointus » que les meilleurs avions-espions américains.
Le 25 juillet 2002, le président Fernando Cardoso inaugure le centre régional de vigilance de Manaus. Avant la clôture de la cérémonie, on lui apporte une photo où il se voit en train de serrer les mains des officiels qui l'ont accueilli, ici même, quelques instants plus tôt : photo prise par un avion du Sivam volant en haute altitude... Les centres de Belem et de Porto Velho seront vite opérationnels.
A présent, le Sivam n'est réalisé qu'aux trois-quarts, mais il sera achevé. Trop tard pour reculer, après tant d'argent dépensé. Il est déjà en fonction, et ceux qui ont été admis à le visiter ont été stupéfaits de la qualité des images produites par le ballet des radars et des satellites. Rien n'échappe au grand oeil du système : ni les chantiers de déforestation sauvage, ni les foyers d'incendie, ni les variations du débit des fleuves. On peut relever sur un jour, une semaine, un mois, tous les vols effectués au-dessus de la jungle, et les pistes d'atterrissage clandestines.
Pour certains, la question demeure : on n'a pas alourdi la dette nationale d'une telle somme pour le seul plaisir de regarder les fleurs et les animaux sauvages en liberté. Ni pour aider les pompiers ou veiller au bien-être des derniers Indiens ayant survécu à notre sollicitude. Le Sivam n'est pas un parc d'attractions, c'est une formidable source de renseignements, donc une arme. Contre qui ? Est-on sûr que les Etats-Unis ne profiteront pas de ces secrets chèrement payés par les Brésiliens ?
Le président Cardoso rétorque que le Sivam facilitera le rapprochement des huit pays qui se partagent la forêt, contribuera à la défense du Brésil et à la lutte contre les trafiquants. Sur ce dernier point, toutefois, tel n'a pas toujours été le discours officiel de Brasilia. Les gouvernements du début de la décennie semblaient plus jaloux de leur espace aérien qu'inquiets de la drogue, malgré le nombre des avions de narcotrafiquants en Amazonie. Les barons de la cocaïne ont le bras long, et les mains pleines de billets : amis convaincants ou ennemis redoutables, comment choisir ?
Il n'y a qu'à Cuba que l'on tranche honnêtement de ces choses... Après avoir refusé de participer à la lutte que mènent les Etats-Unis en Colombie et au Pérou (plan Colombie), Brasilia change d'attitude et collabore à l'opération « Cobra » contre les « narcos ». Lesquels, il est vrai, sont alliés aux rebelles du FARC, tapis dans la forêt aux portes du Brésil. Vigilance plus militaire qu'écologiste.
LES Verts, eux, sont passés de l'optimisme à l'opposition. Le responsable de Greenpeace en Amazonie se montre sceptique sur les finalités du Sivam. La Funai s'est engagée à travailler de concert avec les indigénistes, et le gouvernement répète que les nouvelles informations permettront de mieux sauvegarder l'environnement, mais les Verts ne croient pas que l'on ait en haut lieu la volonté (ni les moyens) de s'attaquer à ceux qui détruisent la forêt.
Ce n'est pas le souci des politiques, pas plus que la drogue : on n'a commencé à faire la guerre aux trafiquants colombiens que lorsque les troupes du FARC se sont massées à la frontière du Brésil. Là est l'enjeu réel, disent-ils, au bout du fusil, non dans la poudre blanche. L'outil Sivam, comme la langue d'Esope, peut servir en effet des causes à géométrie variable. Certes, la surveillance du territoire est pratiquement acquise. Pour la guerre ou la paix ?
On aurait tort néanmoins de sous-estimer le sentiment de fierté nationale que les Brésiliens retirent à juste titre de leur prouesse. Il est peu probable qu'ils aient l'intention d'en céder les bénéfices à leur ami américain, alors qu'eux-mêmes aspirent au rang de grande puissance. Encore moins depuis l'élection du président Luiz Inacio da Silva, qui ne devait pas être le cheval favori de Washington dans cette course, ce « Lula » si populaire qui a aussitôt remanié la hiérarchie en charge du Sivam, placé sous l'autorité directe de son premier ministre.
Avant même l'achèvement du système de vigilance, on annonce le démarrage imminent du Sipam, l'étape dite de protection. Va-t-on vraiment mettre fin au pillage, sauver ce qui reste de la forêt miraculeuse ? L'avenir le dira. Le plus judicieux est de faire confiance au Brésil : on sait ce que pèsent en général les bons sentiments face au pouvoir des armes et de l'argent, mais, en l'occurrence, l'Amazonie est aussi une arme qui peut rapporter plus que des fortunes.
« Protéger » la forêt amazonienne et ses habitants est vital pour le Brésil, d'un simple point de vue égoïste ; et, au-delà, pour nous tous, qui devrions l'y aider avant de lui faire la morale, dans notre propre intérêt. Pas seulement pour l'oxygène. Beaucoup d'hommes rêvent encore de l'Amazonie et, l'histoire l'a prouvé, la nature prend toujours sa revanche. En tuant le rêve, on tuera les rêveurs.
FIN
P/
Michel Braudeau |
 | | man, 05.08.2003 à 22:59 | 102394 |
|  |  | 5 - LE REVE AMAZONIEN
Mourir dans l'or
18 Juillet 2003
Fin 1979, un groupe d'ouvriers marche dans un coin perdu de la Serra Pelada, lorsque l'un d'eux voit briller dans l'herbe une pépite d'or. La « fièvre jaune » commence pour des milliers de « garimpeiros »
LE premier conquistador du Pérou, Francisco Pizarro, en quittant, à 50 ans, son Estrémadure natale, ne pouvait imaginer la quantité d'or, proprement « impensable », orgiaque, qui l'attendait à la cour de l'Inca Atahualpa, ni avec quelle rapidité il parviendrait à s'en emparer. Il crut donc volontiers à la rumeur dont il eut vent d'un roi encore plus riche - que son compagnon Belalcazar désigna comme le Roi doré, El Dorado - et envoya son jeune frère Gonzalo à sa recherche au coeur de la forêt. Gonzalo ne découvrit pas le roi, on l'a vu, mais simplement l'Amazone.
La légende ne cessa pourtant de hanter les esprits. Trop belle pour qu'on y renonce, d'autant qu'il n'était pas rare que l'on trouve de temps à autre un peu du métal sacré pour l'entretenir, assez pour maintenir en vie le fantôme du Roi doré. Les géologues expliquent la présence de l'or en Amazonie par la configuration naturelle de son site. Le socle terrestre du Brésil n'a pas été bouleversé par de grands soulèvements montagneux ni raboté par des glaciers comme ceux qui recouvrirent une bonne partie de l'Amérique du Nord il y a 18 000 ans de cela. Et, pendant les 100 000 dernières années, le sol rocheux précambrien a été soumis à une alternance de pluies tropicales et d'intenses chaleurs qui en ont brisé la croûte en morceaux. Le cycle végétal - chaque arbre disloquant les pierres avec ses racines en croissant, puis libérant des solvants acides en mourant - a contribué à l'abrasion du sol que les pluies ont lessivé pendant des millénaires, entraînant au loin la poussière légère et laissant sur place les matériaux plus lourds, comme l'or, au sommet des collines érodées ou dans le lit des rivières.
Il y a vingt ans, on estimait à 250 000 le nombre des garimpeiros (chercheurs d'or) à l'oeuvre sur les cours d'eau brésiliens, des milliers de plongeurs descendant au fond du Rio Madeira, sauvage et interrompu par dix-huit cataractes sur 370 km, pour en fouiller les alluvions, utilisant des tables de lavage traditionnelles, comme dans l'Antiquité les orpailleurs grecs de la mer Noire se servaient de peaux de moutons, d'où naquit le mythe de la Toison d'or.
Le Brésil se plaçant ainsi au cinquième rang de la production mondiale, derrière l'Afrique du Sud, le Canada, la Sibérie et les Etats-Unis. Mais, du royaume rêvé par les frères Pizarre, point de traces. De méchantes langues disent que le Brésil est certes un pays de grand avenir, et qu'il le gardera longtemps devant lui. Par désordre, nonchalance ou corruption. Oubliant aussi que c'est un pays jeune, chaotique et fabuleux, où tout peut arriver, même l'Eldorado.
Un jour faste de la fin 1979, le garimpeiro Joao Vieira dos Santos, dit Joao Adao, marche avec un groupe d'ouvriers dans un coin perdu de la forêt, la Serra Pelada (le mont Chauve), entre la ville de Maraba et la Serra de Carajas, dans l'Etat de Para, quand il voit quelque chose briller dans l'herbe près d'une rivière. Il s'arrête. C'est une pépite d'or. Aussitôt les hommes en ramassent d'autres à proximité. Puis d'autres. Et d'autres encore. Par hasard, ils viennent de trouver le trésor qui avait échappé aux conquistadors. Impossible de garder pour soi un secret de cette taille : trois mois plus tard, début 1980, la Serra Pelada est envahie par 20 000 garimpeiros. Légalement, le terrain appartient à la Companhia Vale do Rio Doce (CVRD), dont les ingénieurs ont campé sur le site au préalable, à la recherche d'autres minéraux, sans remarquer l'or sous leurs pieds. La ruée humaine est brutale, massive, forcenée, digne des moments les plus épiques du Gold Rush californien au siècle précédent. Pendant un an, 50 000 personnes se précipitent à Serra Pelada, s'entassent dans des conditions d'habitat et d'hygiène indescriptibles. La colline n'est plus « chauve », elle est rasée. Les garimpeiros piochent et creusent à main nue ce qui semble être une mine inépuisable.
EN 1981, l'un d'eux sort une pépite de 15 livres (en 1983, on en trouvera une géante, de 137 livres), la frénésie est à son comble, encouragée par un certain Genesio, propriétaire de la mine et du petit aéroport qui est le seul moyen d'accès à Serra Pelada. Genesio vend des concessions à tour de bras et exploite sans vergogne les ouvriers, leur faisant payer la nourriture au triple de son prix, grâce à son monopole aérien : on compte alors un décollage et un atterrissage par minute.
Les autorités brésiliennes ne veulent pas d'un nouveau Far West, incontrôlable et violent. Le régime militaire n'entend surtout pas laisser filer cette manne providentielle avec laquelle il compte effacer la dette publique, mais ne voit pas comment apaiser sans effusion de sang la fièvre de ces garimpeiros qui pullulent sans toit ni loi et qui sont tous armés. Les généraux se tournent alors vers un spécialiste de la lutte anti-insurrectionnelle, le major parachutiste Sebastiao Rodrigues Moura, agent des services de renseignement (le SNI), qui a su mater efficacement une révolte dix ans plus tôt à Araguaia. Le major, qui porte le sobriquet de Curio (nom d'un bel oiseau noir de la forêt), connaît bien l'Amazonie et il a la confiance du général Figueiredo, qui sera le dernier président de la junte, de 1979 à 1985.
Curio est un homme à poigne, sans doute, et il est intelligent. Il entre incognito dans la mine, se mêle aux garimpeiros, écoute, observe et rend compte de la situation à Brasilia : en effet la mine de Sera Pelada est colossale et le risque d'une explosion sociale menaçant. Il serait suicidaire et vain d'envoyer l'armée. Il faut procéder autrement. Le général Figueiredo nomme Curio « interventor » à Serra Pelada, un titre mal défini, entre médiateur et préfet, avec quasiment les pleins pouvoirs.
Serra Pelada n'est bientôt plus une colline, même rasée, mais un trou de plus en plus profond, où près de 100 000 hommes s'enfoncent dans la boue et l'or. Le premier objectif du major Curio est de désarmer les garimpeiros. Il n'est évidemment pas question de demander gentiment à chacun d'abandonner son revolver. Le major décide de jouer en finesse, de se rendre sympathique, et s'attaque d'abord à Genesio. En même temps qu'il fait ouvrir une route dans la forêt pour relier Serra Pelada à Maraba, il retire à Genesio la gestion de l'aéroport et l'agrandit. Il crée des postes de santé (les ouvriers sont décimés par de nombreuses maladies tropicales, dont la malaria) et organise un approvisionnement alimentaire sain, à des prix honnêtes. Cette victoire sur l'exploiteur Genesio lui attire rapidement une popularité durable. Le major Curio, devenu l'idole des garimpeiros (il sera triomphalement élu député), peut enfin leur tenir un discours de sagesse : puisque la paix et l'équité sont établies, il est temps de rendre les armes.
Après quoi, le major Curio règne sur Serra Pelada en autocrate. Il prend deux mesures indispensables à l'ordre public en interdisant d'office l'alcool et les femmes, facteurs de troubles classiques dans ce genre d'endroit. Il faut voir le reportage photographique que fit en 1986 Sebastiao Salgado pour se représenter ce que fut Serra Pelada pendant quelques années. Un cauchemar étouffant de chaleur, grouillant d'esclaves que le métal affole et harasse. Dans l'immense trou de 150 mètres de profondeur qui a remplacé l'ancienne colline de 100 hectares, des milliers d'hommes creusent leurs parcelles avec des pelles et des pioches, comme des fourmis, et montent sur leur dos entre trente et cinquante sacs de boue par jour hors du trou. Des sacs de 35 kg qui, après traitement, reconstituent une autre colline à côté du trou. Plus le trou s'agrandit, plus les infiltrations d'eau en noient le fond, qu'il faut évacuer avec des pompes. Pour regagner la surface, les fourmis humaines escaladent des échelles bricolées et instables que les garimpeiros appellent des « adieu maman » : c'est tout ce que peut dire avant de mourir celui qui chute d'une échelle avec son sac sur le dos.
Il est plus facile d'interdire l'alcool que les femmes. Certaines réussissent à se faire embaucher clandestinement. Les familles des garimpeiros se sont installées le long de la route qui conduit à la mine et ont bâti peu à peu une ville improvisée, de paillotes et de bicoques, naturellement baptisée Curionopolis. Le major Curio, en monarque avisé, ferme les yeux sur cette capitale peu flatteuse qui en deux ans rassemble 30 000 personnes, misérable Las Vegas dans la jungle, avec plus de 100 bars et 4 000 prostituées. Mieux vaut être César ici que major obscur à Brasilia. Et il a rempli sa mission : la propriété de la mine est dans de bonnes mains, celles de la compagnie Vale do Rio Doce, appuyée par l'Etat, et des spéculateurs qui achètent la majorité des parts du terrain, en concessions de 6 mètres carrés. Bien sûr, les garimpeiros ne sont pas les principaux bénéficiaires de leur labeur : 84 % de l'or extrait à Serra Pelada va dans les coffres de 3 % des investisseurs.
L'Eldorado lui-même a une fin. En 1985, la dictature militaire tombe. A Serra Pelada, le trou est si grand (deux fois la taille du stade de Maracana) qu'on ne maîtrise plus les éboulements. La mine se transforme en un piège dangereux dont l'image se dégrade dans l'opinion. Alentour, après des années d'exploitation intensive et anarchique, la forêt est dévastée, les rivières sont polluées par le mercure qui sert à dégager l'or de la boue et qui empoisonne l'eau (le mercure causera ainsi la mort de 1 500 Indiens Yanomamis près d'une autre mine). En 1986, on met fin à l'aventure de Serra Pelada, dont on a extrait 45 tonnes d'or depuis la trouvaille de Joao Adao. Selon les experts, il en resterait 140 tonnes en réserve qui ne seraient accessibles que par des machines puissantes et modernes (sans négliger les précieux débris contenus dans la montagne artificielle que les fourmis ont élevée à dos d'homme). En 1990, le président Fernando Collor de Mello décrète la fermeture de la mine, mise sous tutelle de la CRDV, et le trou est totalement inondé.
Les garimpeiros ont tiré de l'enfer beaucoup d'or sans en profiter, à l'exception de quelques chanceux. Ils se sont opposés à la fermeture de la mine, certains de leurs dirigeants syndicaux ont été assassinés par des tueurs à gages. Le gouvernement, qui leur avait attribué 100 hectares sur les 10 000 de la compagnie Vale do Rio Doce, a repris sa parole en 1984, et les garimpeiros ont dû attendre dix ans de procédure pour que le Sénat reconnaisse leurs droits. A quoi bon désormais ? Ceux qui ne sont pas partis vers d'autres mines, comme celles de Carajas ou de Roraima, pensent qu'ils peuvent encore arracher un fragment de leur Eldorado englouti avec l'aide (improbable) de partenaires industriels, et promettent de respecter l'environnement. Ils ont obtenu récemment l'autorisation de rouvrir la mine. Mais la CRDV a mis au jour en 1996 un gisement presque équivalent à celui de l'ancien site dans ce que les garimpeiros considèrent comme leur périmètre officiel, et une nouvelle bataille juridique s'est engagée, a priori fort inégale, entre la compagnie et les garimpeiros. Ils ne sont plus qu'une poignée à Serra Pelada, soutenus par l'espoir plus que par l'or. Et l'étrange major Curio, maintenant âgé, est toujours là.
Par une singulière ironie du sort, à la même époque, des géologues chimistes de l'Ontario, le docteur Fyfe et ses collègues, en examinant le sol et les fossiles de Serra Pelada, sont arrivés à la conclusion que l'extraordinaire densité de tels filons d'or - comme ailleurs celle de phosphates, d'oxydes, de silicates ou de sulfites, moins symboliques -, s'explique par la présence et l'activité souterraine de microbes dans l'écorce terrestre, ayant concentré d'infinitésimales particules minérales sur des millions d'années. C'est une avancée décisive pour l'étude de la vie sur d'autres planètes, Mars par exemple. A Serra Pelada, le travail des fourmis humaines n'aura même pas duré le temps d'une vie pour ruiner l'oeuvre de ces ancêtres invisibles. Mais quelle vie !...
P/
Michel Braudeau
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 | | J-C, 05.08.2003 à 15:45 | 102267 |
|  |  | Les nouveaux disciples de Kerouac
LEMONDE.FR | 05.08.03
Depuis plus de deux mois maintenant, ils arpentent les routes de campagne américaines en essayant d'éviter les highways et autres interstates qui quadrillent le pays. Le 1er juin, Andy Conn, Erik Weech et John Toll ont dit au revoir à leurs amis et quitté leurs boulots de cadres dans la banlieue cossue de Chicago pour partir, à pied, en direction de San Francisco, sur la côte Pacifique, et plus précisément de l'île d'Alcatraz où ils comptent mettre un point final à leur voyage. Ils auront alors parcouru plus de 3 200 km à pied en dormant à la belle étoile, bravant les intempéries, les coups de soleil et se contentant d'une nourriture sommaire et frugale. Les raisons de ce périple ? Les trois comparses, aux alentours de la trentaine, n'ont pas encore d'idée précise. Est-ce un défi physique ? Un voyage initiatique ? Ou tout simplement de longues vacances ? "Nous voulons juste faire quelque chose disons de pas très commun", bredouillent-ils, tout en reconnaissant que ce genre de "trip" a été effectué des centaines de fois, des pionniers du Far West aux beatniks et hippies des années 1960 et 1970. "Mais cela ne se fait plus de nos jours", déplorent-ils, estimant que c'est lors du voyage lui-même qu'ils trouveront non seulement son sens mais aussi des réponses à nombre de questions existentielles.
Lorsque leurs proches ont appris leur intention de traverser les Etats-Unis à pied, ils ont tous eu à peu près la même réaction : "Vous êtes stupides, les gars !" Du coup, les trois jeunes gens n'ont pas eu à se creuser la tête pour trouver un nom au site Internet qu'ils comptaient créer pour retracer les étapes de leur aventure : www.youguysarestupid.com. Depuis leur départ, ils y consignent, dans un style direct et sans prétention, les péripéties de leur voyage, les rencontres et leurs découvertes agrémentées de photos numériques et, parfois, de vidéos. Car, à la différence de leurs prédécesseurs, Andy, Erik et John bénéficient de toute la panoplie du nomade moderne : ils voyagent équipés d'un ordinateur portable (alimenté par des piles solaires) qui leur permet d'actualiser leur site, de téléphones cellulaires pour se connecter à Internet, d'appareils photo (et vidéo) numériques. Ainsi les internautes peuvent-ils suivre quasiment en temps réel l'avancée de ce remake pédestre de Sur la route de Jack Kerouac. A cela s'ajoutent les journaux de bord personnels que les trois jeunes hommes tiennent en ligne. "A les lire, je vois combien ce voyage leur a permis de grandir, de devenir plus mûrs", a confié le père de l'un d'eux au quotidien Chicago Tribune. "Ce voyage nous aidera à mieux cerner ce que nous allons faire du reste de notre vie", répond en écho John, l'un des trois randonneurs.
Leurs parents ne sont pas les seuls à lire avidement les comptes-rendus des journées de marche : de nombreux internautes ont témoigné leur sympathie et, pour certains, leur désir de se joindre à l'expédition. Une enseignante d'anglais s'est même manifestée du Japon pour leur signaler qu'elle utilisait le contenu de "You guys are stupid" pour enseigner l'argot américain à ses élèves. Et le trio a modifié à plusieurs reprises son itinéraire pour rendre visite à des admirateurs qui leur ont proposé, par e-mail, de les accueillir pour la nuit. Les trois hommes gardent un souvenir particulièrement ému de l'accueil que leur a réservé une dame de l'Iowa : au petit matin, ils ont eu droit à un "vrai" petit déjeuner composé d'œufs, de bacon et de toasts à la confiture maison. Après l'Iowa, il leur reste encore à traverser le Nebraska, le Wyoming, l'Utah, le Nevada et la Californie, avant de pouvoir fouler, "probablement début octobre", les plages du Pacifique.
Alexandre Lévy
At'chao ! |
 | |  |  | | Bravo à Thomson et Disney d'avoir inventé (encore) un nouveau type de déchets pour la planète. Vu l'état des finances d'Eurodisney à Marne-la-Vallée, ils auraient mieux fait d'inventer un parc à thème biodégradable. |
 | | manu, 01.08.2003 à 21:48 | 101539 |
|  |  | Le DVD jetable bientôt dans les vidéoclubs
Par Christophe Guillemin, ZDNet France
Lundi 19 mai 2003
Les premiers DVD à durée limitée, "dégradables chimiquement", seront testés cet été par Thomson et Disney aux États-Unis. Ils s'autodétruisent sous 48 heures par réaction chimique une fois sortis de l'emballage. Une alternative aux procédés anticopie?
Les groupes Disney et Thomson vont tester dès cet été, chacun de leur côté, les premiers DVD à durée limitée; un procédé développé par la société new-yorkaise Flexplay Technologies.
Il se base sur une dégradation chimique du support (habituellement en polycarbonate), par simple oxydation: «un DVD Flexplay [baptisé EZ-D] est similaire à un DVD conventionnel, mais ne peut être lu que pendant une durée limitée prédéterminée débutant dès que le DVD est sorti de son emballage [sous vide]», explique le groupe français Thomson dans un communiqué.
Une fois le disque sorti de son emballage, sa surface se modifie par réaction chimique avec l'oxygène de l'air. Le disque de Flexplay change alors de couleur en passant du rouge au noir. Au bout d'un certain laps de temps, il devient illisible pour le laser et est alors bon pour la poubelle. Flexplay Technologies encourage bien entendu le recyclage de ces disques, afin de préserver l'environnement. La société se borne toutefois à donner une adresse postale dans le Missouri (société Greendisc), et n'évoque pas du tout quels types de produits sont employés, ni si les DVD sont sans risque une fois devenus inutilisables.
Pour les tests pilotes, Flexplay Technologies a signé avec Buena Vista Home Entertainment, division vidéo de Disney, qui fournira le catalogue des films, et Technicolor Home Entertainment Services (THES), branche vidéo professionnelle de Thomson, qui aura en charge la fabrication des disques.
Autodestruction après deux jours d'utilisation
Cette technologie Flexplay a déjà été testée en novembre dernier par les studios MGM. Ils avaient alors diffusé des DVD promotionnels, limités à 36 heures de durée de vie, du film "Die Another Day" de la série des James Bond.
Thomson et Disney ont retenu une durée de 48 heures pour des films tels que "Signs" ou "Frida", qui seront disponibles dans quelques vidéoclubs ciblés aux États-Unis dès le mois d'août prochain. Le client achètera ainsi un DVD "jetable", qu'il n'aura pas besoin de rapporter.
À terme, cela devrait permettre de réaliser des économies dans la gestion des retours de location pour les vidéoclubs. Enfin, au-delà des films, ces disques «peuvent être utilisés pour la musique, les jeux vidéo, les logiciels, la publicité ou encore les promotions», précise Thomson.
Reste que «pendant la période autorisée de lecture, le DVD FlexPlay peut être lu comme un DVD standard, avec la même qualité d'image et de son» que les DVD classiques, précise Thomson. Il peut donc être copié de la même manière. Mais par sa durée de vie limitée, ce système pourrait séduire les majors d'Hollywood. Ils pourraient y voir une alternative aux systèmes de protection anticopie, qui peuvent entraîner des défaut de lecture et posent encore des problèmes juridiques non résolus.
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 | | J-C, 01.08.2003 à 8:06 | 101405 |
|  |  | ça y est, j'ai le titre du Terminator 4 : la libération de José Bové ! :-))
At'chao ! |
 | |  |  | in Le Canard Enchaîné
Un ordinateur signe pour José Bové!
C'est Bové qui doit se marrer. Un très sérieux ordinateur mis au point par les chercheurs de l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales vient de prendre une initiative qui les laisse pantois: il a signé la pétition qui circule en ce moment parmi les scientifiques (pas moins de 607 signataires à ce jour) et qui demande la libération de l'arracheur de plantes transgéniques. Conçu par François Châteauraynaud, qui l'a baptisé "Marlowe Christopher" (du nom d'un dramaturge anglais contemporain de Shakespeare), cet ordinateur est équipé d'un programme d'intelligence artificielle, lequel lui permet de suivre l'actualité au jour le jour, en allant cherche lui-même ses infos sur Internet. Il peut ainsi assister les socioloques dans l'analyse et le suivi des dossiers comme le nucléaire, la vache folle, l'amiante, les OGM, la guerre en Irak, etc. (il a donc eu accès tout naturellement au texte de la pétition). Marlowe repère des évènements, des acteurs, des contextes. Les sociologues peuvent converser avec lui, l'interroger, l'orienter. L'an dernier, ils lui ont appris à respecter certaines valeurs (par exemple, on ne peut pas être pour le sida) et à distinguer le futile de l'essentiel: à discerner des cas de force majeure. Le 17 juillet, Michel Meuret de l'Inra d'Avignon, qui collecte les signatures des chercheurs pour la pétition, reçoit un e-mail avec cet en-tête: "Nom: Marlowe, Prénom: Christopher. Fonction: sociologue électronique". Meuret l'inscrit dans la liste des signataires mais prend soin de lui renvoyer un e-mail pour lui demander à quelle institution il appartient. L'ordinateur répond: "EHESS". Meuret lui demande alors ce que signifie "sociologue électronique". Pas de réponse. C'est alors que Châteauraynaud intervient, à la fois affolé et hilare: "Cher Monsieur, de retour à Paris, je viens de découvrir qu'un de mes logiciels, Marlowe, a lancé une procédure visant à s'inscrire dans la liste des signataires d'un appel en faveur de José Bové!" Et d'expliquer que Marlowe ayant reçu l'appel à signatures, a déclenché une "procédure en cours de test assez tordue"... Certes c'est par "automatisme purement formel" que Marlowe a témoigné de sa solidarité avec Bové, mais c'est la preuve qu'il est en train de dévellopere une "conscience historique artificielle". Enfoncé le fameux HAL de "2001 l'Odyssée de l'espace"!
Du coup Michel Meuret et ses amis de la Confédération Paysanne se grattent la tête: faut-il garder Marlowe parmi les signataires? L'intelligence artificielle est-elle bien placée pour voler au secours d'un défenseur de la nature? Il est vrai que si tous les ordinateurs du monde se mettent à militer pour Bové, Chirac va forcément craquer...
Jean-Luc Porquet |
 | |  |  | Who is Erasmus (1469? - 1536)
One of the greatest scholar of all-times, he was called Prince of the Humanists and lived at the time of the Renaissance, a period of profound changes, characterized by the revision of most prevailing concepts and a return to classical sources.
The unparalleled popularity he had acquired made him, in his thirties, an eagerly sought after guest of kings and emperors, popes and cardinals, archbishops and bishops, lords and towns councilors, university heads, in other words, people who moved in the most distinguished circles of the day.
His best known work is the Praise of folly that he wrote on his way back from Italy, a pamphlet mainly directed against the behavior of ruling classes and church dignitaries while exposing the irony of mankind's vanities.
He devoted himself to:
the defense of elegance and purity of Latin, the international and cultural language at the time,
the revision of Christian traditions, fighting for a clearer and more humane approach of religion,
the renewal of the educational system from the publishing of grammars, treatises on children education to the creation of the "Trilingual College" in Leuven.
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 | | J-C, 30.07.2003 à 16:58 | 101166 |
|  |  | Québec : un train pour la nature
LE MONDE | 30.07.03
Canoéistes, cyclistes, pêcheurs ou chasseurs embarquent de bon matin à Montréal, avec leur matériel, pour rejoindre le nord de la Belle Province et ses forêts immenses.
Montréal de notre correspondante
Quand un train rencontre un canoë, c'est le début d'une grande aventure. Elle commence au petit matin, à la gare de Montréal. Michel Mayer, le "mécanisien de locomotive" du Via Rail, surveille l'embarquement des bagages, dont le canoë d'Hubert Bilodeau, étudiant en psychologie et guide pour Windigo Aventure l'été. Et c'est le signal du départ.
Un départ bien lent, près d'une heure pour sortir de l'île de Montréal ! Les passagers restent sagement assis. Ils se sépareront plus tard, à Hervey Jonction, au cœur de la forêt québécoise, quand les trains-jumeaux Abitibi et Saguenay prendront chacun leurs voies. Les uns fileront vers Senneterre, en Abitibi - un périple de quinze heures -, les autres vers le lac Saint-Jean, à 510 km de Montréal.
Plus on s'enfonce vers le nord, par-delà routes et villages, plus les gens se rapprochent et plus le train s'anime. Des rires fusent, des liens se tissent de siège en siège.
UN TRAJET PRISÉ
Pêcheurs, cyclistes, canoéistes, retraités ou agents de bord... les langues se délient. Trois cyclistes sont en partance pour faire "entre filles" le tour du lac Saint-Jean. Les vélos, tout équipés, trônent dans le wagon à bagages, prêts à être enfourchés.
A l'autre bout du convoi, douze pêcheurs rejoignent pour six jours leur camp d'Abitibi. Un amoncellement de bagages, moteurs de bateau compris, les accompagnent. "Pour nous, c'est comme aller à La Mecque, dit l'un d'eux. C'est notre pèlerinage annuel".
Les trains du nord du Québec sont à la disposition de leurs passagers. Ils comptent 35 arrêts obligatoires, mais quasiment le double sur demande. On peut descendre ou embarquer où bon nous semble, avec armes et bagages... pour aller chasser l'orignal, pêcher la truite ou descendre une rivière.
Pour 15 dollars, la bicyclette trouve sa place, tout comme, pour 50 dollars, un orignal coupé en quartiers ou un grand canoë comme celui d'Hubert.
Hubert Bilodeau se souvient de ses premiers voyages en train. De nuit. "Pour être tranquille, on dormait à l'étage réservé aux bagages de main, au-dessus des sièges." Le jeune homme joue les guides touristiques : "C'est le granit d'ici, Rivière-à-Pierre, qui a servi à la statue de la Liberté et aux fontaines du Louvre." Il faut vite regarder, car le semblant de civilisation ne dure pas. La forêt reprend ses droits. Le train poursuit sa route.
Les agents de bord font de tout, vérifient les billets, sortent les bagages, servent à manger. Le trajet est très prisé. Michel Auclair a son explication : "C'est beaucoup plus relax que sur la ligne de Toronto." En débarquant un colis pour Denise à une petite gare, il ajoute que le train "est un service essentiel". Un service aux horaires plutôt aléatoires... Pour les respecter, il faudrait que le train soit vide ou que le trajet se déroule sans imprévu.
Trois ans plus tôt, c'est un bébé orignal qui a ainsi stoppé la locomotive. L'agent de bord Rickie Kulak s'en souvient bien : "Le mécanicien a vu le jeune orignal empêtré dans de vieux fils de télégraphe, avec son jumeau et sa mère tout près, désemparés. Il a reculé le convoi et nous sommes descendus pour le délivrer."
Les arrêts sont parfois fortuits. Jacques Boily, mécanicien retraité, raconte : "A cause d'un barrage de castor qui a sauté, l'eau a emporté la voie ferrée et la locomotive est tombée dans le trou."
Michel Mayer admet que la ligne n'est pas de tout repos : "Cette voie ferrée, confie le conducteur, je la connais par cœur. Construite à une voie en 1885, elle n'a pas changé depuis. Il y a beaucoup de courbes mais je sais où ça tourne, où ça monte, où ça descend."
L'homme connaît la rivière Batiscan aussi bien que son train. Il y va de son commentaire sur la classe des rapides. "Ça, c'est un R 1... un R 2... L'eau est vraiment basse... C'est là qu'un jour un gars a brisé son canot. On l'a pris à bord du train."
A l'arrêt Pearl Lake, kilomètre 323, le canoë est débarqué, le train s'éloigne. La rivière n'est pas loin. Le temps de transporter les barils, et voilà que s'ouvrent trois jours de "canot-camping" en terre sauvage, en compagnie de quelques petites mouches aux piqûres insidieuses, de cacas d'ours inquiétants, du son des rapides approchant un peu trop vite...
DE FIDÈLES COMPAGNONS
Hubert prend la direction des opérations, montre les "coups" essentiels de pagaie qu'il faudra donner quand le temps des rapides sera venu, pour prendre la bonne "veine d'eau noire",éviter une roche, virer à angle droit dans les flots tumultueux ! Parfois, il faut mettre pied à terre pour "lire le rapide", tracer mentalement la ligne à suivre pour le traverser sans encombre.
Avec le courant et le vent dans le dos, les kilomètres filent. Bouleaux, peupliers et épinettes noires donnent à voir toute une palette de verts, tendres ou sombres, sur fond de bouclier canadien. La roche affleure souvent en collines et falaises impressionnantes.
Les plus fidèles compagnons ont pour noms Martin, oiseau pêcheur au vol incertain et à la voix de crécelle, et Frédéric, le bruant à gorge blanche dont le chant clair semble demander : "Où es-tu, Frédéric, Frédéric, Frédéric ?"
Les autres sont de passage... Canard bec-scie "à la coiffure mohawk", dira Hubert, grenouilles croassantes, papillons silencieux, jeune héron montant la garde... Au campement, devant une cabane en bois rond du dernier chic, un lièvre sautille dans l'herbe, tandis qu'un chevreuil se trémousse et qu'un castor manifeste bruyamment son mécontentement, en tapant sa queue sur l'eau. D'un ours, seules les marques de griffes sur un tronc.
La veille, Hubert le patient a passé deux heures sur un rocher à taquiner le poisson à la mouche. Il n'a pas pris la peine de se changer. Avec son chapeau d'expédition, son gilet de sauvetage, ses tennis mouillées, son grand short d'ado et ses "genouillères" de canoë aux chevilles, il sortira finalement une belle truite arc-en-ciel pour le souper.
Restait l'expérience de la baignoire - un dernier "R 4" passé en confiance mais avec quelques dizaines de litres d'eau embarqués - et celle du grand "portage" du canoë et du matériel sur 600 mètres d'étroit sentier pédestre, pour éviter une section difficile de la rivière.
Au détour d'un méandre, c'est déjà le retour à la civilisation. Le pont ferroviaire Beaudet voisine avec une vieille ferme colorée qui servit jadis de base aux ouvriers du chemin de fer en construction. Frédéric et Martin saluent. Le train sifflera bientôt.
Anne Pélouas
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Des arrêts "à la demande"
Le Canada est grand. Du Pacifique à l'Atlantique, comme de la baie d'Hudson à la frontière américaine, le train demeure le meilleur moyen de se déplacer pour les voyageurs en quête de grands espaces inaccessibles. Dans les années 1990, la compagnie ferroviaire Via Rail a développé son service Via Aventures sur la majeure partie de ses onze lignes canadiennes. Les arrêts "à la demande", pour monter dans le train ou en descendre, sont possibles sur les liaisons du Nord, à bord des trains Abitibi et Saguenay au Québec, du Baie d'Hudson entre Winnipeg et Churchill ou du Skeena reliant Jasper dans les Rocheuses à Prince Rupert, sur la Côte ouest. Le transport de bagages volumineux - vélo, canoë, kayak... - est offert sur tous les trains du Nord et sur quelques lignes supplémentaires, mais seulement pour les arrêts obligatoires. Tel est le cas lorsqu'on se rend en Gaspésie à bord du Chaleur, au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-Ecosse à bord de l'Océan ou à bord du plus célèbre des grands trains du pays, le Canadien, entre Toronto et Vancouver.
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 | | J-C, 25.07.2003 à 13:59 | 100684 |
|  |  | LE REVE AMAZONIEN (4/6)
Ludwig avait rêvé trop tard
LE MONDE | 16.07.03
Un jour de 1966, l'homme le plus riche du monde rencontre l'Amazonie... Il va dépenser 1 milliard de dollars pour bâtir une colossale usine de pâte à papier. Trop âgé, il jettera l'éponge sans savoir qu'il a été visionnaire.
Les gens très riches et très intelligents n'ont parfois vraiment pas de chance. Les autres non plus, dira-t-on, mais c'est moins voyant. Moins inattendu. L'Amazonie, cette plantureuse géante, assoupie dans son mystérieux sommeil d'or depuis des siècles, n'a pas attiré que des conquistadores intrépides, espagnols ou portugais, ni des espions anglais voleurs de graines d'hévéas ni des aventuriers esclavagistes, des barons du caoutchouc et des prostituées tangéroises. Des hommes d'affaires à l'esprit froid et audacieux ont aussi été séduits par elle et inexorablement trahis.
L'idée des militaires en 1970 - fendre la jungle d'une entaille, la Transamazonienne, de la forme d'une arête de poisson sur laquelle se grefferaient des voies perpendiculaires - n'était pas totalement absurde. Juste militaire : un peu bête, autoritaire, insuffisamment concertée, brutale, sous-évaluant les facteurs psychologiques des humains et les données écologiques. Résultat : une déforestation dramatique difficile à enrayer, une dette accrue, etc. Auparavant, un nabab fort avisé comme Henry Ford, entouré d'excellents ingénieurs, avait dû renoncer à son domaine de Fordlandia et à son "caoutchouc américain", dévoré par le champignon de la rouille. Dans les deux cas, une relative méconnaissance (voire un mépris) de l'environnement et de ses lois naturelles avait prouvé qu'il ne suffisait pas d'agir en force pour dominer un adversaire de cette taille : l'empire de la forêt avait contre-attaqué et vaincu le roi de l'automobile.
Un autre projet, tout aussi mégalomaniaque et ruineux, celui de Daniel Ludwig, à Jari, montre qu'en la matière les leçons ne découragent pas longtemps les ambitieux. Il est toutefois exemplaire dans la mesure où il ne s'est pas conclu par un échec. Le cavalier est tombé de sa monture et défunt, mais son cheval court encore.
Daniel Keith Ludwig, fils d'un commandant de la marine marchande, naît le 27 juillet 1897 à South Haven, sur les bords du lac Michigan, aux Etats-Unis. Il a un sens précoce du commerce. A l'âge de 9 ans, il achète 75 dollars un petit bateau coulé, le répare et le revend 150 dollars. Ce premier succès l'amène à en acheter d'autres, de plus grands, pour les renflouer. A 19 ans, il emprunte à son père l'argent nécessaire pour fonder sa propre entreprise de fret maritime. Il transporte de tout, puis de plus en plus de pétrole. Son entreprise se développe avec la seconde guerre mondiale et il devient l'un des principaux armateurs américains.
Travailleur acharné, intuitif, il imagine un nouveau mode d'assemblage pour des navires de plus en plus grands, qu'il fait construire au Japon, où la main-d'œuvre est beaucoup moins onéreuse qu'aux Etats-Unis, des supertankers de plus de 300 000 tonnes, capables de longs voyages transocéaniques sans escale, ce qui s'avère très rentable après la fermeture du canal de Suez en 1956. Sa flotte comptera plus de soixante navires, sillonnant les mers sous divers pavillons, libériens ou panaméens, entre autres. En outre, il possède des puits de pétrole, des raffineries, des mines de charbon, des complexes hôteliers, un ranch de 250 000 hectares au Venezuela... A son apogée, son empire comprend deux cents compagnies réparties sur cinquante pays, sa fortune est estimée à 4 500 millions de dollars. Il est l'homme le plus riche du monde.
Sa légende de self-made man ingénieux est d'autant plus forte et romanesque que l'homme est d'une discrétion sourcilleuse. Non par calcul, mais par tempérament. Sans souffrir de la phobie quasi psychotique d'un Howard Hughes, vivant reclus pendant des années au dernier étage de son hôtel, le Desert Inn de Las Vegas, Daniel Ludwig fuit les journalistes, les mondanités, n'apparaît jamais en public. Il veille jalousement au secret de sa vie privée et de son image, paie des détectives et des agents de relations publiques pour que son nom soit le moins souvent cité que possible dans la presse.
On n'a que très peu de photos de lui, où il figure mince, grand, émacié comme Hughes, vêtu d'un banal imperméable comme l'inspecteur Columbo. Il a peu d'amis, sinon Richard Nixon et Clark Gable, aucun enfant de son mariage, en 1937, avec Gertrude Virginia. C'est un solitaire et un taciturne, sans caprice notable (en dehors des affaires) ni le moindre goût du luxe. Il mange seul dans des restaurants ordinaires de Manhattan ou, à l'occasion, à la cantine du personnel, avec ses employés. Les amateurs de ragots ont beau chercher, l'homme invisible ne leur donne aucune prise. On ne sait même pas s'il prend le temps de s'ennuyer.
Et puis, un jour de 1966, l'homme le plus riche du monde rencontre l'Amazonie. Depuis l'enfance, Ludwig rêve d'arbres, de milliers d'arbres... Et prévoyant avant tous les experts que l'on va bientôt manquer de pâte à papier - lui qui déteste les journaux - il va anticiper cette demande. Un industriel de Sao Paulo, Augusto Antunes, le met en relation avec les généraux qui ont pris le pouvoir trois ans plus tôt et veulent reconquérir l'Amazonie, nourrissent déjà le projet de la Transamazonienne. Ils accueillent donc volontiers cet investisseur milliardaire et visionnaire qui de surcroît partage leurs opinions : comme Henry Ford ou Howard Hughes, Ludwig est en effet un peu plus que conservateur.
LE maréchal Castello Branco, alors président, lui garantit que le Brésil est désormais un pays sûr. Les négociations vont vite, entre octobre 1966 et avril 1967, et Ludwig achète en aval de l'ancienne Fordlandia, sur la rive nord de l'Amazone, au confluent de la rivière Jari, un territoire de 1 632 000 hectares, soit environ la moitié de la Belgique, pour 3 millions de dollars.
Un territoire riche par sa faune, sa flore, ses minerais, mais peu exploité jusque-là, que Ludwig va remodeler à grands frais, délaissant la vieille cité fluviale d'Almeirin pour s'installer plus haut, là où des bateaux de 40 000 tonnes peuvent remonter la rivière Jari. Tout est à faire, depuis l'aéroport jusqu'aux habitations, sans oublier les écoles, l'hôpital, les routes. Comme Henry Ford quarante ans avant lui, Daniel Ludwig lève une armée de géomètres et d'ingénieurs, transforme la modeste bourgade de Monte Dourado en une ville à l'américaine, avec ses banques, ses drugstores, son église, ses maisonnettes de banlieue sagement entourées de pelouses. Ce qui est bon pour l'Amérique n'est-il pas bon pour tout le monde ?
Il faut défricher, bien sûr, et cela exige beaucoup de main-d'œuvre. Elle arrive de partout, d'Amérique du Nord, du Japon, de Finlande, du Chili, d'Inde... Pour nourrir toutes les bouches drainées par son projet, Ludwig développe l'élevage bovin et consacre 14 000 hectares à la riziculture.
Sur 100 000 hectares déboisés, la forêt originelle ne convenant pas à la fabrication de la cellulose, il fait planter deux espèces d'arbres, le Gmelina arborea et le Pinus caribaea. Très vite, Ludwig se heurte à un problème imprévu. Non pas celui de l'alcool, que Ford avait banni de Fordlandia, mais pire : en face de sa ville modèle de Monte Dourado, sur l'autre rive du Jari, un bidonville s'élève de manière sauvage, le Beiradao, bâti sur pilotis, regroupant tous les laissés-pour-compte du projet Jari, ceux qui n'ont pu y trouver une place ou qu'on en a chassés. Le Beiradao est une version anarchique et misérable de Monte Dourado, son double honteux, avec ses tripots, ses ivrognes, ses rixes et ses fillettes prostituées.
Spectacle consternant pour l'austère Daniel Ludwig, hostile à toute débauche. Il envoie ses bulldozers raser le Beiradao et ses bordels, mais le gouverneur local d'Amapá proteste vivement, et Ludwig est contraint de laisser le bidonville repousser comme le chiendent. Ce qui pousse beaucoup moins bien, hélas, c'est le riz d'abord, et surtout le Gmelina arborea, qui n'apprécie pas le sol sablonneux de la région.
Reste enfin l'essentiel : l'usine pour transformer le bois en cellulose utile. Là encore, Daniel Ludwig choisit une solution colossale, qui remise l'exploit du Fitzcarraldo de Werner Herzog au rang d'un jeu scout. Il fait construire l'usine en deux parties, à Kure, au Japon, et comme le canal de Panama est trop étroit pour leurs dimensions, les fait remorquer du Japon par l'océan Atlantique, passer le cap de Bonne-Espérance, traverser l'Atlantique, entrer par l'embouchure de l'Amazone, puis remonter le Jari jusqu'au port de Munguba, près de Monte Dourado.
Début 1978, commence un voyage de trois mois, contre vents et marées, long de 28 706 km, pour deux mastodontes de 70 mètres de haut, unique dans l'histoire de la marine marchande. L'usine est assemblée à Jari et, dès le 15 février 1979, produit 750 tonnes de cellulose par jour, commercialisée sous le nom de "Jari Pulp".
Mais Daniel Ludwig va sur ses 82 ans. Ce n'est pas un âge où l'on change de caractère. Son autorité, son goût maniaque du secret irritent les dirigeants de Brasilia, qui ne le trouvent plus aussi bienvenu qu'en 1967. Cette principauté américaine en Amazonie leur déplaît à présent, et les généraux semblent soudain s'inquiéter enfin du sort pénible des travailleurs de Jari : les employeurs brésiliens auxquels Ludwig délègue la gestion des ouvriers ne sont pas des tendres, en effet.
Le caractère du Gmelina arborea ne s'arrange pas non plus, et les dettes de Ludwig s'accumulent. Un incendie accidentel dans l'usine fait monter dans le ciel une colonne de fumée noire comme un mauvais augure.
Le climat de confiance entre Ludwig et Brasilia se détériore rapidement. Ludwig veut créer une centrale hydroélectrique sur le Jari, on le lui interdit. L'homme qui a eu le culot de faire venir par mer une usine entière sur plus de la moitié du globe ne supporte pas les petits obstacles. Il jette l'éponge. Son intermédiaire de jadis, Antunes, réunit les capitaux brésiliens pour payer ses dettes et racheter ses actifs. Ludwig a laissé 1 milliard de dollars en Amazonie. Il n'est plus l'homme le plus riche du monde quand il meurt, le 27 août 1992, à Manhattan, léguant sa fortune écornée à une fondation de recherche contre le cancer.
Après des années d'abandon, pourtant, l'usine de Ludwig, reprise en main par un consortium brésilien, sous la direction de Sergio Amoroso, est à nouveau en service et prospère. Le barrage refusé à Ludwig a été édifié. Monte Dourado compte 12 000 habitants et Beirad-o, rebaptisé Laranjal do Jari, s'est refait une vertu. Les Gmelina ont été remplacés par des eucalyptus et des pins d'Australie, plus résistants. Par souci d'écologie, on n'utilise plus que 5 % de l'ancien royaume de Ludwig, et les nouvelles machines finlandaises débitent les arbres avec dix fois moins d'ouvriers qu'il y a vingt ans et les chargent sur le chemin de fer. Des machines qui ne vont pas au lupanar, ne sont jamais en grève.
De toutes les folies titanesques suscitées par l'Amazonie, l'entreprise conçue par Ludwig est la seule à s'être révélée rentable. Les Brésiliens, tout en admettant le rôle décisif de Daniel Ludwig, ne lui sont pas particulièrement reconnaissants. Un milliardaire de plus venu dans la forêt gaspiller ses billes. Que lui reproche-t-on, en fait ? Ni le bidonville ni la prostitution qu'il voulut combattre. D'avoir été un autocrate froid, distant, énigmatique, peut-être. Quel fut son tort ? D'avoir beaucoup perdu en recourant à une main-d'œuvre nombreuse et coûteuse ?
Il ne pouvait faire autrement, les machines modernes, qui profitent aujourd'hui au consortium plus qu'à la population locale, n'existaient pas encore. Au moment où il se lance dans le projet Jari, Daniel Ludwig a 70 ans. Jari est un formidable jeu pour lui, le dernier. Il le sait et il est pressé. Il n'a pas le loisir de faire les expérimentations botaniques indispensables ni d'étudier tous les paramètres de son défi.
Son intuition sur l'avenir du papier est bonne, sa détermination est intacte et il n'hésite pas à miser gros dans cette ultime partie de poker. Il ne se méfie pas assez de l'ennemi amazonien qui va tuer silencieusement ses fragiles Gmelina arborea mal choisis, et ensuite, une fois le mal constaté, n'a plus le temps de planter une autre espèce. Il est vieux, en avance de vingt ans sur le progrès technique qui l'aurait sauvé. Son erreur est sans doute simplement d'avoir vu juste, mais trop tôt dans son époque et trop tard dans sa vie.
Michel Braudeau
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 | | J-C, 18.07.2003 à 11:06 | 99072 |
|  |  | LE REVE AMAZONIEN (3/6)
L'autoroute de l'amertume
LE MONDE | 15.07.03
En 1970, la Transamazonienne doit ouvrir "des terres sans hommes pour des hommes sans terre", dit le slogan officiel. Anarchie et violence seront au rendez-vous, au détriment des Indiens.
Henry Ford avait rêvé de pneus, les Brésiliens feront la route. Du moins se laisseront-ils gagner à leur tour par le désir de maîtriser ce monstre vert, l'Amazonie, de dominer cette mère Nature, en la tuant s'il le faut, un désir né dès la Conquête, que les Européens du XVIe siècle étaient matériellement incapables d'assouvir : trop peu nombreux, mal informés, mal outillés pour lutter contre une telle puissance - la végétation, féminité dévorante, et ses Indiens aux flèches empoisonnées -, ils se contentèrent longtemps de vivre au bord des fleuves et d'imaginer le reste, inaccessible.
Avec le boom du caoutchouc, l'attrait d'une fortune rapide les décida à pénétrer dans la forêt, à tracer des routes, des voies ferrées, des lignes télégraphiques, parfois avec humanité, comme dans le cas de Rondon, le plus souvent avec brutalité et aveuglement, sans deviner, dans leur impatience, qu'à long terme l'environnement maltraité prendrait toujours sa revanche.
Pénétration sanglante, coûteuse en vies, pour les conquérants comme pour les indigènes, et en capitaux, décevante, éphémère - l'épopée du caoutchouc et l'échec de Ford en témoignèrent -, mais opiniâtre : la persévérance est le propre du fantasme. Et l'aventure, cent fois meurtrie, toujours recommencée, répondait aussi à un objectif politique constant du Brésil, du vice-royaume à la république en passant par l'empire : contrôler ce territoire inconnu et prometteur, y asseoir fermement la souveraineté de l'Etat brésilien.
D'autant plus que la menace pèse d'une internationalisation de l'Amazonie, évoquée aux Nations unies comme un "patrimoine de l'humanité". Les généraux qui s'emparent du pouvoir en 1964 ne l'entendent pas de cette oreille et lancent le mot d'ordre "intégrer l'Amazonie, pour ne pas la brader". Pour cela, ils voient grand. Ce que les premiers arrivants n'ont pu faire avec leurs seules machettes, quatre siècles de révolution industrielle et de progrès techniques le rendent désormais possible. Fini les coupe-coupe et les mousquets, on dispose maintenant de bulldozers, de scies électriques, de camions.
Les militaires veulent réduire ce Far West exubérant et décrètent un plan d'intégration nationale, le PIN, dont le symbole et l'instrument sera une autoroute de 5 600 km, depuis Recife, sur la côte Atlantique, jusqu'à la région d'Acre, à la frontière de la Bolivie : la Transamazonienne, avec des embranchements au sud vers Porto Velho et, au nord, vers Manaus et le Venezuela. A ceux qui jugent démesurée l'ambition de ce projet pharaonique (la Banque mondiale et les créanciers du Nord le qualifient d'"éléphant blanc"), les officiers brésiliens rétorquent : "C'est notre voyage à la Lune."
En 1970, inaugurant un premier tronçon de l'autoroute, le président Emilio Garrastazu Medici déclare que la Transamazonienne va ouvrir "des terres sans hommes pour des hommes sans terre", formule populiste - dont on notera qu'elle tient pour négligeables et insignifiants les peuples indigènes habitant sur son tracé - qui a le mérite d'annoncer clairement l'autre volet de l'entreprise. Il ne s'agit pas seulement d'affirmer la possession de l'Amazonie par l'Etat fédéral, mais aussi de résoudre des problèmes économiques et sociaux lancinants.
L'Amazonie est faiblement peuplée, presque "vide" par rapport au Nord-Est, où s'entassent des milliers de paysans pauvres, soumis à un climat capricieux sur des terres avares, dans une misère qui favorise les émeutes des sans-terre contre les grands propriétaires. Pour éviter une réforme agraire qui contrarierait ceux-ci, fidèles soutiens du régime, on va déplacer ces populations denses, à haut risque politique, vers des espaces vierges autour de Santarem et dans le Rondônia, grâce à la Transamazonienne, et faire ainsi d'une pierre deux coups. Mais quelle pierre...
Sur le papier, l'idée paraît lumineuse, évidente. Sur le terrain, c'est autre chose. Les travaux sont colossaux, chaque kilomètre est un calvaire. Les pluies rendent le sol instable, et quand la forêt ne reprend pas ses droits sur la route elle meurt, ne reposant que sur des racines peu profondes. Des 5 600 km prévus, on n'en réalisera que 3 000, dont seulement quelques centaines seront asphaltées. Pour attirer les sans-terre, l'Etat a prévu d'édifier tous les 30 km des "villes agraires", comprenant soixante-quatre maisons pour accueillir les nouveaux colons, qui recevront un petit outillage, six mois de salaire d'avance et 100 hectares avec un titre de propriété provisoire ; 100 hectares qui leur seront donnés gratuitement s'ils en défrichent un tiers dans les cinq années suivant leur installation.
Les colons affluent, de façon anarchique, avant de déchanter rapidement. Les habitations n'ont pas l'eau courante, les parcelles sont éloignées des logements et les chemins impraticables dans des contrées où la saison des pluies dure six mois. Sur les deux cents "villes agraires" prévues, on n'en a achevé que quatre. Les terres sont inégales et d'un mauvais rendement. Elles ne se prêtent pas aux cultures vivrières comme on l'espérait (le riz, le manioc, le maïs, le haricot sont inadaptés au climat amazonien). Ces colons ne sont pas tous des cultivateurs experts et les autorités avaient promis que des ingénieurs les guideraient, les aideraient à commercialiser leurs produits sur le marché.
Or aucun ingénieur ne vient se charger du suivi. Laissés à eux-mêmes, isolés au bout du monde, les colons se découragent, abattent les arbres qui peuvent être vendus et s'en vont.
Le programme attendait un demi-million de familles. En 1974, deux ans après les paroles historiques de Medici, il ne reste plus sur place que 8 % des colons d'origine, 7 700 le long de la Transamazonienne et 5 000 dans le Rondônia, plus fertile, où l'immigration sauvage se poursuivra sur des lots publics. La colonisation spontanée apparaît plus au sud, mais la migration autoritairement planifiée vers les terres vierges est un échec inefficace et ruineux.
L'Etat arrête les frais après avoir dépensé 1,5 milliard de dollars (de l'époque) dans une route qui n'a pratiquement aucune fonction économique. Pour chacun, la Transamazonienne est devenue la "Transamertume".
Entre-temps, un million de paysans, essaimés le long de la route, défrichent et élèvent des bovins. En 1975, 3 millions d'hectares de forêt sont rasés pour des bœufs. Un bétail qui est d'un faible rapport. Les petits exploitants ignorants brûlent la forêt aussi bien que les grands éleveurs cyniques ou les bûcherons : en fait, tous ceux qui pullulent au bord de la route et de ses voies adjacentes.
Après le désastre de la Transamazonienne, d'autres investisseurs ont d'autres idées géniales et convainquent d'autres bailleurs de fonds : on multiplie les barrages, les endiguements de fleuves, les coupes claires. Entre 1970 et 1989, 400 000 km2, soit 10 % de la forêt, sont ravagés par tous les moyens, y compris les défoliants comme l'"agent orange", au mépris de tous les règlements. Une surface de la taille de la Belgique produit du soja, de l'alcool de sucre...
Ni le télégraphe de Rondon ni même Fordlandia n'avaient provoqué un désastre écologique aussi massif que la Transamazonienne.
En 1988, Chico Mendes, un exploitant de latex conscient du danger de la déforestation "extractive" - on abat l'arbre pour un gain immédiat, en perdant son capital, alors qu'une méthode plus modérée, moins rentable, permettrait de préserver un revenu constant -, organise un syndicat de travailleurs ruraux pour s'opposer aux pratiques violentes des promoteurs. Il est assassiné par un propriétaire terrien, qui est arrêté, condamné. Puis relâché.
On voudrait pourtant croire que Chico Mendes n'est pas mort en vain. L'opinion internationale s'émeut peu à peu de cette déforestation catastrophique, car l'Amazonie recycle le gaz carbonique du monde industriel bien au-delà des frontières brésiliennes et produit un cinquième de l'oxygène de la planète. Elle abrite aussi un dixième des espèces animales et végétales de la Terre, pour beaucoup parties en fumée. Or on sait que l'Amazonie possède là un capital de substances inestimables (une pharmacopée largement inexploitée, dont on a déjà tiré le caoutchouc aussi bien que la sève du Pau rosa, le fixateur indispensable au parfum no 5 de Chanel, par exemple), qui contient peut-être la médecine de l'avenir.
Il conviendrait sans doute de regarder à deux fois ce que l'on s'apprête à détruire. Même si l'on est dans une perspective de développement capitaliste pur et dur, indifférent à la disparition de centaines d'espèces animales et de dizaines de peuples indiens. Parce que, tôt ou tard, on pourrait avoir grand besoin de ce que l'on saccage aujourd'hui à la légère.
Depuis des années, les laboratoires pharmaceutiques occidentaux envoient des botanistes discrets recueillir les plantes miraculeuses de la forêt. Des plantes dont on peut décrypter l'ADN, qu'on peut reproduire en laboratoire, mais qui ne s'utilisent pas comme des médicaments classiques. Seuls les sorciers indiens en connaissent exactement l'usage, en fonction de la personne qui en a besoin, de son âge, de son poids, et savent ce qu'il faut ajouter au remède pour qu'il agisse : telle feuille, telle sève de tel arbre selon la saison ou une goutte de venin d'un serpent rare, dit "le corail vrai", un venin si actif qu'il est vendu à 30 000 dollars le gramme. Or les sorciers se sont récemment réunis à San Luis de Marañon et ont fait serment de garder pour eux leurs secrets. Faudrait-il donc, dans notre propre intérêt égoïste, songer à la sauvegarde des Indiens ?
Ceux-ci, bien sûr, ont difficilement survécu au rouleau compresseur des Blancs, à leur inextinguible cupidité. Pour un Candido Rondon, combien d'aventuriers sans scrupule, pour quelques ethnologues attentifs, combien de génocides ? Il subsiste encore dans certaines parties peu explorées de l'Amazonie, au Pérou, en Colombie, au Brésil, des peuplades qui n'ont jamais vu d'Occidentaux et tirent des flèches en direction des avions, mais la liste des tribus défuntes serait longue à dresser. Néanmoins, avec la fondation par Rondon du Service de protection des Indiens (SPI), en 1910, auquel a succédé la Fondation nationale des Indiens (Funai), de plus en plus d'hommes de bonne volonté se sont engagés à défendre les Indiens.
Ainsi Sydney Possuelo, ex-président de la Funai et actuellement directeur du département des Indiens isolés, est parvenu à se faire adopter par les Araras, réputés guerriers indomptables, et à les protéger. Les Araras sont répartis en plusieurs tribus autour d'Altamira, au cœur du système routier conçu par les militaires. Il fallait les déplacer ou les laisser exterminer par la troupe, les généraux n'ayant sur ce point aucun état d'âme, comme ils le prouvèrent avec les Waïmiris.
LES Waïmiris - désignés comme des "Indiens tueurs"- avaient résisté avec succès aux Blancs venus en forêt chercher le latex à l'époque du boom ; ils comptaient 6 000 individus en 1900 et occupaient une région très vaste au-dessus de Manaus. Quand la dictature voulut faire passer dans cette zone son autoroute de Manaus à Boa Vista, les généraux tentèrent d'abord de "pacifier" les Waïmiris avec des missionnaires ; puis, voyant que les curés étaient invariablement tués, envoyèrent carrément l'armée faire la guerre aux Indiens, dont la population chuta de 2 000 à 447, à la suite des combats ou en contractant les maladies des civilisés...
Les indigénistes de la Funai, avec à leur tête Porfirio Carvallo, mirent fin au massacre, évitant de justesse l'extinction complète des Waïmiris. Leur nombre serait de nos jours, dix ans après, remonté à 960. Ils vivent librement entre eux, à l'intérieur de leur réserve, enseignant à leurs enfants les traditions ancestrales en langue waïmiri, dans des écoles construites avec l'appui d'Electro Norte, le groupe qui a inondé une partie de leur patrie. Nul n'est admis chez eux sans leur permission. On ne les photographie pas. A l'occasion, un Waïmiri parlant le portugais accepte de filmer une cérémonie pour un visiteur étranger et de la lui commenter. Ils ont leur site sur Internet (www.waimiriatroari.org.br). Chaque soir, à 6 heures, ils ferment la route des Blancs qui traverse leur territoire. Au moins, la nuit leur appartient.
Michel Braudeau
At'chao ! |
 | | J-C, 17.07.2003 à 8:52 | 98866 |
|  |  | LE REVE AMAZONIEN (2)
Henri Ford vaincu par la "rouille"
LE MONDE | 14.07.03
En 1927, le roi de l'automobile crée Fordlandia, une enclave de 25 000 km2, pour relancer le caoutchouc amazonien. Un minuscule champignon, la "rouille sud-américaine", va ruiner son entreprise.
SI les premières tentatives de pénétration durable en Amazonie intérieure, hors des fleuves, datent de la fin du XIXe siècle, comme le montre l'exemple du pionnier positiviste Candido Rondon, elles ne furent toutefois pas animées de la même vision humaniste qui fut la sienne, mais plus simplement par l'appât du gain lorsqu'on découvrit le formidable enjeu stratégique et financier que représentait le caoutchouc.
On connaissait depuis longtemps l'existence de l'hévéa, l'"arbre qui pleure", et de son lait blanc, le latex. Christophe Colomb et d'autres ont évoqué cette matière étrange qui coulait de certains arbres scarifiés, dont les Indiens fabriquaient des balles rebondissantes et dont ils enduisaient leurs pirogues. Benjamin Franklin avait noté qu'elle permettait d'effacer la mine de plomb sur le papier. On en faisait des sacs, des bottes ou des capes, qui fondaient sous la chaleur ou se cassaient avec le froid. Vertus pittoresques, mais peu rentables.
En 1839, un certain Charles Goodyear, faisant des expériences dans sa maison de New Haven, constate presque par hasard qu'en ajoutant du soufre au latex et en le chauffant on obtient un caoutchouc stable, à la fois solide et élastique. Ce procédé, la vulcanisation, va révolutionner le monde industriel, le nôtre. En 1888, John Dunlop inventera la chambre à air, puis les frères Michelin, un peu sceptiques au départ, s'intéresseront aux pneumatiques, et l'on sait le rôle que joue aujourd'hui dans presque tous les objets que nous utilisons quotidiennement, du pneu au préservatif, en passant par d'innombrables appareils domestiques ou militaires, cette gomme magique que, dans son Histoire de l'Amazonie, Jean Soublin nomme "la Fée élastique".
Les Anglais en devinent l'avenir très tôt. En juin 1876, un agent britannique rapporte clandestinement en Angleterre 70 000 graines d'hévéa et les confie aux Jardins botaniques royaux de Kew Gardens. Du lot, 2 700 graines survivent et germent, que l'on se hâte de transférer à Ceylan et à Singapour, où le climat leur est plus propice que celui de Londres. Les jeunes hévéas s'y développent peu à peu. Pendant ce temps, le caoutchouc tombe comme une pluie d'or en Amazonie. Les seringueiros (ceux qui saignent les arbres), paysans pauvres quasiment réduits à l'esclavage comme aux pires moments de la conquête, exploitent 300 millions d'arbres sur 5 millions de kilomètres carrés et accumulent, pour les barons du caoutchouc, des fortunes inouïes.
A Manaus, on élève un opéra de marbre (pour une bourgade de 15 000 habitants, pas tous mélomanes), on installe l'éclairage public, le tramway. Les bourgeoises envoient laver leur linge au Portugal par bateau, on fait venir des prostituées de Tanger, de Saint-Pétersbourg, à 8 000 dollars la nuit, on donne à boire du champagne aux chevaux dans des seaux d'argent. Le botaniste Wade Davis estime qu'en 1907 "c'est à Manaus que la consommation de diamants par habitant est la plus forte du monde". L'ivresse semble illimitée, tandis que les planteurs anglais de Malaisie s'activent : en 1910, ils produisent cinq fois moins de caoutchouc que le Brésil, mais en 1915 ils en fourniront trois fois plus, à des coûts très inférieurs. Dès 1911, le cours du caoutchouc amazonien s'effondre. Fin du boom.
Les Américains, de leur côté, n'entendent pas dépendre des seules plantations anglaises, éloignées de 20 000 kilomètres, pour cette matière devenue indispensable, qui représente un huitième de leurs importations. Harvey Firestone tente de planter des hévéas au Libéria, Thomas Edison perd sa fortune en recherches botaniques, en vain. C'est Henry Ford, le roi de l'automobile, qui décide de relever le défi et de produire du caoutchouc américain. Il a vendu quinze millions de son modèle T. Une voiture sur deux dans le monde sort de chez lui. Obsédé par le désir de contrôler verticalement tous les éléments de son industrie, il est assez riche pour envisager de se rendre indépendant des Britanniques.
En 1927, il achète au prix fort, à un nommé Villares, une concession de 25 000 km2 (exempte d'impôts pour cinquante ans) en Amazonie, à cent kilomètres au sud de Santarem, sur le fleuve Tapajos, et fait venir des Etats-Unis une ville entière, avec des centaines de pavillons de brique, un port, une usine, des écoles, des églises, des piscines, des tennis, un cinéma, des routes, des voies ferrées, une centrale électrique.
Une enclave autonome, sobrement baptisée Fordlandia, où il ne mettra jamais les pieds. Il commence à défricher, à planter. Il veut relancer le caoutchouc amazonien, coûte que coûte. Il lui en coûtera beaucoup.
Les ouvriers qui sont embauchés à Fordlandia signent en entrant un contrat qui autorise leur renvoi à tout moment, sans motif. Ils doivent s'abstenir strictement de boire de l'alcool, ce qui n'est guère populaire pour de rudes travailleurs. Et manger exclusivement la cuisine de Ford, qui leur déplaît. A Fordlandia, la vie réelle ne ressemble en rien au charmant décor villageois parachuté par le puissant M. Ford, qui n'est pas un démocrate dans l'âme - en 1939, recevant (comme Lindbergh) une médaille du Führer à Berlin, il jugera utile de tempérer son antisémitisme ordinaire en proposant aux juifs expulsés du Reich de s'installer à Fordlandia... Quelques mouvements de révolte seront férocement matés par l'armée brésilienne, qui laissera sur place une petite troupe en garnison.
Mais le pire ennemi de Fordlandia n'est pas dans l'alcool ni dans les têtes rebelles des forçats au régime sec, mais dans un minuscule champignon. En fait, Henry Ford s'est fait rouler par Villares. Le terrain qu'il a acquis n'est pas le mieux adapté à la culture des hévéas. Il n'est pas arrosé par des pluies régulières, il est sablonneux par endroits, trop vallonné ailleurs, difficilement praticable pour les machines. On déploie de grands efforts pour dégager les arbres de valeur, après quoi les graines viennent à manquer. Les premières années d'exploitation sont décevantes. Au bout de cinq ans, on n'arrive à nettoyer et à planter que dix kilomètres carrés par an. A ce rythme, on ne peut espérer parvenir à la moitié du programme qu'à l'horizon 3000.
Dès 1907, les Brésiliens avaient remarqué les effets dévastateurs sur les hévéas d'un champignon, Microcyclus ulei, communément appelé la "rouille sud-américaine". Une véritable peste. Les ingénieurs de Fordlandia crurent trouver une parade en important d'Asie une espèce d'hévéa plus résistante et réussir là où les Brésiliens avaient échoué. Mais ils ont négligé au passage un autre facteur : à l'état naturel, les hévéas sont assez séparés les uns des autres et relativement protégés d'une épidémie trop rapide par un certain désordre végétal autour d'eux. En éliminant ce désordre apparemment irrationnel et contraire à un travail rentable, en traitant les hévéas comme des plants de maïs ou de tournesol bien alignés, les hommes de Ford ont permis la propagation accélérée de la rouille.
Henry Ford achète en 1930 une nouvelle plantation, à Belterra, à vingt kilomètres de Santarem, encore plus grande, fait construire une autre ville et choisit d'autres graines d'Asie qui donnent là-bas d'excellents résultats et ne souffrent pas de la rouille maudite. Là encore, il se trompe.
En fait, les producteurs d'Asie ont sélectionné sans le savoir un type d'hévéa plus vulnérable encore que celui d'Amazonie, mais, là-bas, les arbres jouissent d'une saison sèche qui détruit les parasites des feuilles - saison que ne connaît pas l'Amazonie. Ils ne sont pas en eux-mêmes mieux armés contre les champignons, au contraire, et leur prospérité ne tient qu'à cette saison sèche et à l'absence de la rouille en Asie, une aubaine qui s'explique par une ruse de la nature : le champignon forme avec sa proie un couple mortel, mais le champignon seul meurt au bout de quatre jours.
Les longues traversées par mer ont empêché ainsi la rouille d'atteindre vivante les plantations britanniques et de s'y répandre. Les hévéas asiatiques n'ont eu d'autre mérite que l'éloignement et la lenteur des navires. Une fois réimplantés dans le sol de leurs ancêtres, à Belterra comme à Fordlandia, ils succombent infailliblement à la peste fatale. En moins d'un an, les nouvelles plantations sont ravagées, les branches défoliées et les troncs noircis de rouille.
Les deux sites gigantesques de Ford en Amazonie ne produiront jamais une quantité significative de caoutchouc et, vers la fin des années 1930, Ford finit par s'en désintéresser. Le problème n'est pas résolu pour autant. Quand les Etats-Unis entrent en guerre, le 7 décembre 1941, après Pearl Harbour, les Japonais contrôlent militairement 95 % des réserves mondiales. Les Etats-Unis n'ont que très peu de stock. Or toute l'Amérique vit avec le caoutchouc. Un tank Sherman de 20 tonnes d'acier a besoin d'une tonne de cette matière. L'Amérique commence par décréter un régime sévère, interdisant tout usage non militaire du produit. On réduit la vitesse sur les routes pour allonger la durée des pneus, on recycle tous les déchets. Le président Roosevelt donne l'exemple en confisquant l'os de caoutchouc avec lequel joue sa chienne...
On cherche désespérément des produits de synthèse. Mais le caoutchouc synthétique (8 000 tonnes en 1941) est très insatisfaisant, inutilisable pour les pneumatiques. Il faudrait 800 000 tonnes d'une matière que les chimistes ne savent pas mettre au point. Des botanistes sont expédiés un peu partout à la recherche du latex, y compris en Amazonie. On se souvient opportunément alors qu'à Fordlandia certains arbres ont survécu à la rouille. Disposeraient-ils d'un système de défense particulier contre le champignon ? Au péril de leur vie, des botanistes se précipitent dans la jungle en 1943, retrouvent miraculeusement les arbres épargnés, les rapportent à Turrialba, au Costa Rica, les cultivent avec succès.
La nature pardonne parfois, la bêtise humaine jamais : une fois la guerre terminée, un bureaucrate obtus ordonne, en 1952, l'interruption du programme pour des raisons politiques, afin de ne pas nuire aux intérêts anglais du moment. Persuadé aussi, comme beaucoup, que la réalisation du caoutchouc de synthèse est imminente et qu'on pourra bientôt se passer du latex naturel. Le bureaucrate a sans doute eu tort de tuer ainsi une seconde fois la folie de Fordlandia. On dispose maintenant de dizaines de caoutchoucs de synthèse, dont aucun ne possède toutes les qualités du latex naturel. La demande n'a cessé de croître, dans les domaines de la médecine comme de l'aviation. Le premier pays producteur de caoutchouc est la Thaïlande, dans une région politiquement instable.
Et, surtout, le spectre de la rouille ne voyage plus en bateau, lentement, mais en avion, comme la grippe ou la pneumopathie atypique. Si, par malchance ou malveillance, les plantations d'Asie étaient touchées par le champignon, la face du monde moderne en serait profondément changée. Quelques-uns des botanistes qui se sont rendus à Fordlandia en 1943 vivent toujours, âgés et dispersés. Doit-on les cloner ? Peut-être possèdent-ils quelques archives de leurs travaux qui permettraient de vaincre la rouille. Ce serait la plus belle revanche posthume d'Henry Ford. En 1945, le milliardaire, découragé, jeta l'éponge et revendit au Brésil, pour 250 000 dollars, cette désastreuse Fordlandia où il avait investi plus de 20 millions.
Sur place, aujourd'hui, des agences de voyage proposent une excursion à Fordlandia et Belterra, deux villes défuntes d'un Nouveau Monde pas très ancien, plus mortes qu'Herculanum et Pompéi, avec leurs hangars délabrés, leurs usines à demi effondrées. On peut y croiser encore dans les rues quelques vieillards, autres fantômes, qui se souviennent d'avoir vécu et travaillé là et qui cultivent un peu n'importe quoi dans les ruines. Ils ne s'occupent plus des arbres qui pleurent et n'en parlent guère. La route est longue, selon les pluies. Et il n'y a ni restaurant ni hôtel.
Michel Braudeau
At'chao ! |
 | |  |  | The Pink Panther Show (Kevin Mc Corry. Extrait.)
In 1963, animation director Friz Freleng was approached by live-action film producer/director Blake Edwards to design a cartoon cat for the title sequence to Edwards' new comedy movie for United Artists, The Pink Panther, starring Peter Sellers as a bumbling, accident-prone French detective named Clouseau and David Niven as a debonair English jewel thief, Sir Charles Litton, alias the Phantom. Edwards asked Freleng to conceive a classy but mischievous pink cat that was supposed to be visible when one looks a certain way into a gem called the Pink Panther. Freleng and Hawley Pratt sketched numerous versions of the desired pink feline and spread them on a table at Edwards' house. Edwards walked straight over to a particular sketch, of the Pink Panther who would be known and loved by generations of comedy movie and cartoon buffs, and said, "That's him. That's the guy."
The title sequence to the film garnered rave reviews by critics and induced belly-laughs from audiences. United Artists contracted with Freleng and David DePatie's newly-formed animation company, DePatie-Freleng Enterprises, to produce a series of short cartoons for theatrical release to be shown prior to feature films as the Warner Brothers cartoons, directed by Freleng for more than 20 years, had been exhibited. Just like in the title sequence for The Pink Panther, the pink cat featured in the new series of cartoon shorts was almost always shown in pantomime to Henry Mancini's by-then-famous theme music, and finding himself in bizarre situations. Freleng himself directed the initial and definitive Pink Panther cartoons before delegating the directing duties to his long-time layout man from Warner Brothers, Hawley Pratt. Once Pratt had directed several excellent Pink Panther cartoons, another of Freleng's colleagues from his Warner Brothers days, Gerry Chiniquy, joined Pratt in the then-regular output of Pink Panther cartoon shorts, in conjunction with another series based on the Blake Edwards films featuring Inspector Clouseau, a cartoon version of the inept French detective, called the Inspector.
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 | | J-C, 16.07.2003 à 18:20 | 98831 |
|  |  | LE REVE AMAZONIEN (1)
Le télégraphe positiviste de Candido Rondon
LE MONDE | 12.07.03
Entre 1907 et 1909, ce métis féru d'astronomie va installer 5 666 km de lignes à travers la jungle. A la fin de sa mission héroïque, le télégraphe sans fil est sur le point de naître... Premier volet de notre série réalisée avec le concours d'Alexandre Valenti, réalisateur du film "Amazonie, la ruée sauvage".
UN jour, peut-être, finira-t-on par enseigner la géographie de façon raisonnable. A expliquer aux enfants qu'il n'y a pas, ici-bas, que des kilomètres carrés, des densités démographiques, des produits intérieurs bruts. Qu'il existe dans l'esprit humain une dimension difficile à mesurer, mais néanmoins déterminante, celle du désir de l'Ailleurs, du voyage vers l'inconnu, les îles enchantées. Qu'à côté des géographies physique, économique, humaine, une géographie "fantasmatique" joue un rôle concret. C'est une chose de croire que le monde est plat, une autre de prétendre qu'il est rond et qu'il tourne autour du Soleil. Cela va plus loin qu'un blasphème, un bûcher : des hommes traversent les océans pour cette idée. Certes, notre planète est belle "vue du ciel". Mais "vue du rêve", comme elle le fut pendant des siècles, la terre inconnue, vierge, a été bien plus désirable dans l'imagination de ses prétendants, le désir géographique obéissant aux lois de l'amour.
Depuis toujours, l'Amazonie est ainsi la face cachée de notre monde, la vierge impénétrable se refusant aux assauts les plus virils du capitalisme. La frontière intacte. De façon rationnelle, on peut décrire l'Amazonie : un territoire de 6 millions de kilomètres carrés, en grande partie recouvert par une forêt équatoriale, dont les trois cinquièmes sont au Brésil et le reste à cheval sur le Pérou, la Bolivie, le Venezuela, parcouru par le fleuve Amazone et ses affluents, abritant des espèces végétales et animales très diverses, le quart des espèces d'oiseaux de la planète, contenant le cinquième de l'eau douce du globe, et ainsi de suite. C'est beaucoup et bien peu. L'Amazonie est d'abord la matrice de fantasmes innombrables, le pays de l'Eldorado, l'"Enfer vert" et le "poumon de la Terre". Par-dessus tout, l'ultime relique de mère Nature, le dernier vestige de ce que fut le monde avant l'arrivée des Occidentaux. Plus qu'un espace sur la carte, une histoire dans la mémoire humaine.
Son nom même vient d'Europe. Quand Francisco Pizarro se fut emparé du Pérou (1530-1535), il chargea son cadet Gonzalo d'aller vers l'est à la recherche de la cannelle et de l'Eldorado, un roi dont il avait entendu parler, qui vivait dans un palais de pierres précieuses, le corps entièrement recouvert d'or. Gonzalo se mit en route avec le jeune Francisco de Orellana, 300 soldats espagnols, 4 000 Indiens et du bétail. Leur expédition fut périlleuse et cruelle. Les Indiens qu'ils interrogeaient au passage et qui ne savaient répondre à leurs questions étant livrés aux chiens, les autres préférèrent satisfaire la curiosité des Blancs avec des fables, les menant toujours un peu plus loin. Comme les Indiens faisaient souvent allusion à des femmes guerrières de la forêt, les Espagnols en adoptèrent la légende, les appelèrent Amazones, à l'image de celles qui, selon Hérodote, combattirent les Scythes. Le grand fleuve devint celui des Amazones et le nom s'imposa à toute la contrée.
On sait par les chroniqueurs que le contact des Européens avec les habitants du Nouveau Monde ressembla davantage à un génocide délibéré qu'à une promenade à la Rousseau. Les conquistadors venaient pour l'or, au prix du sang, de la trahison, de la torture, éventuellement au nom du Christ. Quand ils virent que l'or se trouvait dans les Andes, à Potosi, ils abandonnèrent volontiers cette forêt immense, exténuante et trompeuse, qui n'attira plus que des marchands d'esclaves, des missionnaires chrétiens - les soldats de Dieu suivant de près les apôtres du commerce - et des négociants. Des Anglais, des Français et une majorité de Portugais qui s'installèrent le long des fleuves pour vendre des animaux ou des produits de la forêt, sans pénétrer vraiment à l'intérieur de celle-ci - les Portugais comprenant assez tôt, néanmoins, comme plus tard les Brésiliens, qu'ils devraient s'assurer un jour la possession de cet espace contre leurs rivaux, afin de ne pas laisser l'Amazonie dans un vide juridique international, appartenant à tous et à personne.
Si l'on cessa de craindre les mythiques Amazones, faute d'en rencontrer, on ne fit guère cas pour autant des indigènes qui vivaient là, dans un autre espace-temps, "sauvages" incompréhensibles, ni meilleurs ni pires que leurs envahisseurs civilisés et nettement moins bien armés. Il serait impossible de résumer ici trois cents ans de solitude et de martyre indiens. Avant la conquête portugaise, l'Amazonie brésilienne comptait 8 millions d'Indiens vivant en équilibre écologique avec la forêt. Ils ne sont plus que 200 000 aujourd'hui. Les maladies venues d'Europe (de la varicelle à la syphilis) ont grandement contribué à leur extinction ; la désorganisation provoquée par les colons fit le reste.
Le bref et fastueux boom du caoutchouc, qui démarra dans les années 1870, força toutefois les Blancs à entrer enfin dans la jungle et à en payer le prix, en dollars et en vies. Et c'est paradoxalement à la même époque que le regard de certains sur les tribus "primitives" se mit à changer, non par un effet de la charité chrétienne mais - les voies de la Providence étant imprévisibles - sous l'influence du positivisme d'Auguste Comte. Le philosophe, après sa mort, à Paris, en 1857, connut rapidement une renommée considérable à l'étranger grâce à ses anciens élèves ; au Brésil, sa pensée opéra une véritable révolution des mentalités chez nombre de jeunes ingénieurs et de militaires, en particulier l'officier mathématicien Benjamin Constant Botelho de Magalhaes, acteur majeur du passage à la République en 1889, qui fit inscrire sur le drapeau national la devise personnelle de Comte : "Ordre et progrès". Les idées de Comte - à la fois précurseur de l'écologie scientifique et critique virulent de la science matérialiste, théoricien de la liberté et réformateur social - ont été parfois déformées, imaginées plus qu'étudiées, et donnèrent naissance à une forme de religion œcuménique que l'on peut juger confuse, mais elles aboutirent, au Brésil, à la séparation de l'Eglise et de l'Etat, à la fin de la monarchie et à l'abolition de l'esclavage. Le professeur Comte n'avait donc pas médité en vain.
Toute une génération emboîte alors le pas de ce Benjamin Constant (celui qui n'écrivit pas Adolphe), adhère aux idéaux positivistes, et, parmi eux, Candido Rondon, un des bras droit de Constant lors des événements de 1889. Né en 1865 dans le Mato Grosso, de sang portugais par son père, indien par sa mère, orphelin dès l'âge de deux ans, Candido Rondon doit choisir entre le rouge du costume militaire et le noir de la prêtrise, seules carrières ouvertes à un jeune homme pauvre. Contrairement à Julien Sorel, il écarte le noir et se convertit au positivisme en entrant à l'Ecole militaire de Rio. Là, il étudie puis enseigne l'astronomie, la mécanique et les mathématiques supérieures, jusqu'en 1890, où Constant le nomme à la tête de la Commission de construction de lignes télégraphiques, chargé de l'inspection des frontières. Le Brésil a en effet hérité d'un monstre, l'Amazonie, qu'il ne connaît ni ne domine, mais n'entend pas laisser dévorer par ses voisins. La république naissante est animée du même souci que l'ancien empire : intégrer à la nation cette Amazonie qu'on appelle encore le "Grand Para", dont la possession semble un peu flottante. Après de nombreuses guerres avec ses voisins, dont le Paraguay, le Brésil conclut avec la Bolivie, en 1903, le traité de Pétropolis : la Bolivie cède au Brésil la région d'Acre et le Brésil permet à la Bolivie de construire une voie ferrée jusqu'à la partie navigable de fleuve Madeira, à Porto Velho, pour exporter son caoutchouc vers la mer.
Dans le même temps que l'on construit cette voie ferrée, dans des conditions inhumaines, Rondon et ses hommes doivent établir une ligne télégraphique du Mato Grosso à Porto Velho à travers l'Amazonie. A pied, bien sûr, à la machette, dans une jungle sans piste, semée d'embûches, de cours d'eau, saturée de chaleur moite, de moustiques et d'animaux sauvages. Et peuplée d'Indiens invisibles pour qui l'homme blanc n'est pas forcément le bienvenu.
Rondon a déjà eu l'occasion de pactiser avec les Bororos, dont un peu de sang coule dans ses veines, par sa mère. Cette fois, il doit affronter d'autres tribus inamicales, dont les Nambiquaras. C'est un petit homme sec, au teint cuivré, intelligent et résolu, d'une dignité impeccable, comme on peut le voir sur les films pris par ses lieutenants, constamment entouré de chiens noirs dressés à chasser les tigres, qui abondent dans la région. Un caractère inflexible dans un corps infatigable, que rien ne décourage. Une flèche indienne le frappe en pleine poitrine, se fiche par chance sur sa bandoulière de cuir, Rondon se contente de tirer deux coups de feu en l'air. Il sait que les Indiens ont de bonnes raisons de se méfier de lui ou plutôt de ceux auxquels il ressemble, qui sont venus avant lui pour les persécuter. A chaque signe que les Indiens placent sur sa route, branches entrelacées, palmes tressées, pour indiquer une interdiction d'entrer sur leurs terres, Rondon respecte leur volonté, contourne l'obstacle.
IL ne vient pas combattre, mais convaincre, connaître, nouer des liens, pacifier. Son positivisme lui inspire l'ordre strict qu'il donne à ses hommes : "Mourez si vous ne pouvez faire autrement, mais ne tuez jamais." Il gagne ainsi la confiance de chaque tribu sur sa route. Comme tous les étrangers avant lui, il apporte involontairement des maladies mortelles aux Indiens, de la grippe à la vérole et, simultanément, en explorateur humaniste, il fonde des écoles, recueille les orphelins et les envoie à Rio pour être scolarisés, tisse un réseau d'amitiés avec les Nambiquaras, les Parnautes, les Salamais, les Carajas et bien d'autres tribus jugées hostiles, prenant de nombreuses notes anthropométriques, ethnographiques, linguistiques, étudiant la géologie et la flore des régions qu'il traverse, parcourant quelque 40 000 km au cours de ses expéditions harassantes. Entre 1907 et 1909, Rondon installe 5 666 km de lignes télégraphiques avec 55 stations de transmission dans une jungle inhospitalière. Il est célèbre. L'ancien président des Etats-Unis Théodore Roosevelt, chasseur émérite, voyage six mois en compagnie de Rondon en Amazonie. Albert Einstein proposera le nom de Rondon pour le prix Nobel de la paix. Quand celui-ci achève sa mission héroïque, on commence déjà en Europe à mettre au point le télégraphe sans fil...
Peu importe, Rondon a tracé entre les esprits une ligne invisible, irréversible, qui compte bien davantage que celle de son télégraphe obsolète. En 1910, il crée le Service de protection des Indiens (SPI). Elevé au titre de maréchal de son vivant - hommage unique -, Rondon refuse tous les postes politiques qu'on lui offre. Il meurt en 1958, à 92 ans, dont cinquante passés dans la forêt, couvert d'honneurs, la conscience en paix, le devoir plus qu'accompli, avec l'espoir que son exemple sera suivi par d'autres, dans le même idéal de fraternité. Un optimisme exagéré peut-être, mais il en fallait beaucoup pour une aussi longue persévérance.
Que reste-t-il aujourd'hui de son œuvre ? Une leçon de courage. Le nom d'un territoire fédéral du Brésil, le Rondonia. Une piste dans la forêt que suivra plus tard Claude Lévi-Strauss. Avant tout, une reconnaissance authentique de la réalité indienne. La Fundaç-o nacional do Indio (Funai), qui a remplacé le SPI, "protège" des tribus - qui n'en demandaient peut-être pas tant - et parvient quand même à limiter les dégâts qui déferleraient ici sans elle. Si l'on cherche le meilleur héritage de Rondon, il est là, dans cette prise de conscience des Brésiliens de la précieuse fragilité des Indiens et du respect qui leur est dû. Rondon fut un conquérant à sa manière, dira-t-on, et il n'en est jamais de bon. Du moins sut-il penser et appliquer sincèrement les plus généreuses idées de son époque.
Michel Braudeau
At'chao ! |
 | | J-C, 15.07.2003 à 16:45 | 98695 |
|  |  | Les dons aux associations évoluent selon l'âge
LE MONDE | 11.07.03
Albert M., retraité de la SNCF, fait chaque année un don de quelques dizaines d'euros aux Restos du cœur. Sylvie D., retraitée de la fonction publique, est une fidèle du Téléthon : si elle "zappe" parfois le programme de télévision qui accompagne l'opération, sa fidélité financière à la cause des maladies génétiques reste constante : "J'envoie chaque année un chèque de 150 euros..."
Les Français sont ainsi quelques millions à consacrer une petite part de leurs revenus annuels à des causes d'intérêt général. Selon une étude menée pour le compte de l'Observatoire de la générosité de la Fondation de France par Jacques Malet, magistrat financier et rapporteur général d'une instance d'évaluation au Commissariat général du Plan, un peu plus de 14 % des foyers ont, en 2001, déclaré - reçu fiscal à l'appui - un don à une association humanitaire ou d'intérêt public. Le tout pour un montant global de 1 milliard d'euros.
Bon nombre de dons étant le fait d'impulsions, tous ne sont pas répertoriés par la direction générale des impôts (DGI). Avec prudence, l'Observatoire de la Fondation de France évalue la générosité des Français à une fourchette comprise entre 1,5 et 1,8 milliard d'euros en 2001.
Mais la grande leçon de cette enquête porte moins sur la générosité elle-même que sur les variations de l'altruisme en fonction de l'âge. Ainsi, les plus de 50 ans représentent 64 % des dons d'argent et 74 % des montants déclarés. Les 70 ans et plus se révèlent même les plus généreux, en fournissant plus du tiers (34 %) des sommes versées aux associations.
Selon M. Malet, l'explication est logique : "Les moins de 40 ans disposent de revenus de début de carrière", tandis que "les 70 ans et plus ont absorbé la baisse des revenus liés au choc de la retraite et n'ont plus de charge liées directement aux enfants..."
Approximativement, ces montants se répartissent ainsi : 205 millions d'euros (25 %) pour les moins de 50 ans ; 330 millions d'euros (40 %) pour les 50-70 ans ; et environ 280 millions d'euros (34 %) pour les plus de 70 ans.
UN ALTRUISME CIBLÉ
Point important, la générosité financière des plus de 60 ans n'est pas mécaniquement liée à la recherche de déductions fiscales. La loi offre en effet aux contribuables la possibilité de déduire de leur revenu imposable 50 % de leur contribu-tion à un organisme d'intérêt général, et même 60 % si cet organisme est dédié à la fourniture de repas, de logement ou de soins aux nécessiteux.
Preuve de l'altruisme des seniors, les statistiques de la DGI révèlent que, entre 60 et 70 ans, le nombre des donateurs imposables est égal au nombre de donateurs non imposables. Et sur 100 donateurs non imposables, 47 % ont 70 ans et plus. Ils sont ainsi deux fois plus nombreux (22,8 %) que les donateurs imposables du même âge.
La générosité financière écrasante des plus âgés n'annule pas celle des plus jeunes. Si le don moyen d'une personne de 70 ans est de 360 euros, le chèque d'une jeune fille de 25 ans - 117 euros en moyenne - n'est pas négligeable, compte tenu des moyens financiers dont on dispose à cet âge.
Soucieuse de montrer que la générosité possède des formes d'expression multiples, la Fondation de France a porté un regard comparatif sur les dons de sang. Un panel de 700 000 à 900 000 donneurs étudié pendant quatre années consécutives a permis de mettre en valeur un comportement d'âge très particulier concernant cette forme de solidarité.
Alors que la générosité financière croît avec l'âge, il en va à l'inverse pour le don du sang. Les moins de 30 ans représentent un bon tiers des dons du sang contre un cinquième (19,8 %) pour les plus de 50 ans.
En revanche, entre 30 et 49 ans les dons de sang et d'argent s'équilibrent : la moitié des donneurs se situent dans cette tranche d'âge médian. "Cela ne veut pas dire qu'à cet âge on donne individuellement son sang et son argent, mais que les caractéristiques de cette tranche favorisent de façon égale les deux dons", écrit Jacques Malet. En revanche, après 50 ans, un décrochage très net se produit : l'argent prend le pas sur le sang, parfois pour des raisons de santé.
Les causes auxquelles s'intéressent les donateurs sont déterminées, elles aussi, par l'âge. Très clairement, les moins de 25 ans choisissent l'aide à l'éducation ou l'animation de quartier, ce qui se traduit par des dons en direct, de la main à la main. Les 25-34 ans s'intéressent eux aussi à l'animation de quartier et à l'aide au logement, et font quelques timides avancées sur le terrain de la culture. Ils se classent en revanche en dernier pour la santé, l'aide aux victimes de conflits ou l'aide aux Eglises.
Les 35-49 ans pratiquent une politique de dons en rapport avec leurs enfants et centres d'intérêts familiaux : associations sportives et de loisirs. Les seniors (50-65 ans) semblent davantage attirés par l'aide au tiers-monde et les associations professionnelles : "Vraisemblablement parce que certains d'entre eux ou certains de leurs amis connaissent des difficultés d'emploi, souligne M. Malet. Ils sont également bien classés pour l'aide aux services sociaux, la recherche, la santé."
Les plus de 65 ans enfin sont surtout motivés par la recherche médicale, la santé, les droits de l'homme, ou l'aide aux Eglises. Ce qui en dit long sur les préoccupations des retraités jeunes et moins jeunes.
Yves Mamou
At'chao ! |
 | |  |  | On voit des fractales partout maintenant. o_O
Pour la lutte contre le bruit ca va encore.
Mais, en restant dans la science ou ce qui est censé en etre, j'ai vu un article d'un nutritionniste qui utilisait des modeles fractales. °_o
Autrement, demain il y aura des médiums qui liront dans les Mandelbrot. °_. |
 | | J-C, 11.07.2003 à 15:33 | 98459 |
|  |  | Les mathématiques des fractales luttent contre le bruit
LE MONDE | 11.07.03
Un mur acoustique mis au point par un laboratoire de l'Ecole polytechnique et la société Colas permet de réduire de façon importante les sons engendrés par la route et le rail grâce à ses motifs dentelés.
"Nous n'avons malheureusement pas de pistolet." Au pied de son mur antibruit, Didier Peyrard, directeur technique de la société Somaro, filiale du géant de la construction routière Colas, ne peut parfaire sa démonstration. Les creux et pyramides moulés dans ce panneau de béton de bois sont censés absorber les sons de façon inégalée. Mais l'écran de 4 mètres de côté érigé sur le parking du centre de recherche de l'industriel, dans les Yvelines, ne permet pas à une oreille profane de faire la différence.
Les mesures effectuées en relation avec le laboratoire de physique condensée de l'Ecole polytechnique sont pourtant formelles : ces pleins et ces déliés absorbent les basses fréquences avec une efficacité de 68 % plus élevée que celle d'un mur classique. Et le fameux test du pistolet, standardisé, a bien montré que la réflexion des ondes sonores était diminuée de 8 décibels acoustiques - dB(A) -, tandis que la transmission - les sons capables de traverser l'écran - était réduite de 57 dB(A).
On mesure mieux les progrès obtenus lorsque l'on sait que les mesures de bruit se faisant à partir d'une échelle logarithmique, cela signifie qu'une diminution de 3 dB(A) correspond à une réduction de moitié du volume sonore percu par l'oreille humaine. Au total, résume Jean-Luc Gautier, chef du projet mur antibruit chez Colas, les simulations numériques indiquent que, pour un riverain, le mur permettrait de réduire de 2,7 dB(A) la nuisance occasionnée par le trafic routier, "soit 45 % de mieux que les meilleurs matériaux actuels".
Cette performance tient en un concept un peu passé de mode, les fractales, qui désignent des formes géométriques ayant la faculté de se reproduire à l'identique à différentes échelles. Les branches du choux-fleur ou de l'arbre bronchique, tout comme la découpe du littoral en sont des exemples fournis par la nature, avant que les mathématiciens - dont le Français Benoît Mandelbrot - ne formalisent des fonctions reproduisant des motifs similaires.
En acoustique, "nous sommes partis du principe que l'absorption sonore serait proportionnelle à la surface développée au contact des ondes sonores", explique Bernard Sapoval, co-inventeur du procédé et chercheur au laboratoire de physique condensée de Polytechnique. Les fractales offrent justement la particularité d'accroître la surface de contact. Tout comme le contour d'une côte rocheuse est virtuellement de longueur infinie, si on se donne pour objet de le suivre à l'échelle du grain de sable et non à celle de la carte routière.
"CINQ FOIS PLUS EFFICACE"
Le chercheur a testé cette hypothèse sur de petites chambres d'enregistrement où étaient disposés des obstacles d'irrégularité croissante. "Les mesures ont confirmé l'intuition de départ. Une salle de concert fractale serait très mauvaise", indique Bernard Sapoval, qui voit dans l'utilisation de ces structures irrégulières une généralisation théorique, du fait que les chambres anéchoïques, conçues pour museler les ondes sonores, fonctionnent mieux lorsque les murs de pyramide de mousse qui les tapissent sont irréguliers. "L'énergie est concentrée à l'endroit où elle est absorbée, ce qui renvoie au concept de localisation faible en physique", indique le chercheur.
Le rôle des irrégularités géométriques dans l'absorption sonore est confirmé par Franck Sgard, du Laboratoire des sciences de l'habitat de l'Ecole nationale des travaux publics de Lyon, dont l'équipe travaille à la mise au point de revêtements perforés destinés à l'équipement des véhicules. "On utilise en effet ce concept d'hétérogénéité pour alléger les produits en augmentant la capacité acoustique", indique le chercheur.
Le mur de Colas n'est pourtant pas irrégulier, dans la mesure où le motif est répétitif, mais sa forme vise bien à multiplier les surfaces de contact. "Notre brevet propose une forme qui serait cinq fois plus efficace", assure Bernard Sapoval. Mais cette géométrie aurait été difficile à mettre en œuvre par moulage et reste encore trop onéreuse. La solution choisie constitue donc un compromis. Retenir d'abord une bonne matière première pour fabriquer les panneaux : le béton de bois, formé de copeaux de pin mélangés à du ciment, dont les qualités phoniques sont connues depuis longtemps. Lui adjoindre ensuite un peu de savoir-faire : celui de Didier Peyrard qui ajoute à l'ensemble une "poudre de perlimpinpin" - il n'en dit pas plus - qui facilite le démoulage en dépit des formes chantournées du motif.
Colas espère commercialiser ce produit à partir de début 2004, tant dans le secteur routier que ferroviaire. Le marché existe : le bruit est l'une des nuisances les plus fréquemment citées dans les enquêtes d'opinion. On évalue à 200 000 en France le nombre de logements affectés par des niveaux sonores excédant 65 dB(A), niveau généralement considéré comme un seuil de gêne et de fatigue.
Hervé Morin
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Vers des pneus et chaussées plus silencieux
Les pouvoirs publics ont engagé un programme visant à résorber d'ici à 2010 les quelque 3 000 points noirs où le bruit causé par la circulation routière ou ferroviaire dépasse les 65 décibels acoustiques - dB(A) -, seuil de fatigue pour l'homme. Les solutions sont très diverses : couverture des routes, édification de murs, utilisation de revêtements spéciaux, emploi de double vitrage, etc. La réduction à la source a déjà eu un effet drastique : un poids lourd des années 1970 émettait autant de bruit que dix poids lourds actuels. Mais à partir de 50 km/h, les bruits de roulement dépassent ceux émis par le moteur des véhicules légers. Certaines recherches se concentrent sur leur réduction : les sculptures des pneumatiques devraient permettre de gagner de l'ordre de 3 dB(A), soit une réduction de moitié. L'ajout de caoutchouc sur la chaussée, sous la forme de "poudrette" incluse dans les enrobés, permet des gains sonores du même ordre. La prochaine génération, promet-on chez Colas, jouera sur la complémentarité avec les murs antibruit et devrait offrir une nouvelle marge de 3 dB(A).
At'chao ! |
 | | J-C, 08.07.2003 à 17:46 | 98235 |
|  |  | L'okapi, menacé au cœur de sa réserve
LE MONDE | 07.07.03
Ils sont quelques milliers à vivre là, dans l'atmosphère humide et touffue de la forêt d'Ituri, dans le nord-est de la République démocratique du Congo (RDC, ex-Zaïre). Quelques milliers à se reproduire discrètement, sans déranger ni intéresser grand monde, à goûter la végétation locale, arrachant des arbres, de leur longue langue noirâtre, les feuilles dont ils se nourrissent. Quelques milliers seulement. Dans cette région du monde, et nulle part ailleurs.
Pour combien de temps encore ? Il y a quelques mois, l'Unesco faisait part de son inquiétude face aux déprédations croissantes dont souffrait la "Réserve de faune à okapis". Des craintes d'autant plus justifiées que cet espace naturel, qui figure depuis 1996 parmi les cinq sites de la RDC inscrits au patrimoine mondial (et, depuis 1997, sur la liste du patrimoine mondial en péril), n'est pas riche de ce seul mammifère, étrange cousin de la girafe à la croupe tombante et aux cuisses rayées de noir et de blanc.
Cette réserve, d'une superficie de 13 000 km2 (soit environ un cinquième de la forêt d'Ituri), héberge en effet une faune et une flore tout à fait particulières. On y rencontre une bonne dizaine de primates diurnes et une quinzaine d'ongulés endémiques, ainsi qu'une avifaune très diversifiée.
Sur le plan culturel, la forêt de l'Ituri sert de refuge aux populations nomades de chasseurs pygmées Mbutis et Efés. Mais la guerre civile qui sévit depuis des années dans ce pays, l'une des plus meurtrières du continent africain, met aussi à mal, par la déforestation et le braconnage qu'elle occasionne, les sites naturels. En dépit des efforts de l'Unesco, qui tente bon an mal an, dans le cadre du projet "Conservation de la biodiversité dans les régions de conflits armés" mené en partenariat avec la Fondation des Nations unies (FNU), de mettre en œuvre une stratégie de protection.
De toute cette agitation humaine, l'okapi n'a cure. Pas plus qu'il n'en avait à la fin du XIXe siècle, lorsque le journaliste et explorateur Henry Morton Stanley - passé à la postérité pour sa question toute britannique : "Doctor Livingstone, I presume ?" -, fit allusion, dans un écrit datant de 1890, à un animal mystérieux connu des Pygmées au Congo belge de l'époque.
Stanley piqua la curiosité de Sir Harry Johnston, futur gouverneur de l'Ouganda, qui partit à son tour, en 1899, à la recherche du mammifère inconnu. "Entre-temps, en 1897, un employé de l'administration belge au Congo fournit à ses supérieurs la description d'un animal appelé ndumbe par les Momvus, qui le rapprochaient des antilopes", apprend-on sur le site Internet de l'Institut virtuel de cryptozoologie."La description est parfaite jusque dans les moindres détails, et se rapporte sans conteste à l'okapi. Hélas, elle resta dans les archives de la bureaucratie administrative..."
UN GIRAFFIDÉ
C'est ainsi qu'il fallut attendre 1901 pour que l'okapi soit officiellement reconnu comme une nouvelle espèce. Laquelle, du fait de sa lointaine ressemblance avec le zèbre, fut tout d'abord baptisée Equus johnstoni... jusqu'à ce qu'on parvienne enfin à en étudier le crâne. L'animal quitta alors la famille des équidés pour rejoindre celle des giraffidés, et prendre le nom - que l'on suppose définitif -, d'Okapia johnstoni.
Longue tête, petit cou, grosses oreilles, robe douce comme du velours : cette girafe forestière de couleur brune - ce qui, associé aux rayures de ses cuisses, lui assure un bon camouflage parmi les troncs d'arbres -, aux pattes terminées par des "chaussettes" blanches, marche à l'amble depuis toujours. Quant aux glandes qu'elle possède entre ses sabots, elles peuvent continuer, des générations durant, de sécréter la substance qui lui sert à marquer son territoire. Mais lequel ? Où l'okapi pourra-t-il vivre, si la "gestion durable" des sites naturels en RDC, aujourd'hui vœu pieux, ne devient pas rapidement réalité ?
"L'afflux des réfugiés rwandais en 1994, les deux guerres civiles de 1996 et de 1998 ont fortement perturbé les écosystèmes, le système de gestion, l'harmonie entre les sites et les populations qui les environnent", constatait Henri Paul Eloma Ikoleki, de l'Institut congolais pour la conservation de la nature de Kinshasa, à l'occasion des dernières Journées francophones de conservation de la biodiversité (du 22 au 25 avril, à Villeurbanne). Concernant les moyens mis en œuvre, il ajoutait que "les systèmes de collecte, de traitement et de stockage de données sont restés très rudimentaires".
La formation, le 30 juin dernier, d'un gouvernement de transition en RDC devant conduire l'ex-Zaïre à des élections libres dans un délai de deux ans, permet-elle d'espérer une inversion de tendance ?
Il y a quelques semaines, Lodja, une jeune femelle, était amenée de son zoo natal de Rotterdam jusqu'au Parc zoologique de Paris, où elle a été présentée à Günther. Ce vieux célibataire l'attendait depuis quinze ans, et on espère fermement voir ces deux-là se reproduire. Les responsables du Parc ont de bonnes raisons d'être confiants : depuis 1957, 36 bébés de cette espèce y sont déjà nés. Mais ce dernier mariage à l'européenne ne constituera qu'une maigre consolation au regard du destin qui attend les okapis sauvages, si rien ne vient, très vite, en infléchir le cours.
Catherine Vincent
At'chao ! |
 | | J-C, 04.07.2003 à 17:27 | 97765 |
|  |  | ok, c'est clair. merci !
At'chao ! |
 | |  |  | trouvé sur le net, et ça confirme ce que je disais:
"LEVER LE PIED POUR MOINS POLLUER
Malgré les progrès technologiques, chaque voiture émet plusieurs centaines de kilos de substances nocives chaque année et une conduite plus apaisée permettrait d'alléger cette pollution tout en faisant des économies.L'unité est le gramme par kilomètre.
Les véhicules doivent maintenant répondre à une norme quo correspond à des minima. Ainsi, une voiture particulière à moteur à essence ou diésel commercialisée depuis le 1er janvier 2001 doit émettre moins de 2,3 g/km de CO (monoxyde de carbone), moins de 0,2 g/km de HC (hydrocarbure inbrûlés), moins de 0,5 g/km de NOx (oxyde d'azote) et pour les diésel moins de 0,05 g/km de particules.
Si on considère qu'un conducteur moyen parcourt environ 14 000 km, on peut calculer la contribution de chaque conducteur à la détérioration de la qualité de l'air qui se chiffre donc en dizaines de kilos par an. Il ne s'agit hélas qu'un chiffre sous-estimé car ces émissions sont très dépendantes de la vitesse pratiquée.
Lorsque que la vitesse est multipliée par 1,5 (135 km/h au lieu de 90), les émissions sont elles multipliées par 5.La courbe émission en fonction de la vitesse progresse de façon exponentielle au fur et à mesure que la vitesse augmente. On voit donc l'intérêt de réduire de 20 km/h la vitesse autorisée lors d'un pic de pollution. De surcroît, votre consommation d'essence également est moindre, le coût de votre déplacement s'en trouve également allégé.
Si on ajoute que 30% des 14 000 km sont souvent des déplacements de moins de cinq kilomètres qui pourraient s'effectuer à vélo ou à pied, ll n'y a pas de toute. Lever le bien permet de moins polluer." |
 | |  |  | hum le pot doit quand même être chaud même à 20km/h de moins également.
Ceci dit je connais pas la raison exacte. |
 | | J-C, 04.07.2003 à 16:58 | 97758 |
|  |  | remarque, le pot ne fait que réduire les émissions de NOx, pas les supprimer !
At'chao ! |
 | | J-C, 04.07.2003 à 16:57 | 97757 |
|  |  | hum ! le rendement est maximum quand le pot est chaud ! en fait je pense que c'est pour les véhicules qui ne sont pas catalysés mais comme on ne peut pas faire de distinction sur la route, ça s'adresse à tout le monde !
At'chao ! |
 | |  |  | | parce que je suppose qu'en cas de vitesse trop grande, le pot marche moins bien... |
 | | J-C, 04.07.2003 à 16:26 | 97755 |
|  |  | si ça réduit les émissions de NOx, pourquoi est-ce que l'on nous demande de rouler moins vite les jours de pic de pollution à l'ozone ?
At'chao ! |
 | |  |  | alors, les pots catalytiques c'est un peu diférent.
Les pots catalytiques ont été mis en place afin de réduire les émissions de monoxyde de carbone, d'oxydes d'azonte, et d'hydrocarbures non brûlés. Certains sont des gaz à effet de serre mais pas les plus importants, c'est surtout en rapport à leur toxicité immédiate que cela a été fait. le monoxyde de carbon, CO, c'est le fameux gaz qui tue lorsque t'as un chauffage à gaz mal réglé (bicoze il ressemble très beaucoup à l'oxygène se fixe sur les globules rouges mais y reste, donc apu respiration). Les oxydes d'azote NO/NO2, connus aussi sous le nom de NOx sont aussi des gaz à effet de serre mais ont aussi la particularité d'entrer dans le cycle de l'ozone troposphérique. Ahem. c'est la fameuse pollution aux pics d'ozone que les parisiens, grenoblois et autres connaissent bien. C'est une pollution "agressive" puisqu'elle irrite les muqueuses, la peau, et pose des problèmes de respiration. Et les hydrocarbures non brûlés bin c'est des saloperies comme tous les hydrocarbures de toute façon :o)))
Indirectement, les pots catalytiques ont contribué à réduire les émissions de plomb puisque les essences au plomb sont incompatibles avec les pots catalytiques. Bonne chose aussi puisque le plomb est également une belle saloperie. (Un jour je vous raconterais l'histoire des lobbies de l'essence au plomb :o) ).
MAIS tout n'est pas rose. En effet les pots catalytiques s'ils ont fait diminuer le plomb dans les essences, utilisenr d'autres métaux lourds, tels le Palladium, le Platine et le Rhodium. Et des études ont montré qu'on commence à retrouver dans les herbes des fossés au bord des routes des quantités non négligeables de ces métaux. Et c'est a priori pas bon pour la santé non plus.
Bref, les pots catalytiques c'estbvien d'un côté mais ça pose aussi d'autres problèmes. Quant à l'effet de serre, si ça limité effectivement les émissions de CO et de NOx, ça produit de l'eau et surtout du CO2. Donc bilan, quasi nul. |
 | | J-C, 04.07.2003 à 15:07 | 97744 |
|  |  | je me doutais bien que cet article allait te plaire ! :-))
en parlant de l'impact des moyens de transports sur les émissions de gaz à effet de serre, pourrais-tu nous en dire plus, car parfois j'ai l'impression que l'obligation de mettre des pots catalytiques sur les véhicules n'a en fait pas changé grand chose !
At'chao ! |
 | |  |  | ah tiens, pile poil dans mon domaine... :o)))
Je confirme donc, que l'on sait absolument rien avec certitude concernant les conséquences possibles d'un réchauffement climatique. Et que lier les phénomènes actuels à ça, relève du coup de poker, impossible de le prouver.
Ce qu'on sait, c'est qu'il y a une tendance au réchauffement. Faible en moyenne (1°C sur 100 ans).
Ce dont on se doute, c'est que l'activité humaine y a une bonne part (impossible à l'heure actuelle de dire quelle proprotion exacte) (par activité humaine, entendre "activité énergétique", ça ne prend pas en compte la respiration naturelle). Ce dont on se doute également c'est que si la tendance se confirme il va y avoir des conséquences sur le climat. lesquelles? on ne sait pas. Des modèles climatiques tournent avec tout plein de scénrios d'émissions pour essayer de prévoir ça. Mais il n'y a rien de sur, la science météorologique étant assez neuve et encore lacunaire (voire parfois imprévisible). Sans compter qu'il est possible que le système climatique comporte un effet de seuil... ça augmente tranquillement jusqu'à un point de rupture et ensuite, c'est le noir complet, impossible de savoir comment ça se comporte (ça peut etre le pire ou le meilleur, on ne sait pas)(ex d'effet de seuil: on tire sur un elastique, il s'allonge tranquillementen supportant la perturbation sans broncher, jusqu'u moment où il pète).
Bref, peu de certitudes. Ce qui faitdire à certains "on ne sait rien, on ne fait rien". Les autre répondant "si on attend de savoir il sera trop tard" (il faut 30 ans en gros pour pouvoir définir un climat (donc on peut actuellement définir des changements climatiques éventuels jusque dans les années 70. au delà, c'est de la supposition, on a que des tendances).
Bon après ce passage un peu chiant, que faire, si on veut faire? Il ne faut pas se leurrer, l'action à 'échelle locale n'auraqu'un faible impact. Ce n'est pas une raison pour ne rien faire bien évidemment. Mais une politique efficace en la matière nécéssite de repenser complètement notre politique énergétique, et autant dire que ça ferait très mal :o))).
Les secteurs massivement émetteurs: transports: là beaucoup à faire au niveau des émissions, et aussi des politiques de transport au niveau national. Industries: émettent des gaz a effet de serre autres que le CO2, souvent plus "forts" au niveaueffet de serre. On peut réduire certainement. Agriculture: fortement émettrice de N2O, ça peut diminuer. Et puis aussi, là où on peut jouer au niveau local, c'est sur plein de petites économies (ne pas trop chauffer sa maison en hiver (on baisse le chauffage d'un degré et on sort les pulls), jouer sur l'isolation, faire gaffe aux dépenses, ne jamais prendre l'avion... :o)))
Bref, plein de petits trucs qui sans volonté globale ne feront certainement pas grand chose. Mais il ne faut pas non plus crier à la catastrophe tout de suite. Etre conscient de srisques, tout faire pour les éviter c'est bien, faut pas en rajouter. Ace propos y'avait un reportage sur ARTE y'a quelques semaines très intéressants (suivi d'un "débat" complètement crétin entre Mamère, un républicain américain, et un allemand qui débitait des absurdités au kilomètre).
Quant au protocole de Kyoto... pfffffffffrtttttttttt |
 | | J-C, 04.07.2003 à 14:13 | 97736 |
|  |  | Mobilisation contre le réchauffement climatique
LE MONDE | 03.07.03
Lancé à l'automne 2003, un plan d'action vise à réduire localement et rapidement les émissions de gaz à effet de serre. Le mois de mai a été le plus chaud depuis 1880.
"J'ai besoin de savoir si les vins de Champagne vont dans vingt ans se retrouver en Belgique sous l'effet du réchauffement climatique." La question, formulée par un conseiller municipal lors du colloque "Les élus face aux risques climatiques", qui s'est tenu les 23 et 24 juin à Paris au Muséum national d'histoire naturelle, démontre s'il le fallait que le "global change" fait désormais partie des préoccupations des élus locaux.
Organisée par l'Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (Onerc) - un organisme rattaché à la Mission interministérielle de l'effet de serre (MIES) -, cette réunion voulait faire dialoguer climatologues, responsables de l'administration et décideurs locaux et régionaux sur les actions à engager pour réduire les gaz à effet de serre (GES).
Les débats sur ce thème sont d'autant plus nécessaires que les pays industrialisés doivent diminuer de 5 % leurs émissions - notamment de gaz carbonique et de méthane - d'ici 2008 à 2012 s'ils veulent respecter les engagements pris à Kyoto. Le Parlement européen a définitivement approuvé, mercredi 2 juillet, l'instauration à compter du 1er janvier 2005, d'un marché européen des droits d'émission du gaz carbonique, afin d'atteindre l'objectif de réduction de 8 % des GES dans l'Union d'ici 2012. Un tel défi implique l'engagement de tous et particulièrement celui des élus, souvent confrontés à des phénomènes climatiques extrêmes (tempêtes destructrices, orages et crues catastrophiques, glissements de terrain) qui les dépassent et qui, demain, pourraient être plus catastrophiques encore du fait de changements climatiques.
D'abord, les faits. Inquiétants pour Michel Petit, négociateur du GIEC et président de la Société météorologique de France, qui rappelle que, depuis les débuts de l'ère industrielle, "l'humanité s'est développée en brûlant les combustibles fossiles". Or "ces émissions dans l'atmosphère sont, insiste-t-il, en train de bouleverser le climat de la planète". Depuis 1871, la température a augmenté de 0,6 °C. Et si l'on continue sur le même rythme, ce réchauffement sera de 1,4 à 5,8 °C à la fin du siècle et de 2 à 3 °C en France. L'Organisation météorologique mondiale vient d'annoncer que le mois de mai 2003 avait été le plus chaud dans le monde depuis le début des relevés en 1880.
PRUDENCE DES SCIENTIFIQUES
Peut-on, cependant, attribuer les phénomènes climatiques extrêmes actuels au seul réchauffement climatique ? Les scientifiques sont prudents. Martin Beniston, directeur de l'unité de géographie de l'université de Fribourg (Suisse) et également négociateur au GIEC, estime qu'"il est encore difficile d'établir statistiquement un lien direct entre le réchauffement global et les évènements météorologiques hors norme constatés depuis quelque temps". Même si les deux tempêtes "Lothar" et "Martin", qui ont ravagé la France en décembre 1999, ont été particulièrement violentes pour nos latitudes, les chercheurs constatent que le nombre des tempêtes avec des vents de plus de 100 km/h est en légère diminution depuis 1950.
Il ne semble pas non plus qu'il y ait une augmentation décelable des crues et des inondations exceptionnelles dans un lieu donné, constate Jean-Michel Grésillon, professeur détaché au Cemagref de Lyon, qui ajoute : "L'occupation du sol par l'homme joue un rôle faible sur les crues graves." On comprend mieux dans ces conditions la perplexité des élus devant ces propos honnêtes mais peu tranchés.
Pourtant, "le réchauffement est enclenché, et cela ira beaucoup plus loin si aucune mesure n'est prise", rappelle Maurice Muller, chef du projet Gestion et impact des changements climatiques au ministère de l'écologie et du développement durable. Que peut-on faire ? Entamer, propose-t-il, "des actions de réduction des émissions de gaz à effet de serre, chaque fois que c'est possible", à la condition que ce soit financièrement supportables par les collectivités locales. Cela peut paraître modeste, mais les quelques actions qui ont déjà été menées ont montré une baisse légère des gaz à effet de serre. Ce n'est cependant pas suffisant, et les experts du ministère invitent les communes et les élus à réfléchir sur "les investissements lourds qu'ils devront quand même faire un jour", et à "intégrer la nouvelle donne climatique dans les réglementations existantes".
Peut-être faut-il aussi, estime Serge Lepeltier, sénateur-maire de Bourges, mieux articuler les mesures locales avec la politique nationale. "Pour être efficace, on doit, dit-il, territorialiser notre action, et passer à des objectifs régionaux, départementaux et communaux." "L'échelon principal pour une information acceptée, c'est la ville, la commune et l'élu que l'on connaît le plus : le maire", insiste pour sa part Pierre Facon, adjoint au maire de Neuilly-Plaisance. Pas question, prévient-il, "de motiver les élus sans être dans leur logique de cheminement et proche de leurs préoccupations".
Pour Roselyne Bachelot-Narquin, ministre de l'écologie et du développement durable, le rôle des élus locaux et nationaux est bien essentiel pour amorcer une réduction des émissions de gaz à effet de serre grâce à la mise en place de mesures d'adaptation à un risque d'un genre nouveau. "Le plan d'action climat, qui sera adopté à l'automne", devrait, estime-t-elle, être "un instrument essentiel pour accompagner le processus de mutation de notre société vers une société plus économe en énergie et en carbone". Mais il ne pourra être efficace qu'en impliquant davantage les collectivités territoriales.
Christiane Galus
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Une action pilote à Chalon-sur-Saône
Au début de l'année, l'Union européenne, l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) et WWF-France ont choisi la ville de Chalon-sur-Saône et sa région pour tenter de réduire rapidement les émissions locales de gaz à effet de serre. Il est en effet prévu de mener cette action sur une période d'un peu moins de trois ans au lieu des dix ans généralement affichés. Le but de ce programme, dénommé Privileges (projet d'initiative des villes pour la réduction des gaz à effet de serre), est de pouvoir ainsi satisfaire aux critères de diminution de ces gaz que la France et l'Europe se sont engagées à respecter en signant, en novembre 1997, les accords de Kyoto. L'expérience menée à Chalon-sur-Saône et dans sa région devrait s'achever le 31 août 2005. Ses promoteurs espèrent que les résultats seront suffisamment encourageants pour que l'expérience puisse être menée dans plus de cinquante autres collectivités.
At'chao ! |
 | | J-C, 03.07.2003 à 15:20 | 97581 |
|  |  | Prochaine éclosion à Brest de la fleur géante d'une plante de Sumatra
LE MONDE | 03.07.03
Le conservatoire botanique de Brest attend une naissance. Depuis bientôt dix ans. Il devrait être récompensé très prochainement par la floraison, pour la première fois en France, d'une plante rare, Amorphophallus titanum - le membre mou géant - qu'il abrite dans ses serres.
Ce végétal, originaire des forêts équatoriales de Sumatra (Indonésie) et qui porte aussi le nom d'Arum titanum, a été introduit en 1878 en Europe par le botaniste italien Odoardo Beccari qui en avait récolté des graines. Depuis cette date, plusieurs jardins et conservatoires botaniques étrangers ont "élevé" cette belle qui, souvent, refuse ses charmes à ses attentifs propriétaires. D'où l'émotion des botanistes de Brest qui espèrent réussir là où le Royal Botanic Gardens de Kew, au sud-ouest de Londres, a triomphé dès 1889. Depuis, d'autres fleurs se sont épanouies à Kew, la dernière au mois de mai de cette année.
ÉPHÉMÈRE SPECTACLE
Le Conservatoire botanique de Brest, créé en 1975, un des premiers au monde à consacrer son activité aux espèces en voie de disparition, espère pouvoir présenter dans les jours qui viennent cette inflorescence dont la taille peut dépasser les 2 mètres. Apportées de Francfort par Stéphane Buord, chargé de conservation, les graines de cet Amorphophallus ont été mises en terre en 1994 dans un énorme bac installé dans une serre chaude et humide. "La terre dans laquelle ce tubercule géant d'environ 40 kg est planté doit être chaude et à la température de la serre. C'est pourquoi on a préféré une plantation en bac plutôt qu'en pleine terre", explique Stéphane Buord.
Le tubercule, nourri par une feuille unique, peut atteindre les 5 mètres de hauteur. Chaque année, une nouvelle feuille remplace l'autre. L'inflorescence survient tous les dix ans. Ephémère spectacle qui s'étend sur quatre semaines, temps nécessaire pour une éclosion totale. La corolle rouge bordeaux, que les botanistes appellent spathe, se déploie totalement durant les derniers jours et enveloppe la base d'une splendide colonne jaune orangé, le spadix. Cette pièce centrale, très phallique, porte les milliers de fleurs mâles et femelles de la plante. Mais la maturité de ces fleurs ne se fait pas en même temps.
Pour que la fécondation ait lieu, il faut donc que les pieds d'Arum titanum échangent leur pollen. Ce qui dans la nature se fait grâce à des insectes que le végétal attire en fin de floraison par l'émission de parfums pestilentiels. Faute de tels intermédiaires, les botanistes de Brest devront se boucher les narines et œuvrer seuls pour assurer la descendance de leur rejeton.
Ioana Caron
At'chao ! |
 | | J-C, 02.07.2003 à 17:57 | 97465 |
|  |  | Sur les terrasses, mieux vaut arroser goutte à goutte qu'au tuyau
LE MONDE | 02.07.03
Ce ne sont pas les quelques gouttelettes qui sont tombées qui auront épanché la soif des arbres et des arbustes. Les feuilles de ceux qui ont été plantés récemment pendent tristement partout où les jardiniers les laissent livrés à eux-mêmes, dans un Paris où on ne saurait mettre autant de ces hommes de l'art à portée d'un tuyau d'arrosage que de contractuelles sur les trottoirs.
La pluie, il faut s'y faire, n'arrose que les premiers centimètres du sol.
L'été, elle s'évapore en outre très vite, transformée en vapeur dès qu'elle touche la terre chaude. Et, bien sûr, elle n'arrose pas les plantes en pot, en bac, sur les rebords de fenêtre, les balcons et les terrasses.
Et, en pot, les plantes ont des besoins en eau énormes ! Ceux qui ont la chance de jardiner en ville le savent : il n'est pas question de ne pas arroser chaque jour, et cela peut prendre du temps. Plus d'une heure pour une terrasse de 50 mètres carrés... Même si cela détend et peut faire éviter d'autres corvées...
Cette opération coûte de l'argent, pour peu que la terrasse soit grande et plantée de grands buissons persistants, voire d'arbres. Il suffit de lever la tête pour en voir en plein Paris, de ces arbres dont on se demande comment ils ont résisté aux tempêtes récentes qui ont fait tant de dégâts aux monuments. Place d'Italie, un cèdre déjà imposant et suffisamment âgé pour avoir ses branches à l'horizontale dépasse ainsi d'un toit, sorte de bonsaï géant qui doit consommer quelques dizaines de litres par jour...
Arroser au tuyau les plantations des terrasses est agréable, car on en profite pour rafraîchir l'atmosphère en arrosant aussi le sol, mais il vaut mieux investir dans un arrosage automatique qui apportera l'eau là où il le faut et se révélera moins gaspilleur de cette eau qui manque tant à d'autres, et aussi sera plus économique à l'usage. Les nouvelles centrales automatiques sont d'un réglage plus simple qu'autrefois, leur fiabilité est éprouvée et l'installation du réseau de tuyaux percés de leurs goutteurs est un jeu d'enfant. Une fois en place, l'arrosage automatique a juste besoin d'être vérifié de temps à autre afin de déboucher avec une petite aiguille les gicleurs obstrués par le calcaire. C'est fait en un tournemain, et deux fois par an, dans une ville comme Paris dont l'eau est si calcaire.
Il faut tout de même bien calculer son coup et bien répartir les goutteurs à la surface des bacs et des pots : un arbre n'a pas besoin des mêmes quantités d'eau qu'un pied de lavande ou de romarin. Gardena, société européenne leader en ce domaine, donne toutes les instructions de débit des différents goutteurs qu'elle commercialise. Ensuite, ce sera fait au jugé, en affinant le temps de "gouttage" quotidien, car le nombre de litres d'eau déposée au pied des plantes dépend du temps pendant lequel le système fonctionne. On peut aussi mesurer la quantité d'eau déversée en détournant un tube et son goutteur au-dessus d'une bouteille vide.
TROUVER LA BONNE DOSE
La centrale permet un ou plusieurs arrosages par vingt-quatre heures et il est possible, évidemment, de régler la durée de chacun d'eux. Toujours préférer les arrosages nocturnes, qui évitent qu'une grande partie de l'eau ne s'évapore tout de suite et, s'il devait tomber un peu d'eau excédentaire par les drains de la terrasse dans la rue, elle aurait moins de chances d'arroser les passants qui sont en droit d'être un peu agacés par ces jardiniers des villes qui, en plein après-midi, ne prenant aucune précaution, déversent des arrosoirs dans les jardinières et les pots de fleurs qui ornent leurs fenêtres.
On joue moins sur le débit de chaque goutteur que l'on ne les multiplie en fonction de la taille de la plante à arroser. Globalement, il faut en compter un par carré de 30 cm de côté dans les grands bacs des terrasses, un tous les 20 cm dans une jardinière, en commençant par une des extrémités. Ce qui en fait trois pour une jardinière de 40 cm de longueur. Dans les bacs carrés, on en mettra trois par bac de 50 cm × 50 cm, répartis autour de la souche de l'arbuste, pas trop près d'elle, pas trop près non plus du bord du bac, entre les deux, de façon qu'ils mouillent bien la totalité de la terre contenue dans le pot.
Tout cela paraît un peu compliqué, mais ne l'est guère en réalité. Ce qu'il faut, c'est que les plantes ne subissent pas d'à-coups, que la terre ne sèche pas, qu'elle ne soit pas non plus trempée en permanence. Qu'elle soit juste humide et que, chaque soir, avant que le goutte-à-goutte ne reprenne, elle soit sèche sur le premier centimètre. Pas assez d'eau tue les plantes très vite, mais certaines résistent aux mauvais traitements et reverdissent dès qu'elles sont arrosées. Trop d'eau les tue moins vite, mais plus certainement encore, par pourriture des racines.
Les jeunes jardiniers arrosent trop ou pas assez. Il est rare qu'ils trouvent la bonne dose tout de suite. Globalement, ils arrosent trop..., tandis que ceux que les plantes n'intéressent pas n'arrosent pas du tout ! Un petit rappel, il ne doit jamais stagner d'eau dans la soucoupe qui est sous un pot entre deux arrosages. Qu'elle soit pleine le matin après l'arrosage n'est pas grave du tout... si elle est vide le soir et si elle n'a pas débordé, auquel cas il y aurait eu trop d'eau distribuée. Il faut régler un peu à tâtons afin de pouvoir partir tranquillement au loin pendant un week-end ou plusieurs semaines.
Alain Lompech
At'chao ! |
 | |  |  | L'urinothérapie conquiert l'Allemagne
16 avril 1998 - Un congrès mondial sur l'urinothérapie aura lieu à Gersfeld, en Allemagne, du 3 au 6 septembre prochain, au moment où les Allemands commencent à s'enticher sérieusement de la méthode.
En effet, plus de 700 000 copies du livre The Golden Fountain, de Coen Van Der Kroon, ont été vendues depuis 1993 dans ce seul pays. Le livre en question, qui devrait être publié en français par les Éditions Jouvence en septembre prochain, est une synthèse des travaux en cours sur le sujet et fait un certain nombre de recommandations à l'usage des gens qui voudraient essayer ce qu'ils n'ont encore jamais osé. L'auteur a d'ailleurs créé un site Internet, The Urine Therapy Homepage, où on peut trouver une présentation des applications de la thérapeutique.
Appliquée sur la peau, l'urine serait un excellent remède contre les problèmes dermatologiques; bue, elle permettrait de stimuler le système immunitaire. La méthode, encore souvent ridiculisée en Occident, jouit pourtant d'une certaine réputation dans des pays comme l'Inde, où un ancien premier ministre a avoué sans réticences, il y a quelques années, qu'il buvait régulièrement son urine pour se maintenir en santé, ce qui expliquait, selon lui, l'âge avancé où il était parvenu.
Le premier congrès mondial sur l'urinothérapie a eu lieu à Goa (Inde) en 1996, et avait attiré environ 500 personnes du monde entier. Les organisateurs de ce deuxième congrès international attendent environ 400 spécialistes et thérapeutes pour les trois premiers jours. La quatrième journée sera ouverte au public et on y attend plus de 1000 visiteurs.
PROTEUS, d'après une nouvelle de Psychologies, mars 1998
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 | | J-C, 11.06.2003 à 18:28 | 94853 |
|  |  | je veux bien poster mes messages sur un autre sujet plus approprié, il suffit de m'indiquer lequel. et puis, as-tu au moins lu le message ?
At'chao ! |
 | |  |  | | On doit quand même rendre hommage à J-C : sans lui, ce sujet, qui fut l'un des tout premiers du forum, serait mort et enterré depuis longtemps. |
 | | J-C, 11.06.2003 à 18:05 | 94846 |
|  |  | Paris pas à pas
LE MONDE | 11.06.03
Randonnée dans la capitale en suivant les balises rouge et jaune du GR3, de la porte Maillot à la porte Dorée.
Le départ est fixé porte Maillot, au pied du Palais des congrès. Pour atteindre le terre-plein central, il faut obligatoirement emprunter un passage souterrain, sous peine d'être écrasé par les as du volant qui confondent cette sortie de Paris avec un anneau de vitesse. D'ailleurs, la première chose qui tombe sous les yeux du promeneur est un amas de tôles froissées.
Cet hommage au maréchal Koenig, sous forme de carambolage automobile serait-il l'œuvre d'Emile Levassor ? On aperçoit, à quelques mètres de là, ce pionnier du moteur à pétrole, figé dans le marbre, en train de torturer un changement de vitesse.
Le piéton que nous sommes est moins pressé. Il s'agit de suivre les balises rouge et jaune du GR3, le "sentier" qui traverse Paris d'ouest en est en empruntant ses "sommets" les plus élevés : Montmartre, les Buttes-Chaumont, Belleville, le Père-Lachaise...
L'avantage de suivre aveuglément un tel guide, c'est d'ignorer la ligne droite comme les chemins trop connus. C'est ainsi que, pour se rendre à l'Etoile, l'ancienne montagne du Roule, plutôt que de remonter l'avenue de la Grande-Armée, on longe les paisibles rues Weber et Piccini. Cela permet de découvrir une série d'hôtels particuliers, discrètement cossus. Au coin de l'avenue Foch, le défunt palais Rose de Boni de Castellane a, hélas ! cédé la place à une sorte de pyramide aztèque loupée.
DÉJÀ UN AUTRE MONDE
En ce milieu de matinée, l'activité du plus célèbre carrefour de Paris est encore ralentie. A dix heures du matin, les bistrots proches de l'Arc de triomphe marquent une pause : les cafés crème et les petits noirs ont déjà été avalés par les employés des bureaux environnants ; les touristes assoiffés sont encore rares.
Quelques "indigènes" de ces confins du 8e arrondissement font leurs courses. Les Champs-Elysées sont sans doute le seul quartier de Paris où, dans une pharmacie, on a une chance de voir une dame d'un certain âge, en manteau de fourrure, accompagnée d'un jeune homme vêtu de cuir, tenter de faire l'emplette d'une brosse à dents pour chien. Le bas de l'avenue Hoche est déjà un autre monde. Derrière les grilles dorées du parc Monceau, le premier et le troisième âges circulent en petites voitures.
A Paris, les transitions sont parfois insensibles, souvent brutales, surtout quand on passe derrière le décor des grandes avenues haussmanniennes. Sur la place du Général-Catroux, les Dumas père et fils dialoguent par statues interposées devant un édifice néogothique, succursale flamboyante de la Banque de France. Après la profonde tranchée des voies ferrées qui conduisent à Saint-Lazare, le petit parc des Batignolles est un chef-d'œuvre de Louis Alphand, l'homologue d'Haussmann, côté jardins.
Tout le 17e arrondissement respire le Second Empire. Même l'église Sainte-Marie, pourtant construite sous la Restauration, à l'époque où les Batignolles étaient encore un village aux portes de Paris. Même l'école élémentaire de la rue Truffaut, avec sa façade de mosaïques brisées, bel exemple de l'architecture des années 1930. Même la paisible rue de Bizerte, où habitait le philosophe Gilles Deleuze. Au bout de celle des Dames, le calme bourgeois tourne court.
Au pied d'un hôtel, une petite brune arpente le trottoir, les vitrines où s'affichent les sous-vêtements de charme se multiplient : c'est bientôt le tumulte de l'avenue de Clichy, ses boutiques de fringues et ses restaurants à bon marché.
Encore une fois, le GR3 emprunte les coulisses. Il se faufile, derrière la place Clichy, à travers les passages qui conduisent au cimetière Montmartre, no man's land de verdure et de pierres taillées. Du pont métallique qui le surplombe, on aperçoit la tombe de Sacha Guitry. Sous les arbres repose une bonne partie du Gotha du XIXe siècle. Un inconnu qui répond au beau nom d'Ifla Osiris a fait placer sur sa tombe la reproduction grandeur nature du Moïse de Michel-Ange, " le premier législateur".
Le fil rouge et jaune que nous suivons escalade les pentes de la butte Montmartre (130 mètres d'altitude) en essayant d'éviter les cohortes touristiques. Il y parvient à peu près en empruntant des ruelles discrètes et des escaliers abrupts.
On découvre ainsi une multitude de petits jardins et de charmantes maisonnettes villageoises dont le moindre mètre carré vaut aujourd'hui de l'or. Ce n'est qu'en arrivant en vue de la place du Tertre que l'on tombe sur les bataillons redoutés, assiégeant les mille boutiques de souvenirs. Avant de prendre ses jambes à son cou, un double coup d'œil s'impose : à l'intérieur de la basilique trop décriée, et sur le grand panorama parisien qui se déroule à l'horizon.
Pour atteindre Barbès, il suffit de se laisser couler par la rue du Chevalier-de-la-Barre. Rue Ramey, les poulbots montmartrois ne sont déjà plus qu'un souvenir. Les enseignes des restaurants vantent les grandes villes d'Afrique, de Tunis à Dakar.
ANCIENNE DÉCHARGE PUBLIQUE
Rue Myrha, derrière des vitrines poussiéreuses, on distingue des silhouettes installées devant des batteries de machines à coudre. Rue des Poissonniers, des monceaux de chaussures sont proposées dans un théâtre qui a gardé ses balcons et même son rideau de scène. Après la Goutte d'Or et l'église Saint-Bernard, connue de tout Paris depuis la lutte des sans-papiers, on repasse encore une fois derrière le décor en franchissant les voies ferrées qui conduisent aux gares du Nord et de l'Est.
Le quartier est à la fois sinistre (le bar de l'Espérance avec sa façade décrépie) et superbe (les trains qui filent en contrebas). Rue du Département, au n° 26, on croise un temple hindouiste, voué, indique un panneau, à Mathumariaman. Le poète Léon-Paul Fargue, le piéton de Paris, a vanté la beauté convulsive de ce faubourg.
Les abords de la place de Stalingrad sont en travaux. La population est en train de changer. Le parvis de la Rotonde de La Villette - la plus belle barrière de Ledoux - est occupé par le cirque Paradi (sans s). Une péniche du temps de L'Atalante manœuvre pour passer l'écluse du canal de La Villette. Mais sur le bassin se reflète la façade du cinéma MK2, glissé sous l'auvent métallique d'un ancien entrepôt. Tandis que lui répond, de l'autre côté de l'eau, le miroir lisse et ventru d'un immeuble high-tech.
On ne décrit pas les Buttes-Chaumont, le plus beau parc de Paris, son balcon verdoyant qui culmine à 99 mètres d'altitude. Louis Alphand a su jouer habilement avec les différents niveaux de cette ancienne décharge publique. Belleville est encore plus haut. Le chemin balisé évite habilement les tours qui ont ravagé le quartier pour privilégier ce qui reste du vieux village faubourien.
En allant vers Ménilmontant, on zigzague donc à travers les ruelles pentues et les passages en escaliers pour se donner le sentiment de rester dans un Paris qui n'a pas changé depuis Edith Piaf. L'illusion est parfaite. D'anciens ateliers industriels sont reconvertis en logements ou en espaces associatifs. Une locomotive à vapeur pourrait presque emprunter la voie ferrée de la petite ceinture.
Le passage Plantin est digne de figurer dans un film de Marcel Carné. La cité ouvrière Lebaudy, rue d'Annam, a été modernisée sans que ses façades de brique ne perdent de leur élégance. Sous la voûte de l'entrée, on peut voir, derrière une porte vitrée, une cuisine d'époque (1913), et mesurer le confort de base proposé aux prolétaires méritants.
Sur la place Martin-Nadaud, au coin du Père-Lachaise, une crèche a conservé sa façade de faux bois et de vrai ciment. Passé le délicieux cimetière de Charonne, une halte s'impose sur la place provinciale de l'église Saint-Germain. Après le cours de Vincennes, la petite ceinture retrouvée permet de circuler une dernière fois hors du temps. Dans le sentier des Merisiers surgit, derrière un mur, une maison normande à colombage. La porte de Montempoivre signale le terminus de la randonnée. C'est au pas de gymnastique que l'on franchit la Coulée verte venue de la Bastille. L'avenue Daumesnil s'annonce par sa rumeur automobile. Retour dans le Paris du XXIe siècle.
Emmanuel de Roux
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Les jolies voltes de la petite ceinture
Inconnue de la plupart des Parisiens, la petite ceinture est une voie ferrée fantomatique. Elle avait pour but de faire communiquer les grandes gares parisiennes entre elles. Bouclée en 1862, à l'abri des fortifications aujourd'hui détruites, elle fut progressivement détrônée par le métro. Le dernier train a roulé ici en 1934. Depuis cette date, la ligne est en sommeil. Une végétation sauvage pousse le long de ses talus. En dépit des grillages qui la protègent, une humanité discrète hante ses parapets envahis par les tags. A partir des Buttes-Chaumont, nous ne cesserons de la croiser, de la longer, de l'enjamber. Souvent elle s'éclipse dans un tunnel pour ressurgir en contrebas, entre deux talus. Parfois elle surplombe une rue paisible adossée à cette muraille oubliée (rue Gambon, villa du Bel-Air). Ses anciennes gares n'ont pas toutes disparu. De celle de Ménilmontant, il ne reste qu'une passerelle romantique. D'autres ont été totalement transformées, comme celle de Charonne, mais on reconnaît encore leur architecture caractéristique.
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 | | J-C, 06.06.2003 à 16:59 | 94226 |
|  |  | Didier Wampas, un succès alternatif
LE MONDE | 06.06.03
Après s'être contenté pendant vingt ans du respect de ses pairs, le leader des Wampas, groupe resté fidèle au credo punk, signe un tube avec la chanson acide "Manu Chao".
Le clip de Manu Chao est un petit bijou. Pas celui de l'ancien leader de Mano Negra, mais la vidéo du nouveau single des Wampas, baptisé du nom du chanteur zapatiste. Sur la scène d'un cabaret parisien, le quintette, plus vrai que nature en punks décatis et costumes lamés, s'acharne sur le refrain : "Si j'avais le portefeuille de Manu Chao/ Je partirais en vacances au moins jusqu'au Congo/ Si j'avais le compte en banque de Louise Attaque/ Je partirais en vacances au moins jusqu'à Pâques." Dans la salle, une pléiade de célébrités paradent sans prêter attention au groupe. Deux Noir Désir signent des autographes à Jack Lang, les Louise Attaque sirotent des coupes de champagne, des animateurs de Canal flambent des liasses de billets, Herbert Léonard caresse un disque d'or, Gilbert Montagnier filme à l'envers, Dick Rivers échange des lunettes de soleil avec Bruno Solo.
"Tous ont participé bénévolement, s'étonne Didier Chappedelaine, alias Didier Wampas. Dave demandait 10 000 € , il n'est pas venu." Ironie ou morale de l'histoire, cet hymne aux galériens du rock ouvre pour la première fois, en vingt ans, la porte des FM et de l'Olympia à ces survivants du mouvement alternatif français, qui se contentaient jusque-là d'un noyau de fans et du respect de leurs pairs. En mai 1994, Manu Chao déclarait aux Inrockuptibles : " Les Wampas vous aiment est le plus beau disque de rock français sorti depuis quinze ans."
Aux dernières nouvelles, le tube aurait jeté un froid. La chanson est tirée du neuvième album de ce groupe parisien, Never Trust a Guy Who After Having Been a Punk Is Now Playing Electro ("Ne faites jamais confiance à un type qui, après avoir été punk, joue maintenant de l'électro"). Si on ajoute à ce manifeste le texte de Liste de droite ("J'ai vu ton nom/ Sur la liste de droite/ Aux élections/ A la troisième place/ J'ai cru rêver et j'ai pleuré") contant l'histoire vraie d'une ex-punkette devenue conseillère municipale UMP, on pouvait se demander si l'amertume n'avait pas bouffé les Wampas (un nom tiré d'un épisode de la bande dessinée Rahan).
"Nous n'avons jamais eu de plan de carrière, rassure Didier Wampas. Ado, les disques que j'aimais se vendaient à dix exemplaires. Je suis resté fidèle à ce credo punk. Former un groupe, enregistrer un premier 45-tours ont suffi à satisfaire mon besoin de reconnaissance." On a envie de croire ce frêle tatoué (un tigre et une Betty Boop sur le bras droit). Ses obligations promotionnelles, il les aménage pendant la pause déjeuner de son vrai métier : la haute tension. Pas celle des guitares électriques, mais des câbles que ce technicien de la RATP installe. "Je plains ceux pour qui la musique est un boulot. Comment rester frais quand tu joues tous les soirs ? La scène comme le studio restent quelque chose de magique et je continue de ne pas y comprendre grand- chose."
Cet esprit innocent est l'essence même d'un groupe qui, de Tutti frutti, son premier album en 1986, à Never Trust..., en passant par Simple et tendre, Trop précieux ou Chauds, sales et humides, n'a jamais cherché autre chose que de brailler des odes d'une candeur surréaliste. En concert, cette absence de cynisme peut aller jusqu'à l'épilepsie. Barbouillé de peinture, déguisé d'atours offerts par le public ou en costume d'Adam jouant les Tarzan, Didier le poids plume voltige dans la foule et s'égosille jusqu'à l'extase.
"La scène, c'est dur, tempère le chanteur. Dans la vie, je suis quelqu'un d'introverti. Mais une fois sur les planches, les timides n'ont pas d'autre choix que d'y aller à fond. Je suis lessivé au bout du deuxième morceau, mais c'est au-delà de cette limite que les choses se passent". Sur disque, la voix de Didier Wampas s'évade souvent loin de la justesse. Sur scène, son timbre d'enfant punk étranglé se défoule dans le déraillement. Jusqu'à faire de lui la quintessence du militant rock ? "Depuis dix ans, je n'écoute pratiquement que de la musique classique. Mais je joue toujours de ces trois accords avec le même plaisir, sans me poser de question. Je veux passer aux gens tout ce que cette musique m'a apporté. Le rock m'a quand même sauvé la vie."
LE DÉBUT DU PUNK
Au début des années 1980, le jeune homme s'échappe de la grisaille de Villeneuve-la-Garenne. Trop seul dans son HLM, le fan des Clash file humer l'air d'une bohème parisienne. Avec cinq ans de retard sur l'Angleterre, la France s'invente son mouvement punk dans les squats de la rue des Panoyaux et de la rue des Cascades. En quête d'une autre voie, les futurs Bérurier Noir, Ludwig Von 88 et autres Garçons Bouchers constituent ce qui s'appellera bientôt le mouvement rock alternatif. "Notre force était de tous se connaître. La plupart venaient de banlieue, n'avaient pas d'endroit pour répéter, faire des concerts, enregistrer et publier des disques. Certains, comme les Bérus et leur label, Bondage, revendiquaient une éthique politique, la plupart n'y croyaient pas vraiment."
Les querelles de clocher auront raison de cette effervescence. A quelques exceptions près, Mano Negra ou Négresses Vertes, la plupart de ces groupes disparaîtront sans laisser de trace. Malgré le suicide, en 1991, de leur guitariste Marc Police, les Wampas s'entêteront.
"J'ai pris ma première claque musicale en 1975 en écoutant une rétrospective sur le mouvement yéyé à la radio. Par rapport à ce qu'écoutaient mes parents - Brel, Brassens -, c'était un fantastique bol d'air. J'aurais aimé vivre à cette époque. Quand le punk est arrivé, je me suis dit : on y est ! Le concept des Wampas était de marier cette fraîcheur avec cette énergie."
La quarantaine passée, le fou chantant des Wampas voit bien son enthousiasme flirter avec la longévité d'une autre de ses idoles, Charles Trenet. "Je l'ai découvert au milieu des années 1980. Son univers, sa poésie correspondaient exactement à ce que j'aimais. Au point que je n'ai pas pu écrire une chanson pendant des mois."
Après avoir survécu aux vaches maigres, les Wampas résisteront-ils au succès ? "On a tenu vingt ans sans vendre de disques, on devrait tenir six mois en en vendant."
Stéphane Davet
At'chao ! |
 | | J-C, 04.06.2003 à 14:38 | 93908 |
|  |  | Un couple d'oiseaux est parfois plus efficace qu'un coup de pulvérisateur
LE MONDE | 04.06.03
Une semaine, rien qu'une semaine, et la surprise de voir les fenêtres bien fleuries, de voir les orchidées dont les pousses florifères sont bien développées, prêtes, elles aussi, à épanouir leur généreuse floraison que l'on attend avec une certaine impatience. Les tiges qui ont surgi de l'aisselle des grosses feuilles épaisses sont vigoureuses et pleines de boutons gonflés prêts à s'ouvrir. Evidemment, on a mélangé les pots, et on ne se sait plus quel pied donne des fleurs blanches, quel autre est violet, quel autre est strié de mauve.
C'est ainsi. Quand on a le nez dessus, on ne voit pas les plantes pousser. Que l'on s'en éloigne quelques jours et l'on voit de grands changements.
Encore que certaines d'entre elles poussent à vue d'œil, ou quasi. Les bambous géants, par exemple, qui doivent, en une année, voir leurs nouvelles cannes atteindre leur taille maximale, et quand on sait que certains font plus de 20 mètres de hauteur ! Les bananiers, dont les feuilles ne mettent que quelques jours à surgir et se déployer complètement avant d'être déchiquetées par le vent.
Et que dire du modeste haricot qui surgit de terre de façon si vive qu'il est possible de le voir se déployer. Tous les enfants des écoles, autrefois, en ont fait germer dans du coton hydrophile imbibé d'eau. Fait-on encore cela en leçon de choses ? Les leçons de choses existent-elles seulement encore ?
Un souvenir d'enfance, une corneille recueillie alors qu'elle était tombée du nid. Elevée à la main, elle choisissait ceux de la maison qu'elle aimait. Les autres n'avaient droit qu'à des coups de bec. Elle réservait ses gentillesses à ses amis. Quand elle le voulait ! Un adorable chameau qui n'avait pas son pareil pour guetter les cotylédons des haricots soulevant la terre à la conquête de la lumière ; d'un coup de bec bien placé, elle les arrachait net en remontant le rang, comme elle le faisait du reste des poireaux et des salades à peine repiquées, ce qui occasionnait de belles bagarres contre la récalcitrante qui s'envolait pour se percher bien haut hors d'atteinte, prêtre à fondre à nouveau sur le jardin.
TOURTERELLES TURQUES
Attrapée le soir quand elle venait boulotter dans la gamelle du chien - qu'elle savait tenir à distance quand elle le voulait, tout en sachant s'assoupir entre ses pattes quand il dormait écrasé par la chaleur sur la terrasse -, elle passait quelques jours à l'ombre, le temps que les premières feuilles des haricots soit développées, que les poireaux et les salades soient enracinés.
Restait alors à se battre contre les tourterelles turques, ces belles envahisseuses quasi inconnues en Europe occidentale il y a une quarantaine d'années et qui s'y sont si bien acclimatées qu'elles font partie aujourd'hui du décor des villes comme des campagnes. Les bourriques s'en prennent aux petits pois qu'elles picorent quand ils sortent de terre, mangent leur feuillage tendre et leur bourgeon central, celui par lequel cette plante se développe si vite.
Si tous les jardiniers n'ont pas une corneille ou un freux apprivoisé, nombreux sont ceux qui ont des tourterelles pas bien loin et doivent faire avec. Car il ne saurait être question de les tuer. Le mieux est encore de leur donner si régulièrement à manger loin du jardin qu'elles le délaissent pour faire bombance là où on le veut. Ce n'est pas bien de nourrir les oiseaux sauvages en dehors des périodes de l'année où ils souffrent du froid, mais mieux vaut les nourrir que les tuer.
Et tant pis si le nombre de tourterelles augmente... avec celui des éperviers, du reste, qui prélèvent leur dîme comme les pies qui, dans certaines régions, sont devenues des engeances qui font des ravages dans les basses-cours en attrapant les poussins au piqué pour nourrir leurs nichées. Les buses manquent, qui pourraient contenir les populations de pies. Aussi, on ferme les yeux quand un voisin prend son fusil pour détruire les nids si haut perchés dans les peupliers qu'il est impossible de faire autrement que de tuer ce splendide oiseau si l'on veut voir ses nichées aller au bout.
Le jardinier n'est pas contraint d'en arriver là, car les pies laissent son jardin tranquille... encore qu'il nous est arrivé d'en guetter une qui avait repéré un nid de merle et voulait à tout prix attraper ces petits. Rien n'y a fait, bombardée de gravillons, arrosée au jet, elle revenait tout le temps. Elle a réussi son forfait. Il aurait fallu se lever aux aurores pour protéger le nid et passer la journée devant, car rien ne peut éloigner longtemps une corneille qui a repéré un nid.
On en a vu une, perchée sur une boîte aux lettres, attendre que les jeunes mésanges sortent pour les attraper quand bien même les parents l'attaquaient en piqué avec la pugnacité que les animaux mettent à protéger leur progéniture. Ce sont les petits drames du jardin. Cette pie fut dégommée par ce voisin qui veillait sur sa nichée de mésanges comme sur la prunelle de ses yeux. Ce faisant, les petits du corvidé sont morts de faim, à moins que le parent survivant ait assuré seul l'élevage des petits, ce qui n'est pas impossible.
Tandis que le nombre d'insectes nuisibles du jardin avait diminué car un couple de mésanges est plus efficace qu'un coup de pulvérisateur pour contenir les parasi-tes du jardin. Raison pour laquelle il faut, peut-être, enfreindre les règles et continuer de donner à boire aux oiseaux dans le jardin pendant la bonne saison, de façon à les maintenir sur place.
Alain Lompech
At'chao ! |
 | |  |  | | La bromadiolone... c'est avec cette saloperie que je me suis debarasse de mon rat. Je suis un monstre ;o( |
 | | J-C, 03.06.2003 à 18:51 | 93799 |
|  |  | Devenu nuisible, le ragondin mérite-t-il l'empoisonnement ?
LE MONDE | 02.06.03
"Au siècle dernier, un naturaliste à qui aurait été demandé de citer des points communs entre le ragondin (Myocastor coypus) et le campagnol terrestre (Arvicola terrestris) aurait sans doute été surpris par la question. Il aurait répondu qu'il s'agit d'animaux appartenant à l'ordre des rongeurs, qui ont pour point commun de creuser des terriers et d'apprécier le milieu aquatique. La même question posée en ce début du XXIe siècle amènerait une réponse invariable : le principal point commun entre ces deux espèces est le poison utilisé pour les détruire."
En quelques phrases, Philippe Barbedienne, directeur de la Fédération des sociétés pour l'étude, la protection et l'aménagement de la nature dans le Sud-Ouest (Sepanso), résumait ainsi la problématique posée par ces deux ravageurs. C'était en 2001. Un an plus tard, en mai 2002, le poison en question, la bromadiolone, voyait son usage interdit par le ministère de l'environnement en raison de son incidence sur la faune sauvage. Un an encore, et le voici à nouveau en passe d'être autorisé - dès que sera pris l'arrêté préparé actuellement par les trois ministères concernés (agriculture, santé, écologie). Un recours destiné à n'être utilisé "qu'en cas de stricte nécessité" et de manière "très encadrée", affirme-t-on au ministère de l'écologie.
Les dégâts causés aux cultures de fourrage par les campagnols sont connus : en période de pullulation, leur coût peut atteindre 230 euros à 300 euros par hectare. Quant aux moyens de lutte contre les invasions de ce petit rongeur, dont le poids adulte n'excède pas 100 grammes, ils alimentent depuis des années le débat entre écologistes, scientifiques et agriculteurs.
L'empoisonnement par épandage d'appâts imprégnés de bromadiolone - un anticoagulant entraînant la mort par hémorragie interne - n'a toutefois jamais cessé, puisque le sort de ce ravageur de cultures, ni "gibier" ni "nuisible", relève du seul ministère de l'agriculture.
JUSQU'À 8 KG
Si le cas du ragondin est moins spectaculaire, tant par ses effectifs que par les dégâts qu'il occasionne, son statut de "nuisible" n'en est pas moins fermement établi. Et les moyens mis en œuvre pour réduire son influence, qu'ils soient chimiques ou mécaniques, n'ont rien à voir avec ceux qu'il connaît sur son continent d'origine : en Amérique du Sud, sa terre natale, le ragondin ne craint guère que le caïman et le jaguar.
Comme le cobaye, ce mammifère à queue de rat appartient au groupe des caviomorphes, où il voisine avec quelque 200 espèces de rongeurs de bonne taille. Avec ses 4 à 8 kg, Myocastor coypus n'est pas le plus gros, et de loin. Mais il est l'un des plus amphibies ! Oreilles, yeux et narines placés sur le dessus de la tête, pattes postérieures palmées, fourrure brune doublée d'une bourre serrée et imperméable, les preuves de son adaptation au milieu aquatique sont multiples. La plus originale s'observe chez la femelle : quatre de ses cinq paires de mamelles sont placées haut sur les flancs, afin qu'elle puisse allaiter ses petits dans l'eau.
Introduit en Europe à la fin du XIXe siècle pour la pelleterie, le ragondin ne fit guère parler de lui jusqu'à ce que la demande en fourrure, dans les années 1930, commence à baisser. On découvrit alors que ce rongeur végétarien pouvait se rendre utile en faucardant les étangs, et de nombreux lâchers furent effectués.
L'animal ne se le fit pas dire deux fois : en quelques décennies, il envahit progressivement les cours d'eau et les marais européens. Il en fut de même sur tous les continents, à l'exception de l'Australie et de l'Antarctique, où il ne fut jamais introduit.
A partir des années 1970, le ragondin connaît en France une explosion démographique. Pour l'homme, qui l'a introduit, les ennuis commencent. Se nourrissant de graminées poussant au bord de l'eau, de racines et de diverses plantes aquatiques, le ragondin est aujourd'hui accusé (à juste titre) de détruire les frayères, de s'attaquer en périodes de crues aux cultures éloignées des berges et aux plantations d'arbres (il peut détruire des centaines de peupliers en quelques jours), d'endommager les digues et les ouvrages hydrauliques en creusant ses terriers et, enfin, de constituer un réservoir secondaire pour la douve du foie, une maladie des bovins. L'espèce, à l'évidence, est bien devenue "nuisible".
LUTTES ALTERNATIVES
Est-ce une raison pour recourir à nouveau aux poisons, dont tous s'accordent à reconnaître les méfaits pour la faune sauvage ? "Les analyses effectuées sur 42 foies de visons d'Europe et de loutres -espèces menacées de disparition-, retrouvés morts dans leur milieu naturel, ont montré que 10 % de ces animaux avaient été intoxiqués par la bromadiolone ou la chlorophacinone, employées pour réguler chimiquement ragondins et rats musqués", dénonce la Société française pour l'étude et la protection des mammifères (SFEPM).
Conscient du problème, le ministère de l'écologie affirme "vouloir promouvoir en priorité les formes de lutte alternatives, notamment la régulation du ragondin par piège-cage". Mais l'arrêté interministériel, arbitré par Matignon, sera bel et bien pris. Compte tenu des effectifs de l'espèce et de leur répartition, ce n'est pas demain que la France se débarrassera sans poison de ses ragondins, comme s'y est employée avec succès la Grande-Bretagne, dans les années 1980, grâce à une campagne de lutte systématique fondée sur des pièges-cages et excluant le recours aux produits chimiques.
Catherine Vincent
At'chao ! |
 | |  |  | C'est marrant, vendredi c'est un examen "d'environnement" et en conclusion faudra que je dise que les E.U. sont hypocrites pour ce sujet ( c'est pas une grande decouverte ). Mais il faut aussi dire que le journal "Le Monde" est en plus hypocrite et qu'il leche les bottes des EU.
Cherchez pas un lien logique, on cherche tjs.
C'est un delire de notre prof. Il fait du developpement durable et la guerre en Irak a ete declenché par les EU juste pour faire diversion. Et oui l'action de mon prof gene les EU et le "Monde".
Voila voila, et dire que ce prof va corriger nos copies. Autant ca detend de rapporter ses delires, autant ca inquiete aussi... |
 | | J-C, 02.06.2003 à 16:03 | 93587 |
|  |  | Polémique aux Etats-Unis sur la présence d'armes de destruction massive en Irak
LE MONDE | 02.06.03
Certains craignent une manipulation politique
New york de notre correspondant
Il existe un sentiment d'urgence à Washington : la polémique enfle à propos des renseignements attestant de la présence d'armes de destruction massive en Irak, la principale raison avancée par l'administration américaine pour justifier la guerre. Les doutes sur leur véracité ne proviennent pas seulement de l'opposition démocrate, mais du sein même des services de renseignement et de l'armée.
Trois plaintes internes ont été déposées par des agents auprès du médiateur de la CIA au sujet de "la politisation" des informations sur l'Irak. "Je suis très fier du travail de nos analystes. L'intégrité de nos procédures a été maintenue de bout en bout, toute suggestion du contraire est tout simplement fausse", affirme en réponse George Tenet, le directeur de la CIA qui a décidé, fait inhabituel, de s'exprimer publiquement sur ce sujet.
Jeudi 29 mai, un "mémorandum" adressé au président Bush est apparu sur plusieurs sites Internet. Il a été rédigé par Veteran Intelligence Professionals for Sanity – un groupe anonyme d'anciens experts de la CIA et du département d'Etat. Ceux-ci affirment qu'il existe "un manque de confiance grandissant" dans la communauté du renseignement au sujet " des informations citées par vous et vos conseillers pour justifier la guerre".
Le groupe souligne que six semaines de recherche sans succès d'armes de destruction massive montrent que "soit ces armes ne sont tout simplement pas là, soit elles ne sont pas en quantité suffisante pour justifier les affirmations répétées selon lesquelles l'Irak posait une grande menace pour la sécurité de notre pays". Il demande au président d'autoriser le retour des inspecteurs des Nations unies en Irak. "Si les Etats-Unis ne font pas de découvertes incontestables d'armes interdites, l'échec alimentera les critiques déjà très répandues à l'étranger sur les raisons du conflit", écrivent-ils en ajoutant que des renseignements, dans le passé, ont "déjà été faussés pour des raisons politiques mais jamais d'une façon aussi systématique pour tromper nos représentants élus afin d'autoriser une guerre".
"CE N'EST PAS FAUTE D'ESSAYER"
Certains militaires font, aussi, part de leurs doutes. Le général James Conway, commandant du premier corps des marines, a fait état de sa surprise de n'avoir trouvé aucune arme chimique. S'adressant à des journalistes par téléconférence, l'officier a affirmé "penser sincèrement" d'après les renseignements reçus que des armes chimiques avaient été distribuées aux unités de la Garde républicaine. "Pendant des jours, nous n'avons pas dormi sans avoir un masque à gaz à portée de la main. Cela a été une surprise pour moi alors, et cela l'est toujours, de ne pas avoir trouvé de telles armes. Croyez-moi, ce n'est pas faute d'essayer. Nous avons cherché dans virtuellement chaque dépôt de munition, de la frontière koweïtienne à Bagdad."
Dans un article paru il y a deux semaines dans le magazine New Yorker, le journaliste Seymour Hersh dénonce le rôle joué dans cette affaire par une officine de renseignement au sein du Pentagone, le Bureau des plans spéciaux ("Office of Special Plans" ou OSP).
Créé après les attentats du 11 septembre 2001 par le numéro deux du département de la défense, Paul Wolfowitz, l'OSP a pour mission d'analyser le matériel apporté par la CIA et les renseignements militaires, d'établir des synthèses, et de les apporter au gouvernement. Travaillant à partir des témoignages d'exilés proches du Congrès national irakien et de son président Ahmed Chalabi, l'OSP aurait, selon le New Yorker, gonflé la menace des armes de destruction massive irakiennes et les liens entre Saddam Hussein et Al-Qaida.
Interrogé en Europe à ce sujet, Colin Powell a demandé d'attendre que le Congrès et la CIA apportent des réponses. Des commissions parlementaires ont ouvert des enquêtes.
Dans une lettre envoyée la semaine dernière à George Tenet, la commission du renseignement de la Chambre des représentants demande à ce que soit "réévalués" les renseignements fournis. "La commission veut s'assurer que les analyses apportées par la communauté du renseignement étaient exactes, valides et impartiales", expliquent le président républicain de la commission, Porter Goss, et la démocrate Jane Harman. "S'il apparaît que les informations étaient fausses, cela retirera beaucoup de crédibilité à l'administration", a ajouté Mme Harman.
Brent Scowcroft, le président du conseil du renseignement de la Maison Blanche, a également ouvert une enquête sur l'origine des informations à propos de la tentative de Bagdad pour obtenir de l'uranium au Niger. George Bush avait évoqué le renseignement dans un de ses discours l'an dernier.
Le Pentagone enverra à Bagdad, lundi 2 juin, une unité spéciale de 1 400 hommes pour prendre en main la recherche d'armes biologiques ou chimiques en Irak.
Eric Leser
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Un décompte d'armes qui n'a pas bougé
A l'exception de deux semi-remorques censés, selon la CIA, être des laboratoires voués à préparer des armes biochimiques autant qu'à servir à des fins médicales ou agricoles, les Américains n'ont pas découvert, à ce jour, les armes de destruction massive (ADM) qu'ils avaient énumérées devant le Conseil de sécurité de l'ONU.
En revanche, les inspecteurs en désarmement des Nations unies, sous la direction de Hans Blix, avaient notamment trouvé avant la guerre 12 têtes de roquettes équipées pour un emploi chimique ; 18 bombes R-400 à destination chimique et biologique ; des bombes à sous-munitions non déclarées à l'ONU ; des drones (avions sans pilote) non déclarés et vecteurs possibles d'ADM ; une cinquantaine de missiles sol-sol Al-Samoud, qui excédaient la portée limite des 150 km autorisés ; et des moteurs Volga, importés de Russie en violation de l'embargo des Nations unies.
At'chao ! |
 | |  |  | Tribunal correctionnel Le héros de « Taxi » jugé pour mauvaise conduite
SAMY NACERI est un excellent comédien. La star du film à succès « Taxi » est capable de présenter, en peu de temps, différents visages. L'enveloppe est d'abord avenante - complet gris anthracite et chemise bleue à la sobre élégance - lorsqu'il arrive, hier, au Palais de justice de Paris. Puis, il crache, au propre comme au figuré, son mépris au visage d'un photographe de presse. Enfin, sa voix se révèle peu assurée face à Jean-Paul Kross, le président de la 16 e chambre correctionnelle, qui le juge pour un rodéo sur le périphérique. A tel point que le magistrat s'étonne auprès de l'avocat de la défense, M e Francis Szpiner : « Vous avez transformé un lion en mouton ? » Les auxiliaires de justice feraient d'excellents comédiens. Le juge et l'avocat échangent bons mots et amabilités, une naturelle « courtoisie judiciaire », commente le second. Les répliques fusent. Lorsque Samy Naceri conclut d'un laconique « ça fait beaucoup » la litanie de ses précédentes condamnations, le président ironise : « Vous faites un concours avec Joey Starr ? »
C'est marrant, je connais Jean-paul Kross, ancien avocat, devenu magistrat, et vraiment très sympa :o)
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 | | J-C, 19.05.2003 à 14:57 | 91332 |
|  |  | Comment les Etats-Unis vont ficher tous les passagers aériens
LE MONDE | 15.05.03
Le dispositif actuel de filtrage des passagers devrait être remplacé d'ici au milieu de l'année 2004. Plus complexe, le nouveau système permettra le croisement d'informations policières ou financières pour évaluer le risque lié à chaque voyageur. Il suscite la critique aux Etats-Unis et en Europe.
Vert, jaune ou rouge. Dès le milieu de l'année 2004, tous les passagers transitant par les aéroports situés aux Etats-Unis se verront automatiquement attribuer, avant leur embarquement, l'une de ces trois couleurs indiquant le niveau de risque qu'ils présentent pour les autorités américaines. Les "codes verts" ne devraient subir aucune tracasserie particulière. Les "codes jaunes" pourraient susciter un intérêt appuyé des autorités aéroportuaires. Les "codes rouges", eux, ne pourront pas embarquer et seront appréhendés.
L'esprit de la démarche n'est pas nouveau. Encore en développement, ce système baptisé CAPPS II (Computer Assisted Passenger Pre-Screening, ou système assisté par ordinateur de contrôle préventif), devrait ainsi succéder au premier du nom (CAPPS). L'administration fédérale américaine des transports (TSA ou Transportation Security Administration), aujourd'hui intégrée au tout nouveau ministère de la sécurité intérieure, est en effet autorisée, depuis 1996 à exploiter une liste de suspects présentant "un risque de piraterie aérienne, de terrorisme ou une menace pour les compagnies ou la sécurité des passagers". Après l'avoir longtemps niée, la TSA a fini par reconnaître officiellement, en octobre 2002, l'existence d'une telle liste.
Malgré l'ajout régulier, par les services de renseignements et la police fédérale, de nouveaux noms à cette "liste noire", CAPPS est aujourd'hui jugé lourd, incomplet et inefficace. Il n'a, par exemple, pas intercepté les 19 pirates de l'air du 11 septembre. Selon l'amiral James Loy, administrateur de la TSA, CAPPS "cumule les failles et les dysfonctionnements et doit être remplacé".
Son successeur, CAPPS II, présentera un niveau de complexité bien supérieur. Il ne détectera pas seulement les personnes dont le nom figure sur une liste de suspects ou de présumés terroristes. "Ce système réduira les recherches menées au hasard, la confusion entre des personnes portant le même nom et ce que certains dénoncent comme des discriminations raciales", juge M. Loy. Actuellement, environ 15 % des voyageurs font l'objet d'un contrôle approfondi. CAPPS II devrait réduire ce taux. En effet, le système "qualifiera" chaque voyageur en contrôlant son identité et en confrontant celle-ci à diverses bases de données. Les informations détenues par les services de renseignements et le département de la justice seront ainsi croisées pour juger, de manière automatisée, de la dangerosité d'un passager. Selon un spécialiste européen du dossier, des entreprises privées spécialisées dans l'"agrégation de données" fourniront également à la TSA des informations bancaires (comptes, crédits en cours, etc.) sur les passagers américains.
ACCÈS AUX DONNÉES
Outre le développement de l'architecture informatique du dispositif, se pose le problème de l'accès aux données concernant les ressortissants non américains. Les autorités fédérales sont en pourparlers avec la Commission européenne depuis décembre 2002 pour obtenir des transporteurs aériens du Vieux Continent un accès informatique "direct et permanent"à leurs fichiers de réservations. Ces fichiers, ou PNR (Passenger Name Record), recèlent de grandes quantités d'informations sur les voyageurs dont certaines sont qualifiées de "sensibles" par les autorités européennes de protection des données.
"Au niveau mondial, environ vingt-cinq compagnies aériennes, parmi les plus importantes, fournissent aux autorités américaines leurs fichiers de réservations depuis l'an dernier", explique un expert proche de la Commission européenne. Les Etats-Unis ont repoussé l'échéance pour les compagnies européennes mais, le 5 mars, l'accès demandé aux fichiers des principaux transporteurs aériens du Vieux Continent a, en définitive, été obtenu par les douanes américaines. La déclaration conjointe - et provisoire - signée avec la Commission européenne ne permet toutefois pas le partage des données ainsi récupérées et, partant, leur exploitation dans le cadre de CAPPS II. Cette possibilité inquiète toutefois les associations.
D'autres gisements d'information intéressent les autorités américaines. Associated Press (AP) a ainsi révélé, le 13 avril, que le gouvernement américain avait récemment fait l'acquisition de banques d'informations publiques et privées - dont des fichiers de listes électorales - dans une dizaine de pays d'Amérique latine. "Potentiellement, toutes ces bases de données pourront être intégrées, progressivement, au fonctionnement de CAPPS II", estime un expert européen. La vocation du système est d'évoluer. James Loy reconnaît ainsi qu'il deviendra au fil du temps plus sophistiqué et utilisera d'autres moyens et d'autres informations - sans donner plus de précisions - pour évaluer les risques. Et son utilisation pourra être étendue à d'autres formes de transports.
Le déploiement de CAPPS II suscite, aux Etats-Unis, l'inquiétude des associations de défense des libertés. L'ACLU (American Civil Liberties Union) se préoccupe notamment du risque qu'une personne identifiée comme un "code jaune" voit son nom divulgué "à d'autres agences gouvernementales, aux Etats, aux polices locales, aux services de renseignement et aux gouvernements étrangers sans avoir pour autant commis le moindre crime ou délit". En Europe, une dizaine d'associations regroupées au sein de l'EDRI (European Digital Rights) protestent contre les transferts transatlantiques de données sur les passagers et lancent actuellement une campagne de sensibilisation sur le sujet. "Nous appelons les citoyens à saisir les autorités nationales de protection des données, explique Meryem Marzouki, responsable d'IRIS, l'une de ces associations. Des plaintes ont déjà été déposées dans au moins sept pays européens."
Stéphane Foucart et Eric Leser, à New York
At'chao ! |
 | |  |  | | moi je sais moi je sais euh! |
 | |  |  | Lu sur le net:
"J'ai breveté le nombre PI !
Propriété intellectuelle et formats numériques
La numérisation des oeuvres de l'esprit a des conséquences insoupçonnées
Les NTIC et les savoirs sur lesquelles elles reposent bousculent bien des habitudes, bien des modes de pensée anciens : voyez par exemple comment j'ai breveté le nombre PI ;-)
D'abord un peu de maths, mais n'ayez pas peur de ça : après vous allez sans doute reprendre mon argument : il est libre de droits :
Saviez-vous que PI est un "nombre univers" ? C'est à dire un nombre qui contient toute suite finie de chiffres ? C'est démontré pour PI, pour e (base du logarithme néperien), et pour quelques autres nombres seulement, car c'est assez ardu à prouver. Donc PI contient le code exact de votre photo en JPEG : ça commence à la décimales 10 puissance n quelque chose. Ailleurs, on y trouve le code source complet de Windaube XP, les oeuvres complètes de tous les écrivains passés et à venir au format word, et même le dernier tube de Noir Désir en mp3, n'en déplaise à J6M !
C'est pourquoi tout "droit" d'auteur est un verrouillage juridique "fort" du patrimoine commun de l'humanité, passée et A VENIR. Tout brevet sur un logiciel et plus largement toute protection de la propriété intellectuelle interdit potentiellement la publication future de certaines décimales de PI, qui en sont la représentation numérique exacte.
On m'objectera peut-être que je suis loin "des réalités", ou que la question évoquée est fort spéculative : faux ! ! ! Un jugement américain a précisément interdit la publication d'un nombre premier présentant certaines propriétés mathématiques intéressantes, parce qu'il est la représentation numérique du code de cryptage des DVD. La communauté scientifique s'est mobilisée en raison des dangers d'un tel jugement pour la recherche et le partage de la connaissance (source : Scientific American).
Dernière chose : je n'ai pas breveté le nombre PI, ni même aucune suite finie de ses chiffres : je suis un partisan déclaré du logiciel libre !
En défendant le logiciel libre, on défend aussi le droit des générations futures à accéder au savoir sans payer de royalties.
"
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 | |  |  | Hé les amis belges, déconnez pas, hein. C'est déjà suffisamment le bordel en France...
Le Vlaams Blok espère un succès à Anvers
LE MONDE | 17.05.03 | 13h24
Crédité d'environ 20 % des intentions de vote avant le scrutin législatif fédéral du 18 mai en Belgique, le parti d'extrême droite veut triompher dans son fief, une ville en crise
Anvers de notre envoyé spécial
"Promis, hein, tu m'envoies la photo ?" Pressé par l'un de ses encombrants supporteurs qui, sur le coup de midi, a déjà forcé sur la De Koninck (une bière locale), Filip Dewinter ne se départit pas de son sourire et met dans la poche de son impeccable costume bleu le carton sur lequel une adresse a été griffonnée. Promis, il enverra le cliché pris au comptoir du T Laar et l'assortira d'un autographe.
Dans ce bistrot, le jeune leader du Vlaams Blok (VB, extrême droite flamande) est chez lui, au cœur de "son peuple", celui auquel il entend offrir l'arrêt de l'immigration, la fin de l'insécurité et l'indépendance. S'il réalise son rêve, devenir un jour maire d'Anvers, la première ville flamande, où le Vlaams Blok draine déjà 35 % des voix, M. Dewinter ajoute qu'il commencera par faire nettoyer les rues de Borgerhout, cette commune "difficile" où son parti espère rassembler 50 % des suffrages, dimanche 18 mai, lors des élections législatives fédérales en Belgique. Un symbole, rien d'autre : le signe qu'au bout de sa dixième élection, vingt-six ans après sa création, le parti d'extrême droite continue inexorablement de progresser, notamment dans l'électorat populaire.
Entouré de deux garde du corps et de militants porteurs d'un blouson frappé du slogan "Une Flandre sûre", Filip Dewinter écoute les doléances, serre des mains. Belges uniquement. Il ne tente pas de convaincre les commerçants arabes ou turcs, les femmes voilées et les étudiants noirs qui habitent en grand nombre ce faubourg d'Anvers. D'ailleurs, aucun d'entre eux n'a le droit de vote, auquel continue de s'opposer la majorité des partis flamands.
Le chef du Blok au conseil communal d'Anvers écoute les plaintes de ceux qui, souvent âgés, racontent des histoires d'agressions, de vols, de bras d'honneur adressés par "les jeunes allochtones", de patrouilles de police que l'on appelle et qui ne viennent pas. "J'ai de la chance, j'ai pu déménager. Et ne croyez pas que je sois raciste : j'avais un Marocain dans mon équipe à la centrale nucléaire de Doel", raconte un habitant venu au marché "pour éviter qu'on agresse ma mère". A Filip Dewinter, il glisse plus discrètement qu'il en a aussi "marre" du gouvernement "antiflamand" qui gouverne le pays.
Rebaptisé "Borgerokko" (de Borgerhout et Marokko, Maroc en néerlandais), la commune est aussi devenue un lieu de prédilection pour le parti d'extrême droite depuis qu'y ont éclaté, en 2002, des incidents entre les forces de l'ordre et la Ligue arabe européenne. Abou Jahjah, leader de ce mouvement très minoritaire qui se présente aux élections en tandem avec l'extrême gauche maoïste sous le sigle "Resist", entendait créer des milices de surveillance de la police locale après avoir organisé des manifestations propalestiniennes qui avaient dégénéré. L'initiative, qui s'était soldée par l'arrestation du jeune activiste, a suscité ensuite d'autres confrontations.
MODÉRATION FEINTE
"Ces incidents ont été les premiers au cours desquels des jeunes d'origine arabe ont repris le vocabulaire à connotation ethnique du Vlaams Blok. Ils utilisaient l'expression "notre communauté"" : attablé au café Den Engel, Jos Van Der Velpen ne cache pas son inquiétude et redoute qu'entre deux camps extrémistes, les partis démocratiques, qui n'ont jamais trouvé la bonne manière de répliquer à l'extrême droite, ne puissent plus se faire entendre. Pour cet avocat, le programme du Vlaams Blok fait de celui-ci "l'un des partis les plus racistes en Europe, plus encore que le Front national". Toutefois, estime Me Van Der Velpen, l'extrême droite flamande a perçu les limites de ses campagnes radicales et feint, aujourd'hui, la modération. Ses leaders évitent les outrances verbales et la confrontation. Sur leurs affiches le "V" de la victoire - et de "Veiligheid", sécurité en néerlandais - a remplacé les symboles des gants de boxe ou du balai, empruntés à l'extrême droite des années 1930, voire le slogan "Par autodéfense", titre du dernier chapitre du Mein Kampf d'Adolf Hitler.
Face au café Den Engel trône l'hôtel de ville d'Anvers, imposante bâtisse du XVIe siècle et théâtre d'une récente affaire que le Vlaams Blok, qui totalise 19 sièges sur 55 au conseil municipal, ne manque pas d'utiliser au fil d'une campagne qui, croit-il, lui permettra d'améliorer son score dans toute la Flandre. Il avait réalisé 15 % aux législatives de 1999, les sondages lui prédisent jusqu'à 20 %. L'un des hauts fonctionnaires de la ville et son épouse ont été arrêtés pour détournements tandis que des adjoints au maire, membres d'une coalition de quatre partis unis seulement par leur opposition aux extrémistes, ont dû démissionner pour avoir utilisé leur carte de crédit professionnelle à des fins privées : achats de smokings, de lunettes, de sacs de luxe ou de champagne... "De quoi permettre au Vlaams Blok se présenter comme la seule formation "aux mains propres "", déplore Me Van Der Velpen.
"Le 18 mai, il faudra que l'Anvers démocratique réponde aux carriéristes et aux fraudeurs", estime Koen Dillen, membre du Vlaams Blok. "Et dire que, de tout temps, nous avons été une ville internationale, ouverte", déplore Antoinette Pescher, une ancienne élue libérale, qui espère encore "un sursaut" de ses concitoyens.
Jean-Pierre Stroobants
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 | | J-C, 13.05.2003 à 17:49 | 90082 |
|  |  | Des multimillionnaires veulent faire lancer leurs propres engins spatiaux
LE MONDE | 09.05.03
Des vols suborbitaux sont en préparation.
L'espace semble exercer une fascination particulière chez certains multimillionnaires. Deux d'entre eux, l'Américain Dennis Tito et le Sud-Africain Marc Shuttleworth, ont passé quelques jours à bord de la Station spatiale internationale, en 2001 et 2002, en payant eux-mêmes leur ticket (20 millions de dollars).
Mais le vaisseau russe Soyouz qui avait joué les taxis est désormais requis pour des missions plus sérieuses, après l'explosion de la navette Columbia.
Plusieurs autres multimillionnaires espèrent effectuer des vols spatiaux à bord de leurs propres engins. C'est le cas de Jeff Bezos, le fondateur du magasin en ligne Amazon.com, comme le révélait le 5 mai le magazine Newsweek. Jeff Bezos, qui possède une fortune de 1,7 milliard de dollars, a créé en 2000 Blue Origin, une société qui emploie des spécialistes de la propulsion, des anciens de la NASA ou de start-up spatiales défuntes. Son objectif ? Concevoir un véhicule capable d'effectuer une courte croisière au-dessus de l'atmosphère terrestre - comme lors des vols suborbitaux des premiers cobayes envoyés dans l'espace.
OXYGÈNE LIQUIDE ET KÉROSÈNE
Jeff Bezos n'est pas le seul à poursuivre, à coups de millions de dollars, ce rêve dans lequel plusieurs compagnies privées ont déjà englouti des fortunes. Comme l'indique Newsweek, Elon Musk, le fondateur sud-africain de la société de paiement en ligne Paypal, et John Carmack, le créateur des jeux vidéo Doom et Quake, ont aussi fondé dans ce but des sociétés, respectivement en Californie et au Texas. Elon Musk espère vendre des lancements de petits satellites à seulement 6 millions de dollars grâce à son Falcon, une fusée à deux étages propulsée à l'oxygène liquide et au kérosène. John Carmack se propose plus modestement de remporter le X Prize, une récompense de 10 millions de dollars offerte à la première équipe financée sur fonds privés capable d'envoyer un équipage de trois personnes à 100 km d'altitude, de le ramener sur Terre sain et sauf et de renouveler cet exploit dans les deux semaines qui suivront.
Le X Prize a été lancé en 1996 par The New Spirit of St. Louis Organization, un groupe d'entrepreneurs qui souhaitent marcher sur les traces des visionnaires qui, en 1925, avaient offert 25 000 dollars à Charles Lindbergh pour préparer sa traversée victorieuse de l'Atlantique. Plus d'une vingtaine d'équipes sont en lice, avec des solutions techniques très diverses - avions, fusées, hybrides des deux précédents, soucoupes, descente sous parachute ou sous rotor, ou encore en vol plané, etc.
Ces vols n'offriront aux passagers tout au plus que quelques minutes d'apesanteur, une vue imprenable de l'orbe terrestre, un ciel noir en plein jour et sans doute quelques frissons d'angoisse.
Le projet le plus avancé semble être celui conduit par Burt Rutan, qui a dévoilé fin avril, dans le désert californien de Mojave, son vaisseau SpaceShipOne. Burt Rutan n'est pas un débutant. Il a à son actif le Voyager, premier avion à avoir fait le tour du monde sans escale et sans ravitaillement, le 23 décembre 1986. Sa maîtrise des matériaux composites est cette fois mise au service d'un curieux attelage spatial. SpaceShipOne, sorte de grand suppositoire doté d'ailes au profil curieux, sera emporté à 15 km d'altitude par White Knight, un avion aux formes elles aussi inhabituelles.
Largué par son chevalier servant, SpaceShipOne allumera son moteur alimenté en gaz hilarant (protoxyde d'azote), qui lui permettra d'atteindre 100 km d'altitude en un peu plus d'une minute. A cours de carburant, il devrait poursuivre sa course balistique, offrant trois minutes d'apesanteur à ses occupants, qui reviendront sur l'aire de décollage une vingtaine de minutes plus tard, en vol plané. SpaceShipOne, avec ses étranges hublots, a été conçu pour être le plus rustique possible. Ses commandes de vol sont identiques à celles du White Knight et ses occupants, protégés par l'étrange capsule, n'auront pas à porter de lourds scaphandres.
Mais qui donc finance Burt Rutan ? La rumeur veut que ce soit le cofondateur de Microsoft, Paul Allen. Burt Rutan, qui ne la dément pas, est retourné à la clandestinité du désert de Mojave. Il en sortira pour le vol inaugural, qui aura lieu, espère-t-il, avant le 17 décembre, date du centenaire du premier vol des frères Wright, sur une plage de Caroline du Nord.
Hervé Morin
At'chao ! |
 | | J-C, 30.04.2003 à 8:58 | 88220 |
|  |  | Dix pays s'associent pour concevoir les réacteurs nucléaires de quatrième génération
LE MONDE | 25.04.03
Les nouveaux systèmes devront, à l'horizon 2030, être durables, rentables et sûrs, tout en évitant la prolifération. En France, le CEA mise sur les neutrons rapides et la très haute température.
Alors que le gouvernement a lancé un débat national sur l'évolution de la politique énergétique de la France, les acteurs du nucléaire préparent leur avenir. A l'initiative du département de l'énergie (DoE) américain, dix pays - Argentine, Brésil, Canada, France, Japon, Corée du Sud, Afrique du Sud, Suisse, Royaume-Uni et Etats-Unis - se sont associés pour étudier les systèmes nucléaires de quatrième génération susceptibles d'être déployés en 2030.
Ce Forum international génération IV a, au terme de deux années d'étude, sélectionné différents concepts innovants parmi la centaine proposés par les pays membres. En octobre 2002, un plan de développement des six systèmes jugés les plus prometteurs a été défini.
GESTION DES DÉCHETS
Reste désormais le plus délicat, avant d'entamer les études de faisabilité puis de rentabilité qui précèdent la construction de petits "démonstrateurs": coordonner le travail de recherche et développement entre les partenaires, définir les modalités de partage des informations et de la propriété intellectuelle qui pourrait en découler. Même si les coûts seront partagés et la R & D intégrée, "les enjeux sont à terme industriels", note Jacques Bouchard, directeur de l'énergie nucléaire au Commissariat à l'énergie atomique, qui présentait mercredi 23 avril les projets du CEA en ce domaine. Il espère voir signer les accords de coopération d'ici au 1er janvier 2004.
En 2003, le CEA a déjà consacré 30 millions d'euros et affecté une centaine de personnes à ce projet. D'ici 2030, l'ensemble des partenaires devraient investir 6 milliards d'euros à ces études (hors construction de démonstrateurs), qui seront financées essentiellement sur fonds publics. Car les pays membres du Forum sont persuadés que le nucléaire sera une énergie incontournable au XXIe siècle. Jacques Bouchard évoque le "casse-tête énergétique" dû à la croissance de la demande (2 % par an d'ici 2020), notamment dans les pays en développement. L'énergie fossile restera prédominante (85 % environ), ce qui devrait compliquer la maîtrise des émissions des gaz à effet de serre. L'énergie nucléaire pourrait donc espérer un rééquilibrage en sa faveur, à condition de proposer des systèmes de production d'électricité "durables, économiques, sûrs et fiables, résistants face aux risques de prolifération nucléaire et d'agression", des objectifs fixés par le forum dans la définition des réacteurs du futur.
Est-ce à dire que les générations précédentes n'y souscrivent pas ? La première, mise en service avant les années 1970, avait le plus souvent pour mission de faciliter la production de plutonium à destination militaire. La deuxième, née dans les années 1970 et qui constitue la majorité du parc mondial actuel, avait plus pour fonction de réduire la dépendance énergétique vis-à-vis des pays pétroliers. En France, elle s'est accompagnée d'une politique intensive de retraitement. La troisième génération, décidée après les accidents de Three Mile Island (1979) et surtout de Tchernobyl (1986), doit accroître la sûreté en s'appuyant sur des systèmes passifs.
Le projet franco-allemand EPR, que ses promoteurs, Framatome ANP en tête, ne désespèrent pas de voir aboutir, est né de ce souci. Mais s'il est qualifié d'"avancé", il ne résout pas les questions posées par la gestion des déchets.
Les réacteurs de quatrième génération devront y répondre de façon plus satisfaisante. Les six systèmes sélectionnés comprennent deux réacteurs à haute température dont le fluide caloporteur est un gaz, deux réacteurs refroidis par du métal liquide (sodium et alliages de plomb), un réacteur à eau supercritique et un réacteur à sels fondus. Quatre systèmes sur six sont à neutrons rapides et cinq font appel au cycle dit "fermé", qui permet un recyclage de tous les actinides engendrés par la fission atomique et suppose un système parallèle de retraitement. Mais il faudra continuer à stocker les produits de fission, déchets ultimes, qui représentent 5 % de la masse des combustibles usés.
Le CEA a décidé de se consacrer prioritairement aux systèmes à caloporteur gaz à très haute température (VHTR) et à neutrons rapides avec recyclage des actinides (GFR). L'hélium est prometteur. Les technologies y faisant appel dès les années 1970 et 1980 n'avaient pas tenu leurs promesses, faute de turbines perfectionnées. Mais l'évolution de celles-ci offre des perspectives. Patrice Bernard, directeur du développement et de l'innovation nucléaires du CEA, évoque des rendements de 50 %, contre 30 % pour les réacteurs de deuxième génération.
Le couplage avec des centrales de production d'hydrogène pourrait même offrir un rendement global de 60 % - à condition de convaincre l'autorité de sûreté nucléaire que l'on peut coupler une usine de production de gaz à une centrale nucléaire... Outre ces procédés de cogénération, des systèmes de dessalement de l'eau de mer associés aux réacteurs à haute température (1 000 °C, contre 300 °C actuellement) sont envisagés. Le CEA, pour qui l'abandon de Superphénix reste un traumatisme, "accompagnera" aussi les développements sur le système à neutrons rapides au sodium, auquel Japon et Etats-Unis s'intéressent.
Hervé Morin
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L'atome peut-il sauter une génération ?
Les acteurs du nucléaire réfléchissent, pour 2030, à des réacteurs de quatrième génération, alors même que ceux de troisième génération ne sont pas sortis de terre. Pourrait-on prolonger la durée de vie des centrales actuelles et sauter une génération ? Framatome ANP, qui espère commercialiser l'European Pressurized Reactor (EPR), conçu au début des années 1990, ne le pense pas. "Il est naturel de se poser la question, indique son PDG, Vincent Maurel. Mais passer directement à la quatrième génération suppose de changer toute la filière nucléaire, en amont comme en aval". Ce qui n'est pas le cas pour l'EPR. De plus, les réacteurs à haute température, capables de produire de l'hydrogène, ne seront attractifs que lorsque l'économie aura muté vers ce gaz "propre" - problème classique de la poule et de l'œuf. Aussi Framatome, comme Areva, le CEA et EDF plaident-ils pour la construction rapide d'un démonstrateur EPR afin d'être en mesure de proposer des réacteurs au stade industriel en 2020. Ces derniers pourraient alors remplacer la deuxième génération en France et être proposés à l'exportation.
At'chao ! |
 | |  |  | Le sage a dit "De la paille pour le pain, de la grenaille pour le gredin".
Et puis il est allé cuver son vin, il n'y a que ça qui vaille
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 | |  |  | | Pistolet à grenaille? Houlàlà, ça doit faire bobo au fessard, ça! |
 | |  |  | Article qui bien sur a ete pondu hier soir ou cette nuit...
Il n'avait pas ete préparé a l'avance, pas de ça chez nous ;o) |
 | |  |  | La viande froide du monde sur Nina Simone est plutôt à charge...
Nina Simone, la fin d'une diva du jazz
Nina Simone est morte lundi 21 avril à 70 ans, à son domicile de Carry-le-Rouet, près de Marseille. Avec elle s'éteint l'une des mémoires les plus extravagantes du jazz. Connue pour ses caprices et son talent, son exigence et sa révolte, Nina Simone plongeait parfois dans la violence. En août 1995, le tribunal d'Aix-en-Provence l'avait condamnée à huit mois de prison avec sursis pour avoir blessé un adolescent avec un pistolet à grenaille. L'enfant, qui jouait avec un camarade dans la propriété jouxtant la sienne à Bouc-Bel-Air, faisait trop de bruit à son goût.
Militante de la cause noire - elle avait été en première ligne dans les manifestations qui marquèrent l'Amérique au milieu des années 1960 -, Nina Simone, née Eunice Waymon le 21 février 1933 à Tryon, en Caroline du Nord, avait une sensibilité à fleur de peau. Elle rappelait qu'elle avait souffert du racisme et de l'injustice, ce qui la poussera toute sa vie à se défier du "pouvoir blanc". En 1992, dans un entretien au magazine Jeune Afrique, elle avait exprimé son admiration pour le leader noir extrémiste Louis Farrakhan : "C'est un grand homme qui cherche à rassembler tous les Noirs sous la même bannière."
Ainsi que de nombreuses figures de la musique noire de sa génération, musiciens de blues et pionniers du rock, comme Chuck Berry, elle avait été victime au début de sa carrière des pratiques de managers peu scrupuleux. Elle avait signé dans sa jeunesse des contrats qui ne lui étaient guère favorables, ce qu'elle regrettera pendant de nombreuses années.
C'est ainsi qu'en 1987, lorsque sa chanson "My Baby Just Cares for Me" connut une seconde carrière très fructueuse dans une campagne publicitaire Chanel, elle ne toucha pratiquement aucun revenu supplémentaire, car elle avait cédé les droits de la composition quelques années auparavant pour une somme forfaitaire. Et elle refusait d'interpréter la chanson sur scène, au grand désarroi du public de l'époque, qui ne comprenait pas pourquoi elle ne jouait pas un thème connaissant au même moment une seconde jeunesse à la radio.
Comme Ray Charles - dont elle était un peu l'équivalent féminin -, Nina Simone a toujours joui d'une grande popularité en Europe, en France en particulier, où elle résidait depuis presque dix ans.
A l'image du "Genius", elle excellait dans l'art de l'interprétation et était capable de faire passer un frisson à chaque fois qu'elle reprenait des thèmes pourtant mille fois joués sur scène, notamment sa version de "Ne me quitte pas" de Jacques Brel ou le standard "Don't Let Me Be Misunderstood", modèle de dramaturgie scénique.
A l'instar de Ray Charles encore, son public lui pardonnait d'assurer souvent le "service minimum" sur scène. Nina Simone, qui avait toujours peur d'être exploitée, ne multipliait pas les rappels, et ses admirateurs regrettaient souvent qu'elle fût aussi économe de son temps. En août 2000, invitée du prestigieux festival Jazz in Marciac, dans le sud de la France, elle avait multiplié les exigences auprès des promoteurs, demandant notamment un hélicoptère, puis une limousine d'une marque précise.
Elle avait livré ensuite une prestation chaotique, modifiant les paroles des chansons, se lançant dans des diatribes exaltées devant un public désarçonné. Elle y exprimait pêle-mêle son attachement au mouvement des droits civiques ou son admiration pour Martin Luther King. Mais un blues interprété la foi au cœur ou un standard de jazz exprimé avec toute sa passion de diva suffisait à racheter ces errements.
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 | | J-C, 18.04.2003 à 17:06 | 87096 |
|  |  | Les changements climatiques pourraient obliger les agriculteurs français à s'adapter
LE MONDE | 18.04.03
L'Institut national de recherche agronomique tente aujourd'hui de définir les effets, positifs ou non, qu'une hausse des températures pourrait avoir demain sur les cultures.
Les scénarios du Groupe intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) prévoient que la température du globe pourrait augmenter de 1,4 à 5,8 degrés d'ici à la fin du XXIe siècle. En France, cette hausse pourrait atteindre 2 à 3 degrés, selon Météo France.
Des chiffres qui conduisent nombre d'organismes de recherche à s'interroger sur l'avenir. En particulier, l'Institut national de la recherche agronomique (INRA), qui, au sein de la mission Changement climatique et effet de serre, créée en 2002, étudie les répercussions de ces éventuelles modifications sur l'agriculture française sous la direction de Bernard Seguin, directeur de recherches à l'INRA-Avignon.
"Le changement en France est déjà perceptible depuis quinze ans", avance-t-il. "Nous sommes déjà passés à un autre régime concernant la vigne et la date de floraison des arbres fruitiers", explique-t-il. La date des vendanges a ainsi été avancée de plus de trois semaines en cinquante ans à Châteauneuf-du-Pape, et, suivant les lieux et les espèces, la floraison a lieu de cinq à quinze jours plus tôt.
"Nous ne savons pas encore avec certitude s'il s'agit de fluctuations de températures normales ou de signes avant-coureurs du réchauffement climatique, mais nous devons nous mobiliser pour les vingt prochaines années, car, s'il y a une augmentation supplémentaire de la température de 1 degré d'ici à 2020, cela commencera à marquer les paysages", prévient Bernard Seguin.
Prendre les devants est donc indispensable, quand on sait qu'il faut environ cinquante ans pour obtenir une forêt de production et vingt ans pour un arbre fruitier. Pour tenter de prévoir l'évolution des pratiques culturales qu'il faudra mettre en place en fonction de l'augmentation du taux de CO2 (un des principaux gaz à effet de serre), le meilleur moyen est encore d'utiliser des modèles de culture. Les chercheurs de l'INRA ont commencé à travailler sur des modèles - Ceres ou ARC-wheat - développés aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne à partir des années 1980. Puis ils ont mis au point leur propre modèle (Stics), en liaison avec d'autres organismes de recherche français (Cemagref, Cirad, IRD et instituts techniques agricoles).
UN RÉVEIL PLUS PRÉCOCE
Ces modèles, qui reproduisent des processus de croissance généraux adaptés à des plantes spécifiques, tels le blé, le maïs, la tomate, le lin, la banane, la salade ou les arbres fruitiers, ont été testés pour différents scénarios de réchauffement. Et, pour affiner les simulations en introduisant aussi les aspects agricoles, les chercheurs "ont collaboré avec des laboratoires de modélisation du climat de la région parisienne, comme le LSCE à Saclay, afin de coupler climat et agriculture".
Que nous apprennent ces simulations ? Que, si le niveau du gaz carbonique (CO2) dans l'atmosphère double d'ici à 2070-2100, la température, bien sûr, montera, ce qui aura pour effet d'augmenter la photosynthèse de 30 % à 40 % et la biomasse de 20 % à 30 %. En effet, la hausse de la température entraîne un réveil plus précoce des cultures et des plantes.
Pour les cultures cycliques annuelles, cette accélération se traduit par un cycle plus court, excepté pour la prairie et la forêt. Pour elles, le début de la saison de végétation est aussi avancé, mais sa phase finale est retardée, ce qui a pour effet d'augmenter la durée de végétation. De plus, l'augmentation du CO2 a un effet positif sur la rétention de l'eau et contribue à terme à fermer les stomates, ce qui réduit fortement la transpiration des plantes.
Au total, et sous réserve qu'il y ait des changements radicaux de la pluviosité, "les conséquences d'un changement des conditions climatiques telles qu'annoncées devraient être plutôt positives pour notre agriculture", avance M. Seguin. Aujourd'hui, les rendements des céréales comme le blé et le maïs varient entre - 10 % et 10 %, suivant les régions, cette valeur atteignant 0 % à 10 % pour les grandes régions céréalières de la région parisienne. Mais, selon une simulation plus précise réalisée sur la culture du blé dans le sud-est du pays, il apparaît qu'un réchauffement moyen de 2 degrés provoquerait un doublement de la teneur en CO2 actuelle et entraînerait un raccourcissement du cycle de la culture d'environ trois semaines. Ce phénomène n'a pas réellement d'impact sur le rendement, mais il provoquerait, par contre, une baisse de la teneur en protéines, et donc une baisse de qualité. "Un changement climatique nécessitera donc une adaptation des variétés cultivées et des calendriers de fertilisation", précise Nadine Brisson, de l'INRA-Avignon.
ADAPTER LES MÉTHODES
Une grande interrogation demeure, cependant, sur les effets du réchauffement sur l'eau et la pluviosité. Si la hausse des températures risque de se traduire par davantage de pluies en hiver et plus de sécheresse en été, il faudra peut-être songer à utiliser l'irrigation. D'autre part, certaines températures sont trop élevées dans le Sud et sont limites pour la culture du maïs. Enfin, on ne tient pas compte des effets induits par les ravageurs, qui pourraient être stimulés par le changement climatique.
D'autres cultures, comme la prairie et la forêt, devraient aussi être stimulées par ces modifications climatiques. La productivité de la prairie pourrait augmenter, par exemple, de 30 % dans le Massif central. Celle de la forêt aussi, sous réserve de conditions hydriques appropriées. D'une manière générale, les agronomes constatent que la première moitié du XXe siècle a été marquée par une augmentation de 30 % de la productivité du bois. Mais ils ne savent pas s'il faut attribuer cette situation au réchauffement ou à la pollution atmosphérique : l'augmentation de la productivité pourrait être due à l'azote transporté par les pluies.
Faut-il s'en inquiéter ? A priori, "l'adaptation ne sera pas forcément catastrophique, sauf événements extrêmes - fortes chaleurs, sécheresses marquées, plus grande pluviosité, fortes tempêtes -, sur lesquels, avertit Bernard Seguin, on a très peu d'informations fiables". Il sera donc vraisemblablement nécessaire d'adapter alors les méthodes culturales. "Mais, pour ce qui concerne les terroirs, on s'interroge", car leurs productions sont liées à des conditions particulières de sol, de pluviosité et de températures.
Que se passerait-t-il, en effet, si, par exemple, les conditions climatiques qui "font" les vins de Bordeaux changeaient d'une manière importante ?
Christiane Galus
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Des effets déjà visibles
Dans une étude publiée en janvier par Nature, une équipe de chercheurs américains et costaricains à montré que nombre d'animaux et de plantes avaient déjà commencé à s'adapter à la hausse, pourtant encore faible (0,6 degré au cours des cent dernières années), de la température. L'analyse de 143 rapports relatifs à la vie de 1 473 espèces indique en effet que la ponte des oiseaux, l'apparition des fleurs et la sortie d'hibernation des mammifères est plus précoce qu'auparavant. Ainsi, l'hirondelle canadienne et américaine, qui niche dans les arbres, a avancé de neuf jours en moyenne sa date de ponte en quarante ans. La marmotte du Colorado termine sa période d'hibernation trois semaines plus tôt que pendant les années 1970. Et un certain nombre d'espèces - des papillons jusqu'aux invertébrés marins - ont déplacé leur territoire plus au nord. Autre phénomène : en Alaska, la croissance des sapins blancs a été ralentie ces dernières années. Logique, disent les chercheurs, "puisque les modèles relatifs au changement climatique laissent à penser que les pôles se réchaufferont plus rapidement que l'équateur".
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Le houx apprécie le redoux
Avec ses feuilles persistantes en hiver, le houx semble être un sym- bole parfait de la résistance au froid. Jusqu'à un certain point. Car c'est précisément le froid hivernal qui limite son extension vers le nord. En collaboration avec l'Inventaire forestier national, qui, tous les dix ans, effectue un échantillonnage de placettes forestières sur tout le territoire français, les chercheurs de l'INRA ont mis en évidence une extension rapide du houx dans le nord des Ardennes. Ils ont aussi observé la progression des espèces de plaine dans l'étage montagnard des Vosges. Ces déplacements sont probablement une des manifestations de l'impact du réchauffement climatique sur la répartition des espèces végétales en France.
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 | | J-C, 08.04.2003 à 10:19 | 85601 |
|  |  | Le mathématicien français Jean-Pierre Serre premier lauréat du prix Abel
LE MONDE | 05.04.03
Cette distinction se veut l'équivalent d'un prix Nobel.
Il y avait le prix Nobel. Désormais, il y aura aussi le prix Abel. Une distinction richement dotée (770 000 euros) destinée à corriger l'absence d'un prix Nobel qui couronnerait les mathématiques. La raison de cet oubli ? L'inventeur de la dynamite, Alfred Nobel, aurait, raconte la légende, refusé de le créer au prétexte que sa femme, ou plutôt sa maîtresse, Sophie Hess, lui aurait préféré le mathématicien suédois Gosta Magnus Mittag-Leffler, fondateur d'une publication toujours fameuse, les Acta mathematica.
L'erreur est aujourd'hui réparée.
Il y a un an, le gouvernement norvégien a en effet décidé de célébrer avec faste le 200e anniversaire de la naissance d'un de ses plus grands mathématiciens, Niels Henrik Abel (1802-1829), par un prix qui porte son nom. Ironie de l'histoire, ce même prix avait déjà été proposé en 1902 par le roi de Suède Oscar II, soit un an après l'attribution des premiers Nobel de physique, de chimie, de médecine et de littérature. Mais l'idée avait été abandonnée ensuite.
THÉORIE DES NOMBRES
Qu'importe ces péripéties. Avec cette nouvelle distinction, les mathématiques sont à l'honneur. Et les mathématiques françaises le sont aussi, car l'Académie des sciences et des lettres de Norvège vient de décider, pour l'édition du premier prix Abel, de récompenser Jean-Pierre Serre. Professeur honoraire au Collège de France à Paris, Jean-Pierre Serre, souligne l'institution norvégienne, "a largement contribué au progrès des mathématiques durant plus d'un demi-siècle" et, ajoute-t-elle, "il continue dans cette voie".
Né le 15 septembre 1926 à Bages (Pyrénées-Orientales), cet ancien élève de l'Ecole normale supérieure, docteur ès sciences et membre de l'Académie des sciences, a joué un "rôle central" dans l'élaboration de la forme moderne de nombreuses branches des mathématiques. En particulier en ce qui concerne la topologie, la géométrie algébrique, la théorie des nombres et l'étude de leurs propriétés élémentaires. Disciplines, précise l'Académie des sciences et des lettres de Norvège, qui ont trouvé des applications dans "le développement de codes de correction d'erreurs" et "la cryptographie".
Pour sa première édition, le prix Abel ne pouvait donc ignorer un chercheur aussi fécond que Jean-Pierre Serre qui, sa vie durant, a collectionné les distinctions (prix Gaston-Julia en 1970, prix Balzan en 1985, prix Steele en 1995 et prix Wolf en 2000). Mais surtout, il a reçu, en 1954, la médaille Fields, considérée jusqu'ici comme un Nobel des mathématiques et qui, tous les quatre ans, couronne le ou les meilleurs mathématiciens de moins de 40 ans. A ce jour, Jean-Pierre Serre en est toujours le plus jeune récipiendaire et l'un des premiers d'une belle lignée de mathématiciens français – il y en a eu sept, dont Laurent Lafforgue en 2002 – primés par ce prestigieux prix.
Mais la médaille Fields honore plus l'obtention d'un résultat significatif qu'une œuvre, ce que fera désormais le prix Abel. En récompensant Jean-Pierre Serre, il récompense aussi la vitalité de la communauté mathématique française et le Collège de France choisi, en 2000, par le Clay Mathematics Institute pour soumettre à la sagacité des chercheurs sept grands problèmes à 1 million de dollars chacun.
Jean-François Augereau
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 | | J-C, 25.03.2003 à 15:56 | 83678 |
|  |  | L'araignée, fileuse de bas et de mitaines
LE MONDE | 24.03.03
"A côté des pages remplies des aventures des héros et des héroïnes de romans, qui amusent, égaient ou passionnent les gens qui recherchent la simple distraction de l'esprit ; tout près des écrits concernant des personnages historiques, récits faits pour captiver les âmes avides de s'instruire des événements qui ont troublé, élevé ou abaissé les peuples ; à la place même où s'étalent des narrations de voyages divertissantes ou instructives, où se traitent de graves questions économiques qui intéressent le sort des nations civilisées, nous venons parler d'un sujet que la foule dédaigne, méprise, abomine.
Ne voudra-t-on pas aujourd'hui connaître un peu la vie des bêtes les mieux douées sous une infinité de rapports et les plus insociables qu'il y ait au monde : les araignées ?" Ainsi écrivait le zoologiste Emile Blanchard (1819- 1900), en introduction d'un texte insolite et délicieux sur la gent arachnéenne.
Qui se souvient de lui, aujourd'hui ? Membre de l'Académie des sciences, professeur au Muséum d'histoire naturelle de Paris, où il prit en charge le classement de la collection entomologique, ce naturaliste passionné – dont le père, ancien chirurgien militaire de l'Empire devenu peintre, était admiré de Van Gogh – écrivit pourtant grand nombre de mémoires, comptes rendus et livres sur les invertébrés. Dont ce texte, paru en 1886 dans une revue scientifique, que les Editions Villarrose ont eu la bonne idée de sortir de l'oubli (Les Araignées, 98 p., 9 €).
Les araignées ? Tout un programme... Précisément quelque 30 000 espèces, parmi lesquelles un peu plus de 1 500 en France. L'ordre qui les représente, celui des aranéides, appartient comme ceux des scorpions et des acariens à la classe des arachnides. Différences notables avec celle des insectes : la fusion de la tête et du thorax, l'absence d'antennes, une paire d'appendices associés à la nutrition, quatre paires de pattes locomotrices. Et, bien sûr, les filières de la soie, qui tapissent la base postérieure de l'abdomen de toute espèce d'araignée, fileuse invétérée, modeste ou occasionnelle.
De ces microscopiques seringues sortira la fibre aux vertues magiques, dont les soyeux admiraient tant la résistance et la légèreté, et à laquelle on chercha, à plusieurs reprises, à donner un emploi industriel.
"On était en 1710 ; M. Bon, premier président de la chambre des comptes de Montpellier, prenait des peines infinies pour recueillir et utiliser la soie de nos petites araignées d'Europe ; il avait réussi à en faire fabriquer des bas et des mitaines. Ces objets furent adressés à notre Académie des sciences", rappelle Emile Blanchard.
Réaumur en personne, naturaliste autant que physicien, se chargea d'évaluer la proposition. Il calcula qu'il faudrait "663 552 araignées pour fournir une livre de soie". Estima que "toutes les mouches du royaume suffiraient à peine à nourrir assez d'araignées pour faire une quantité de soie considérable". Constata "l'impossibilité de tenir captives les araignées"... "Appréciant avec éloge les soins de M. Bon, l'Académie ne jugea pas qu'on dût profiter de la découverte", conclut Blanchard.
GILETS PARE-BALLES
Et pourtant ! Souple, élastique, et plus résistante aux chocs que le Kevlar, la soie des araignées, par sa structure protéique semi-cristalline, constitue une véritable prouesse de la nature. Au point que l'armée américaine, depuis des années, rêve de tricoter grâce à elle les gilets pare-balles de demain.
Mais les araignées, êtres libres et solitaires, restent impossibles à élever : elles se dévorent entre elles pour protéger leur territoire.
Pour se procurer le fil miraculeux, il faudra donc ruser. A l'été 2002, la société canadienne Nexia, située en banlieue de Montréal, annonçait ainsi être à la tête... d'un troupeau d'une centaine de chèvres transgéniques, au génome bricolé de façon à produire, dans leur lait, la protéine si convoitée.
Mais il y a loin du maître à l'élève, et la fibre fabriquée par les ca- prins n'est toujours pas capable de soutenir le même poids qu'un fil d'araignée de même diamètre.
En attendant, que faire ? Patienter. Et songer, en relisant ce texte singulier, aux mille et une autres façons qu'ont les aranéides de forcer notre admiration. Voire notre affection.
"Dans les temps modernes, on se laisse entraîner par un courant sympathique en songeant au prisonnier au fond de son cachot ayant pour amie, pour consolation, une araignée qui vient à son appel", affirmait Emile Blanchard. Comment ne pas penser ici à Jean-Henri Fabre (1823-1915), son contemporain, dont les Souvenirs entomologiques renvoient à plusieurs reprises aux travaux de l'académicien (les deux hommes eurent quelques échanges de correspondance), et qui débute l'un des chapitres qu'il consacre aux arachnides par un souvenir d'enfance du grand historien français de son époque ?
"Michelet nous raconte comment, apprenti imprimeur au fond d'une cave, il entretenait des rapports amicaux avec une araignée, écrit Fabre. A certaine heure, un rayon de soleil filtrait par la lucarne du triste atelier et illuminait la casse du petit assembleur de lettres de plomb. La voisine à huit pattes descendait alors de sa toile et venait, sur le bord de la casse, prendre sa part des joies de la lumière. L'enfant laissait faire ; il accueillait en ami la confiante visiteuse, pour lui douce diversion aux longs ennuis. Lorsque nous manque la société de l'homme, nous nous réfugions dans celle de la bête, sans perdre toujours au change."
Catherine Vincent
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 | | J-C, 12.03.2003 à 12:27 | 81797 |
|  |  | Les Echos (12/03/2003)
Est-il rentable d'être éthique ?
L'éthique est à la mode. Les universités et les écoles de management offrent des cours et créent des chaires d'entreprise autour de l'éthique.
Les différentes institutions organisent des congrès, des séminaires, des tables rondes et des colloques pour parler d'éthique. On édite des livres et des monographies, sous différents points de vue, on aborde les problèmes éthiques.
Aujourd'hui, il est normal d'écouter des discours dont le but est de convaincre les dirigeants de l'importance de se compter éthiquement parce que ce genre de comportement est économiquement rentable. Tout en tenant compte de la bonne volonté qu'il y a derrière ces essais, les arguments incluent un tel mélange de mensonge et de vérité que le minimum que l'on peut conclure sur ces plaidoyers est leur manque de rigueur scientifique.
Lorsqu'on essaie d'argumenter ainsi auprès des jeunes qui étudient dans les écoles de management et qui comparent ce type d'enseignement avec les enseignements rigoureux qu'ils reçoivent dans les domaines purement techniques, il n'est pas étrange qu'ils finissent par penser que, de ce qu'ils apprennent, ce qui est vraiment important, c'est la technique pour gagner de l'argent. Très certainement, il est facile de démontrer qu'un comportement éthique est la condition nécessaire, quoique pas suffisante, pour l'optimisation des valeurs futures, mais ceci n'est pas la raison pour être éthique.
Prétendre qu'un décideur se comporte éthiquement pour des raisons économiques est aussi insensé que prétendre qu'une personne s'abstient de boire du poison parce qu'il a un mauvais goût. Ce type d'argumentation finirait par former des décideurs condamnés à mourir empoisonnés dès qu'ils trouveraient des poisons dont le goût leur serait agréable.
Andrés Atenza directeur général du groupe ESC Clermont
At'chao ! |
 | |  |  | Morue à la sauce crevette
4 personnes
1- Placez les filets dans un plat peu profond.
Assaisonnez généreusement de sel et de poivre et ajoutez le jus de citron. Couvrez et laissez-le mariner 2 h, en le tournant une fois.
2- Préparez la sauce aux crevettes : amenez le lait à ébullition dans une casserole, puis retirez du feu.
3 - Dans une casserole à fond épais, faites fondre le beurre. Incorporez le beurre avec une cuillère en bois et faites cuire de 2 à 3 mn à feu doux, jusqu'à la formation d'un roux blond; remuez fréquemment. Versez graduellement le lait et remuez à l'aide d'un fouet pour empêcher la formation de grumeaux. Amenez à ébullition et faites mijoter de 1 à 2 mn, jusqu'à ce que la sauce soit épaisse. Remuez de temps en temps.
4 - Incorporez l'extrait d'anchois et les crevettes et assaisonnez au goût. Versez le jus de citron, le cognac et un peu de colorant, si désiré. Gardez au chaud.
5 - Asséchez bien les filets avec du papier absorbant. Versez la farine sur une assiette et assaisonnez-la de sel et de poivre.
6 - Placez l'oeuf battu dans un plat peu profond et la chapelure sur une autre assiette. Enrobez les filets de farine, secouez-en l'excédent et trempez-les dans l'oeuf.
Enrobez-les ensuite de chapelure et secouez l'excédent.
7 - Dans une poêle assez grande pour contenir les filets en une seule rangée, faites chauffer le beurre et l'huile d'olive. Lorsque le gras a cessé de mousser, disposez les filets côte à côte et faites-les sauter à feu moyen 4 mn chaque côté, en les tournant une fois.
8 - Transférez sur 4 assiettes individuelles. Versez la sauce et garnissez chaque portion d'une rondelle de citron.
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 | | J-C, 07.03.2003 à 16:40 | 81100 |
|  |  | LE MONDE | 06.03.03
Pas de reconstitution des stocks de morue dans l'Atlantique nord
À l'heure où se discutent à Bruxelles les futurs quotas de pêche européens et où s'affrontent scientifiques et professionnels de la pêche sur l'état des stocks de poisson, il n'est pas inutile de revenir sur le cas du Canada, dont les bancs de morues, surexploités pendant des années ne se sont toujours pas reconstitués.
Malgré le moratoire mis en place au début des années 1990 pour enrayer la chute dramatique des prises, les spécialistes canadiens, américains et européens de la morue récemment réunis à Halifax (Nouvelle-Ecosse) ont estimé qu'"il n'y avait pas de rétablissement des stocks".
"Certains pourraient, même en interdisant la pêche, décroître davantage", a martelé Denis Rivard, un expert du ministère canadien des pêches et océans.
SITUATION GUÈRE BRILLANTE
Si les stocks de morue au large de Terre-Neuve, de la Nouvelle-Ecosse et du golfe du Saint-Laurent se sont faiblement améliorés dans les années 1990, ils ont à nouveau décliné. Des nouvelles peu rassurantes qui ne laissent guère de doute sur le contenu du rapport qui sera transmis le 21 mars au ministre canadien des pêches, Robert Thibault, lequel doit annoncer prochainement de nouvelles mesures relatives à la prochaine saison de pêche.
Pour expliquer cette incapacité des stocks de morue à se reconstituer, M. Rivard avance quatre hypothèses : des eaux trop froides dans les années 1990 ; un taux de mortalité naturelle très élevé ; les techniques de pêche et le braconnage ; le manque de géniteurs âgés.
S'y ajoutent aussi, selon les scientifiques, le tonnage important – des milliers de tonnes – des prises faites par les phoques, dont la population est aujourd'hui en pleine croissance, et celles des maquereaux et des harengs, qui consomment volontiers des œufs de morue.
La situation n'est guère brillante, et ce n'est pas demain que les 40 000 personnes mises au chômage par le moratoire des années 1990 retrouveront du travail. En effet, au large de la côte est de Terre-Neuve, on note un "très faible rétablissement des stocks de la morue", mais le taux de mortalité de l'espèce dans cette zone est très élevé, et l'on observe très peu de poissons de plus de cinq ans.
Au nord du golfe du Saint-Laurent, les stocks sont à leur plus bas niveau, et l'on prévoit que, "même sans pêche", ils ne connaîtront pas de progression sensible. Au sud du golfe, le rétablissement des stocks est "improbable", même sans pêche, alors que, au large des côtes de Nouvelle-Ecosse, il n'y a "aucune indication de rétablissement".
Une situation à méditer de ce côté-ci de l'Atlantique, où les populations de morues ont été, avertissent les scientifiques, divisées par trois en à peine vingt ans.
Jean-François Augereau (avec AFP)
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 | | J-C, 27.02.2003 à 17:53 | 79994 |
|  |  | LE MONDE | 25.02.03
Les supercalculateurs doivent concilier puissance et rentabilité
Deux architectures de superordinateurs, les vectoriels de Cray et les superscalaires d'IBM, s'affrontent sur le marché étroit du calcul scientifique intensif. Les fabricants visent pour 2010 le pétaflops, soit un million de milliards d'opérations par seconde.
D'un côté , les machines vectorielles de Cray, de l'autre les ordinateurs superscalaires d'IBM. Deux conceptions s'affrontent sur le marché étroit mais stratégique du calcul scientifique intensif.
Cray a mis en production fin 2002 son nouveau système X1 qui affiche une puissance de crête de 819,2 gigaflops (milliard d'opérations à virgule flottante par seconde) par module de 64 processeurs. Le fabricant propose des configurations rassemblant 4 000 puces pour atteindre les 52,4 téraflops (million de millions d'opérations à virgule flottante par seconde). Cray annonce simultanément son objectif d'atteindre le pétaflops, soit 1015 opérations par seconde, en 2010. S'il y parvient, le constructeur aura réussi à passer du gigaflops, lancé en 1990, au pétaflops (million de milliards), soit une puissance de calcul multipliée par un million en vingt ans...
L'entreprise créée par Seymour Cray en 1972, rachetée en 1996 par Silicon Graphics quelques mois avant la disparition de son fondateur et vendue à Tera Computer en mars 2000, renaît de ses cendres grâce à l'appui de son premier client. Le gouvernement américain a en effet financé plus de la moitié des 100 millions de dollars dépensés pour développer le nouveau modèle de Cray, le X1. "Le gouvernement voulait un tel système pour assurer des missions critiques", explique James Rottsolk, PDG de Cray, qui ne conteste pas que les applications visées sont militaires.
Les Etats-Unis doivent mettre au point les prochaines générations de d'armes nucléaires sans faire appel à des essais réels. En fait, la première machine livrée par Cray semble destinée à une autre tâche particulièrement sensible : le décryptage, activité phare de la National Security Agency. L'importance stratégique de tels supercalculateurs capables de simuler une explosion nucléaire ou de casser n'importe quel code secret constitue une chance pour Cray dont les machines restent fidèles à l'architecture vectorielle abandonnée par la plupart des fabricants, en dehors de NEC. "Cray reste la seule entreprise spécialisée dans les supercalculateurs, affirme James Rottsolk pour justifier l'aide de l'Etat. Les autres sont orientés vers le marché des ordinateurs de bureau et fabriquent des supercalculateurs en réalisant des assemblages de machines individuelles (clusters). Le X1, lui, est conçu comme une entité à part entière dont les processeurs partagent les données et travaillent ensemble".
LES TENANTS DU SCALAIRE
Preuve que le vectoriel n'est pas mort, le supercalculateur le plus puissant du monde que NEC a fabriqué pour le projet Earth Simulator l'utilise. En deuxième position dans la liste du Top 500 mondial, on trouve les deux machines installées par Hewlett-Packard au laboratoire de Los Alamos et dont la puissance de crête dépasse à peine les 10 téraflops.
Concurrent historique de Cray aux Etats-Unis, IBM a abandonné le vectoriel au profit de l'architecture scalaire formant des clusters. "Le scalaire s'applique plus facilement que le vectoriel à des problèmes différents", explique Luigi Brochard, architecte pour le calcul scientifique pour l'Europe chez IBM. Derrière les raisons techniques du choix du scalaire, se profilent de solides motivations économiques. En effet, les machines développées par IBM et les tenants du scalaire sont adaptées aux applications de gestion, ce qui élargit considérablement leur marché en réduisant les prix de vente. "Le développement des puces revient extrêmement cher et nous avons besoin de nombreux clients", précise Eric Taillard, responsable des ventes Unix Linux chez IBM France. "Les budgets des centres de calcul n'augmentent pas alors que leurs besoins de puissance explosent avec la simulation et la conception virtuelle", ajoute-t-il.
De nombreux laboratoires ont donc adapté leur stratégie au réalisme économique prôné par IBM. Ainsi, en France, le centre de calcul du CNRS à Orsay, l'Idris, a tourné casaque fin 2001 en remplaçant le T3E vectoriel acheté en 1996 à Cray par un cluster de 8 machines scalaires IBM Power4 (1,3 téraflops, 92e dans le Top 500).
Même choix pour la direction des applications militaires (DAM) du CEA qui a fait l'acquisition, fin 2001, du supercalculateur Tera fabriqué par Compaq, devenu Hewlett-Packard depuis, et qui arrive en septième position mondiale et occupe la première en Europe avec une puissance de crête de 5 téraflops. Destiné au développement des armes nucléaires et à la simulation de leur fonctionnement et de leurs effets, cette machine est dix fois moins puissante que la configuration proposée par Cray avec le X1 et vingt fois moins que le système annoncé par IBM en novembre 2002. En effet, Big Blue n'a laissé que cinq jours à Cray pour s'attribuer la commercialisation du supercalculateur le plus puissant du monde. Le 19 novembre 2002, IBM révélait que le département américain de l'énergie (DOE) avait passé commande de deux machines : l'ASCI Purple (100 téraflops) ; Blue Gene/L (367 téraflops).
Ces chiffres astronomiques n'impressionnent guère Cray, qui met le doigt sur l'une des faiblesses majeures des clusters de machines scalaires : leur efficacité en application réelle. "Suivant les cas, le rendement des supercalculateurs scalaires varie de 1 % à 10 % dans le meilleur des cas, quand les supercalculateurs vectoriels peuvent atteindre 25 % à 50 %", assure Steve Scott, directeur scientifique de Cray, qui explique cette différence par les fondements mêmes de l'architecture scalaire. "Les données s'y déplacent difficilement et les processeurs se retrouvent souvent à cours d'information à traiter", souligne-t-il. Chez IBM, Luigi Brochard ne conteste pas cette faiblesse mais il en limite l'impact. "Nous oscillons entre 10 % et 75 % d'efficacité", estime-t-il, en indiquant que les calculs de prévisions météo se situent dans le bas de la fourchette. L'écart entre chiffres annoncés et puissance effective demeure très important, particulièrement avec les clusters de machines scalaires. "C'est pourquoi nous travaillons beaucoup, reconnaît Luigi Brochard , à augmenter les 10 %".
Michel Alberganti
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Des calculs plus fins grâce au pétaflops
Pour quelles applications peut-on avoir besoin de la phénoménale puissance de calcul de 1 million de milliards (1015) d'opérations par seconde ? Comme les activités militaires dont les besoins semblent sans limite, les activités scientifiques se heurtent parfois à des problèmes d'une complexité telle qu'ils justifient de recourir à la puissance des supercalculateurs. Deux grands domaines sont ouverts à de telles machines : les sciences de la vie et la climatologie. Dans le premier, il s'agit, par exemple, de comprendre comment une cellule fonctionne. Dans le second, la précision du résultat dépend de la finesse du calcul, c'est-à-dire de la réduction de la résolution du maillage du phénomène modélisé. C'est le cas avec les 10 km que doit atteindre Earth Simulator. Enfin, la simulation s'étend à des domaines de plus en plus nombreux (espace, aéronautique, automobile...) à travers le développement rapide du prototypage virtuel qui permet de visualiser et de valider une conception sans fabriquer d'objet réel.
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 | |  |  | | Paris est un gruyere, c'est bien connu. Quand ils avaient creuse le metro vers 1900, il y avait eu tout plein d'affaissements aussi, des trous beants qui apparaissaient du jour au lendemain en plein milieu de la route. |
 | |  |  | Nouvel affaissement de chaussée dans le XIII e
EN TEMPS NORMAL, la situation n'aurait sans doute pas nécessité autant de moyens. Mais, depuis que la cour de l'école Auguste-Perret s'est effondrée, il y a moins de quinze jours, la psychose s'est emparée de ce quartier du XIII e arrondissement. Hier soir, vers 21 heures, c'est un passant qui a donné l'alerte avenue d'Italie. Il venait de découvrir un léger affaissement sur un passage piéton situé à la hauteur du n o 112. Immédiatement, un important dispositif est mis en place : une dizaine de pompiers de la caserne Massena sont mobilisés ainsi qu'une vingtaine de policiers. La circulation est alors interdite sur environ 800 mètres, depuis le carrefour avec la rue de Tolbiac et jusqu'au boulevard des maréchaux. Un périmètre de sécurité est déployé autour du passage piéton qui présente plusieurs fissures de quelques centimètres. Tout le monde pense au chantier Météor à l'origine de l'effondrement de la cour de l'école tout proche. « La dernière fois, lors de l'effondrement de l'école à 1 heure du matin, ça a tremblé chez nous. Vous comprenez que l'on peut être terrorisé », témoigne une habitante du quartier. Ils sont une cinquantaine, massés derrière les rubans du périmètre de sécurité, à s'interroger, certains refusant même de regagner leur domicile avant d'en savoir plus : « On ne sait rien, on veut des informations. »
« Prendre un maximum de précautions »
Rapidement, le député-maire de l'arrondissement, Serge Blisko, tente de les rassurer. « On va prendre un maximum de précautions dans ce climat de très grande vigilance. Mais je ne suis pas inquiet. Dans le quartier, on a déjà vu pire. » A ses côtés, le directeur général adjoint de la RATP, Jacques Rapoport écarte le lien avec le chantier Météor : les fissures sont situées à l'aplomb de la ligne 7 du métro, entre les stations Tolbiac et Maison-Blanche. A 22 h 15, les premiers employés d'une entreprise de travaux publics travaillant pour la Mairie de Paris arrivent sur place. A l'aide d'une masse, de premiers tests sont effectués pour évaluer le sous-sol. « Ça sonne creux », lâche un expert. Vers 23 heures, à l'aide d'un marteau piqueur cette fois, d'autres sondages sont effectués en cassant l'enrobé afin de creuser le sol sur une profondeur d'une cinquantaine de centimètres. « On va voir ce qu'il y a en dessous » explique un employé des travaux publics. Finalement, l'affaissement semble très limité, les fissures pouvant être simplement dues au gel. « Il n'y a fort heureusement pas grand-chose à craindre, commente Denis Baupin, l'adjoint aux transports. Ce type d'affaissement, on en voit très souvent sur la voirie parisienne. » A 23 h 45, le diagnostic tombait enfin : « Rien de particulier. On va reboucher le trou », concluait Olivier Vanhoutte, conducteur de travaux publics. Vers minuit, une mini-réunion de quartier s'improvise entre les derniers habitants présents et le maire de Paris arrivé lui aussi sur les lieux. « Bon courage, bonne soirée, lance Bertand Delanoë. On reste vigilants. » Pendant ce temps, un nouveau sondage était effectué, par précaution.
(LE PARISIEN d'aujourd'hui)
A ce rythme, le Bullechef va se retrouver au niveau du métro sans avoir rien demandé ;o)))
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 | | frads, 26.02.2003 à 16:35 | 79825 |
|  |  | | Et Georges Frisque est un escroc qui est qualifié de "cloporte des tribunaux", ou un truc comme ça. Il se mêle de toutes sortes de choses qui ne le regardent pas pour foutre le bocson dans la justice belge. Exemple, il s'est fait pote avec Marc Dutroux pour le convaincre de changer d'avocat. Il y en a eu d'autres plus "politiques" que ça, mais elles ne me reviennet pas comme ça là maintenant. |
 | |  |  | | Le concours Reine Elisabeth est un concours musical belge très médiatisé. :o) |
 | | J-C, 26.02.2003 à 15:42 | 79819 |
|  |  | tu reçois la Libre Belgique à Toulouse, Tini ? :-))
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