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Docteur C, 17.07.2017 à 13:38366124
Xavier :


En ce qui me concerne, il y a là tout un tas de choses non dites qui troublent un peu le débat.

1. l'idée que ces Cahiers de la BD vont toucher un large public, et donc potentiellement changer la donne. Alors oui, le magazine est annoncé en kiosque pour le 26 septembre 2017, mais en même temps, je note qu'on a à peine 368 "KissBankers" (dont certains ne sont peut-être que des collectionneurs opportunistes), ce qui encourage à une certaine mesure.

La répartition des contributeurs est affichée sur la droite, ce sont 45 achats du premier numéro, environ 250 abonnés pour la première année, ce qui laisse la place à une cinquantaine de supposés collectionneurs opportunistes.

Xavier :

2. l'idée (qui s'appuie sur la précédente) que ces Cahiers de la BD vont donner de la visibilité aux œuvres qu'ils évoqueront (grâce à ce fameux "poids du papier"). Tout dépendra largement de la hiérarchie qui va s'établir dans la revue, entre les sujets "majeurs" (les dessins sur nappe de Vives?) et des aspects considérés comme plus mineurs. Mais il faut bien garder en tête que ce que les Cahiers de la BD cherchent à rendre visible en premier lieu, ce sont les Cahiers de la BD. (autres exemples: tout le tintouin fait autour du dernier numéro du Débat a surtout affirmé la légitimité du Débat, et le Festival d'Angoulême a toujours plus œuvré à affirmer sa propre importance que celle de la bande dessinée)

Tout à fait, un chemin de fer, les titres, emportent déjà une hiérarchie. Or ici on pourra nous envoyer un train de noms d'auteurs "invisibles", ou des ambitions critiques ou théoriques naviguant autour des concepts aristotéliciens, qu'en restera-t-il dans la hiérarchie que pourra poser cette revue ? Les dessins de nappe de Bastien Vivès, etc. C'est sans doute là que la différence majeure d'avec Pré Carré saute aux yeux, puisqu'on pourra dire ce qu'on voudra, mais les sommaires de Pré Carré composent de tout autre paysages critiques et théoriques, pour les bandes dessinées. Éclairent certaines œuvres sans chercher à transiger avec l'imaginaire d'un marché, d'une actualité, de formes d'écritures attendues, etc.
En outre pour ces Cahiers de la BD, la pagination copieuse (160 pages), nous l'avions relevé, est morcelée en cahiers de 16 pages "thématiques" qui font douter des possibilités d'amplitude des textes.

Xavier :

3. l'idée ensuite que ces Cahiers de la BD pourraient être le lieu où pourrait devenir visible un discours critique exigeant. Là, tu soulignes toi-même toutes les contraintes et limites que cela implique. A chacun de savoir s'il est prêt à accepter un tel fonctionnement...
J'allais écrire "à quel prix", mais justement, c'est là que s'introduit ce truc qu'on écarte rapidement, mais qui a une importance fondamentale dans l'histoire: la dimension alimentaire (sans que ce soit péjoratif) du papier, qui reste, il est vrai, infiniment supérieur à ce que le web peut proposer. Car le nœud de l'histoire est bien là: ce n'est pas tant "écrire sur des choses obscures" qui importe, ni "développer un discours critique", mais bien essayer de le faire tout en étant payé pour.

Et c'est là probablement que se situe la compromission irréconciliable avec l'approche d'un Pré Carré. Ce choix de faire, à sa manière, sans attendre d'avoir une forme d'autorisation, sans conditions.

Pas convaincu de ça, toute production collective emporte des contraintes, qui peuvent être tout aussi lourdes que celles de cette revue en kiosque et en librairie claironnant un titre racheté aux éditions Glénat. L'aspect économique est à penser, du côté du fanzine, de la petite édition, on le chasse souvent dans un impensé libertaire apriorique, cependant les conditions économiques, et plus largement politiques, de cette petite édition ne sont pas toujours aussi belles qu'il est prétendu.
Dans ces nouveaux Cahiers de la BD on sent à l'œuvre un savoir-faire vendre du papier sur des petits signaux qui est pleinement absent de Pré Carré - et de fait de du9 car il n'y a pas de papier à acheter, ni rien qui se vende sur le site, là où je te rejoindrais.

lldm, 17.07.2017 à 13:25366123
Pierre :


Pour ma part je suis resté longtemps traumatisé par la lecture d'une analyse sémiotique des Tuniques bleues dans le n° consacré à Raoul Cauvin ...


tant de souffrances pour donner, aux dépends de pauvres enfants innocents, à des théories moisies un illusoire bain de jouvence et rassurer leurs praticiens qu'ils sont, allez, quand même, un peu canaillous et un peu peuple !
Et si tout ça c'était encore un coup des maos ?

Pierre, 17.07.2017 à 13:21366122
Allister Baudin :
J'ai eu des petites déceptions lors de mon unique incursion précédente dans la presse, à laquelle Pierre fait allusion (en exagérant un peu sur le démantèlement, mais peut-être que je l'avais moi-même exagéré lorsque je lui en ai parlé au moment de la sortie du numéro, vivant mal les altérations de textes qui me demandent des semaines/mois de travail - par ailleurs j'ai compris après des échanges avec le rédacteur en chef que j'étais partiellement responsable de ce qui s'était produit), mais j'ai fini par comprendre, à force de discussion avec des amis qui travaillent dans les journaux les plus divers, que des trucs comme des "relectures à la maquette" peuvent être obtenues à force d'insistance et que l'on est toujours finalement responsable de ce qu'on laisse faire.


Ainsi le coupable, c'est toi ? Je n'ai peut-être pas choisi le terme adéquat, j'aurais plutôt dû parler de "démembrement", car il m'a été difficile de suivre le propos des dossiers du fait d'un agencement du texte absurde et - pardon - hideux (mais l'heure très matinale où j'ai effectué cette lecture dans un Paris-Tours peu confortable y est peut-être aussi pour quelque chose).

Pierre, 17.07.2017 à 13:08366121
lldm :
Afin de dissiper tout malentendu : contrairement à mes petits camarades de classe de l'époque, je n'étais pas lecteur des Cahiers première mouture, parce que je les trouvais déjà pas terribles terribles. Les articles excitants, brillants, y étaient des perles rares paumées dans pas mal de bavardage et d'articles sur des auteurs à la con. Les dossiers étaient globalement d'une timidité maladive. Ce n'est donc pas la nostalgie qui me motive, mais l'illusion de croire que quand on refait un truc, c'est pour le faire mieux, corriger ce qu'on avait un peu bâclé.


Pour ma part je suis resté longtemps traumatisé par la lecture d'une analyse sémiotique des Tuniques bleues dans le n° consacré à Raoul Cauvin ...

lldm, 17.07.2017 à 12:58366120
Afin de dissiper tout malentendu : contrairement à mes petits camarades de classe de l'époque, je n'étais pas lecteur des Cahiers première mouture, parce que je les trouvais déjà pas terribles terribles. Les articles excitants, brillants, y étaient des perles rares paumées dans pas mal de bavardage et d'articles sur des auteurs à la con. Les dossiers étaient globalement d'une timidité maladive. Ce n'est donc pas la nostalgie qui me motive, mais l'illusion de croire que quand on refait un truc, c'est pour le faire mieux, corriger ce qu'on avait un peu bâclé.

lldm, 17.07.2017 à 12:48366119
Glotz :

Reste à savoir si les articles isolés sur des auteurs ou structures exigeants dans des titres grand public ont une influence sur le lectorat. Ainsi, LLDM, par curiosité, sais-tu si des gens sont venus à ton travail depuis l'article de mars dernier sur ActuaBD ?


je n'ai guère de moyens de le savoir. Sinon ceci : ce livre, "sous les bombes", pour toutes sortes de raisons et de malentendus, est le seul qui ait jamais suscité quelque chose comme de l'écriture (quasiment pas sur du papier, d'ailleurs). Et malgré le fait qu'il soit disponible pour les libraires seulement en vente ferme, malgré son incongruité, il se vend indubitablement mieux que la plupart de mes livres. Impossible d'établir pour autant un lien de causalité, mais c'est un fait. Je n'ai jamais douté pour ma part que si on parlait régulièrement d'autres choses que des niaiseries ambiantes dans les pages des magazines les plus populaires, elles s'établiraient dans le champ des possibles avec une évidence qui inclinerait, au pire, à cesser de les considérer comme des monstres, des erreurs, des pathologies éditoriales, des trucs d'intellos (le mépris vient de l'usage du terme, c'est un mot que je n'emploie personnellement jamais), au mieux à les désirer. J'ajoute d'ailleurs ceci, à propos de ces publications et de ce qui est dit des NCBD : l'argument des cadres éditoriaux est irrecevable. CQFD est un journal insoupçonnable de formatage pour ses auteurs. Et pourtant, il leur est arrivé de me demander de rogner un article pour satisfaire à ce fameux cadre. Je m'y suis refusé, leur proposant, plutôt, d'oublier l'article ; les camarades ont accepté le fait qu'il ne s'agissait pas d'un caprice, mais d'une exigence fondée en sens, et ont simplement un peu poussé les marges pour le publier. Depuis, toutes les fois où je propose un article, la question ne se pose plus. Je préfère que l'article, le dessin, saute, plutôt que de voir mon travail saboté. Lorsque j'ai proposé "Prières" à la cinquième couche, Xavier m'a écrit "il faudrait sans doute revoir l'écriture". Je n'ai pas discuté, argumenté, j'ai poliment dit que j'allais voir ailleurs, ce qui fut fait. Et ce qui n'empêche pas, depuis, que d'autres livres naissent avec eux. Je pense qu'on peux TOUJOURS s'opposer à des règles qu'on juge médiocres, injustes, bêtes ou dieu sait quoi.

lldm, 17.07.2017 à 12:30366118
Xavier :

certaine mesure. A mon sens, on touche un peu à une forme de "fascination du papier" qui perdure, et donnerait une forme de primauté à ce qui est imprimé par rapport à ce qui peut se développer en ligne. (Je suis peut-être un peu en train de prêcher pour ma paroisse, mais je note par exemple le distinguo fort établi sur le sujet dans l'article sur le "fanzine" récemment paru dans le Dictionnaire de Neuvième Art -- même chose sur "bédéphilie" ou "critique": la publication en ligne reste un impensé)


tu l'as dit plus haut, c'est un non-dit ; mais je doute que ce soit un impensé (c'est une des premières choses qui motiva la naissance de P.C., dans un rapport qui va du dialogue à la lutte entre les modalités, et dont nous causions dans tes pages, d'ailleurs) parce que la question, devant le papier, pour la critique et la théorie, n'est pas tant celle d'un fétichisme historique qu'un désir de clarté sur le désir qu'on a d'elles. Si PC est sur papier, et je suppose des motivations de cet ordre jusque dans les publications les plus racoleuses, c'est en gardant tendue cette volonté qu'on aille chercher la théorie, qu'on l'acquiert, qu'on paye pour ça, simplement par que la mise en ligne est depuis quelques années la fatalité de la recherche, pas sa chance, et qu'on ne sait plus très bien pourquoi on fait tout ça quand on enquille ses lignes si aucune demande ne vient, à un moment, se formuler.


Xavier :
2. l'idée (qui s'appuie sur la précédente) que ces Cahiers de la BD vont donner de la visibilité aux œuvres qu'ils évoqueront (grâce à ce fameux "poids du papier").


étrange déclaration, Xavier... On causerait de tou ça pour quoi ? Ce point de credo est celui qui sous-tend toute activité éditoriale, même si personne n'est dupe de l'exagération nécessaire qu'il implique, ne serait-ce que pour se mettre au boulot. Nous en parlons, de part et d'autre, en prenant en considération l'objectif exposé d'une entreprise éditoriale, et c'est dans cette mesure qu'on lui dispute ou qu'on lui accorde sa légitimité, selon nos régimes éthiques, intellectuels, etc. Sinon, on pourrait se retrouver à faire cette étrange déclaration (et y croirais-tu toi-même ?) : effectivement, ils peuvent bien y faire la promotion des idées les plus déplaisantes jusqu'à l'ignominie, ça n'a aucune importance puisqu'ils ne donnent pas de visibilité à ces idées.

Xavier :
Mais il faut bien garder en tête que ce que les Cahiers de la BD cherchent à rendre visible en premier lieu, ce sont les Cahiers de la BD.


sans aucun doute

Xavier :
3. l'idée ensuite que ces Cahiers de la BD pourraient être le lieu où pourrait devenir visible un discours critique exigeant. Là, tu soulignes toi-même toutes les contraintes et limites que cela implique. A chacun de savoir s'il est prêt à accepter un tel fonctionnement...


hmmm... Longue histoire, ça, Xavier, dont tu connais comme moi la perversité structurelle : pure autovérification par laquelle la presse, les médias, circulent dans la merde qu'ils établissent en nature. La vulgate libérale, et très notamment dans le monde du divertissement et des mass medias, ne fonctionne que sur cette circularité autovérifiée. Dès que des exceptions médiatiques ou culturelles, qui essaiment l'histoire des médias, exposent des réussites publiques (je veux dire conquièrent l'intérêt trsè au-delà de ce que le mépris apriorique leur concédait), elles sont tenues pour des exceptions, des bruits parasites, qui ne découragent jamais l'autorité du système.

Xavier :
J'allais écrire "à quel prix", mais justement, c'est là que s'introduit ce truc qu'on écarte rapidement, mais qui a une importance fondamentale dans l'histoire: la dimension alimentaire (sans que ce soit péjoratif) du papier, qui reste, il est vrai, infiniment supérieur à ce que le web peut proposer. Car le nœud de l'histoire est bien là: ce n'est pas tant "écrire sur des choses obscures" qui importe, ni "développer un discours critique", mais bien essayer de le faire tout en étant payé pour.


Tu veux dire que tous ces rédacteurs ne vont pas, comme je le croyais, écrire dans des revues aux ambitions médiocres, que parce que Pré Carré ne leur ouvre pas ses portes ? Ooooh, comme je suis déçu, nous pensions avoir suscité un tel désir d'écrire, rayonner comme un tel modèle de pensée, de bravoure !
Ceci dit, je pense sincèrement que si une revue en kisoque émettait des signes d'intérêt non-feint pour notre discipline dans ses aspects les plus immédiats - et bien au-delà de mes propres marottes, je ne suis pas obsédé par l'adéquation de mon cadre éditorial à mes goûts, que même Pré Carré ne reflète pas, ni par les oeuvres, ni par les axes théoriques - sans cette répugnante guirlande clignotante de vulgarité et de paresse affichée par les nouveaux (ça m'écorche la gueule) cahiers, je serais heureux, nous serions nombreux, à y écrire sans nous soucier de ce que ça rapporte, tu ne crois pas ? C'est pas une question de pognon qui rend adéquat à la vulgarité, c'est l'opportunité de rester aussi feignasse qu'on peut l'être là où on vous encourage à le faire. Si on filait du fric à toute cette belle brochette pour bosser dans du9 ou Pré Carré, tu crois vraiment qu'ils deviendraient d'un seul coup capables d'un vrai travail théorique ou d'un intérêt subit pour Benjamin Bergman ou Paul Creus ? ça fait combien de siècles que Peeters a pas eu le début de la queue d'une idée ? C'est quand, Beaujean théoricien ?
Bref, c'est bien le sentiment d'un beau gachis de possible (contrairement à toi je pense que l'ampleur économicotechnique et la qualité de la presse en kiosque ne sont pas incompatible d'emblée), d'un coup pour rien écrit d'avance, qui suscite je pense autant d'attachement et d'agacemen sur ce fil, ici ou ailleurs.

Glotz, 17.07.2017 à 12:29366117
Il a fallu plus de 20 ans et l'arrivée de Frédéric Hojlo pour qu'ActuaBD se mette à évoquer des éditeurs et auteurs alternatifs qui n'y avaient jusque là guère droit de cité, au milieu d'une masse d'articles toujours aussi affligeants ; on doit pouvoir espérer que dans les CBD version Bernière cela prendra moins de temps... Je me demande comment il réagirait à des propositions de papier sur Huet ou Adverse pour le numéro 2.

Reste à savoir si les articles isolés sur des auteurs ou structures exigeants dans des titres grand public ont une influence sur le lectorat. Ainsi, LLDM, par curiosité, sais-tu si des gens sont venus à ton travail depuis l'article de mars dernier sur ActuaBD ?

Allister Baudin, 17.07.2017 à 12:05366116
Xavier :
Allister Baudin :
Je le redis encore, ce ne sera pas facile. Non seulement on écrit des articles qui d’emblée ne sont pas parfaits – en tout cas en ce qui me concerne je n’ai pas cette prétention, d’autant que la limitation en nombre de signe oriente en amont la pensée vers ce qu’elle a de plus bégayant (à propos de mon propre article, j’ai bien des réserves) -, mais en plus ils seront édités et réé-édités (coupés, réécrits, accolés à des textes que l’on n’a pas écrit - légendes, chapeau, etc). Avant de maîtriser tout ça, ou de pouvoir agir sur tout ça, il faudra de la persévérance et pas mal d’espoir. Néanmoins la possibilité qu’il en reste quelque chose existe (pour l’instant, on verra a posteriori) et au lieu de cracher dessus on fait tout pour que cette possibilité s’actualise. Peut-être que tout ceci est conjuratoire et que je pressens bien que tout est foutu, peut-être que mon aveuglement disparaitra avec le premier numéro imprimé, et peut-être qu’en fait je serai agréablement surpris.


En ce qui me concerne, il y a là tout un tas de choses non dites qui troublent un peu le débat.

1. l'idée que ces Cahiers de la BD vont toucher un large public, et donc potentiellement changer la donne. Alors oui, le magazine est annoncé en kiosque pour le 26 septembre 2017, mais en même temps, je note qu'on a à peine 368 "KissBankers" (dont certains ne sont peut-être que des collectionneurs opportunistes), ce qui encourage à une certaine mesure. A mon sens, on touche un peu à une forme de "fascination du papier" qui perdure, et donnerait une forme de primauté à ce qui est imprimé par rapport à ce qui peut se développer en ligne. (Je suis peut-être un peu en train de prêcher pour ma paroisse, mais je note par exemple le distinguo fort établi sur le sujet dans l'article sur le "fanzine" récemment paru dans le Dictionnaire de Neuvième Art -- même chose sur "bédéphilie" ou "critique": la publication en ligne reste un impensé)

2. l'idée (qui s'appuie sur la précédente) que ces Cahiers de la BD vont donner de la visibilité aux œuvres qu'ils évoqueront (grâce à ce fameux "poids du papier"). Tout dépendra largement de la hiérarchie qui va s'établir dans la revue, entre les sujets "majeurs" (les dessins sur nappe de Vives?) et des aspects considérés comme plus mineurs. Mais il faut bien garder en tête que ce que les Cahiers de la BD cherchent à rendre visible en premier lieu, ce sont les Cahiers de la BD. (autres exemples: tout le tintouin fait autour du dernier numéro du Débat a surtout affirmé la légitimité du Débat, et le Festival d'Angoulême a toujours plus œuvré à affirmer sa propre importance que celle de la bande dessinée)

3. l'idée ensuite que ces Cahiers de la BD pourraient être le lieu où pourrait devenir visible un discours critique exigeant. Là, tu soulignes toi-même toutes les contraintes et limites que cela implique. A chacun de savoir s'il est prêt à accepter un tel fonctionnement...
J'allais écrire "à quel prix", mais justement, c'est là que s'introduit ce truc qu'on écarte rapidement, mais qui a une importance fondamentale dans l'histoire: la dimension alimentaire (sans que ce soit péjoratif) du papier, qui reste, il est vrai, infiniment supérieur à ce que le web peut proposer. Car le nœud de l'histoire est bien là: ce n'est pas tant "écrire sur des choses obscures" qui importe, ni "développer un discours critique", mais bien essayer de le faire tout en étant payé pour.

Et c'est là probablement que se situe la compromission irréconciliable avec l'approche d'un Pré Carré. Ce choix de faire, à sa manière, sans attendre d'avoir une forme d'autorisation, sans conditions.


Je suis globalement d'accord avec ces remarques.

1. Alors si j'ai donné l'impression que les Cahiers vont changer la donne, j'avoue que c'est d'abord parce que j'ai une fascination (archivisme ? fétichisme ? ringardise? amour pour les attrapes-poussières ?) pour la presse papier. Le simple fait de pouvoir trouver en kiosque une revue qui traite de sujets qui me plaisent, de façon au moins décente, voire parfois intéressante comme Atom, peut me rendre très heureux. C'est peut-être un défaut.
Après, si j'ai pu donner l'impression que je croyais en une donne qui allait changer, c'était 1) pour les contributeurs qui non seulement peuvent être rémunérés pour leur travail - ce qui revient à ta remarque finale 2) non parce qu'un large public allait être touché mais éventuellement un autre public de celui de du9 ou Pré Carré - je reste hypothétique, mais mes tendances optimistes me poussent à croire qu'il est bon de recommander du DeForge au lecteur de Blake et Mortimer. Encore une fois, c'est peut être un tort. 3) Bon je ne trompe personne, tu as bien vu juste, le fétichisme de papier est peut-être à l'origine de l'importance que l'on fait par ci et par là de ce futur titre. C'est également ce que je soulevais lorsque je disais qu'il était bien ridicule de donner au Cahier une importance "mythique" ; les réactions souvent outrées à l'annonce de cette ressortie témoignent également de cette "fascination du papier".

2. Oui, tu as raison pour les hiérarchies, et on a déjà tous une petites idées de ce qu'elles vont être. Pourtant, de nombreux signes/conversations avec le rédacteur en chef et Mael me laissent penser qu'elles pourront finalement être renversées, au moins sporadiquement. De plus, "poids du papier" ou non, donner une certaine visibilité à des oeuvres qui en manquent me semble toujours bon à prendre, et c'est pourquoi une critique de Mael sur BoDoi (en ligne) comme celle du Préteseille n'a pas a être méprisée. En ce qui me concerne, j'ai calé où j'ai pu des renvois à des oeuvres que la revue n'avait pas prévu d'aborder frontalement ; comme je l'écrivais plus bas, même si c'est rejeté dans l'ombre au sein de la revue elle-même, ça y sera au moins présent, on en est a biaiser, à contourner des trucs pour citer un titre ou deux, mais au moins ça sort, ça existe, ça peut circuler. Et peut-être que par la suite il ne faudra même pas ruser pour parler de certains auteurs.

3. Accepter un tel fonctionnement : pour l'instant je crois malgré tout qu'au prix de certaines acrobaties il est possible de faire sauter le verrou qui semble séparer les rédacteurs du produit fini et d'obtenir un controle sur celui-ci. C'est très possible que je me trompe, mais si j'y arrive ce sera le résultat d'efforts difficiles. J'ai eu des petites déceptions lors de mon unique incursion précédente dans la presse, à laquelle Pierre fait allusion (en exagérant un peu sur le démantèlement, mais peut-être que je l'avais moi-même exagéré lorsque je lui en ai parlé au moment de la sortie du numéro, vivant mal les altérations de textes qui me demandent des semaines/mois de travail - par ailleurs j'ai compris après des échanges avec le rédacteur en chef que j'étais partiellement responsable de ce qui s'était produit), mais j'ai fini par comprendre, à force de discussion avec des amis qui travaillent dans les journaux les plus divers, que des trucs comme des "relectures à la maquette" peuvent être obtenues à force d'insistance et que l'on est toujours finalement responsable de ce qu'on laisse faire.


lldm :

Ce n'est pas LA question. Du coup, devant cette lecture éclairée de si peu de choses, en lisant ça

Allister Baudin :

Ok, je me la ferme et je continue de lire tes articles avec un plaisir entrecoupé d’agacement à chaque faux-sens sur des concepts aristotéliciens (mais c’est vrai, ta lecture fautive d’Aristote permet quelques trouvailles pour traiter heureusement d’autres œuvres


c'est moi qui ai ri
je vais prendre le risque de me passer de tes bons points


J'ai mal utilisé ces mots bêtes de "fautifs" et de "faux-sens", dus à un post écrit trop tôt après une nuit trop courte qui donne effectivement l'impression que je voulais distribuer des bons points, décidément cette conversation par forum aura été menée très vite, trop vite pour ma façon d'écrire et sans doute de penser. Il y a juste des choses qui m'ont intrigué dans ta façon d'aborder Aristote, qui ne correspondent pas forcément à ma façon de le fréquenter, j'aurais aimé en discuter, précisément parce que je souhaitais questionner ma façon d'y voir une lecture fautive. Je n'ai pas de bons points à distribuer.

lldm, 17.07.2017 à 11:45366115
Allister Baudin :

La question de LL De Mars à Maël était : va-t-il utiliser cet espace pour parler d’œuvres dont personne ne parle ?


Ce n'est pas LA question. Du coup, devant cette lecture éclairée de si peu de choses, en lisant ça

Allister Baudin :

Ok, je me la ferme et je continue de lire tes articles avec un plaisir entrecoupé d’agacement à chaque faux-sens sur des concepts aristotéliciens (mais c’est vrai, ta lecture fautive d’Aristote permet quelques trouvailles pour traiter heureusement d’autres œuvres


c'est moi qui ai ri
je vais prendre le risque de me passer de tes bons points

Xavier, 17.07.2017 à 10:52366114
Allister Baudin :
Je le redis encore, ce ne sera pas facile. Non seulement on écrit des articles qui d’emblée ne sont pas parfaits – en tout cas en ce qui me concerne je n’ai pas cette prétention, d’autant que la limitation en nombre de signe oriente en amont la pensée vers ce qu’elle a de plus bégayant (à propos de mon propre article, j’ai bien des réserves) -, mais en plus ils seront édités et réé-édités (coupés, réécrits, accolés à des textes que l’on n’a pas écrit - légendes, chapeau, etc). Avant de maîtriser tout ça, ou de pouvoir agir sur tout ça, il faudra de la persévérance et pas mal d’espoir. Néanmoins la possibilité qu’il en reste quelque chose existe (pour l’instant, on verra a posteriori) et au lieu de cracher dessus on fait tout pour que cette possibilité s’actualise. Peut-être que tout ceci est conjuratoire et que je pressens bien que tout est foutu, peut-être que mon aveuglement disparaitra avec le premier numéro imprimé, et peut-être qu’en fait je serai agréablement surpris.


En ce qui me concerne, il y a là tout un tas de choses non dites qui troublent un peu le débat.

1. l'idée que ces Cahiers de la BD vont toucher un large public, et donc potentiellement changer la donne. Alors oui, le magazine est annoncé en kiosque pour le 26 septembre 2017, mais en même temps, je note qu'on a à peine 368 "KissBankers" (dont certains ne sont peut-être que des collectionneurs opportunistes), ce qui encourage à une certaine mesure. A mon sens, on touche un peu à une forme de "fascination du papier" qui perdure, et donnerait une forme de primauté à ce qui est imprimé par rapport à ce qui peut se développer en ligne. (Je suis peut-être un peu en train de prêcher pour ma paroisse, mais je note par exemple le distinguo fort établi sur le sujet dans l'article sur le "fanzine" récemment paru dans le Dictionnaire de Neuvième Art -- même chose sur "bédéphilie" ou "critique": la publication en ligne reste un impensé)

2. l'idée (qui s'appuie sur la précédente) que ces Cahiers de la BD vont donner de la visibilité aux œuvres qu'ils évoqueront (grâce à ce fameux "poids du papier"). Tout dépendra largement de la hiérarchie qui va s'établir dans la revue, entre les sujets "majeurs" (les dessins sur nappe de Vives?) et des aspects considérés comme plus mineurs. Mais il faut bien garder en tête que ce que les Cahiers de la BD cherchent à rendre visible en premier lieu, ce sont les Cahiers de la BD. (autres exemples: tout le tintouin fait autour du dernier numéro du Débat a surtout affirmé la légitimité du Débat, et le Festival d'Angoulême a toujours plus œuvré à affirmer sa propre importance que celle de la bande dessinée)

3. l'idée ensuite que ces Cahiers de la BD pourraient être le lieu où pourrait devenir visible un discours critique exigeant. Là, tu soulignes toi-même toutes les contraintes et limites que cela implique. A chacun de savoir s'il est prêt à accepter un tel fonctionnement...
J'allais écrire "à quel prix", mais justement, c'est là que s'introduit ce truc qu'on écarte rapidement, mais qui a une importance fondamentale dans l'histoire: la dimension alimentaire (sans que ce soit péjoratif) du papier, qui reste, il est vrai, infiniment supérieur à ce que le web peut proposer. Car le nœud de l'histoire est bien là: ce n'est pas tant "écrire sur des choses obscures" qui importe, ni "développer un discours critique", mais bien essayer de le faire tout en étant payé pour.

Et c'est là probablement que se situe la compromission irréconciliable avec l'approche d'un Pré Carré. Ce choix de faire, à sa manière, sans attendre d'avoir une forme d'autorisation, sans conditions.

Pierre, 17.07.2017 à 10:35366113
A priori peu séduit par ce come-back que je n'avais pas vu arriver, mais le peu qu'il semble subsister après publication, des dossiers d'Allister Baudin dans Beau Arts Magazine (à ce propos je serais curieux de voir le avant/après) et leur démantèlement méthodique par un maquettiste fou, me fait craindre le pire ... Je jugerai sur pièce à la rentrée.

C'était ma contribution inutile au débat !

Allister Baudin, 17.07.2017 à 7:29366110
Docteur C :
Tu sembles vouloir poser un rapport concurrentiel d'avec les cahiers de la BD à paraître qui me paraît absurde, dans vos ambitions d'écritures.

Blake & Mortimer en couverture du 1, un premier hors-série sur Goscinny, le sommaire du premier numéro et sa couverture envoie une dernière fois beaucoup de signaux très négatifs, dans une nuée de slogans détestables. Peut-être lirais-je quelques numéros de cette revue, empruntés en bibliothèque, mais mon soutien apriorique est impossible, entends-le.


Bon, c’est dommage, à ce niveau –là c’est pas du dialogue de sourd, tu me fais dire l’inverse de ce que j’ai écrit. Je mets volontiers ça sur le compte de mon écriture semi-orale « spéciale forum ». J’imagine que le dialogue s’exténue tout seul également, on ne peut pas se répéter à l’infini. Je vais quand même le répéter : j’écrivais précisément que j’avais lu/entendu ailleurs des phrases qui comparaient Pré Carré et Les Cahiers, c’est une comparaison que je trouve absurde et je l’ai relevé dans mon précédent message. C’est exactement ce que tu écris toi-même. C’est une comparaison absurde, non seulement dans les ambitions d’écritures, mais surtout dans les conditions d’écritures (cf. la liste des contraintes déplaisantes qu’un rédacteur pour la « presse » doit se manger). Bon, voilà qui est établi.
J’ai re-mobilisé Pré Carré par ailleurs pour tout autre chose dans un argument idiot, dont j’ai reconnu la bêtise (qui affirmait que le fait que tu écrives sur Schrauwen dans Pré Carré était le signe du fait que c’était un auteur « peu visible »). C’est tout, pas de concurrence.
Pour le soutien apriorique, tu ne sembles pas comprendre que personne ne te le demande, et personne ne nous le demande non plus si ça signifie adhérer à tout ce que la revue va proposer. Je pense qu’on a tous une certaine représentation du 1er numéro assez proche. De la couverture Blake et Mortimer au thème principal en passant par l’absence de sujet postposé dans la question qui l’énonce, on est conscients de ce à quoi va ressembler une partie de la revue.
Il se trouve que le rédacteur en chef nous a laissé la possibilité de proposer des choses qui abordent des œuvres différentes de celles présentes en couverture, ou d’écrire des textes qui correspondent à notre vision de la critique. Evidemment, ce ne sera pas si facile à faire de façon satisfaisante (je le répète, il faudra du temps) mais je ne me voyais pas refuser cette occasion pour critiquer après-coup le contenu des Cahiers en déplorant que l’on n’y trouve pas ce que précisément on nous a proposé d’apporter!
Je le redis encore, ce ne sera pas facile. Non seulement on écrit des articles qui d’emblée ne sont pas parfaits – en tout cas en ce qui me concerne je n’ai pas cette prétention, d’autant que la limitation en nombre de signe oriente en amont la pensée vers ce qu’elle a de plus bégayant (à propos de mon propre article, j’ai bien des réserves) -, mais en plus ils seront édités et réé-édités (coupés, réécrits, accolés à des textes que l’on n’a pas écrit - légendes, chapeau, etc). Avant de maîtriser tout ça, ou de pouvoir agir sur tout ça, il faudra de la persévérance et pas mal d’espoir. Néanmoins la possibilité qu’il en reste quelque chose existe (pour l’instant, on verra a posteriori) et au lieu de cracher dessus on fait tout pour que cette possibilité s’actualise. Peut-être que tout ceci est conjuratoire et que je pressens bien que tout est foutu, peut-être que mon aveuglement disparaitra avec le premier numéro imprimé, et peut-être qu’en fait je serai agréablement surpris.

La question de LL De Mars à Maël était : va-t-il utiliser cet espace pour parler d’œuvres dont personne ne parle ? La réponse est oui. C’est tout. Pour le reste, on verra, il faudra du temps (et bien d'autres choses), c’est certain.

lldm :
Allister Baudin :

C'est drôle, il y aura normalement un article dans Les Cahiers qui traite ironiquement des différentes tentatives de définir "LA" bd, et qui insiste précisément sur la tendance idiote à l'hypostasier et à l'unifier (comme quoi, le nom d'une revue peut être fissuré de l'intérieur).


c’est très insuffisant pour produire de la connivence : se retrouver dans un espace où aprioriquement est détesté « l’art contemporain » par balourdise, ne crée aucun sentiment de confraternité si l’objet de cet exécration est également, pour telle ou telle raison, détesté par moi. J’ai également quelques exigences sur mon partage de l’ironie, et très notamment parce qu’elle est essentiellement maniée aujourd’hui par des imbéciles cyniques sans culture. On verra, donc, si « c’est drôle ». J’attends de juger sur pièce.


Je crois que tu peux enlever « ironiquement » de ma phrase et le remplacer par « vite-fait », mais on verra sur place, je ne sais pas ce que ça va donner non plus.
lldm :
Il serait assez bon de ne pas enterrer les concepts et les notions dans des mausolées ; la spécificité est bien d’autres choses, notamment la série des caractères de distinction propres à un champ (ici et là, quand j’en cause, à ma discipline). Et ceci implique possiblement la ductilité de ces caractères, leur acculturation, leur extension, leur agencement. Tout sauf de l’essentialisation.


Je me méfie des sorties par la ductilité ou la plasticité, je crois que je vais rester dans mon mausolée en ce qui concerne la notion de « spécificité » (de façon globale, si parler de « spécificité » permet de dire qu’une chose est « plus ou moins » de la bande dessinée, alors cette spécificité implique précisément une vision essentialiste de la bande dessinée, qui serait « plus ou moins » réalisée – c’est d’ailleurs précisément par série de distinction que se réalise l’espèce et la forme, jolis petits programmes unifiés, chez Aristote.)
lldm :
Pour éviter une fois encore les généralités abusives, je veux bien discuter de chaque usage de chaque italicisation chez moi avec qui en aura envie.


J’ai ri.
lldm :
Peut-être également que, continuant à dialoguer avec des vieux grecs jusque dans ce numéro 10 en train de s’écrire, j’attendrai que nous ayons toi et moi fait un peu plus de chemin ensemble avec Aristote (voici, donc, une italique). Ce qui m’intéresse, ce sont les points de capillarité théorique dans l’histoire des théories. Ce qui d’Aristote est vivant ne veut pas dire « toujours vivant », mais « toujours fécond ».

Ok, je me la ferme et je continue de lire tes articles avec un plaisir entrecoupé d’agacement à chaque faux-sens sur des concepts aristotéliciens (mais c’est vrai, ta lecture fautive d’Aristote permet quelques trouvailles pour traiter heureusement d’autres œuvres comme celles de Varlez – après je ne suis pas sûr que ce soit ainsi que les grands textes doivent montrer leur fécondité, mais c’est mon côté poussiéreux).
lldm :
Bon. Sinon, c'est trop le bordel dans ma bibliothèque, impossible de refoutre la main sur "Oxymore". Je retomberai dessu par hasard, j'imagine.

Aïe, mon article était nullissime, mais j’avais 17 ans (et je voulais y justifier des fanzines ratés encore plus nullissimes que j’avais fait précédemment) mais le projet de la revue était bien (dans le N°01 surnageaient, aux côtés de nos considérations adolescentes à Mael et moi, de mémoire –j’ai perdu mon exemplaire- un texte de Jérôme Leglatin, de Quievreux et de Jannequin).


lldm, 17.07.2017 à 1:55366109
Mael :

Pour le reste Allister défend mieux la revue que moi, pour avoir participé plus activement à l'élaboration de ce numéro 1. Moi je me suis simplement énervé parce que le procès d'intention au nom de la pureté (c'est malgré tout ça)


tu lis un mot sur dix pour arriver à cette conclusion ?
évoquer le "procès d'intention" fait partie de la même mélasse rhétorique et politicarde que le refuge derrière les accusations de bigoterie (sociale, politique, intellectuelle) et le hochet sempiternel de la pureté. On peut, par ailleurs, également être une pure saloperie. Ne jamais douter de ses arrangements sociaux au noms de buts louables et beaux et sentant bon la fraise inlassablement repoussés est une bonne façon d'y parvenir.
Je te laisse continuer à lustrer ton impeccable miroir. Mais cette activité cosmétique ne te donne pas la hauteur, gagnée sur rien et sans bouger ton cul, contrairement à ce que tu semble croire, de prendre tes interlocuteurs pour des idiots. Peut-être, pour une fois dans ta vie, devrais-tu écouter quelque chose. C'est quand, Maël, la dernière fois que tu as écouté ?

Mael, 17.07.2017 à 1:25366108
Docteur C :
Allister Baudin :
Schrauwen, argument à la noix ? Quand Pré Carré en parle (sous la plume de Docteur C !!), les auteurs peuvent se vanter d'aborder des oeuvres qu'on n'aborde pas ailleurs, mais quand Mael en parle, on se souvient tout d'un coup qu'il est publié chez Fantagraphics ?


Houla, c'est postuler l'invisibilité du travail d'Olivier Schrauwen qui est un argument à la noix. L'a-t-on fait lorsque le Pré Carré 6 est paru ? Je n'en ai pas souvenir.

Je n'interdis pas d'écrire à son sujet et j'avais relayé ici-même le copieux dossier que lui a consacré Neuvième art, qui le place au panthéon d'une trentaine d'auteurs incontournables. Je répète : invisible, Schrauwen?

Pour le reste je n'ai pas grand-chose à ajouter, je crains que vous ne constatiez sur le papier la triste destinée de vos ambitions d'écritures pour cette revue. Mais vous serez tou-te-s payé-e-s, cela justifie sans doute la sueur qui coulera de vous pour la défendre.


Mea culpa sur l'argument invisibilité, c'était pas le bon. De fait dans ce premier numéro j'ai été peu investi et ne parle que d'un Schrauwen, d'un Reuzé et de BD l'hebdo de la BD (seul article réellement de fond que j'ai écris, et c'est plus du récit historique que de l'analyse, je l'admet).

Je n'ai aucun pb avec le travail de commande, j'en fais d'autres, bien plus douteux, mais éthiquement ça va, ils ne sont pas possédés par des gens destatable, ce n'est pas de l'argent sale et la position est claire (je ne parle pas des Cahiers mais d'autres boulots de commandes). Bref les Cahiers oui c'est l'occasion d'avoir de la place pour écrire en étant payé, c'est un argument qui se reçoit, mais aussi de la place pour défendre des choses et pour ma part tout ce qui est le fanzinat justement je compte bien l'utiliser.

Anecdote : c'est par Gorgonzola que je suis arrivé aux Cahiers, et donc on y retrouvera le même types d'articles. Je compte bien parler de BD alternative, de fanzines et de patrimoine Dupuis. Je comprends que vous trouviez ça aberrant mais ça ne s'appelle pas vouloir être aimer par tout le monde, juste aimer différents trucs pas toujorus incohérents quand on voit l'importance des références à certaines BD très classiques voire planplan dans les oeuvres alternatives.

Pour le reste Allister défend mieux la revue que moi, pour avoir participé plus activement à l'élaboration de ce numéro 1. Moi je me suis simplement énervé parce que le procès d'intention au nom de la pureté (c'est malgré tout ça) est énervant. Si j'écris sur des auteurs peu grand public (un de mes derniers articles sur Bodoï c'était Musée Spectre de Préteseille au fait) on considère que c'est soit dans des choses de niches, soit noyés dans une masse alors c'est sans intérêt. Il y a des craintes légitimes, ce n'est pas notre revue. Sauf que quand je fais une revue moi, c'est en effet pour un petit public. Alors je préfère faire les deux, ça me semble plus utile. J'ai compris la position, mais je trouve ça idiot et ai certaines espérances pour la suite des cahiers.

lldm, 17.07.2017 à 1:21366107
Allister Baudin :


C'est drôle, il y aura normalement un article dans Les Cahiers qui traite ironiquement des différentes tentatives de définir "LA" bd, et qui insiste précisément sur la tendance idiote à l'hypostasier et à l'unifier (comme quoi, le nom d'une revue peut être fissuré de l'intérieur).


c’est très insuffisant pour produire de la connivence : se retrouver dans un espace où aprioriquement est détesté « l’art contemporain » par balourdise, ne crée aucun sentiment de confraternité si l’objet de cet exécration est également, pour telle ou telle raison, détesté par moi. J’ai également quelques exigences sur mon partage de l’ironie, et très notamment parce qu’elle est essentiellement maniée aujourd’hui par des imbéciles cyniques sans culture. On verra, donc, si « c’est drôle ». J’attends de juger sur pièce.

Allister Baudin :
J'ajoute que l'essentialisation et uniformisation de la BD et de sa critique ressurgit partout, y compris dans ta bouche lorsque tu parles dès que tu le peux des "spécificités" de la BD (spécificité = langage de l'essence, repensée en espèce chez Artistote).


Il serait assez bon de ne pas enterrer les concepts et les notions dans des mausolées ; la spécificité est bien d’autres choses, notamment la série des caractères de distinction propres à un champ (ici et là, quand j’en cause, à ma discipline). Et ceci implique possiblement la ductilité de ces caractères, leur acculturation, leur extension, leur agencement. Tout sauf de l’essentialisation.

Allister Baudin :
Pour ce qui est de la façon uniforme de faire de la théorie, je suis bien d'accord que Pré Carré la met à mal largement et de façon salutaire (sans éviter par ailleurs certaines constantes qui rampent dans la critique, comme cette foutue utilisation de l'italique, qui semble permettre aux auteurs de chier des concepts en se contentant de pencher les lettres d'un mot, et qui est à la mode chez les critiques de bande dessinée, je sais pas d'où ça sort, peut-être une tendance à vouloir se prendre pour Deleuze sans passer par Hippolyte).


« Cette foutue utilisation de l’italique » n’est pas non plus une sorte d’universel, sa valeur change d’un rédacteur à un autre. Pour certains, c’est un tic. Pour d’autres, un écart nécessaire et léger (moins connotatif et excluant que les guillemets, par exemple) de l’éclairage de telle ou telle donnée. On trouve de la jean-foutrerie sous toutes sortes de clavier. Pour éviter une fois encore les généralités abusives, je veux bien discuter de chaque usage de chaque italicisation chez moi avec qui en aura envie.

Allister Baudin :
autres en permanence (d'ailleurs je serai ravi de tailler le bout de gras sur la philosophie antique et Aristote, j'ai lu récemment Synoptikon et je pense que y'a un truc douteux dans ta façon d'aborder le rapport substance/mouvement mais peut-être que tu t'en fiches).


Peut-être également que, continuant à dialoguer avec des vieux grecs jusque dans ce numéro 10 en train de s’écrire, j’attendrai que nous ayons toi et moi fait un peu plus de chemin ensemble avec Aristote (voici, donc, une italique). Ce qui m’intéresse, ce sont les points de capillarité théorique dans l’histoire des théories. Ce qui d’Aristote est vivant ne veut pas dire « toujours vivant », mais « toujours fécond ».

Bon. Sinon, c'est trop le bordel dans ma bibliothèque, impossible de refoutre la main sur "Oxymore". Je retomberai dessu par hasard, j'imagine.

Allister Baudin, 17.07.2017 à 0:16366106
lldm :
Allister Baudin :
J'avais bien compris que c'était postuler l’invisibilité que tu considérais comme un argument à la noix. Et je réitère ce que j'ai dis, puisque Pré Carré prétend aborder des auteurs que des grosses machines comme Les Cahiers rendraient invisibles, je ne vois pas pourquoi cette prétention ne s'étendrait pas à ton article, qui parlerait alors d'un article invisible - mais je conclus sans doute mal et Pré Carré n'a donc pas la prétention de n'aborder que des oeuvres invisibles, très bien, je reconnais mon erreur de jugement.


Pré Carré a également la prétention d'aborder les formes invisibles de la théorie, de la critique, et même de produire des formes éditoriales nouvelles pour y parvenir, quels que soient ses objets. Schrauwen, par exemple. Il ne s'agit pas de finasser, mais d'englober comme un seul et même problème - ce dont cette formule repoussante sur les intellos rend parfaitement compte pour ce que visent ces cahiers de "la BD" (moi, tu vois, c'est pas "BD", dont je me fous, qui me chagrine, mas la prétention infinie qu'abrite ce "LA" à savoir de quoi on cause, savoir proportionnel, sans doute, à la peau de chagrin à laquelle on aura réduit son objet) - englober comme un même problème, disais-je, ce dont on parle et la façon dont on en parle.


C'est drôle, il y aura normalement un article dans Les Cahiers qui traite ironiquement des différentes tentatives de définir "LA" bd, et qui insiste précisément sur la tendance idiote à l'hypostasier et à l'unifier (comme quoi, le nom d'une revue peut être fissuré de l'intérieur). D'ailleurs, j'ai été étonné de voir dans tes articles qu'on avait la même liste de mots qui sont utilisés de façon pseudo-anodine par les critiques et qu'il faudrait réinterroger (de "langage" à "genre"). J'ajoute que l'essentialisation et uniformisation de la BD et de sa critique ressurgit partout, y compris dans ta bouche lorsque tu parles dès que tu le peux des "spécificités" de la BD (spécificité = langage de l'essence, repensée en espèce chez Artistote). C'est la même chose lorsque l'on transpose le couple acte/puissance pour parler des "potentialités" de la BD (toute potentialité actualise un programme prédéfini et unifié).

Pour ce qui est de la façon uniforme de faire de la théorie, je suis bien d'accord que Pré Carré la met à mal largement et de façon salutaire (sans éviter par ailleurs certaines constantes qui rampent dans la critique, comme cette foutue utilisation de l'italique, qui semble permettre aux auteurs de chier des concepts en se contentant de pencher les lettres d'un mot, et qui est à la mode chez les critiques de bande dessinée, je sais pas d'où ça sort, peut-être une tendance à vouloir se prendre pour Deleuze sans passer par Hippolyte).

En ce qui me concerne j'avais abordé (quand j'avais 18 ans, avec Mael) le cas du fanzinat dans un petit fanzine théorique (bien différent de ce qui se faisait à l'époque), Oxymore. C'était bancal et ça n'avait eu aucun écho, tout le monde s'en foutait. Par la suite, j'avais abordé quand j'avais 21 ans Pepito dans un article (publié en introduction dans l'anthologie Cornélius) qui analyse l'oeuvre bien au delà de ses simples aspects formels (ce à quoi l'école groensteen semble avoir réduit "la" théorie de la BD), et il a été gentiment accueilli par le mépris de la part de ceux qui repoussent en se bouchant le nez toute bande dessinée réalisée dans le cadre d'une industrie (celle des petits formats) et par l'anti-intellectualisme primaire de la part des lecteurs habituels de ce genre de bande dessinée. Donc les formes invisibles de théorie, je vois très bien de quoi tu parles et je me penche sérieusement sur le boulot des autres en permanence (d'ailleurs je serai ravi de tailler le bout de gras sur la philosophie antique et Aristote, j'ai lu récemment Synoptikon et je pense que y'a un truc douteux dans ta façon d'aborder le rapport substance/mouvement mais peut-être que tu t'en fiches).

lldm :
Allister Baudin :

Ensuite, tu te trompes : ma paie ne justifie pas que je transpire à défendre la revue, je dirai ce que j'en pense à sa sortie. En revanche, je transpire à essayer d'y caler des trucs dont personne ne parle et plus encore, des réflexions que personne ne fait. C'est tout. Si le résultat imprimé me fait mal à la gueule, ce sera comme ça, j'aurais (on aura) essayé.


Hm. Je sais pas si c'est de la candeur, de l'aveuglement ou si c'est purement conjuratoire, mais j'ai pas de mots pour donner une mesure de la parallaxe entre tes déclarations et tous les signes de saloperies que présente ce projet cracra...


C'est un peu tout ce que tu dis mais j'ai encore de l'espoir. J'espère que les trucs bien qu'on a fait seront respectés. C'est conjuratoire, mais ma candeur associée au bulldozer des Rannou portera peut-être ses fruits.

Allister Baudin, 17.07.2017 à 0:16366105
lldm :
Allister Baudin :
J'avais bien compris que c'était postuler l’invisibilité que tu considérais comme un argument à la noix. Et je réitère ce que j'ai dis, puisque Pré Carré prétend aborder des auteurs que des grosses machines comme Les Cahiers rendraient invisibles, je ne vois pas pourquoi cette prétention ne s'étendrait pas à ton article, qui parlerait alors d'un article invisible - mais je conclus sans doute mal et Pré Carré n'a donc pas la prétention de n'aborder que des oeuvres invisibles, très bien, je reconnais mon erreur de jugement.


Pré Carré a également la prétention d'aborder les formes invisibles de la théorie, de la critique, et même de produire des formes éditoriales nouvelles pour y parvenir, quels que soient ses objets. Schrauwen, par exemple. Il ne s'agit pas de finasser, mais d'englober comme un seul et même problème - ce dont cette formule repoussante sur les intellos rend parfaitement compte pour ce que visent ces cahiers de "la BD" (moi, tu vois, c'est pas "BD", dont je me fous, qui me chagrine, mas la prétention infinie qu'abrite ce "LA" à savoir de quoi on cause, savoir proportionnel, sans doute, à la peau de chagrin à laquelle on aura réduit son objet) - englober comme un même problème, disais-je, ce dont on parle et la façon dont on en parle.


C'est drôle, il y aura normalement un article dans Les Cahiers qui traite ironiquement des différentes tentatives de définir "LA" bd, et qui insiste précisément sur la tendance idiote à l'hypostasier et à l'unifier (comme quoi, le nom d'une revue peut être fissuré de l'intérieur). D'ailleurs, j'ai été étonné de voir dans tes articles qu'on avait la même liste de mots qui sont utilisés de façon pseudo-anodine par les critiques et qu'il faudrait réinterroger (de "langage" à "genre"). J'ajoute que l'essentialisation et uniformisation de la BD et de sa critique ressurgit partout, y compris dans ta bouche lorsque tu parles dès que tu le peux des "spécificités" de la BD (spécificité = langage de l'essence, repensée en espèce chez Artistote). C'est la même chose lorsque l'on transpose le couple acte/puissance pour parler des "potentialités" de la BD (toute potentialité actualise un programme prédéfini et unifié).

Pour ce qui est de la façon uniforme de faire de la théorie, je suis bien d'accord que Pré Carré la met à mal largement et de façon salutaire (sans éviter par ailleurs certaines constantes qui rampent dans la critique, comme cette foutue utilisation de l'italique, qui semble permettre aux auteurs de chier des concepts en se contentant de pencher les lettres d'un mot, et qui est à la mode chez les critiques de bande dessinée, je sais pas d'où ça sort, peut-être une tendance à vouloir se prendre pour Deleuze sans passer par Hippolyte).

En ce qui me concerne j'avais abordé (quand j'avais 18 ans, avec Mael) le cas du fanzinat dans un petit fanzine théorique (bien différent de ce qui se faisait à l'époque), Oxymore. C'était bancal et ça n'avait eu aucun écho, tout le monde s'en foutait. Par la suite, j'avais abordé quand j'avais 21 ans Pepito dans un article (publié en introduction dans l'anthologie Cornélius) qui analyse l'oeuvre bien au delà de ses simples aspects formels (ce à quoi l'école groensteen semble avoir réduit "la" théorie de la BD), et il a été gentiment accueilli par le mépris de la part de ceux qui repoussent en se bouchant le nez toute bande dessinée réalisée dans le cadre d'une industrie (celle des petits formats) et par l'anti-intellectualisme primaire de la part des lecteurs habituels de ce genre de bande dessinée. Donc les formes invisibles de théorie, je vois très bien de quoi tu parles et je me penche sérieusement sur le boulot des autres en permanence (d'ailleurs je serai ravi de tailler le bout de gras sur la philosophie antique et Aristote, j'ai lu récemment Synoptikon et je pense que y'a un truc douteux dans ta façon d'aborder le rapport substance/mouvement mais peut-être que tu t'en fiches).

lldm :
Allister Baudin :

Ensuite, tu te trompes : ma paie ne justifie pas que je transpire à défendre la revue, je dirai ce que j'en pense à sa sortie. En revanche, je transpire à essayer d'y caler des trucs dont personne ne parle et plus encore, des réflexions que personne ne fait. C'est tout. Si le résultat imprimé me fait mal à la gueule, ce sera comme ça, j'aurais (on aura) essayé.


Hm. Je sais pas si c'est de la candeur, de l'aveuglement ou si c'est purement conjuratoire, mais j'ai pas de mots pour donner une mesure de la parallaxe entre tes déclarations et tous les signes de saloperies que présente ce projet cracra...


C'est un peu tout ce que tu dis mais j'ai encore de l'espoir. J'espère que les trucs bien qu'on a fait seront respectés. C'est conjuratoire, mais ma candeur associée au bulldozer Rannou portera peut-être ses fruits.

Docteur C, 17.07.2017 à 0:07366104
Allister Baudin :
J'avais bien compris que c'était postuler l’invisibilité que tu considérais comme un argument à la noix. Et je réitère ce que j'ai dis, puisque Pré Carré prétend aborder des auteurs que des grosses machines comme Les Cahiers rendraient invisibles, je ne vois pas pourquoi cette prétention ne s'étendrait pas à ton article, qui parlerait alors d'un article invisible - mais je conclus sans doute mal et Pré Carré n'a donc pas la prétention de n'aborder que des oeuvres invisibles, très bien, je reconnais mon erreur de jugement.

Pour ma part, je pense que Schrauwen, Umezu, LL de Mars, Lynd Ward, Kurtzman, DeForge sont des auteurs dont tout le monde se branle et que les Cahiers aborderont. Le top de 9e art me semble peu révélateur de la visibilité de Schrauwen.


Ceci ressemble de plus en plus à un dialogue de sourds mais :
Mael :

Niveaux chroniques j'y parle de trucs que tu hais et d'autres trucs que tu classeras dans ceux dont on ne parle jamais (Schrauwen par ex, mais je sais même que quelqu'un cause d'Adverse).


C'est sur cette phrase que j'ai tiqué, pardon, je trouve qu'il y a de quoi tiquer, car tu me demandes d'admettre que Schrauwen est un auteur dont on ne parle jamais, mais sur lequel j'ai en effet écrit un texte dans Pré Carré 6, sur son Arsène Schrauwen, paru chez Fantagraphics (mais d'abord en trois fascicules risographié auto-édité). Je suppose qu'il s'agira d'une mention ou d'un bref commentaire de la réédition du Miroir de Mogwli à L'association, deux activités d'écritures qu'on jugera équivalentes...

Quant à Pré Carré j'en ai quitté le comité éditorial il y a un bout de temps, ne compte plus jamais rien y publier, donc je me vois mal parler au nom de cette revue, en déclarer les intentions. Tu sembles vouloir poser un rapport concurrentiel d'avec les cahiers de la BD à paraître qui me paraît absurde, dans vos ambitions d'écritures.

Blake & Mortimer en couverture du 1, un premier hors-série sur Goscinny, le sommaire du premier numéro et sa couverture envoie une dernière fois beaucoup de signaux très négatifs, dans une nuée de slogans détestables. Peut-être lirais-je quelques numéros de cette revue, empruntés en bibliothèque, mais mon soutien apriorique est impossible, entends-le.

lldm, 16.07.2017 à 23:17366103
Allister Baudin :

Ensuite, tu te trompes : ma paie ne justifie pas que je transpire à défendre la revue, je dirai ce que j'en pense à sa sortie. En revanche, je transpire à essayer d'y caler des trucs dont personne ne parle et plus encore, des réflexions que personne ne fait. C'est tout. Si le résultat imprimé me fait mal à la gueule, ce sera comme ça, j'aurais (on aura) essayé.


Hm. Je sais pas si c'est de la candeur, de l'aveuglement ou si c'est purement conjuratoire, mais j'ai pas de mots pour donner une mesure de la parallaxe entre tes déclarations et tous les signes de saloperies que présente ce projet cracra...

lldm, 16.07.2017 à 23:00366102
Allister Baudin :
J'avais bien compris que c'était postuler l’invisibilité que tu considérais comme un argument à la noix. Et je réitère ce que j'ai dis, puisque Pré Carré prétend aborder des auteurs que des grosses machines comme Les Cahiers rendraient invisibles, je ne vois pas pourquoi cette prétention ne s'étendrait pas à ton article, qui parlerait alors d'un article invisible - mais je conclus sans doute mal et Pré Carré n'a donc pas la prétention de n'aborder que des oeuvres invisibles, très bien, je reconnais mon erreur de jugement.


Pré Carré a également la prétention d'aborder les formes invisibles de la théorie, de la critique, et même de produire des formes éditoriales nouvelles pour y parvenir, quels que soient ses objets. Schrauwen, par exemple. Il ne s'agit pas de finasser, mais d'englober comme un seul et même problème - ce dont cette formule repoussante sur les intellos rend parfaitement compte pour ce que visent ces cahiers de "la BD" (moi, tu vois, c'est pas "BD", dont je me fous, qui me chagrine, mas la prétention infinie qu'abrite ce "LA" à savoir de quoi on cause, savoir proportionnel, sans doute, à la peau de chagrin à laquelle on aura réduit son objet) - englober comme un même problème, disais-je, ce dont on parle et la façon dont on en parle.

Allister Baudin, 16.07.2017 à 22:26366101
J'avais bien compris que c'était postuler l’invisibilité que tu considérais comme un argument à la noix. Et je réitère ce que j'ai dis, puisque Pré Carré prétend aborder des auteurs que des grosses machines comme Les Cahiers rendraient invisibles, je ne vois pas pourquoi cette prétention ne s'étendrait pas à ton article, qui parlerait alors d'un article invisible - mais je conclus sans doute mal et Pré Carré n'a donc pas la prétention de n'aborder que des oeuvres invisibles, très bien, je reconnais mon erreur de jugement.

Pour ma part, je pense que Schrauwen, Umezu, LL de Mars, Lynd Ward, Kurtzman, DeForge sont des auteurs dont tout le monde se branle et que les Cahiers aborderont. Le top de 9e art me semble peu révélateur de la visibilité de Schrauwen.

Ensuite, tu te trompes : ma paie ne justifie pas que je transpire à défendre la revue, je dirai ce que j'en pense à sa sortie. En revanche, je transpire à essayer d'y caler des trucs dont personne ne parle et plus encore, des réflexions que personne ne fait. C'est tout. Si le résultat imprimé me fait mal à la gueule, ce sera comme ça, j'aurais (on aura) essayé.

lldm :
Tsss, tsss tss..
Qu’est-ce que ça peut bien vouloir dire de savoir dans quelles conditions de créations naissent toutes ces choses incroyables, belles et invisibles, d’en connaître la fragilité existentielle, économique, poétique, de les cotoyer dans ton fanzine et d’en cotoyer les auteurs, et de ne pas faire de la première occasion qui se présente de les arracher à leur précarité éditoriale et artistique un impératif catégorique ?
Qu'est-ce que ça veut dire de venir nous rappeler que tu publies des pages des plus humbles d’entre nous dans une revue que nous sommes également les seuls à lire et à défendre, quand tu vas enquiller des articles parfaitement inutiles de plus sur des livres que tout le monde a déjà lu mille fois dans une revue qui jouit avant même d'exister d'une publicité garantissant un impact que ni gorgonzola ni aucun des auteurs que nous évoquons ne connaissent ni ne connaitront? Quel est le sens de ces va et viens ?
Il y a bien un moment où il faudra être un peu plus clair là dessus et te demander si ce n’est pas carrément merdique de vouloir conserver l’amour de ceux que tout le monde méprise en alimentant les machines de guerre qui sont la courroie de transmission de ce mépris ?
Tu veux faire ton malin en me parlant de pureté pour louvoyer et échapper au sens réel de ces questions (sur la circularité d'un monde qui s'établit par la violence économique en état de nature), en ramenant ça à des petits problèmes de moralisme à la con, mais c’est toujours le mouvement que les gens qui salopent tout sur leur passage font quand on leur dit qu’ils pourrissent le monde avec leur déchets : ils te rappellent que chacun faisant sa part de déchets, il est inutile de changer leurs habitudes. Rappelez à un baffreur de monde qu’il peut vivre sans toute la marchandise dont il s’entoure, il cherchera partout si vous n’avez pas une montre douteuse en plastoc pour vivre sa dévoration tranquillement. Il en fera une question d'inexpugnable pureté et vous transformera en bigot pour garder sa place au soleil.
Demander un minimum de clarté éthique ce n’est pas demander grand-chose, mais c’est encore trop pour qui ne voit dans les exigences éthiques qu’un moyen décoratif d’être aimable tant que ça ne restreint pas l’ampleur de son appétit social. Tu peux vraiment continuer à trouver du génie à des gens dont cette revue de merde célèbre tout ce qui les invisibilise violemment, participer à cette brutalité du même inlassablement reconduit par la force du monde tel qu’il est, et ramener mes questions à des exigences de pureté ? Arrête un peu tes conneries, Maël. Tu veux à la fois le frétillement social qui permet de nager librement dans les mondanités d’un monde stupide voué à la marchandise, et la reconnaissance de ton attention soutenue aux damnés de la terre. Je ne suis pas ta petite caution morale, et je ne passe pas des planches à Gorgonzola pour te permettre de dormir tranquille en te disant que tu fais ta bonne action avec les pauvres. Le fanzinat, c’est la source de toute création dans notre discipline, et ça doit se défendre intégralement contre les gros éditeurs qui ne ratent aucune occasion de rappeler combien ils en méprisent tous les aspects. Va écrire ça dans les pages de ce torche cul en compagnie de nos fossoyeurs.



1) Justement, Mael, Irène et moi on saisit l'occasion pour arracher ceux-là de leur invisibilité. C'est difficile, on lutte, on se mange des refus, mais on fait tout pour, on biaise à crever pour citer un nom, pour sortir une référence au détour d'une phrase. On en chie parfois. Quand on arrive à faire accepter un article entier, fin théoriquement, qui dépasse la simple "notule", on fait péter le champagne. Et ça arrive dans ces nouveaux Cahiers. Plusieurs fois.

2) "Les seuls à défendre" (Gorgonzola). C'est heureux, c'est devenu une belle revue, et notamment grâce à tes contributions. Mael qui multiplie les articles inutiles sur des trucs déjà lus et relus ? Ben pas dans les Cahiers. T'es le seul a avoir lu et relu Schrauwen et l'intégralité de la revue B.D de Cavanna.Et c'est grâce à Mael que j'y suis, à parler d'Umezu, de Kurtzman, qu'irène parle de DeForge.

3) "Tu peux vraiment continuer à trouver du génie à des gens dont cette revue de merde célèbre tout ce qui les invisibilise violemment, participer à cette brutalité du même inlassablement reconduit par la force du monde tel qu’il est, et ramener mes questions à des exigences de pureté ? "
Cf Point 1. Le but est justement de pousser vers une célébration de ce que cette grosse machine semble pour l'instant invisibiliser. Et ce n'est pas facile. C'est sur le long terme. Mais pour l'instant on commence à essayer à choper un bout du truc. On va voir si on réussit à le tirer plus loin où si on se reprend l'élastique dans la gueule.

Docteur C, 16.07.2017 à 22:11366100
Allister Baudin :
Schrauwen, argument à la noix ? Quand Pré Carré en parle (sous la plume de Docteur C !!), les auteurs peuvent se vanter d'aborder des oeuvres qu'on n'aborde pas ailleurs, mais quand Mael en parle, on se souvient tout d'un coup qu'il est publié chez Fantagraphics ?


Houla, c'est postuler l'invisibilité du travail d'Olivier Schrauwen qui est un argument à la noix. L'a-t-on fait lorsque le Pré Carré 6 est paru ? Je n'en ai pas souvenir.

Je n'interdis pas d'écrire à son sujet et j'avais relayé ici-même le copieux dossier que lui a consacré Neuvième art, qui le place au panthéon d'une trentaine d'auteurs incontournables. Je répète : invisible, Schrauwen?

Pour le reste je n'ai pas grand-chose à ajouter, je crains que vous ne constatiez sur le papier la triste destinée de vos ambitions d'écritures pour cette revue. Mais vous serez tou-te-s payé-e-s, cela justifie sans doute la sueur qui coulera de vous pour la défendre.

Allister Baudin, 16.07.2017 à 21:32366099
J’ai rédigé une partie de ce post avant celui du Docteur, mais finalement apres-coup je vois qu’il répondait déjà à son angoisse sur le « comment ». Je le comprends, je trouvais ça bizarre de se soucier à tout prix qu’on l’on parle d’œuvres peu abordées, comme si cela suffisait et que c’était déjà perdu d’avance qu’il puisse y avoir sur elles des articles intéressants.

Bon et bien, je vais répondre d’emblée à Docteur, qui semble dire que 1) même si on aborde des œuvres peu communes on le fera dans des articles de merde vite-torchés 2) et ce sera à côté d’autres articles affreux et publicités à gerber. Bon alors je peux répondre sur le point 1), celui qui compte pour moi : il y aura des bons articles, intéressants, denses (loin d'être des "chroniquettes"), bien écrits, en plus d’aborder des œuvres peu communes. Malheureusement on ne sait pas ce qui sera fait de ces articles (l’ «editing » comme ils disent ne pardonne pas parfois) ni –et là Docteur a un peu raison, c’est le point 2) - ce qu’ils côtoieront.


Les Cahiers sont ouverts à toute suggestion de chroniques et d’article de la part de son équipe : Mael avait des choses à dire sur Olivier Schrauwen pour ce premier numéro, moi j’avais des choses sur Je suis Shingo d’Umezu à proposer, et le rédac’ chef les a acceptées (oui parce que j’y participe aussi, même si mon nom n’apparaît pas dans les pages qui ont annoncé la revue). Schrauwen, argument à la noix ? Quand Pré Carré en parle (sous la plume de Docteur C !!), les auteurs peuvent se vanter d'aborder des oeuvres qu'on n'aborde pas ailleurs, mais quand Mael en parle, on se souvient tout d'un coup qu'il est publié chez Fantagraphics ?

On peut tout dire sur Bernière mais globalement, il est à l’écoute et est ouvert à toutes les suggestions de sujets. Cela dit, même avec tous les efforts possibles, notre poids en tant que rédacteurs est limité - comme c’est souvent le cas dans la presse, le rédac’chef édite (coupe, modifie, allonge, change) les articles et on ne sait pas toujours à l’avance ce qui va rester du texte quand ça sort (ni ce qui va lui être ajouté). Bref, si Mael veut parler d’une œuvre « dont personne ne parle », il pourra, et il le fait dès ce premier numéro.

Sur le comment :
Je crois que Les Cahiers seront une auberge espagnole où bien des choses antagonistes se côtoieront, et j’espère que le résultat sera plus intéressant que prévu (en tout cas ce sera pas pire qu’actuaBD, et tout le monde salue le travail d’Hojlo malgré le fait qu’il côtoie les pires articles-pubs). En ce qui me concerne, j’ai abordé pour ce premier numéro un auteur dont « personne ne parle », Harvey Kurtzman (c’est factuel, à part des articles d’archiviste sans analyses de Dutrey dans le Collectionneur de bande dessinée, il n’y a aucun article conséquent sur Kurtzman écrit en France), à travers un long article introductif où j’ai tenté de présenter diverses lignes de force de son œuvre à partir des histoires du Jungle Book. Une fois encore, je ne sais pas ce qui va rester de l’article lorsqu’il sortira, mais en l’état je pense avoir réussi à faire passer quelques idées, et ceci malgré toutes les contraintes de l’écriture de presse (au-delà du fait que l’article sera remâché par le rédac chef, ce type d’écriture pousse à choisir parfois un vocabulaire insatisfaisant ou que l’on ne peut prendre le temps de justifier).

En tout cas, pour l’instant, ce que je remarque, c’est qu’il est possible de proposer un long article qui présente à la fois des analyses historiques et esthétiques sur un auteur qui n’a jusque là connu aucun article de fond en France (putain, il y a des nuances que j’ai pas pu faire, ça me stresse, mais on va y aller quand même, j’ai passé tout mon temps à déplorer qu’un tel espace pour des analyses consistantes n’existe pas dans la presse – à vrai dire, au fond, même la possibilité de lire un grand article de Peeters sur Topffer en presse me plait, quand bien même le sujet est archi-violé et rabâché, par les mêmes barbons depuis 30 ans).

Parmi les autres bonnes choses annoncées dans ce numéro, l’article d’Irène Leroy Ladurie a de grandes qualités et utilise des exemples pour nourrir son propos qui ne se limitent pas à ce dont tout le monde parle (un beau paragraphe est consacré au Big Kids de Michael DeForge). Et Comment ? Irène le fait très bien, sa pensée est dense et intéressante. Encore une fois, je ne sais pas ce que ça donnera une fois « édité ». Il y aura au moins un autre article qui sera à la fois bien fait et sur un sujet intéressant, mais je ne m'avance pas.

Il y a de fortes chances que, non seulement sous l’impulsion de Mael de plus en plus d’espace soit dédié aux œuvres souvent passées sous silence, mais en outre que des choses intéressantes soient écrites dessus. Je me montre optimiste, mais j’ai bien entendu des doutes sur bien des aspects de la revue (que je ne me prive pas de partager au rédac chef d’ailleurs). Pour ce qui est de la question « Pourquoi les intellos ne s’intéressent-ils pas à la BD ? » ( lldm revient dessus en commentaire sur du9), j’ai d’emblée affirmé au rédac’ chef qu’elle m’a fait hausser un sourcil, mais il semblerait que cette formulation grandguignolesque soit volontairement balancée au bulldozer et ironique : ce n’est pas le titre d’un article mais vraisemblablement d’une interview (que je n’ai pas lu) du rédac chef de la revue Le Débat. « Intellos » ici désignerait non pas ceux qui font usage d’un intellect mais une forme de bureaucratie façon Finkelkraut et cie. Je n’ai pas lu l’article (je n’attends rien de ce genre de rubrique tendance, qui ne m’est vraiment pas destinée mais genre pas du tout, et que j'ai tendance à fuir) mais ces explications ont eu le mérite de me faire descendre mon sourcil de quelques centimètres (mais je suis certain que bien des choses publiées me le feront rehausser illico-presto).

Bon en bref, je ne sais pas trop à quoi tout ça va ressembler, mais j’ai de l’espoir.
J’ai lu par ci et par là qu’on parlait du « scandale » que serait cette reprise, ça me fait bien marrer :
1) « Les Cahiers de la bande dessinée » a toujours été un magazine où il y avait à boire, à chier et à manger, que ce soit dans la formule « fanboy » de Jacques Glénat (avec des interviews souvent plates, à l’exception de celle de Forest, qui trouve toujours le moyen de dire des trucs dignes d’intérêt), dans celle « biaisée à en crever et destinée à aborder jusqu’au trognon la BD à travers la sémiotique et la psychanalyse » (riche en erreurs factuelles et analyses discutables – à chaque fois que je lis un de ces numéros, c’est un vrai festival de contresens qui s’en dégage, preuve que la revue n’a pas si bien « vieilli »), dans celle « bling bling » de Numa Sadoul ou celle « fantomatique » de Fillipini. Que JC Menu crie au scandale -au delà du fait qu'il soit lui-même édité par Benoit "Ecritures" Peeters et dans Pandora et par Bamboo-, lui qui n’hésite pas à appeler sa thèse « La bande dessinée et son double » d’après une référence à Artaud aussi théoriquement injustifiée que celle de Pasamonik à Kant dans « La Critique de la bande dessinée pure » peut faire sourire. On voit que ce monsieur n’hésite plus à qualifier de « scandale » tout ce qu’il veut garder dans son petit musée personnel (ses strips dans les Cahiers de la bande dessinée étaient rigolos mais ça ne suffit pas à faire de cette revue un mythe, désolé).

2) Ceux qui déplorent que les articles seront consensuels ou médiocres intellectuellement dans les futurs Cahiers, à la différence d’autres tentatives théoriques – j’ai lu des commentaires ici et là regrettant Comix Club, d’autres se félicitant qu’il « reste » Pré Carré – sur la base de l’annonce d’une partie du contenu d’un premier numéro qu’ils n’ont pas lu…
Je ne sais pas quoi dire face à de tels arguments tant tout ça n’a rien à voir. On ne peut pas tout confondre. La seule chose que je peux dire, c’est qu’il est d’une part assez peu malin de flinguer les contributeurs qui tentent de tirer les Cahiers vers le haut, au prix d’efforts que l’on n’imagine pas (Docteur parle d’une « compromission », mais s’il savait le nombre de putain de coup de fils passés pour sauver un texte, un mot, pour rendre possible une pensée…) et qu’il est d’autre part absurde de faire de Comix Club et de Pré Carré des modèles de revue critiques (ce que ces revues récus(ai)ent évidemment de façon intelligente dans leurs intentions mêmes, si je les ai bien lues).
3) Ceux qui reviennent inlassablement sur la distinction « BD » et « bande dessinée » pour déplorer qu’on ait affaire ici aux « Cahiers de la BD » et pas de la « bande dessinée ». Alors certes, c’est une distinction facile à comprendre, certes, elle est séduisante, mais un simple tour sur du9 (par exemple sur l’article « Les aventures de la bande dessinée ») montre que des articles condescendants sur « la BD » n’hésitent plus à parler aussi de « bande dessinée », invalidant cette distinction (que Lecigne désignait déjà dans Contreverse comme sans intérêt).

Bref, Les Cahiers de la BD, je l’espère, laisse ouvert en presse un espace pour des articles de fonds, qui seront certes en décalage avec d’autres aspects de la revue. Bon, je risque d’être déçu mais pour l’instant, on peut seulement dire qu’on a bossé, avec notre marge d’action de rédacteurs, pour en faire quelque chose de plus grand que ce qui se laisse voir dans les annonces publiées ici et là. On verra ce qu'il restera de ce travail quand ça sortira.

lldm, 16.07.2017 à 21:30366098
Tsss, tsss tss..
Qu’est-ce que ça peut bien vouloir dire de savoir dans quelles conditions de créations naissent toutes ces choses incroyables, belles et invisibles, d’en connaître la fragilité existentielle, économique, poétique, de les cotoyer dans ton fanzine et d’en cotoyer les auteurs, et de ne pas faire de la première occasion qui se présente de les arracher à leur précarité éditoriale et artistique un impératif catégorique ?
Qu'est-ce que ça veut dire de venir nous rappeler que tu publies des pages des plus humbles d’entre nous dans une revue que nous sommes également les seuls à lire et à défendre, quand tu vas enquiller des articles parfaitement inutiles de plus sur des livres que tout le monde a déjà lu mille fois dans une revue qui jouit avant même d'exister d'une publicité garantissant un impact que ni gorgonzola ni aucun des auteurs que nous évoquons ne connaissent ni ne connaitront? Quel est le sens de ces va et viens ?
Il y a bien un moment où il faudra être un peu plus clair là dessus et te demander si ce n’est pas carrément merdique de vouloir conserver l’amour de ceux que tout le monde méprise en alimentant les machines de guerre qui sont la courroie de transmission de ce mépris ?
Tu veux faire ton malin en me parlant de pureté pour louvoyer et échapper au sens réel de ces questions (sur la circularité d'un monde qui s'établit par la violence économique en état de nature), en ramenant ça à des petits problèmes de moralisme à la con, mais c’est toujours le mouvement que les gens qui salopent tout sur leur passage font quand on leur dit qu’ils pourrissent le monde avec leur déchets : ils te rappellent que chacun faisant sa part de déchets, il est inutile de changer leurs habitudes. Rappelez à un baffreur de monde qu’il peut vivre sans toute la marchandise dont il s’entoure, il cherchera partout si vous n’avez pas une montre douteuse en plastoc pour vivre sa dévoration tranquillement. Il en fera une question d'inexpugnable pureté et vous transformera en bigot pour garder sa place au soleil.
Demander un minimum de clarté éthique ce n’est pas demander grand-chose, mais c’est encore trop pour qui ne voit dans les exigences éthiques qu’un moyen décoratif d’être aimable tant que ça ne restreint pas l’ampleur de son appétit social. Tu peux vraiment continuer à trouver du génie à des gens dont cette revue de merde célèbre tout ce qui les invisibilise violemment, participer à cette brutalité du même inlassablement reconduit par la force du monde tel qu’il est, et ramener mes questions à des exigences de pureté ? Arrête un peu tes conneries, Maël. Tu veux à la fois le frétillement social qui permet de nager librement dans les mondanités d’un monde stupide voué à la marchandise, et la reconnaissance de ton attention soutenue aux damnés de la terre. Je ne suis pas ta petite caution morale, et je ne passe pas des planches à Gorgonzola pour te permettre de dormir tranquille en te disant que tu fais ta bonne action avec les pauvres. Le fanzinat, c’est la source de toute création dans notre discipline, et ça doit se défendre intégralement contre les gros éditeurs qui ne ratent aucune occasion de rappeler combien ils en méprisent tous les aspects. Va écrire ça dans les pages de ce torche cul en compagnie de nos fossoyeurs.

Docteur C, 16.07.2017 à 19:52366097
Ouais c'est un sujet que j'ai essayé d'éviter, d'autant qu'en effet je connais perso plusieurs des plumes impliquées dans cet infect projet de nouveaux « Cahiers de la BD ».

Le problème n'est pas tant le pourquoi ? Le pourquoi le pain, difficile de nous embobiner avec ce pourquoi ? Pour le pain de Lucie Servin et d'Irène Le Roy Ladurie, qui est d'une faux-culterie sans nom.

Mais je ne vois moi aucune occasion dans cette revue. Peu importe a priori sur qui ou quoi que vous irez les écrire, vos chroniquettes, et je n'ignore pas à quel degré de journalisme BD l'écriture de notre cher Maël peut atteindre, c'est le comment qui est rédhibitoire. Après tout qui veut n'être qu'un des petits grains de la lessive où vous vous vendrez dans votre paquet de lessive globale ? Qui veut être la came que vous fourguerez entre les quatre pans inexpugnables du carton de la langue et l'image publicitaires les plus laides ?

Schrauwen invisible avec Arsène chez Fantagraphics, l'éditeur de bande dessinée le plus en vue du monde, bof hein, argument à la noix.

Après chacun-e mesure ses compromissions, mais ces « Cahiers de la BD » puent solidement à mon odorat, par tous les petits signaux olfactifs qu'ils envoient, que cela soit désagréable à tout ceux qui me liront.

(dire que je pensais mon rapport à ces conneries plus apaisé et lointain... Bref, j'irai lire autre chose que cette revue, pour la santé de mes nerfs, toujours incertaine.)

Mael, 16.07.2017 à 18:34366096
Oui, je vais faire comme d'habitude. Parler de vieux trucs qu'on me commande et parler aussi de trucs dont personne ne parle dont tu causes ci-dessous.

Car si je parle de Tillieux (en fait ça fait longtemps) je cause aussi d'autres trucs, mais tu ne dois pas les lire - puisque tu ne lis pas ces presses, ce que je comprends.

Pour la nouvelle version c'est clairement pas ce que j'en aurai fait, mais avec quelques autres (dont certains cachés ici) ont parle de choses que je trouve très bien. Et ça a de laisser place aussi à une autre génération malgré tout en la rémunérant (Lucie Servin, Irène Le roy Ladurie, moi-même, d'autres...), même si là ça fait un peu mix étrange. Pour ma part j'ai peu participé à ce premier numéro, je participerai + aux autres. Dans celui là il y aura un papier historique sur BD hebdo, qui n'invente donc rien, mais dit des choses.

Niveaux chroniques j'y parle de trucs que tu hais et d'autres trucs que tu classeras dans ceux dont on ne parle jamais (Schrauwen par ex, mais je sais même que quelqu'un cause d'Adverse).

Je compte bien y développer des choses. Sur Bodoï on parlait beaucoup de THC, je venais de faire un papier sur Préteseille... bref, je comprends ce que tu dis mais je trouve très désagréable ta manière de dire que je dis un amour fou en privé de certaines choses que je défends continuellement dans Gorgonzola, ici, sur facebook (que j'utilise beaucoup pour ça), et même dans des chroniques diverses, etc. Mais sans doute mes actions ne seront elles jamais assez pures alors je vais justement retourner au gorgonzola 23, à des travaux de commandes et à d'autres plus personnels, et à l'intégrale Imagex qu'on relance enfin !

lldm, 16.07.2017 à 13:50366094
à propos de cette nouvelle (façon de parler) et visiblement dispensable publication, j'aurais une question à Maël qui figure à ce générique (ce qui est d'ailleurs assez peu rassurant, on y croise essentiellement des momies mondaines) : vas-tu enfin te décider à y écrire sur ces bandes dessinées dont personne ne parle et dont tu dis dans la vie quotidienne tout l'amour que tu as pour elle, ou vas-tu pusillanimement accompagner ce choeur de vieux cons autosatisfaits dans les louanges pour des trucs qui se vendent déjà partout tout le temps très bien sans qu'une ligne d'écriture ne soit nécessaire?

NDZ, 07.07.2017 à 13:04366037
J'ai continué:

- Tardi ne dit rien de vraiment intéressant, et ne parle pas de ses choix d'oeuvres et de sujets par le prisme politique

- Le Clézio c'est le néant (alors moi je reçois ça, je ne le publie même pas, Jean-Marie Gustave ou non)

- Benoît Peeters nous parle de... lui. Et de ses livres de critique. Son propos sur l'auteur complet n'est pas si navrant mais peine à convaincre. Son rattrapage sur le duo d'inséparables scénariste et dessinateur est raté.

- Garcia a bien quelques fulgurances mais se perd très rapidement dans une espèce de plan pré-établi très mauvais (la bédé enfant >>). Je préfère ce genre d'écrivain là à JMG du coup, même si c'est pénible à lire tant c'est scolaire et psychanalysant. Bwoufff. Mais où sont Eric Chevillard et Mathias Enard, deux qui m'intéressent un peu plus ces derniers temps quand ils parlent (à la) bd...

Le problème pour le moment, c'est que mis à part deux ou trois idées nouvelles ou remarques/exemples bien sentis, on a un magma de propos qui ne sort rien de fracassant. Tout le monde à l'air de faire semblant de réfléchir sur un sujet imposé qui fait chier. Pas de passion, pas de vision.

J'en suis au 2/3

lanjingling, 07.07.2017 à 9:15366036
NDZ :
Frank Lloyd Wright
Tu placerais où ses vitraux géométriques dans l'histoire de la B.D. :) ?

Mael, 07.07.2017 à 8:27366035
Le texte de Le Clézio n'a vraiment aucun intérêt mais fait moins d'une page. Et c'est plus "quand j'étais petit j'aimais bien la BD, je voulais être dessinateur. Ha la BD ! La ligne blabla" (il ne dit pas ligne claire d'ailleurs mais utilises un autre mot, mais je ne suis plus sur, "ligne simple" ? En tous cas rien d'intelligent)

Mael, 07.07.2017 à 8:24366034
Le texte de Le Clézio n'a vraiment aucun intérêt mais fait moins d'une page. Et c'est plus "quand j'étais petit j'aimais bien la BD, je voulais être dessinateur. Ha la BD ! La ligne blabla" (il ne dit pas ligne claire d'ailleurs mais utilises un autre mot, mais je ne suis plus sur, "ligne simple" ? En tous cas rien d'intelligent)

lanjingling, 07.07.2017 à 2:37366031
Mais est-il vrai qu'il n'y a (quasi) aucun débat dans ce numéro du Débat ?
Si c'est le cas, on se retrouve dans le cas classique des revues qui se disent "c'est l'été, on va faire un numéro sur un sujet sympa pas prise de tête que les lecteurs liront sur la plage en digérant".
Et en ce cas, ce numéro est en efffet inutile, je dirais même plus, son existence est injustifiée (parfois, il faut prendre une position radicale pour faire débat).
Tel que vous le présentez, le texte de Le Clézio se résume par un "Ha ha, oui, quand j'étais gosse, je lisais des B.D., mais maintenant, on est adultes, alors, la B.D., hein..."

lldm, 03.07.2017 à 23:26366019

rien à voir, mais je trouve plus le fil consacré à PCCBA (d'ailleurs, y en a t'il vraiment un ? Je ne sais plus)
du coup, j'annonce ici la sortie du dernier Amici, le numéro nerf (9). Voilà.

Sinon, puisqu'on en cause, ce numéro de la revue "le Débat", que j'ai feuilleté, reposé après avoir soupiré, me semble globalement d'une parfaite inutilité, narcotique jusqu'au désespoir ; aucun pont-aux-ânes ne nous y est épargné, pas même le très évitable couplet sur Tintin. Faut dire que ça nous manquait, hein. De l'écriture sur Tintin. Y'avait un vide critique. L'art et le marché. Tintin. Peeters. Groesteen. Tintin. Mouchart. Tintin. Youpi. Et on clôt sur ce qui va sauver la bd d'elle-même : la pédagogie de l'oncle Paul qui revient en force. C'est tellement de la merde, la bande dessinée, qu'il faut au minimum un sujet fort (de l'Histoire, du drame social ancré, du "réel" comme on dit chez les déconnectés de toute réalité), un argument pédagogique (avant de passer aux vrais livres, of course), une mission, ou n'importe quoi d'autre qu'elle-même pour qu'on se penche avec bienveillance sur son cas.
Je vais pas m'épuiser ici sur tout ce que ça signifie de honte de soi, de manque de vision, d'absence d'ampleur artistique, de cécité sur les singularités de notre disciplines, de couillonnerie mal dégrossies culturellement, toutes ces bêtises sur la BD pédagogique, mais franchement, un tombeau bien foutu sera moins morbide que cette prétendue renaissance de pacotille.

Vaut mieux lire Amici. Y'a rien à en tirer qui rassure qui que ce soit sur l'honorabilité d'être son lecteur. Rien qui y donne d'avance une partie gagnante au Trivial Pursuit. Aucun sujet fort de société. Vous en ressortirez juste un peu plus confus qu'avant de l'ouvrir. Ce sont des bandes dessinées.

NDZ, 03.07.2017 à 23:07366018
Allister Baudin :
cette phrase de Pasa cache peut-être une pensée un peu rance


Ah bah, pour ça...

Allister Baudin :
(et a vrai dire, le titre "le sacre de la bande dessinée" est assez naze).


Ah bah, pour ça...

:))

Mael, 03.07.2017 à 23:03366017
Allister Baudin :
Je veux bien le croire quand il parle de "cortège d'auto-citation", vu la liste des participants qui fait intervenir toujours le même cercle fermé de théoriciens - ce qui ne veut pas dire que leurs articles sont mauvais hein (Mercier, Groensteen, Ory,Peeters).

Je nuancerai quand même avec le fait qu'il y a quelques jeunes universitaires ou journalistes (Lucie Servin et Antoine Torrens notamment, dont tu parles ensuite) qui sont généralement plutôt intéressant et pas encore très courants.

Et Le Clézio qui parle rarement de BD en effet, et tant mieux mon dieu car en effet gargl.

Allister Baudin, 03.07.2017 à 21:06366013
NDZ :
J'ai lu la première moitié. Et moi, je ne suis pas tout à fait d'accord avec Pasamonik.


J'ai dit que j'ai bien aimé, pas que j'étais d'accord, je n'ai d'ailleurs pas encore lu ni acheté ce numéro. Cette précision n'a pas beaucoup d'intérêt, mais au moins c'est fait. D'ailleurs je n'ai pas l'impression que Pasamonik oppose Mouchart aux universitaires...ce qui serait bien bête, puisque Mouchart a un diplome universitaire, une maîtrise de lettres modernes (et il a été prof au collège). Je pense qu'il déplore plutôt les tics d'universitaires, qui peuvent bien être adoptés par tous, y compris - et souvent surtout - par des auteurs sans formation universitaire (comme, au hasard, Groensteen).
Je veux bien le croire quand il parle de "cortège d'auto-citation", vu la liste des participants qui fait intervenir toujours le même cercle fermé de théoriciens - ce qui ne veut pas dire que leurs articles sont mauvais hein (Mercier, Groensteen, Ory,Peeters).
D'ailleurs, à propos de rien, est-ce qu'on peut m'expliquer ce que JL Marion et Rémy Brague foutent là ? Ont-ils mis leur cerveau de côté pour parler de cet art cool et détente ?

En fait j'ai lu un truc de cette revue : le texte de Le Clezio, qui est creux à crever et qui comportait des erreurs ... Mais je me dis qu'il doit y avoir des articles très bien (ceux de Pascal Ory, Lucie Sevrin, Vandermeulen, Antoine Torrens, et le tiercé Mercier-Groensteen-Peeters produit toujours des textes que l'on peut discuter mais qui sont souvent sérieux).
C'est surtout cette phrase de Pasamonik qui m'a fait sourire :"Reste que de débat, il n’y a pas : aucune note discordante dans la chronique de « l’artification » (en français dans le texte) de notre chère bédé."
Je suis plein de préjugés, mais même si cette phrase de Pasa cache peut-être une pensée un peu rance, je veux bien croire que de façon générale cette revue ne prend pas beaucoup de risques (et a vrai dire, le titre "le sacre de la bande dessinée" est assez naze).

NDZ, 03.07.2017 à 14:30366005
J'ai oublié un point qui me semblerait intéressant de creuser... ce sont les filiations, revendiquées ou non (Gustave Doré ou Gus Bofa, Hergé ou McCay, Herriman ou Schultz, Barks ou Tezuka, Forest ou Moebius, Goossens ou Franquin) de la bande dessinée ou non (surréalistes, Frank Lloyd Wright, Kafka, etc), qui pourraient faire apparaître des courants, des dynamiques, des élans... écrire et écrire sur cela, oui, aurait été plus intéressant...

NDZ, 03.07.2017 à 10:04366002
J'ai lu la première moitié. Et moi, je ne suis pas tout à fait d'accord avec Pasamonik.

Même constat d'échec en revanche.

Contrairement à Super Didier, j'ai trouvé que les articles des universitaires sont à mon sens mieux construits et pensés que les bouses omniprésentes de Benoît Mouchard. Ce qui m'a énervé, c'est le côté "sacre"/légitimation qui ne va quasiment que dans le sens d'une pensée de marché. La BD est devenu un secteur non négligeable de l'édition, ramène des brouettes de fric aux actionnaires des grands groupes, et du coup paf!, c'est le sacre. La BD intéresse les mécènes et les investisseurs (îles) caïmans en tout genre, on fait de belles ventes aux enchères, ça va faire comme avec les impressionnistes, et paf!, c'est le sacre. Sacrée farce, oui.

Les articles (?) historiques se concentrant scolairemment sur l'évolution du MMMMÂÂÂÂRché ou de l'organisation de grands groupes industriels sont chiants à mourir (je mourrirais n'est pas français).


On parle un peu (trop peu) des échanges avec d'autres mauvais genres (présents depuis l'âge d'or de la BD), comme la littérature polar/SF/HF, alors que ces autres mauvais genres accèdent en parallèle à une forme de reconnaissance, mais ça mérite d'être creusé: Hammett, Chandler, Chester Himes ou Manchette sont désormais bien considérés comme de véritables écrivains... mais Munoz et Sampayo ne le sont-ils pas tout autant ?

Quelques oublis majeurs qui me piquent les yeux (ou bien les choses sont évacuées en deux lignes et auraient mérité un ou deux articles là où on a plutôt le droit à des resucées de Gilles Ratier):

- quid de la stratégie de création de Label pour faire passer la pilule de la série classique au One-Shot/signature d'auteur: Aire Libre, Signé, (À Suivre)/Roman puis plus tard Poisson Pilote/Integra/Écritures/Encrages. Beaucoup d'efforts et d'échecs (je ne liste pas les labels éditeurs, parfois limite pseudo éditeurs "inde", qui n'ont jamais fonctionné, malgré la stratégie marketing très lourde) dans ce domaine de la part des éditeurs qui auraient pu donner cet argent aux auteurs ? surtout quand on voit que cela ne sert plus à rien maintenant car tout est publié avec le logo principal des éditeurs... mais au final est-ce que ça a servi ? Peut-être. Il faudrait écrire et écrire là dessus à mon avis

- quid de la légitimation (ou sacre?) par des stratégies marketing autour des adaptations de romans (avec explications toutes prêtes pour les enseignants), des épopées historiques (quasi) éducatives, ou par les échanges avec d'autres arts (BD Jazz dès 2003 et compagnie, mais avant, il y avait Billie Holliday de Munoz et Sampayo), la BD comme puits sans fond du cinéma populaire et blockbuster, etc.

- quid de l'argument qui tue pour dire que, oui, la bande dessinée est un art à part entière: Maus, La Jonque fantôme, Krazy Kat, l'Ascension du Haut-Mal, la guerre d'Alan ou La ballade de la mer salée ne peuvent Être qu'en tant que bande dessinée. Imposer des chefs d'oeuvre comme indissociables de leur forme, c'est là qu'il est le sacre. Bon, c'est vrai que le constat "quelques stars vivent bien et la plupart des auteurs crèvent la dalle" ça vaut aussi bien comme argument qui tue "c'est comme ça dans l'Art".

Je reviens après la deuxième moitié qui gommera peut-être tout cela.

Allister Baudin, 01.07.2017 à 11:33365992

Je...je...j'ai aimé le texte de Pasamonik sur la revue Le Debat....

lldm, 26.06.2017 à 18:49365953
Thierry Bourgallé est un gars plein de talents, sauf pour faire sa promo. Il vient quand même de faire le ménage dans son site, et c'était pas du luxe :
http://www.terricole.fr/
Faut tout acheter.
Tout.
(et si vous le croisez à Paris, souscrivez pour faire naître son incroyable bouquin en pop up)

Cobalt 60, 21.06.2017 à 9:10365906
Une monographie Chris Ware à paraître en octobre.
$55, c'est pas donné mais c'est un livre bio, imprimé avec des encres à base de soja. :-)



Et pour rester avec cet artiste, quelqu'un sait-il si un livre regroupant les planches du très déprimant "The last Saturday", prépublié dans The Guardian, est annoncé quelque part ?
Il est écrit "Fin de la première partie" à la page 54 en date du 25 septembre… 2015.

lldm, 21.06.2017 à 0:10365904
NDZ :

Ras-le bol de voir des cases de Bilal ou Tintin dans une revue critique, je veux voir d'autres choses..


sois un peu patient, on y travaille en ce moment, au dixième numéro de Pré Carré !

NDZ, 19.06.2017 à 12:54365891
"L'oeuvre vaut toujours plus que le bien, ou le mal, qu'on dira d'elle." nous dit-on au frontispice de la Quinzaine, LLdeMars (sur du9) nous propose de repenser la critique comme un élan poétique (?)

Tiens, ça me rappelle La poule et la pétanque. Ma journée n'est peut-être pas fichue.

NDZ, 15.06.2017 à 9:55365855
Je l'ai juste feuilleté mais je reviens déjà sur ma mauvaise foi... ça a l'air de faire moins vieille France que ce qu'annoncent les nouveaux CBD (mais je suis sûr que Maël va dépoussiérer tout ça).

En citation graphique, on a du Töppfer, McCay, Hergé, Tardi, Bilal, Pratt, Satrapi, Sattouf... on mélange un peu les générations d'auteurs reconnus pour aller jusqu'à du (très) récent. Même s'il n'y a apparemment pas de prise de risque. Voir, un peu de ronron dans le choix des "choses intéressantes en BD". Certains intervenants de Citadelle et Mazenod (ou je confond avec autre) parlaient par exemple de Nylso, et il s'agit presque des mêmes spécialistes !??! Ras-le bol de voir des cases de Bilal ou Tintin dans une revue critique, je veux voir d'autres choses.

Pour mettre encore les pieds dans le plat concernant "Le Débat", je trouve que l'article de David vdMeulen qui clôt la revue a l'air de réécrire un peu l'histoire de la "BD sérieuse/pédagogique" (presque) au seul prisme de la création de la petite BDthèque des savoirs. XXI et la revue dessinée existaient depuis longtemps et étaient déjà des succès éditoriaux. Les travaux de Sacco et Guibert/Lefèvre (pour ne citer qu'eux, mais vous compléterez ) dans le champ ont défriché et assis cette légitimité BD de reportage. Pour ce qui concerne la mise en forme BD d'un savoir encyclopédique (Que sais-je? ou 128 en bédé), c'est vieux comme l'histoire de France en bande dessinée chez Hachette, déjà succès éditorial dans les années 70/80 (?).

Mais je n'ai que survolé. Donc deuxième vague de mauvaise foi et d'a priori qui ne demande qu'à être contredite à la lecture (ce we, il me faut du calme et du temps).

Mael, 15.06.2017 à 7:27365853
Il y a un article relativement original, d'une bonne plume, sur la BD en bibliothèque, qui pose des enjeux que je n'avais jamais lu sur ce thème.

Il y a aussi un texte absolument vide d'intérêt de Le Clézio...Un conversation de coin de table.

lanjingling, 15.06.2017 à 4:26365852
NDZ :
Les vues éphémères de juin de Xavier sur du9 évoquent ce numéro spécial de ''Le Débat'' (je vais le lire pour me faire une idée) où l'on retrouve aussi un peu ce problème du renouvellement des générations... car tout le monde est à l'ouest, rien de nouveau, la bédé c'est Töppfer & Tintin (é Miloo).

Pas qu'une question de génération. Pour élargir le débat (hum), je dirai que Le Débat est une bonne revue (je lisais cela quand j'étais étudiant en histoire Pierre Nora oblige), mais de gauche, et on connait ce certain discours de gauche sur la B.D., bienveillant et un peu dépassé par la chose.
Pour revenir sur une discussion ici-même il y a quelques mois sur revues de droite/de gauche et leur rapport au dessin, j'aurais bien vu un numéro spécial de Commentaire sur la B.D.

Allister Baudin, 14.06.2017 à 21:43365850
L'Association ingaugure sa collection 48cc, pendant que Menu fait l'une des couvertures du prochain Pandora et est interviewé dans DBD.

Thierry, 14.06.2017 à 16:18365849
Je connaissais l'anecdote et le côté 'copiste' de Seron, mais je me demande si ce n'est pas un truc qu'il a mis en place ou accentué parce que Dupuis lui a fait miroiter qu'il pourrait reprendre Spirou.
Et le blocage de Franquin et Jidéhem est on ne peut plus comp^réhensible au vu des methodes de Seron.

Mr_Switch, 14.06.2017 à 15:24365848
Bon. Ce qui a été reproché à Seron, c'est son système de dessin.
Je reprends la transcription de Pedroiy sur franquin.org

DBD n°1 consacré à Franquin à la page 6 ... Voici ce que disait Franquin de Seron en 1994 :

G : Ce n'est pas tellement loin de votre cas. A une époque, vous crobardisiez! tous les espaces blancs de Spirou, les couvertures et même les !?. Il y avait par exemple l'illustration du courrier des lecteurs, une goélette trois mâts.
Franquin: Hahaha ! Je l'ai retrouvé un jour chez Seron, mon bateau.

G : C'est ce dont j'allais vous parler:

Franquin: Oui, il l'a copié chez moi.

N : Ce n'est pas la seule chose qu'il ait copié de vous.

Franquin: De moi et de bien d'autres.

N : Il est gonflé.

G : C'est de la reconnaissance, c'est un hommage.

Franquin: Il n' est pas du tout du genre à faire d'hommage! Il avait un bouquin -il l'a peut-être encore mais ça m'étonnerait- où, par exemple, il avait découpé dans des planches à moi toutes sortes de mains, dans différents gestes.
Un ami dessinateur lui a demandé pourquoi il s'inspirait tellement du travail des autres. Il a répondu: "Il y a quelqu'un qui a fait mon boulot pour moi, pourquoi devrais-je le refaire ?". Il a plagié des tas de trucs. Des voitures de Jidéhem, évidemment.

N : Remarquez, il a bon goût.

Thierry, 14.06.2017 à 14:57365847
Pierre :
Glotz :


Franquin, cet ingrat, lui devait tout.

citation de Janry dans une interview

Et puis Franquin avait mis la barre tellement haut que tout le monde attendait du Franquin quand Fournier est arrivé. Moi à l’époque, je pensais que c’était Seron qui allait reprendre la série. J’ai appris que Seron avait carrément été formaté pour reprendre Spirou. Pas seulement lui en tant que disciple de Franquin mais Dupuis l’avait préparé à ça. Sauf que Franquin et Jidéhem ont fait un vrai blocage sur Seron. Malgré lui, Seron avait fini par devenir un peu le mauvais élève qui copie tout le temps ses petits copains et qui aurait tendance de chaparder le trophée des autres. Mais c’était totalement injuste : Seron aimait vraiment Franquin.

NDZ, 14.06.2017 à 9:45365842
Bon j'étais très confus dans mon mail précédent. Je parlais bien entendu de la vision/perception (?) par une génération de la Bande Dessinée en tant qu'art ou médium au travers de sa nature, ses spécificités et son potentiel...

Le vieux nous disent c'était mieux avant et on a rien fait de mieux depuis Töppfer, à la rigueur, Hergé...

... et les jeunes nous disent (au travers de ce grandiose projet participatif mentionné plus bas) que c'est sympa la bédé comme vecteur de message publicitaire dans une stratégie globale multi-supports (et que ça se lit aux chiottes)

Rien de nouveau.

NDZ, 14.06.2017 à 9:33365841
Mael pigera dans les NCBD et David vdmeulen est dans Le Débat. On est bien placés pour avoir des scoops. Je lis le Le Débat ce soir, je vous dirai.

NDZ, 13.06.2017 à 15:43365837
Les vues éphémères de juin de Xavier sur du9 évoquent ce numéro spécial de ''Le Débat'' (je vais le lire pour me faire une idée) où l'on retrouve aussi un peu ce problème du renouvellement des générations... car tout le monde est à l'ouest, rien de nouveau, la bédé c'est Töppfer & Tintin (é Miloo).

Les quadras/quinquas, privés de carrière médiatique et politique car coincés entre des dinosaures de 68/80 et des YouTubers viennent de faire (malheureusement) une OPA en France. Ca va se faire aussi chez les penseurs des mickeys ?

Thierry, 13.06.2017 à 15:16365836
ironie, entre le retour des cahiers de la bande dessinée qui vise visiblement les quadra-quinqua-sexa-et plus si affinités et les projets ci-dessous, on se trouve dnas le grand écart générationnel total.
bien la preuve que la bande dessinée est multiple et légion.
par contre, l'impression est que l'ancienne génération se prend le choux sur des considérations de Numa Sadoul, les plus jeunes ne veulent décidément pas se prendre la tête.
comment voulez-vous qu'ils s'entendent...

NDZ, 13.06.2017 à 14:25365834
J'ai pas senti les 40 ans il y a un mois, mais là, Je me prends un sacré coup de vieux...

Glotz, 13.06.2017 à 13:50365833
Les 9300 albums vendus en souscription Ulule par Laurel pour Comme convenu 2 (pourtant disponible gratuitement en ligne), viennent d'être écrasés par les 26.000 pré-ventes (530.000€ récoltés) d'une transposition heroic-fantasy de l'univers des Youtubeurs français (??!) qui reste à dessiner.

lldm, 01.06.2017 à 19:59365750
Glotz :
Thierry :
on annonce le retour des cahier de la bande dessinée, avec un financement kisskissbankbank à la clé.
Ce sera sur base trimestrielle

*ne dit rien*


C'est tentant pourtant.
Mais tu as raison. À quoi bon.

Mr_Switch, 01.06.2017 à 18:33365749

Je pense toujours à cette case de L'Horloger de la Comète (1984)...

Glotz, 01.06.2017 à 17:56365748
Thierry :
on annonce le retour des cahier de la bande dessinée, avec un financement kisskissbankbank à la clé.
Ce sera sur base trimestrielle

*ne dit rien*

Thierry, 01.06.2017 à 11:29365746
lanjingling :
Pierre :
Glotz :


Franquin, cet ingrat, lui devait tout.

Les Oulipiens appellent cela du plagiat par anticipation.

par contre je me souiviens d'une anecdote peu glorieuse arrivée à Seron.
Il avait été contacté par une personne qui était en possession d'un dessin qu'elle pensait de lui et demandait son avis. Seron reconnaît directement un dessin très ancien qu'il avait en effet réalisé dans sa jeunesse et qu'il avait perdu. Il envoye donc une gentille lettre à la personne lui confirmant être l'auteur du dessin et lui demandant s'il pouvait le récupérer, contre arrangement si nécessaire. Le détenteur du dessin n' a plus donné de signe de vie et Seron a été surpris de trouver son dessin en vente sur un site d'enchère en produisant la lettre comme certificat d'authenticité. Rien d'illégal mais une certaine indélicatesse.

Thierry, 01.06.2017 à 11:11365745
on annonce le retour des cahier de la bande dessinée, avec un financement kisskissbankbank à la clé.
Ce sera sur base trimestrielle

lanjingling, 29.05.2017 à 2:37365726
Pierre :
Glotz :


Franquin, cet ingrat, lui devait tout.

Les Oulipiens appellent cela du plagiat par anticipation.

Mael, 25.05.2017 à 13:48365718


On notera que le texte de son dernier album dessiné portait la bulle "Je suis venu vous dire que nous partons".

Pierre, 24.05.2017 à 22:41365716
Glotz :


Franquin, cet ingrat, lui devait tout.

Mr_Switch, 24.05.2017 à 22:28365715
Tu peux supprimer ta bullenote toi-même.

Aba Sourdi, 24.05.2017 à 22:12365714
À ce propos, je n'ai jamais compris pourquoi Bulledair tenait tant à nommer Seron "Séron" avec un accent sur le e (j'avoue que ça fait longtemps que je l'ai remarqué mais que je n'ai rien dit). Les seuls de l'internet à l'écrire comme ça, apparemment.

(À ce propos 2, je n'ai jamais compris non plus pourquoi on ne pouvait pas supprimer une bullenote. En l'occurrence, ma note sur cet album était un canular occasionné par un post surréaliste de 1er avril... Peut-on me l'enlever ? Merci d'avance. Je tiens enfin à ma dignité, c'est tout nouveau.)

Glotz, 24.05.2017 à 16:35365712

lanjingling, 22.05.2017 à 16:27365704
Les Doug Wright Awards, c'est les prix angoumoisins du Canada. Steve Wolfhard est le récipiendaire du Doug Wright Spotlight Award (a.k.a. The Nipper), pour un dessinateur canadien méritant reconnaissance d'un plus large public (effectivement, il n'est pas dans la bullebase, et le voir traduit pourrait aider), et Henriette Valium est celui du Pigskin Peters Award, pour la B.D. la plus expérimentale, non-conventionelle ou d'avant-garde.
Non-conventionelle, comme les armes, cela va bien avec l'oeuvre d'Henriette Valium.

Pierre, 20.05.2017 à 21:31365700
Je viens de voir en librairie que l'excellente Saison des flèches était rééditée, avec une nouvelle couverture.





L'occasion de se rattraper, pour ceux qui seraient passés à côté de cet ouvrage lors de sa sortie il y a près de huit ans maintenant.

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