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Spirou Spirou Spirou Spirou (etc.)

Bandes Dessinées : auteurs, séries, et toutes ces sortes de choses... ]


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longg, 01.06.2009 à 18:19321612
lanjingling :
tout ca pour dire que spirou, c'est quand meme surtout un magazine pour gamins


Ouh mais c'est pas une excuse, de faire de la bd pour gamins, ça n'empêche pas de viser l'excellence et d'éviter de faire des gags tous pourris :)

lanjingling, 01.06.2009 à 17:45321610
de toute facon, l'age d'or du journal spirou, c'est quand je le lisais gamin, il y avait gil jourdan, gaston, boule & bill, timour, l'epervier bleu, jojo, les inommables, bidouille & violette, parker & badger...c'etait quand meme autre chose...
tout ca pour dire que spirou, c'est quand meme surtout un magazine pour gamins, que son age d'or me semble etre different pour chacun, & si je peux apprecier un album de b.d. pour enfants de temps en temps, sur toute la longueur d'un magazine comme spirou, je n'accroche maintenant pas a plus de 5/10 pages a chque fois que je le lis

longg, 01.06.2009 à 16:03321606
Charlie Brown :

'tain je vous trouve un peu dur quand même...
Bon, j'ai pas encore lu le supplément mais, si je feuillette le numéro habituel, je vois qu'il y a dans cette livraison un nouvel épisode du Royaume de Feroumont, un truc que j'aime vraiment bien, et un autre de Mon pépé est un fantôme de Barral et Taduc, qui est souvent correct.
Et j'adore Animal lecteur, la manchette hebdomadaire signée Libon & Salma, sur la page de l'edito. J'espère que ça paraîtra en album un jour...

Bon, allez, retournez à votre Ferraille, et laissez-nous lire Spirou entre gamins, nom de dieu ! :o)


Oui nan mais voilà, d'habitude je ne parle pas de ce que je n'aime pas, mais là ça m'a fait chier... J'achète une fois dans ma vie un Spirou, j'éspère trouver ça bien et ça me désole de trouver la plupart des trucs mauvais...
Libon est pas mal oui, mais ce n'est rien comparé à ses albums. Y'a Nelson, pas mal comme d'hab et aussi une bd bien dessinée sur la pêche, mais j'ai renoncé à la lire jusqu'au bout. Tout le reste je trouve ça mou, le truc du royaume c'est bien dessiné c'est vrai mais globalement, il n'y a que des cases complètement vide en fond coloré et ça fait très paresseux du coup (ce n'est pas une attaque contre le travail du dessinateur, qui doit certainement travailler beaucoup et plus sérieusement que moi hein). J'utilise moi même ce procédé mais je m'arrange pour que ça se voit moins, j'essaie de travailler un minimum de décor même quand j'ai la flemme.

Le pire c'est le gag avec la voiture, et aussi celui avec la coupe de cheveux des filles que j'ai même pas compris du premier coup tellement je cherchais autre chose...
En fait, je pensais pas le dire un jour mais j'ai bien aimé le dessin des nombrils, s'il y a un truc à sauver. Ça me désole parce que j'ai acheté le numéro pour le supplément que je trouve plutôt vide. Bref, on ne m'y reprendra plus.

Et ouais ferraille ils font du boulot génial, enfonçons une porte ouverte, où j'échangerai la pire des planches du fils Méroll contre la meilleure planche de ce numéro de Spirou.
Mais c'est sûrement que je suis tombé sur un mauvais numéro, c'est normal sur une durée de publication aussi longue, ou alors que ce genre de bd n'est vraiment pas pour moi.

Charlie Brown, 01.06.2009 à 14:58321602
lanjingling :

oui, mais justement ces bandes ne font pas partie des aventures de spirou au sens propre, ce sont des bandes de circonstances, dessinees pour illustrer la responsabilite de spirou vis a vis des membres du club portant son nom


Oups, au temps pour moi...

lanjingling :

je ne peux verifier, n'ayant pas l'album sous la main (& puis donc me tromper), mais ce qu'il enseigne aux ecoliers congolais -au moins dans l'edition en n/b- n'est-il pas du meme tonneau ?


Je ne peux pas vérifier non plus (je n'ai pas la version noir & blanc), mais il me semble que non.



wandrille :

Je t'encourage à lire les aventure de TOTOR CP DES HANNETONS, c'est très édifiant.


C'est possible. Je n'ai plus aucun souvenir de ces bandes que j'ai lues il y a fort longtemps dans les Archives Hergé... Mais je veux bien te faire confiance, même s'il me semble que ce n'est pas trop dans le même registre que les ADS et que ça reste plutôt dans le "vrai" gag (qu'on trouve ça drôle ou non d'ailleurs)... :o)

Pour le reste, merci d'avoir précisé ta pensée.


longg :
Tiens, j'ai acheté le Spirou pour pouvoir lire le supplément... Bon, j'ai pas trouvé ça terrible à part Ak, Obion et Chrisostome et bien sûr Blanquet.
J'ai été en revanche assez atterré du numéro de Spirou qu'il y avait autour. C'est vraiment nul et dans l'ensemble assez moche, désolé.


SydN :
Ouais, comme toi...


cidre :
longg :
(...) J'ai été en revanche assez atterré du numéro de Spirou qu'il y avait autour. C'est vraiment nul et dans l'ensemble assez moche, désolé.

la même chose, pourtant j'ai vraiment essayé, mais c'est vraiment un autre monde


'tain je vous trouve un peu dur quand même...
Bon, j'ai pas encore lu le supplément mais, si je feuillette le numéro habituel, je vois qu'il y a dans cette livraison un nouvel épisode du Royaume de Feroumont, un truc que j'aime vraiment bien, et un autre de Mon pépé est un fantôme de Barral et Taduc, qui est souvent correct.
Et j'adore Animal lecteur, la manchette hebdomadaire signée Libon & Salma, sur la page de l'edito. J'espère que ça paraîtra en album un jour...

Bon, allez, retournez à votre Ferraille, et laissez-nous lire Spirou entre gamins, nom de dieu ! :o)

cidre, 01.06.2009 à 11:04321593
longg :
(...) J'ai été en revanche assez atterré du numéro de Spirou qu'il y avait autour. C'est vraiment nul et dans l'ensemble assez moche, désolé.

la même chose, pourtant j'ai vraiment essayé, mais c'est vraiment un autre monde

SydN, 01.06.2009 à 10:30321592
longg :
Bon, j'ai pas trouvé ça terrible à part Ak, Obion et Chrisostome et bien sûr Blanquet.


Ouais, comme toi...
je rajouterais Parrondo aussi :)
ah ouais j'ai bien aimé l'image de Delisle aussi, mais c'est pas de la bd^^

longg, 01.06.2009 à 1:26321589
Tiens, j'ai acheté le Spirou pour pouvoir lire le supplément... Bon, j'ai pas trouvé ça terrible à part Ak, Obion et Chrisostome et bien sûr Blanquet.
J'ai été en revanche assez atterré du numéro de Spirou qu'il y avait autour. C'est vraiment nul et dans l'ensemble assez moche, désolé.

abasourdi, 31.05.2009 à 17:33321585
Ah, Totor... Toute mon enfance. Une bonne tranche de rigolade ! C'était bien sympatoche ces "Archives Hergé".

wandrille, 31.05.2009 à 16:52321584
Charlie Brown :
Hergé a eu beau avoir été scout, il me semble n'avoir jamais vu un truc équivalent sous son crayon, du moins dans les Avnetures de Tintin... Et si je me trompe, je veux bien qu'on me prouve le contraire.


Je t'encourage à lire les aventure de TOTOR CP DES HANNETONS, c'est très édifiant.


Charlie Brown :
Wandrille, si le journal auquel tu fais allusion est Le Petit XXème, je me permets juste d'indiquer qu'il fut lancé en 1928, et non en 1938... ;o)


Petit lapsus : je voulais dire que 1/ ce genre de propos étonnerait moins dans la bouche de Tintin (cf donc les premières aventures de TOTOR le CP des Hannetons, mais aussi toutes les participations de Hergé aux revues scoutes, sans parler d'une présence très contreversée au sein du "soir volé" lors de la période d'occupation rexiste.

Spirou est un personnage un peu plus neutre politiquement que Tintin qui lui rentre carrément sur scène au "petit XX°" en tant que chevalier de la croisade anticommuniste avec "au pays des soviets" dont on aura du mal à vanter la subtilité au niveau de la propagande antirouge.

2/ j'enchainais sur l'aspect "personnage de commande du journal éponyme de Spirou" (journal spirou créé lui en 38, si je ne m'abuse).

bref, un petit raccourci malheureux.

Enfin, pour ragir un peu à tes propos (et à la teneur général du topic), il serait bon de rappeler qu'à l'époque ce genre de propos n'est pas si "bas", que ce soit quant au fond ou à la forme.

Pour le fond, rappelons quand même que c'est surtout l'opinion générale de la plus grande part de la population (opinion certes tenue par l'Eglise et l'Etat) et qu'un dessinateur qui relaie ce type de propos, sil ne fait pas montre d'une forte personnalité n'est pas non plus à blâmer pour un excès de cléricalisme... Le contexte, le contexte...

Pour la forme (strip moralisateur etc...) on est encore une fois dans une oeuvre de commande d'un personnage relativement jeune, par un dessinateur qui n'a aucun état d'âme à faire ce qu'on lui demande. Il faudra du temps et pas mal de repreneur pour donner à Spirou une personnalité telle qu'au XXI° siècle Spirou se retrouve bien naturellement dans la résistance. Je ne sais pas si à l'éqpoque le petit groom aurait eu des opinions politiques si tranchées que cela, ni même d'ailleurs s'il aurait été supposé avoir des opinions politiques tout court.

Et puis même dans les années 60 on voit souvent apparaitre Spirou dans le magazine, hors aventure, pour tenir des propos tout à fait publicitaires ventant tel ou tel évènement lancé par le magazine (mes oncles ont une jolies collection de vieux Spirou, que du bonheur, j'irais chercher des documents dès que je repasse dans la barraque familiale), tout ça pour dire que Spirou est quand même un personnage bien pratique pour faire dire à la rédaction du journal phare de monsieur Dupuis tout ce qu'on voudra.

Et de rappeler que monsieur Dupuis n'est pas complètement étranger à une bonne vieille tradition catholique des familles.

Pour parler de monsieur Dupuis, une jolie petite anecdote recueillie par vore serviteur de la bouche du sieur Yslaire, à propos de "Bidouille et Violette" : "d'accord pour qu'il soit ensemble sur un même banc, jamais dans un lit".

Remarquez qu'on peut en faire des choses sur un banc.


lanjingling, 30.05.2009 à 3:17321560
Charlie Brown :

Alors je viens de lire les strips ci-dessous (dont le pathétique achevé - et sûrement assumé - m'a tellement fait rire que je comprends tout à fait le point de vue de David Turgeon ! :o)), et je me disais justement le contraire. Je me disais que Tintin ne tient jamais ce genre de propos. Il me semble qu'Hergé n'est jamais tombé aussi "bas". Hergé a eu beau avoir été scout, il me semble n'avoir jamais vu un truc équivalent sous son crayon, du moins dans les Avnetures de Tintin...
oui, mais justement ces bandes ne font pas partie des aventures de spirou au sens propre, ce sont des bandes de circonstances, dessinees pour illustrer la responsabilite de spirou vis a vis des membres du club portant son nom (bandes qui m
avaient aussi bien fait rire la premiere fois que je les ai lues)
Charlie Brown :
Et si je me trompe, je veux bien qu'on me prouve le contraire.
je ne peux verifier, n'ayant pas l'album sous la main (& puis donc me tromper), mais ce qu'il enseigne aux ecoliers congolais -au moins dans l'edition en n/b- n'est-il pas du meme tonneau ?

Charlie Brown, 29.05.2009 à 20:55321553
wandrille :

Evidemment, on est moins surpris avec Tintin de le voir tenir ce genre de propos, mais rappelons qu'à l'époque, Tintin est aussi le personnage principal d'un journal pour jeune ( lancé en 1938, faste période...)


Alors je viens de lire les strips ci-dessous (dont le pathétique achevé - et sûrement assumé - m'a tellement fait rire que je comprends tout à fait le point de vue de David Turgeon ! :o)), et je me disais justement le contraire. Je me disais que Tintin ne tient jamais ce genre de propos. Il me semble qu'Hergé n'est jamais tombé aussi "bas". Hergé a eu beau avoir été scout, il me semble n'avoir jamais vu un truc équivalent sous son crayon, du moins dans les Avnetures de Tintin... Et si je me trompe, je veux bien qu'on me prouve le contraire.


P.S. : Wandrille, si le journal auquel tu fais allusion est Le Petit XXème, je me permets juste d'indiquer qu'il fut lancé en 1928, et non en 1938... ;o)

lanjingling, 29.05.2009 à 18:16321542
Docteur C :
C'est un peu plus trouble encore. Il faut aussi penser au contexte éditorial de ces strips. Parce qu'ils accompagnaient, dans Spirou, des illustrés aux valeurs morales sans doute très douteuses aux yeux des pédagogues de l'époque, comme "Dick Tracy, Red Ryder, ramenez les vivants, Tex le Cowboy, Brick Bradford, Superman et Bob l'aviateur"

On est donc aussi, avec cet esprit scout un peu suranné, dans la "caution morale" d'une publication plus ambiguë.
je vais rajouter une couche de complexite: les ADS mettaient un poids de bonne belgitude catho dans une balance qui penchait dangereusement (aux yeux du clerge & de la bonne bourgeoisie traditionnaliste)du cote des etats unis d'amerique, (manne d'outre atlantique interrompue par la guerre), mais ce sont ces memes ADS qui ont contribue a l'interdiction du journal, les autorites d'occupation voyant d'un sale oeil un mouvement de jeunesse patriote qui comptait des milliers de membres
en fait, yann, loin d'avoir ait sauter des tabous, a au contraire edulcore la realite

Docteur C, 29.05.2009 à 11:01321524
C'est un peu plus trouble encore. Il faut aussi penser au contexte éditorial de ces strips. Parce qu'ils accompagnaient, dans Spirou, des illustrés aux valeurs morales sans doute très douteuses aux yeux des pédagogues de l'époque, comme "Dick Tracy, Red Ryder, ramenez les vivants, Tex le Cowboy, Brick Bradford, Superman et Bob l'aviateur" (dixit). Une suspicion qui s'est cristallisée par la suite dans la loi de 1949 (française) pour les publications destinées à la jeunesse (ici).

On est donc aussi, avec cet esprit scout un peu suranné, dans la "caution morale" d'une publication plus ambiguë.

wandrille, 29.05.2009 à 9:45321520
là les trois strips, c'est juste une reprise de la loi scoute ou on remplace le scout par l'ami de spirou

Après, que ce soit plus proche du pétainisme que du bolchevisme, c'est vrai que dès que t'es l'ami de Dieu, t'es pas trop Marxiste ^^.

Mais bon, il faut tout de même rappeler qu'avant guerre, l'essentiel de la population adolescente fait partie de mouvement de jeunesse, essentiellement du scoutisme. Actuellement, ça s'est réduit (en France) à une peau de chagrin souvent malheureusement assimilée à une droite conservatrice (ce qui hélas pas tout à fait faux), mais j'ai bien cru voir qu'en Belgique, les mouvements scouts perdurent fort et sans attache sociale aussi marquée.

Au moment de ces strips, l'attachement à la nation, à la pureté, tout ça n'a rien de "choquant" et on retrouve d'ailleurs les mêmes poncifs dans les jeunesses communistes (Dieu en moins).

Evidemment, on est moins surpris avec Tintin de le voir tenir ce genre de propos, mais rappelons qu'à l'époque, Tintin est aussi le personnage principal d'un journal pour jeune ( lancé en 1938, faste période...)

Il est normal qu'il soit aussi vecteur de message pour les lecteurs. Messages vertueux donc, bien en accord avec la direction de la revue (Dans ses excellents entretiens avec Numa Sadoul, Franquin évoque la personnalité d'un Abbé de l'ombre, véritable bonne conscience du journal, proche du rédac chef).

Il faut attendre ce vieil athée de Franquin (lequel a commis quelques bandes pour les scouts en son jeune temps) pour voir Spirou se détacher du sabre et du goupillon, même s'il reste toujours assez proche des jeunes scouts qu'on retrouve souvent au coins des cases.

Donc rien de bien choquant dans ces quelques strips, au vu du contexte.

lanjingling, 29.05.2009 à 5:17321517
gout de jije (& de la maison dupuis de l'epoque) pour les bd edifiantes, c'est incontestable, mais n'oublions pas que c'est jije qui a cree fantasio, & d'apres ce que j'ai lu, jije lui meme avait un fort cote farfelu (inventeur dingue). apres , dans ces strips ADS, je dois bien reconnaitre que je n'y vois pas le second degre dont parle david t , mais je n'ai pas eu d'education catholique non plus. il y a dans le mouvement ADS (& dans cdes strips) une forte base scoute catho , la meme que dans le petainisme, mais c'est le seul lien, indirect, avec le petainisme, (& avec le rexisme, fascisme belge) qui y a ajoute une dimension fasciste
& l'appel au patriotisme de ces strips me semble beaucoup plus proche de de gaulle (defendre sa patrie contre l'envahisseur) que de petain (defendre sa patrie contre le bolchevisme), la bio de don bosco, entre autres, temoigne du fait que jije etait plus proche des pretres ouvriers que de l'abbe wallez
je maintiens donc que, y compris dans ces strips, spirou ne pouvait etre que du cote de la resistance, & que c'est uniquement le cote provocateur de yann qui lui fait dire "spirou doit etre resistant parce que c'est dans le cahier des charges -sous-entendu: la verite est bien plus trouble"

stanislas, 28.05.2009 à 21:16321516
Oui mais ça c'est un regard contemporain, c'est d'ailleurs ce qui fait le charme de ces images. Mais je ne suis pas sûr que ça soit l'intention de Jijé que de vouloir rendre les autres personnages sympathiques. Il suffit de lire Don Bosco pour voir qu'il avait un goût assez prononcé pour les BD édifiantes et fortement moralisatrices.

Après je n'ai pas dit non plus que c'était de la propagande vychiste, j'ai dit que ça s'en rapprochait plus que du bolchévisme, et j'ai émis un doute quant à l'appel à la résistance qui serait contenu dans ces vignettes.

david t, 28.05.2009 à 20:13321509
je comprends ce que voit stanislas dans ces bandes mais il me semble que la réalité n'est pas si simple.

les ADS relèvent d'abord du catholicisme et comme dans toute religion franchement désuète, il y a toujours un petit second degré caché derrière. mais peut-être qu'il faut avoir grandi dans un pays catholique pour le saisir.

en comparaison, les «religions modernes» que furent le nazisme et le bolchévisme étaient absolument transparentes, dépourvues d'humour et de sous-entendus. comparez la propagande pétainiste avec ces petites bandes (manifestement de jijé), il me semble que la différence d'intention saute aux yeux.

le sous-entendu ici est assez simple: ces bandes appellent en fait davantage de sympathie pour les personnages qui ne suivent pas le «code d'honneur», qui nous semblent plus normaux, plus humains: les fayots sont déjà punis dans la réalité, c'est dans la fiction qu'ils sont récompensés, et ce par un personnage fictif, spirou: on a le droit de ne pas être d'accord, la moralité est une question complexe, ni totalement blanche ni totalement noire. tout cela est assez bêtement chrétien finalement.

les propagandes absolutistes n'offrent absolument aucune soupape de ce genre: c'est «avec nous ou contre nous», point à la ligne: pétain, staline, hitler sont absolument réels et leur ombre vous suit partout où vous allez: c'est une parodie de religion.

stanislas, 28.05.2009 à 19:32321507
Bravo y avait fait référence dans son album, de façon assez drôle. Il s'amusait surtout du côté "fayot" de l'ami de Spirou.

lanjingling, 28.05.2009 à 19:02321500
stanislas :
Ouais, enfin moi, pendant la guerre, un type qui s'agenouille devant les curés, qui est heureux d'obéir à ses chefs et qui incite ses amis à l'auto-délation j'aurais préféré ne pas l'avoir pour voisin.

ca ressemble beaucoup a l'urss & a la chine (en remplacant "cure" par "responsable local du parti")

ne nous focalisons pas trop sur les bases ideologiques des ads , qui etait surtout un mouvement commercial (les ads devaient inciter leurs amis a devenir aussi membres des ads, & donc lecteurs de spirou, & acheteurs des insignes & autres fanions)
yann, qui se veut briseur de tabous, ne semble pas s'etre attaque a celui-ci

stanislas, 28.05.2009 à 18:52321499
Ouais, enfin moi, pendant la guerre, un type qui s'agenouille devant les curés, qui est heureux d'obéir à ses chefs et qui incite ses amis à l'auto-délation j'aurais préféré ne pas l'avoir pour voisin.

lanjingling, 28.05.2009 à 18:23321498
stanislas :
lanjingling :

Oen dehors du "cahier des charges", c'est une simple question de respect de l'histoire (dans le journal des annees 40', spirou est un patriote, ca fait partie des devoirs des ADS; c'est aussi evident: quand on a lu les aventures de spirou, on l'imagine mal du cote des nazis


Mouais, c'est pas franchement évident au regard du code d'honneur des amis de Spirou.







On est quand même plus proche du pétainisme que du bolchévisme.
Spirou nazi ça aurait été évidemment impossible, mais pour ce qui est de la collaboration ça aurait pû être marrant et pas franchement improbable.

Ceci dit Bravo et Yann n'ont pas tellement innové en plaçant Spirou dans le contexte de la deuxième guerre mondiale, il y avait déjà eu cet album.

Spirou était déjà du côté des résistants, mais évidemment l'album a été dessiné à la libération, le code d'honneur date de 1938. Ca a l'air assez édifiant, en tous cas son prix est un remède radical à ma curiosité.


les histoires de cet album ont ete dessinees par rob-vel, donc pendant la guerre, avant 1943(avant que spirou ne soit interdit)
il se bat contre les allemands, il est donc bien patriote
le code des ads, c'etait tres proche du scoutisme, donc tres loin du bolchevisme(quoi qu'il y ait eu des formes communistes de scoutisme)
en france, de gaulle & petain se disaient tous deux patriotes, c'est donc une notion ethiquement vide de sens
mais spirou combattant contre les allemands, c'est une evidence; apres, que ce soit par patriotisme ou par anti-nazisme...yann semble avoir tranche la question

stanislas, 28.05.2009 à 17:16321493
J'allais oublier le premier point du code d'honneur qui pourrait prendre tout son sel dans le contexte de l'occupation :



stanislas, 28.05.2009 à 17:14321491
lanjingling :

Oen dehors du "cahier des charges", c'est une simple question de respect de l'histoire (dans le journal des annees 40', spirou est un patriote, ca fait partie des devoirs des ADS; c'est aussi evident: quand on a lu les aventures de spirou, on l'imagine mal du cote des nazis


Mouais, c'est pas franchement évident au regard du code d'honneur des amis de Spirou.







On est quand même plus proche du pétainisme que du bolchévisme.
Spirou nazi ça aurait été évidemment impossible, mais pour ce qui est de la collaboration ça aurait pû être marrant et pas franchement improbable.

Ceci dit Bravo et Yann n'ont pas tellement innové en plaçant Spirou dans le contexte de la deuxième guerre mondiale, il y avait déjà eu cet album.

Spirou était déjà du côté des résistants, mais évidemment l'album a été dessiné à la libération, le code d'honneur date de 1938. Ca a l'air assez édifiant, en tous cas son prix est un remède radical à ma curiosité.


lanjingling, 28.05.2009 à 14:03321474
BigBen :
lanjingling :
effer :
Et c'est reparti: si la sortie de cet album suscite autant de discutions c'est qu'il choque et ne laisse pas beaucoup de gens indifférents, c'est déjà en cela un bon album!
le dernier asterix aussi, alors...
NDZ :
Ah, au fait, Yann répond à Sfar sur le site de Bodoi (vous trouverez, hein). :))
non, bodoi est innaccessible chez moi, si une ame genereuse (ou perverse) ayant du temps a perdre pouvait copier/coller l'article...



Yann défend son Spirou et répond à Joann Sfar
merci




BigBen :
"Spirou est-il forcément un résistant?
Oui, si l’on suit le cahier des charges de Dupuis. Il doit n’exister aucune ambiguïté en la matière: notre groom est un cœur pur, qui choisit de se battre aux côtés des gentils."
en dehors du "cahier des charges", c'est une simple question de respect de l'histoire (dans le journal des annees 40', spirou est un patriote, ca fait partie des devoirs des ADS; c'est aussi evident: quand on a lu les aventures de spirou, on l'imagine mal du cote des nazis
BigBen :

" Dans cette BD, Spirou rencontre une petite fille juive cachée, que certains ont prise pour Anne Frank. Mais elle n’était pas à Bruxelles… Il s’agit d’une référence à Audrey Hepburn, fille de diplomate anglais, dont je suis fan. Elle y fut clandestine pendant la guerre, pour ne pas devenir l’otage des Allemands.

D’ailleurs, pourquoi ai-je placé cette scène? Mais tout simplement parce que j’ai lu le Journal d’Anne Frank. Et celle-ci, dans ses lettres, soupire d’envie d’embrasser un garçon à de nombreuses reprises…"
ho, le joli lapsus

BigBen :
"Quels sont vos projets?
Je prépare pour Dupuis une espèce de road-movie biographique, qui suivra une bande de dessinateurs - Franquin, Morris, Jijé, Goscinny - aux États-Unis dans les années 40-50. C’est une reconstitution fascinante, qui demande un vrai travail d’enquête."
ca m'interesserait beaucoup si je n'y pressentais le ton "je sais tout, je comprends mieux que tout le monde" que yann met toujours dans ses histoires depuis quelques annees

Charlie Brown, 28.05.2009 à 11:05321463
abasourdi :
Boarf, c'est pas si cher que ça, quand on est fan de la majorité des auteurs qu'il y a dedans on peut se permettre de l'acheter, je pense. C'est juste une fois, c'est exceptionnel, c'est pas la honte.


Personnellement, j'aime me vautrer dans la fange chaque semaine... (même si le prétexte est d'offrir le numéro à ma fille). La honte, quelle délice ! :o)

Mael, 28.05.2009 à 6:42321457
Ho je sais pas, je pense qu'on peut acheter Spirou sans honte de manière générale. Il y a le Plunk, Jacques le petit lézard géant, pleins d'autres trucs très bons... pis du Cauvin (oui bon...)
Non, il y a vraiment des bonnes choses dedans.

abasourdi, 27.05.2009 à 21:31321452
Boarf, c'est pas si cher que ça, quand on est fan de la majorité des auteurs qu'il y a dedans on peut se permettre de l'acheter, je pense. C'est juste une fois, c'est exceptionnel, c'est pas la honte. En plus dans ce numéro y'a une interview de Rémi Malingrëy il paraît.

cidre, 27.05.2009 à 21:07321451
***petit aparté***

le N° 3711 (bondieu!) de Spirou Magazine (celui de cette semaine en fait, donc en kiosque) contient un supplément 'morts-vivants' intitulé "Rahaa" dirigé par Lewis Trondheim avec notamment :

Stan & Vince pour la couverture, Morgan Navarro, Libon, Tofépi, Monsieur Vandermeulen, Pascal Girard, Capucine, Lumineau, Jean Bourguignon, Obion, Ohm, De Monti, Loran, Jampur Fraize, Killoffer, AK, Ale, Gobi, Mattt Konture, Anouk Ricard, Allan Barte, Boulet, Lefred-Thouron, Sébastien Chrisostome, José Parrondo, Olivier Texier, Guy Delisle, Bouzard et Blanquet.

par contre -horreur- on ne pas le feuilleter sans le détacher du milieu du magazine, et donc sans risquer de se faire malmener par le ou la libraire...rhaaaa

Mael, 26.05.2009 à 21:11321431
effer :
cela n'arrivait pas à la cheville de Willemin, qui lui le faisait naturellement sans se réclamer d'aucune mode!


Belle contraction des deux provocateurs féroces et formidables que sont Willem et Vuillemin (avant les sales blagues)... volontaire ?

compte supprimé . 26.05.2009 à 20:56321430
On a quelques caricatures de Doisy en effet dont un portrait par Sirius, j'aurai cru que ca suffirait... M'enfin bon.

Assez d'accord avec Sfar (sur les thématiques obsessionnelles de Yann, la banalisation de l'uniforme nazi etc...). Pas quand il qualifie le boulot de Marijac de bête (mais ca c'est bien du Sfar, capable de balancer des avis péremptoires sur des anciens qu'il a jamais lu, il nous avait déjà fait le coup avec Barks). Je ne le crois pas une seconde quand il dit adorer le bouquin et considérer Yann comme un auteur important, c'est un vernis de flatterie pour mieux faire passer les horreurs qu'il balance sur lui. Mais puisqu'il a raison... S'il trouve des qualités dans l'oeuvre de Yann (pour ma part je serai plus circonspect, ou alors d'un point de vue de psychanalitique - mais ça concerne aussi quantité d'autres auteurs de sa génération) c'est à l'insu de celui-ci ! Il ne cherche pas pour autant à lapider Yann, on est dans le procès d'intention en l'évitant soigneusement.

Il focalise un peu sur la thématique juive et je ne rejoins pas toutes ses conclusions mais bon, c'est humain. Pour le reste chapeau, Sfar est loin d'être bête.

J'ai pas d'opinion sur ce livre, dans six mois tout le monde l'aura oublié. J'aime bien le Fantasio zazou, Schwartz donne son 100% sur ce perso, c'est cool. Spirou il le sent moins, encore trop connoté Chaland.

BigBen, 26.05.2009 à 18:43321428
lanjingling :
effer :
Et c'est reparti: si la sortie de cet album suscite autant de discutions c'est qu'il choque et ne laisse pas beaucoup de gens indifférents, c'est déjà en cela un bon album!
le dernier asterix aussi, alors...
NDZ :
Ah, au fait, Yann répond à Sfar sur le site de Bodoi (vous trouverez, hein). :))
non, bodoi est innaccessible chez moi, si une ame genereuse (ou perverse) ayant du temps a perdre pouvait copier/coller l'article...



Yann défend son Spirou et répond à Joann Sfar
Posté par Laurence Le Saux le 20 mai 2009 dans Magazine, À la une •


«1942, la botte nazie écrase Bruxelles d’une main de fer dans un casque d’acier.» Dès l’introduction, le ton de ce nouveau one-shot de Spirou est donné. L’Histoire, dans ce qu’elle a de plus noir, est baignée d’humour et d’aventure. Difficile, après le très réussi Journal d’un ingénu d’Emile Bravo, d’évoquer la même période dans un même cadre. Yann et Olivier Schwartz relèvent pourtant le gant, dans un style différent. Dans ce Groom vert-de-gris, le trait se fait plus franquinien qu’hergéen, les rebondissements s’enchaînent en cascade, et les clins d’œil et jeux de mots fusent non stop - quitte à lasser le lecteur, parfois épuisé par ce rythme trépidant. Déjà scénariste d’un épisode isolé de Spirou (Le Tombeau des Champignac, dessiné par Fabrice Tarrin) et de nombreuses séries - les géniaux Innommables, les moins convaincants Exploits de Poison Ivy… -, Yann détaille la genèse de cet album pétaradant, où nos héros courent jusqu’à plus soif et les bombes explosent de tous côtés. Et il répond à Joann Sfar, auteur sur son blog de commentaires acerbes sur Le Groom vert-de-gris.

Comment est né ce Groom vert-de-gris?
C’est une vieille histoire, qui date de plus de vingt-cinq ans et à laquelle était déjà associé ce titre. Yves Chaland devait la dessiner [on peut d'ailleurs en lire les premières pages dans Les Inachevés, édités par Champaka].groom_avion.jpg À l’époque, Dupuis l’avait commandée en nous laissant toute liberté. J’avais proposé de raconter la vie de Spirou au Moustic Hotel et sa rencontre avec Fantasio, un pauvre hère limite clochard. Quand les Allemands arrivaient, le groom troquait son costume rouge contre un autre, vert-de-gris. Seulement, Jean Van Hamme, alors directeur éditorial, est parti et, comme c’est souvent le cas lorsqu’une équipe change, ses projets - dont notre Spirou - ont été balayés. Les années ont passé, et j’ai ressorti le scénario de mes tiroirs. Mais, entre temps, Emile Bravo s’était lancé dans Le Journal d’un ingénu [qui imagine aussi la rencontre entre Spirou et Fantasio, en temps de guerre]. J’ai râlé quand j’ai appris qu’il dessinait « mon » histoire. Toutefois, Emile est un ami et j’aime ce qu’il fait, alors je ne me suis pas fâché. J’ai modifié mon récit initial - de toute façon je ne voulais pas exploiter les idées d’Yves Chaland, ç’aurait été gênant. Je l’ai fait débuter où l’histoire de Bravo s’arrête, à la déclaration de guerre. Et j’ai supprimé la rencontre entre Spirou et Fantasio, pour qu’elle ne contredise pas sa version.

Pourquoi avoir fait de Fantasio un zazou?
J’aimais beaucoup le Fantasio dandy qu’avait imaginé Jijé. Et j’adore les zazous. Faire de Fantasio l’un d’eux créait un beau contraste avec le côté petit gosse populaire de Spirou.

Spirou est-il forcément un résistant?
Oui, si l’on suit le cahier des charges de Dupuis. Il doit n’exister aucune ambiguïté en la matière: notre groom est un cœur pur, qui choisit de se battre aux côtés des gentils.

Avez-vous bataillé pour imposer certaines idées auprès de l’éditeur?
Changer la couleur du costume de Spirou n’a pas posé de problème particulier. groom_radio.jpgÀ une autre époque, installer l’histoire à Bruxelles n’aurait pas été si facile. Il fallait alors décontextualiser la BD belge afin qu’elle ait plus de chances de se vendre en France et ailleurs. Aujourd’hui, la Belgique est un décor exotique. Et puis il faut en profiter, ça risque de ne pas durer longtemps… Bientôt, ce pays n’existera plus, on l’assimilera à la Syldavie des aventures de Tintin!

L’humour est omniprésent dans votre album, mais cela ne vous empêche pas de montrer des femmes tondues ou d’évoquer les camps de concentration…
Être drôle dans un contexte pareil était un véritable pari. Mais il ne fallait pas non plus tomber dans la guimauve ou la niaiserie, d’où le rappel de faits historiques douloureux. Dans cette BD, Spirou rencontre une petite fille juive cachée, que certains ont prise pour Anne Frank. Mais elle n’était pas à Bruxelles… Il s’agit d’une référence à Audrey Hepburn, fille de diplomate anglais, dont je suis fan. Elle y fut clandestine pendant la guerre, pour ne pas devenir l’otage des Allemands.

Pourquoi ces références constantes à d’autres œuvres dessinées ou cinématographiques?
Ce n’est pas une volonté délibérée, elles me sont venues au fur et à mesure de l’écriture. Pourquoi utiliser des inconnus, quand on peut glisser entre nos pages les visages de vrais résistants, de personnages ou d’auteurs de bande dessinée ? On peut ainsi reconnaître Bob et Bobette, Quick et Flupke, Hergé, Chaland, Van Melkebeke… Tous ces clins d’œil échapperont aux jeunes lecteurs, embarqués dans l’aventure, mais amuseront les adultes, que cette intrigue plutôt enfantine risque de ne pas passionner de la même manière.

Avez-vous lu le commentaire de votre album fait par Joann Sfar sur son site?
Oui. Que Joann remplisse son blog de ses considérations personnelles, c’est son droit le plus absolu et c’est même souvent pertinent, impertinent ou rigolo - et souvent les trois simultanément. Mais qu’il se permette de gloser avec désinvolture et condescendance sur mes «questionnements sexuels», me traite de «cas clinique», me dénie la faculté de penser ou s’autorise à soi-disant disséquer intelligemment le contenu de ma petite cervelle groom_quicke.jpg(remplie selon lui de trucs abjects et immondes), pour ensuite étaler benoîtement sur la toile l’analyse du contenu de mes prétendus neurones dégueulasses, subtilement marinée dans son fiel, c’est autre chose… Le tout enrobé d’un ton mielleux, paterne et badin, comme il se doit… Joann m’aime bien, donc! Après tout, pourquoi tout ceci me dérange-t-il autant? Ce n’est finalement pas tant la teneur intrinsèque de ses jugements péremptoires et expéditifs que le fait qu’ils soient énoncés par un auteur en activité qui me choque. En effet, ce que j’accepterais plus facilement d’un critique indépendant, j’ai du mal à l’admettre d’un confrère.

Pour quelles raisons?
Cela présupposerait entre auteurs une sorte de hiérarchie artificielle, une sorte d’échelle de «Richter-Sfar», sacralisant une pseudo-élite d’auteurs subtils, cultivés, raffinés (dont Joann serait une sorte d’ayatollah) et, tout en bas de l’échelle, le lumpenprolétariat des dessinateurs, trop bêtes, trop vulgaires pour argumenter… Ce n’est pas sain ! C’est la porte ouverte aux règlements de comptes assassins et fielleux, que les sites et magazines de BD seraient avides de publier. À ce petit jeu, je pourrais moi aussi faire part de ma profonde déception à la lecture de La Vallée des merveilles, dont les articles de presse élogieux et la campagne médiatique laissaient espérer une sorte d’Ode élégiaque faussement enfantine, un hommage iconoclaste aux icônes de Rackham et Blake, à Thoreau et à Rousseau, le mythe du retour à la nature mâtiné de Bon sauvage, avec de vrais morceaux de Chéret dedans ! groom_etoile.jpgLe tout passé à la moulinette Sfar… J’en jubilais à l’avance. À l’arrivée, patatras! Une tristounette moussaka indigeste, un gloubiboulga insipide, une Rah-ânerie puérile bourrée de stéroïdes, nimbée d’une sauce Nietzschéenne ambiguë… Joann Sfar, fasciné par le culte du Surhomme ? Mais je m’égare probablement… Ce n’est pas grave, je ne pense pas par moi-même, je suis parfois vulgaire et bête ! Plus grave: à force de chercher - et de finir par trouver - de l’antisémitisme partout et surtout habilement dissimulé là où il n’y en a pas, on finit par déforcer le vrai combat contre la juste et honorable cause qu’on prétend servir ! Ou alors que Joann explique en quoi un groom, fut-il déguisé en vert-de-gris, embrassant en 1942, dans une mansarde, une petite juive qui le lui demande, est profondément antisémite. Et qu’il explique aussi en quoi Olivier Schwartz aurait du vomir de dégoût en le dessinant ! D’ailleurs, pourquoi ai-je placé cette scène? Mais tout simplement parce que j’ai lu le Journal d’Anne Frank. Et celle-ci, dans ses lettres, soupire d’envie d’embrasser un garçon à de nombreuses reprises… C’est une allusion plutôt émouvante je trouve, et non une image “abominable, bête et vulgaire”. Mais peut-être Joann n’a-t-il pas lu son Journal ? La vérité, c’est qu’Olivier et moi avons pendant deux ans travaillé d’arrache-pied sur ce Spirou, à l’ancienne, groom_baiser.jpgen fignolant en permanence crayonnés, dialogues et cadrages… Quant au scénario, il a décanté pendant deux décennies dans ma cervelle. Il n’est donc pas dû à un relâchement de mes sphincters cérébraux! Bref, Joann, puisque tu t’adresses à moi à la fin de ta si condescendante et logorrhéique diatribe, je me permet de te répondre: moi aussi je t’aime bien, mais tu devrais parfois revenir à un peu plus de nuances et de modestie; à force de vouloir à tout prix jouer au grand ayatollah du 9e Art, tu risques de n’être perçu un jour que comme le petit mamamouchi du monde des bulles…

Quels sont vos projets?
Je prépare pour Dupuis une espèce de road-movie biographique, qui suivra une bande de dessinateurs - Franquin, Morris, Jijé, Goscinny - aux États-Unis dans les années 40-50. C’est une reconstitution fascinante, qui demande un vrai travail d’enquête. Et puis je continue mes séries habituelles. Olivier Schwartz et moi serions bien tentés par un autre Spirou, mais la liste d’auteurs intéressés par les one-shots est longue…

Reprendre la série officielle, comme le font Fabien Vehlmann et Yoann, vous aurait-il plu?
Oui, mais on ne me l’a pas proposé. Enfin, disons que je ne l’ai pas demandé assez fort. J’ai longtemps pleuré dans mon coin, mais cela n’a pas suffi…

Propos recueillis par Laurence Le Saux

lanjingling, 26.05.2009 à 18:26321427
effer :
Et c'est reparti: si la sortie de cet album suscite autant de discutions c'est qu'il choque et ne laisse pas beaucoup de gens indifférents, c'est déjà en cela un bon album!
le dernier asterix aussi, alors...
NDZ :
Ah, au fait, Yann répond à Sfar sur le site de Bodoi (vous trouverez, hein). :))
non, bodoi est innaccessible chez moi, si une ame genereuse (ou perverse) ayant du temps a perdre pouvait copier/coller l'article...

Pierre, 26.05.2009 à 18:06321426
Il faut croire, au vu de certaine réaction, que la démarche de Chaland demeure inaccessible au lecteur moyen de bande dessinée. Et c'est peut-être mieux ainsi.

effer, 26.05.2009 à 17:01321419
Et c'est reparti: si la sortie de cet album suscite autant de discutions c'est qu'il choque et ne laisse pas beaucoup de gens indifférents, c'est déjà en cela un bon album!
Chacun y trouve à redire selon ses préférences en BD.
Mais l'album ne sera jamais fédérateur, j'aime beaucoup ça, c'est tellement plus drôle qu'une BD qui passe inaperçue ou amène trop de consensus.

Chaland provoquait déjà de fameuses controverses ici en 2006, il y a bien une raison: l'ambiguïté de la présentation du racisme du discours de certains de ses personnages.
En plus, quand on lui posait la question (PLG), il restait dans le vague, donc il entretenait lui même la controverse. Pourquoi?

P.S. J'ai lu tous les hauts de pages, et j'ai adoré cela à l'époque ou "tout il était trop mignon ou trop gentil" dans la grande presse BD.

Quand aux nombreux fanzines punks qui fleurissaient , on voyait bien que c'était une mode passagère, de "celui qui fait du dessin crade pour avoir l'air d'un punk", cela n'arrivait pas à la cheville de Willemin, qui lui le faisait naturellement sans se réclamer d'aucune mode!

stanislas, 26.05.2009 à 12:52321407
effer :
C'est le fascisme lattant que je déteste.


Son fascisme lattant ? Celui qui donne de grands coups de lattes ?

Personnellement j'y vois surtout de l'humour. J'ai toujours trouvé qu'un personnage qui flagelle ses camarades atteints de saturnisme à grands coups de ceinturon était beaucoup plus marrant qu'un personnage social-démocrate, anti-raciste, tolérant et non-violent.

Matrok, 26.05.2009 à 12:04321406
Les hauts de page, c'était de la provoc' punk, ils aimaient à emmerder les auteurs qui pétaient plus haut que leur q et n'étaient gentils qu'avec ceux qui prenaient ça à la rigolade. Il ne faudrait pas en faire un mythe, ça n'était que ça... Sinon la réponse de Yann me confirme hélas que Sfar a touché juste sur un point quand il suggère que Yann n'a d'idée sur rien. Il avoue d'une façon désarmante que c'est au premier degré que cette BD doit être prise.

Pierre, 26.05.2009 à 9:11321402
effer :
c'est totalement iconoclaste et cela me rappelle l'esprit bête et méchant "Des hauts de pages" de Yann et Conrad dans Spirou.


Les Hauts de pages du journal de Spirou ont été sans doute une des plus vastes entreprises de démolition de la bande dessinée franco belge de l'intérieur.

A cet égard il est notoire que constater que ceux qui dicernent dans le Groom vert-de-gris l'esprit des hauts de pages, ne les ont effectivement jamais lues.

Enfin, on a déjà extrait tout son jus du débat "Chaland facho" dans le sujet suivant: la ligne claire de Chaland.

NDZ, 26.05.2009 à 0:03321401
Ah, au fait, Yann répond à Sfar sur le site de Bodoi (vous trouverez, hein). :))

lanjingling, 25.05.2009 à 19:04321400
effer :
J'ai lu l'album de la discorde sur bulle d'aiR et j'ai beaucoup aimé.
C'est plein de punch, c'est totalement iconoclaste et cela me rappelle l'esprit bête et méchant "Des hauts de pages" de Yann et Conrad dans Spirou.
Les personnalités de Spirou et Fantasio sont respectés

sinon, oui, une grande part de l'oeuvre de chaland est tres ambigue, y compris au niveau graphique, avec une ambivalence entre la vulgarite de nombres d'actes de ses personnages & l'elegance du trait qui les exprime
mais si ambiguité rime avec tasse de thé, elle ne rime pas avec grosse poilade, c'est puis, spirou, il est moral, je ne voit pas l'interet de le plonger dans un univers amoral(le nazisme, la collaboration, les compromissions & lachetes), a part un plaisir de gosse qui casse ses jouets

effer, 25.05.2009 à 17:20321395
C'est le fascisme lattant que je déteste.
Cette manie de Chaland d'insister sur le "revival " des années 40-50 dont certaines albums sentaient le moisi et le curé comme Le testament de Godefroy de Bouillon me laisse un sale goût sur la langue: chaland avait-il des idées fachos ou était-il seulement un dandy passionné par cette époque au point de vivre entièrement dedans, meubles, vêtements, voiture?

Quand je pense au talent protéiforme dont il était capable comme dans l'album Captivant, je pense que sa courte carrière est vraiment un beau gâchis.
La série des Freddy Lombard n'apporte rien à la BD sinon de voir un dessinateur reproduire avec génie le style de Jijé, sauf que Jijé a exploré tous les domaines et styles de la BD!

lanjingling, 25.05.2009 à 17:02321392
effer :

On ne saura jamais ce que Chaland aurait pu faire si on lui avait confier un album de Spirou à dessiner, mais le bonhomme s'avait être ambiguë et méchant, voir le fascisme lâtant du Jeune Albert (que je détestais).
tu detestais le personnage du jeune albert, la serie ou son fascisme latant ? & maintenant, tu aimes bien ?

effer, 25.05.2009 à 16:39321389
J'ai lu l'album de la discorde sur bulle d'aiR et j'ai beaucoup aimé.
C'est plein de punch, c'est totalement iconoclaste et cela me rappelle l'esprit bête et méchant "Des hauts de pages" de Yann et Conrad dans Spirou.
C'est la guerre, les temps sont propice à toutes les lâchetés, les combines, les petits ou grands actes d'héroïsme et la guerre s'est moche et sale.
C'est le moment d'en faire des tonnes et d'en rajouter des couches dans tous les sens et j'ai trouvé jouissif sans me poser trop de questions existentielles.
Les populations des pays sous la botte nazi ne s'en posaient pas: il fallait bouffer, se cacher et choisir son camp.
Les personnalités de Spirou et Fantasio sont respectés ainsi que leurs quiproquos et vaines querelles.
Ca bouge dans tous les sens Schwartz s'en sort très bien dans un style simili Jijé, ou sous Chaland, à chacun d'ergoter à sa guise là-dessus.
On ne saura jamais ce que Chaland aurait pu faire si on lui avait confier un album de Spirou à dessiner, mais le bonhomme s'avait être ambiguë et méchant, voir le fascisme lâtant du Jeune Albert (que je détestais).
Maintenant on sait pourquoi les filles font fuir Spirou et Fantasio!
4 paires de bottes à cirer!

lanjingling, 24.05.2009 à 16:36321367
Pierre :
david t :
anne franK s'il vous plaît. merci.


Il faut nous excuser David, mais nous avons en France une sorte d'écrivain qui s'appelle Dan Franck. Peut-être la confusion vient-elle de là ?
il y a aussi un scenariste du nom de frank, & un dessinateur (relativement connu) du nom de franquin, mais on s'eloigne un peu

Pierre, 24.05.2009 à 15:20321365
david t :
anne franK s'il vous plaît. merci.


Il faut nous excuser David, mais nous avons en France une sorte d'écrivain qui s'appelle Dan Franck. Peut-être la confusion vient-elle de là ?

Charlie Brown, 21.05.2009 à 11:38321297
Merci pour toutes ces précisions...

(Pour Anne Frank, j'ai failli vérifier l'orthographe et puis j'ai décidé de faire confiance à Sfar... sauf que je me rends compte à l'instant que Sfar l'a écrit tantôt avec un "c", tantôt sans... Je suis une véritable buse ! :o))

david t, 20.05.2009 à 21:01321285
anne franK s'il vous plaît. merci.

lanjingling, 20.05.2009 à 16:33321281
Mr_Switch :
Charlie : Et puis "Jean Doisy" signait parfois "Fantasio". Puis Jijé a dessiné Fantasio par la suite. Cela donne une fusion des deux pères du personnage.
& puis jije a fait dans une histoire de spirou une caricature de doisy dans laquelle celui-ci est appelle "moisy", ce qui rappelle l'ambiance dans laquelle trempe le spirou de yann/schartz...la boucle est bouclee

Mr_Switch, 20.05.2009 à 10:56321273
Charlie : Et puis "Jean Doisy" signait parfois "Fantasio". Puis Jijé a dessiné Fantasio par la suite. Cela donne une fusion des deux pères du personnage.

Charlie Brown, 20.05.2009 à 10:35321272
Charlie Brown :
Endive :
La prépub' du Schwartz/Yann a commencé depuis deux semaines. Des avis ? (Le mien ? Vous ne voulez pas vraiment le connaître.)


Le mien alors : "Ça commence mal !... Le dessin de Schwartz est plutôt chouette, mais pour le reste... De nouveau plongés dans la Seconde Guerre Mondiale, on est loin de la finesse de Bravo... En fait, je crois que Yann, j'en peux plus ! Il faudrait peut-être qu'il lâche la grappe à Spirou là..."

Voilà... De rien.


J'avais écrit ça après avoir lu le premier épisode (sur 8) prépublié dans le journal de Spirou.
Hier, j'ai décidé de lire le reste. Et donc, même si Yann est toujours fatigant, l'ensemble est moins pire que ce que les premières pages laissaient entrevoir... Je veux dire que ça se lit sans déplaisir quoi. Et j'aime beaucoup le dessin de Scwhartz.



Endive :
C'est vrai, mais le dessin et les couleurs sont chouettes

(Par contre j'ai pas compris pourquoi Jean Doisy a le visage de Jijé plutôt que le sien propre...)


D'après Scwhartz, c'est parce qu'il n'existerait que de très rares photos de Jean Doisy, de très mauvaise qualité qui plus est, et quelques portraits dessinés. Ils ont donc choisi de lui donner les traits de Jijé.
J'ai lu ça dans le Spirou prépubliant le second épisode, mais ça ne dit absolument pas pourquoi ils ont choisi Jijé. Sûrement pour faire un clin-d'oeil au second créateur historique de la série et compléter la galerie de personnages multi-référencée jusqu'à l'overdose qui court tout au long des pages de l'album. Un des côtés pénibles de cet album, comme cela a été pointé par Longg et Pierre par exemple, même si personnellement ça ne m'a pas trop dérangé...


Pierre :
[...]Sfar délire complètement dans son interprétation de la rencontre de Spirou avec la jeune Audrey (Oh ce serait Anne Franck ? Mais c'est impossible, Schwartz n'a pas placé dans son dessin un journal en évidence avec écrit dessus "Journal d'Anne Franck"...). Y voir une marque véritable d’antisémitisme de la part de Yann est fallacieux, alors qu’il y a là justement, dans la réaction de Spirou, l’ambition de montrer clairement la charge culturelle dont ce personnage est porteur, celle de ce milieu antisémite dans lequel baignait les Hergé, les Jijé, les Casterman, les Dupuis ... Spirou réagit comme le personnage qu'il était en 1942. Sfar n’a rien compris.


Je suis d'accord sur la "charge culturelle" et sur la réaction de Spirou. Cela dit, l'un n'empêche pas l'autre.
Et quand je lis ça :

Sfar :
[...]quand Spirou entre par hasard dans une mansarde, qu'il y croise une Anne Franck qui même recluse arbore son étoile jaune, sous une poitrine naissante, et quand elle supplie Spirou de lui donner un baiser où sommes nous? Nous sommes dans un moment qui combine de façon abominable une vision caricaturale de la femme, de l'amour, des juifs, de la déportation et de l'éveil des sens. C'est dans un moment comme celui-là qu'on a le sentiment de toucher du doigt un vrai antisémitisme.Dans cette scène nous ne sommes plus dans le huitième degré. Nous sommes face à un grand auteur qui n'a jamais su quoi faire ni des juifs ni des femmes et qui nous l'avoue sans même se rendre compte de l'énormité de ce qu'il met en page. Comment le pinceau de Schwartz ne lui tombe-t-il pas des mains quand il dessine ça c'est une autre question, mais voilà, il reste ça sur une page: Spirou qui donne un baiser à Anne Frank et s'en va en courant. J'adore que Yann laisse échapper ce genre de moment vulgaire et bête et mal maîtrisé. Il passe dans cette page du statut d'auteur au rôle de cas clinique. Il faut être très fort, très courageux et très maître de son écriture pour laisser entrevoir ça. Il nous montre ça. Et on se débrouille avec.


Je ne peux qu'être d'accord avec Sfar.
Sauf sur le fait qu'il faut être "très fort, très courageux et très maître de son écriture" pour pondre une telle scène.
D'ailleurs, je trouve que cette séquence est plus ou moins à l'image du boulot de Yann ici : ça ne mène nulle part. C'est jeté là comme ça, comme le reste, pour essayer de faire entrer le maximum de clichés dans le minimum de pages, de faire un tour d'horizon de l'imaginaire culturel et artistique populaire lié à la Seconde Guerre Mondiale et à plus particulièrement à l'Occupation, sans jamais donner du sens à ce qui est jeté là. De la référence pour la référence (BD, ciné, littérature, musique, peinture...), dans une sorte de jeu qui tourne à vide.
Tout le contraire de Bravo quoi...


effer :
Sfar se trompe sur cette jeune fille juive qu'il nomme Anne Franck, la famille Franck vivait aux Pays-Bas et non à Bruxelles ( une référence de Yann, sans doute) et ses avis sur la psychologie inconsciente qu'il prête à Yann, ne sont que des élucubrations personnelles, dignes de cette supposée Anne Franck.


Sfar ne dit pas ça. Il écrit : "une Anne Franck". Anne Franck n'étant ici qu'un archétype, pas le personnage réel. Et pour moi, il n'y a pas de doute sur le fait que Yann ait bien voulu représenter UNE Anne Franck ;-)

mikromix, 18.05.2009 à 11:18321230
La critique de Pierre est dure mais je la partage. Celles et ceux qui voudraient se plonger dans cet album en le prenant comme une suite de l'excellent opus d'Emile Bravo risquent d'être déçus.

J'ai trouvé l'album superbe au niveau graphisme et couleurs mais totalement
balourd côté scénario. Certes on ne s'ennuie pas et c'est déjà une qualité
de l'album mais Yann nous assomme avec sa culture de la BD belge à tel point qu'on se demande où il veut en venir.

L'idéologie qui se dégage de l'album est assez discutable, je me demande si
elle est meilleure que celle que le héros est censé combattre, la séquence
durant laquelle Spirou fait griller des allemands qui le poursuivent ne me
semble pas du tout dans l'esprit du personnage, on glisse dans celui des
Innommables et du coup on se demande à quoi ça sert de reprendre des héros pour saccager ainsi leur univers, pour ne rien arranger la bestiole de
Spirou y va de son petit commentaire assassin.

On sent bien que Yann a tenté de jouer la carte de la provocation en
écrivant cet album, mais il le fait dans un carcan imposé par la nature et
le "background" du héros, ce qui donne au final un album bancal pour lequel on ne sait pas trop où il veut en venir.
En le lisant j'essayait d'avoir à l'esprit ce que pouvaient ressentir les personnes prises dans un conflit, ce qu'a sans doute voulu faire le scénariste, Yann a peut-être voulu sortir du héros propre, sans peur et sans reproche, mais il y a un truc qui me gène, qui ne fonctionne pas.

Je crois que le problème de la reprise de Spirou est qu'elle n'a jamais
vraiment été cadrée par l'éditeur ou un scénariste.
Si on regarde celle de Blake et Mortimer, on en pense ce qu'on veut, mais
Jean-Van Hamme a eu le grand mérite de la débroussailler et de la cadrer
dans un contexte historique précis. Quand j'emploie le terme "cadrer" ça ne veut pas dire enfermer.

kstor, 18.05.2009 à 8:44321229
Ah non, ça ne corrobore pas ça du tout. Je penche plus pour ce que tu suggères dans la deuxième partie de ton propos, et crois pouvoir affirmer sans trop de risque que la guerre a effectivement modelé la situation d'après guerre... Bon.

Yann n'utilise pas le nazisme, il utilise la Belgique dans les années 40, une époque troublée pendant et après laquelle les grands noms de l'âge d'or de la bande dessinée franco-belge développèrent leur art.
Le nazisme n'est pas intéressant en tant que tel, le contexte de l'occupation l'est beaucoup plus dans le propos de Yann qui sait parfaitement où il va.

Les auteurs, comme tout le monde, ont traversé cette période pour la plupart sans gloire, en jonglant avec l'ordinaire et leurs idées reçues sur l'antisémitisme, la colonisation, la collaboration etc. Certains ont du affronter la disparition de leur famille. D'autres se sont forgé une bonne conscience a posteriori. Oui, la guerre imprègne considérablement toute la bande dessinée d'après guerre, c'est une évidence.

Je partage l'analyse de Pierre quand il dit que Spirou ne sait pas trop ce qui lui arrive quand l'enfant juive l'embrasse.

Il y a trop de figures connues dans ce livre pour qu'on n'y voie que coquetterie scénaristique. Ce livre est un hommage lucide et ironique, nostalgique malgré l'irrévérence, d'un fan qui a su replacer l'art de ses maîtres dans un contexte historique. Comme on est dans le cadre balisé de la bande dessinée de divertissement, ça ne va pas non plus très très loin, on est d'accord. Mais l'intention est là.

lanjingling, 18.05.2009 à 3:32321227
kstor :
Le groom vert de gris ne parle ni de résistance, ni de grande vadrouille, et l'important n'est pas son scénario. L'important est la mise en abyme. Car le groom vert de gris ne parle que d'une chose : de la bande dessinée franco-belge d'après guerre.

alors, cela corroborerait ce que dit sfar sur le fait que " Yann ne sait pas ce qu'il pense. Il ne sait pas où il veut nous entraîner", parce qu'utiliser le nazisme pour parler d'un truc comparativement aussi futile que la b.d. franco-belge d'apres guerre, c'est a la limite de l'irresponsabilite; a moins que tu n'inferes que la b.d. franco-belge d'apres guerre doit tout a la situation de la france & de la belgique durant la guerre

kstor, 17.05.2009 à 23:08321226
Le groom vert de gris ne parle ni de résistance, ni de grande vadrouille, et l'important n'est pas son scénario. L'important est la mise en abyme. Car le groom vert de gris ne parle que d'une chose : de la bande dessinée franco-belge d'après guerre.

abasourdi, 17.05.2009 à 18:17321220
Pierre :
Et les éloges dont il couvre Bravo résonnent curieusement comme autant de reproches sournois.

Vu que c'est son poteau qu'il encense depuis des années, je ne pense sincèrement pas.

lanjingling, 17.05.2009 à 18:14321219
effer :
ses avis sur la psychologie inconsciente qu'il prête à Yann, ne sont que des élucubrations personnelles[...].
Il a aimé cette BD, il se justifie, c'est tout.

j'ai l'impression qu'il aime bien yann aussi, & qu'il veut le justifier aussi; pourquoi pas, si ca genere une reflexion interessante (a laquelle je suis loin d'adherer completement)

effer, 17.05.2009 à 17:50321216
Sfar se trompe sur cette jeune fille juive qu'il nomme Anne Franck, la famille Franck vivait aux Pays-Bas et non à Bruxelles ( une référence de Yann, sans doute) et ses avis sur la psychologie inconsciente qu'il prête à Yann, ne sont que des élucubrations personnelles, dignes de cette supposée Anne Franck.
Il a aimé cette BD, il se justifie, c'est tout.
Sfar, je l'aime bien, mais quel bavard quand même!
;-)

lanjingling, 17.05.2009 à 17:28321214
lanjingling :
les critiques vont-elles echapper a l'alternative "yann, quelle lourdeur" ou "yann, quel esprit" ?

l'analyse de sfar sort du moins de l'alternative; mais je ne comprend effectivement pas en quoi une oeuvre anarchiste de droite comme l'est celle de yann est resistante ? le seul lien que je vois entre marijac & yann, c'est qu'ils peuvent etre mis dans une lignee qui aime la gaudriole, mais "les mousquetaires du maquis" sont des pieds nickeles dans "la grande vadrouille" ou "l'as des as", franchouillard sympathique, yann se situe du cote d'autan-lara, revanchard
& je ne trouve pas que l'oeuvre de sfar soit cette mise a plat totale de la b.d. classique & de lui-meme, faisant exploser en les confrontant leurs contradictions, qu'y voit sfar, elle me semble bien moins radicale & plus roublarde que ca

Pierre, 17.05.2009 à 15:43321211
C'est assez odieux cette manière dont Sfar place sur un même plan les travaux de Bravo et de Yann ... Alors qu’il y a là deux démarches esthétiquement et intellectuellement si éloignées l'une de l'autre. L’angle d’attaque qu’il choisit pour son analyse n'est qu'une plaisante astuce rhétorique. Et les éloges dont il couvre Bravo résonnent curieusement comme autant de reproches sournois.
Quant à Yann héritier de Marijac ? Pourquoi pas ; mais Sfar délire complètement dans son interprétation de la rencontre de Spirou avec la jeune Audrey (Oh ce serait Anne Franck ? Mais c'est impossible, Schwartz n'a pas placé dans son dessin un journal en évidence avec écrit dessus "Journal d'Anne Franck"...). Y voir une marque véritable d’antisémitisme de la part de Yann est fallacieux, alors qu’il y a là justement, dans la réaction de Spirou, l’ambition de montrer clairement la charge culturelle dont ce personnage est porteur, celle de ce milieu antisémite dans lequel baignait les Hergé, les Jijé, les Casterman, les Dupuis ... Spirou réagit comme le personnage qu'il était en 1942. Sfar n’a rien compris.

Matrok, 17.05.2009 à 14:17321209
Au contraire, je trouve qu'il fait bien de ne pas donner de noms. Dire du bien des gens nommément, c'est toujours agréable et utile, en dire du mal, c'est une perte de temps le plus souvent. Ce qu'il dit n'est peut-être pas si éloigné de ce que Menu dit lorsqu'il moque les gros éditeurs qui font un peu de "noir et blanc intimiste" pour soigner leur image... Rien de pire en effet que de transformer ce qui était iconoclaste en un genre bien établi, mais qui a perdu tout sens. Et je partage son envie de lire des auteurs de BD qui ont quelque chose à dire et à montrer plutôt que de juste faire du bon boulot.

Bon, ceci dit je ne partage pas du tout son enthousiasme pour le "Groom vert de gris" de Yann et Schwartz et je serais plutôt d'accord avec la critique citée par Pierre: c'est en effet "La Grande Vadrouille" version belge, et quant à la "BD de résistant" dont parle Sfar il y aurait beaucoup à en dire aussi sur son contenu politique réel, car c'était le plus souvent dans le fond beaucoup plus chauvin qu'anti-fasciste, et en tout cas tout sauf réaliste. Je sais qu'en disant ça je vais me faire mal voir de certains ici parce que c'est tout sauf de la BD "d'avant garde", mais je trouve que les BD de Gibrat parlent probablement mieux de cette époque que celle de Yann & Schwartz.

abasourdi, 16.05.2009 à 18:16321192
C'est dommage que Sfar profite de cet encensement pour dézinguer de manière vague les "avant-gardistes". Depuis qu'il a quitté L'Asso ça fait plusieurs fois qu'il tape sur des BD "d'avant-garde" sans les nommer, du coup le débat ne peut pas avoir lieu et je pense que ça l'arrange bien. (Je précise que j'ai une tendresse immense pour cet auteur, hein.)

effer, 16.05.2009 à 17:19321187
C'est une analyse très intéressante ( je n'ai pas encore lu Le groom vert-de-gris).
Mais j'ai envie de le lire car j'ai lu les "preview), et j'aime beaucoup ces nazis caricaturés, et voir Spirou les dézinguer est jubilatoire, au premier ou second degré.
Je retrouve là ces énormités de Yann et Conrad dans Les Innommables!

NDZ, 16.05.2009 à 9:46321176
Sfar semble avoir un avis intéressant sur la question...

lanjingling, 10.05.2009 à 18:00321005
Pierre :
lanjingling :

les critiques vont-elles echapper a l'alternative
"yann, quelle lourdeur" ou "yann, quel esprit" ?


Hélas, non:

Si l’on l'examine ce travail à l’aune du critère purement technique, le bilan est maigre : construction dramatique minimale, psychologie des personnages zéro. Yann n’est qu’un rafistoleur de clichés, un rapiéceur de vieux habits portés par d’autres.

si, tout de meme un peu; cette critique virulente semble me confirmer que si yann est toujours aussi lourd, techniquement, il ne sait plus non plus construire un scenario...

lanjingling, 10.05.2009 à 17:48321004
lanjingling :
apparemment, il est sorti
peu de notes encore
beaucoup plus de notes ce dimanche soir...
que font les bulledairiens le w.e. ? ils lisent le nouveau spirou
zewed :
En tout cas, j'aime bien la couverture.
je prefere celle-ci
Endive :
(j'ai pas compris pourquoi Jean Doisy a le visage de Jijé plutôt que le sien propre...)
& les lunettes de tillieux...& le sandwich de charlier...

compte supprimé . 09.05.2009 à 11:38320987
C'est vrai, mais le dessin et les couleurs sont chouettes

(Par contre j'ai pas compris pourquoi Jean Doisy a le visage de Jijé plutôt que le sien propre...)

compte supprimé . 09.05.2009 à 11:38320986
C'est vrai, mais le dessin et les couleurs sont chouettes

(Par contre j'ai pas compris pourquoi Jean Doisy a le visage de Jijé plutôt que le sien propre...)

Pierre, 09.05.2009 à 9:28320983
lanjingling :
apparemment, il est sorti
peu de notes encore
les critiques vont-elles echapper a l'alternative
"yann, quelle lourdeur" ou "yann, quel esprit" ?


Hélas, non:

L’idée est formidable : 1942, la Belgique est occupée, l’amitié de Spirou et Fantasio déchirée par les griffes de l’Histoire ; l’un, dissimulant son appartenance à la Résistance est répudié par l’autre qu’il le croit passé à l’ennemi. Quel postulat passionnant, porteur d’un ressort véritablement dramatique !

Yann extrait de ses tiroirs ce projet vieux de plus de vingt ans qu’il avait élaboré avec Yves Chaland pour donner aujourd’hui un scénario malheureusement poussif et mal fichu, comme un remake belge de La Grande Vadrouille. De cette matière si belle, passée à la moulinette de sa fausse impertinence de trublion fossilisé, il ne reste pas grand-chose, sinon un ramassis de clichés agglomérés à un tombereau de références vides de sens. On est bien loin du sujet…

Voilà pourtant le genre d’album qu’on aurait tant aimé aimer. « On », c’est-à-dire tout lecteur adulte qui éprouve encore quelque affection pour le petit groom et son grand dépendeur d’andouilles de copain. Tout de même, il y a cette situation inouïe où un éditeur donne au gratin de la profession carte blanche pour proposer la vision de son Spirou ! Et cette chance, Yann l’a eu deux fois, et deux fois, elle lui a échappé…

Le tombeau des Champignac avait déjà démontré l’incapacité quasi congénitale de Yann à transfigurer le mythe de Spirou, nous n’y reviendrons pas. Mais cette opportunité formidable qui lui est donnée de réinterpréter les premiers temps du personnage à lumière d’un contexte historique captivant, qu’en fait-il ? Obnubilé par ses marottes, il gâche son sujet, l’aborde avec une balourdise peu commune, celle d’un fan boy sénile, d’un ancien premier de la classe récitant une leçon que personne ne veut entendre. C’est que Yann ne nous épargne rien de ses obsessions : belgitude, grande Histoire revue par le petit bout de la lorgnette, collection de références culturelles gratuites. Le résultat est catastrophique.

De la couleur locale donc. Yann est un Breton né à Marseille qui aurait voulu être Belge. Voilà tout son drame intime. De là, ces dialogues fabriqués en faux parler bruxellois, et on pense au temps qu’il a du passer vainement à farcir son texte de « fourt », de « gotferdom » et autres « alleï ». On s’y croirait presque, une fois ! Cela vaut bien le Québec de Laurent Gerra dans sa reprise de Lucky Luke… Pour ce qui est de l’occupant, Yann n’est pas en reste : il nous offre des Allemands stupides qui s’appellent Helmut et qui s’expriment en lettres gothiques comme dans Astérix, et ça meurt en criant « Au secours mein Führer ! » comme dans Papa Schulz, voilà qui est terriblement irrévérencieux !

Soucieux de faire montre de son immense culture de rat de bibliothèque, notre « ketje » de scénariste nous livre une festival de clins d’œil « for the happy few ». La cuistrerie de Yann en la matière est sans limite : il faut qu’il mette tout. Pour parler en lieu commun, il nous fait un véritable inventaire à la Prévert. Il y a donc des rues Jo Almo, Davine, Jean Darc, Joseph Gillain ; il y a des capitaine Blake, des docteur Müller, des professeur Samovar, des Jean Doisy, des Maurice Leblanc… Comprenne qui peut. Dans cette démesure le comble est atteint dans la grande case de la planche 27 où s’accumulent péniblement Bob Fish, le jeune Albert, Hergé, Jacobs, Van Melkebeke, Quick et Flupke, oncle Lambique et tante Sidonie, plus quelques obscures allusions à Franquin. N’en jetez plus ! Ce n’est pas Spirou c’est Où est Charlie.

Si l’on l’examine ce travail à l’aune du critère purement technique, le bilan est maigre : construction dramatique minimale, psychologie des personnages zéro. Yann n’est qu’un rafistoleur de clichés, un rapiéceur de vieux habits portés par d’autres. Pour parvenir aux soixante et unes pages canoniques, que de dilution, d’importation, de citations ! Ainsi, nous faut-il endurer un extrait entier de la Traversée de Paris avec du Gabin et du Bourvil dedans. Très limité dans ses effets, Yann est capable de nous servir deux fois la même expression populaire (nous savons maintenant que « quand les poules auront des dents » se dit à Bruxelles « le jour où les pavés de la grand-place chanteront ») comme de nous exprimer le trouble de ses personnages par l’inversion systématique des syllabes tel ce « Tas du pou ! Bien au toncraire ! ». On le voit, la leçon des Maîtres a été pleinement assimilée.

Enfin, Yann, l’ancien punk qui hantait les hauts de pages du journal de Spirou est désormais plein de sagesse, privilège de l’âge il a compris beaucoup de choses, c’est pourquoi il croit devoir nous infliger un couplet moralisateur justifiant le collaborationnisme d’Hergé. Seul surnage dans ce potage l’amourette de Spirou avec une jeune fille juive qui parvient à nous toucher passagèrement, unique moment du récit où l’auteur met en sourdine ses manies et ses tics. Mais, reconnaissons-le, c’est bien peu de chose, qualitativement, au regard de ce qu’accomplit le Journal d’un ingénu !

Quelques mots du graphisme. Le travail de Schwartz est honnête. Que peut-on dire d’autre quand la volonté de se mesurer à Chaland tout en boxant deux catégories en dessous est si pleinement assumée ? C’est donc bien fait mais sans puissance et sans classe.

Cet album apporte une nouvelle fois la preuve que Yann, l’auteur d’Aventure en Jaune, de La Lune Noire et le co-scénariste de La Comète de Carthage n’est plus que l’ombre de lui-même, incapable de finesse et de poésie, il nous abandonne à spéculer amèrement sur ce qu’aurait pu être ce « groom vert-de-gris » placé en d’autres mains, en d’autres temps…

zewed, 08.05.2009 à 9:53320967
En tout cas, j'aime bien la couverture.

lanjingling, 08.05.2009 à 3:14320963
apparemment, il est sorti
peu de notes encore
les critiques vont-elles echapper a l'alternative
"yann, quelle lourdeur" ou "yann, quel esprit" ?

Mr_Switch, 07.04.2009 à 16:14320104
Et Vehlmann parle de Spirou ici vers la 25ème minute.

Et vers la 12ème minute et demi, c'est Yann et O. Schwartz.

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