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| | | | chrisB : | Il y a un petit gout d'Abbas Kiarostami, non ? |
Il paraît, oui. Pas un goût de cerise, mais un goût de Ten, dans le procédé, apparemment. Mais en fait, j’en sais rien, je n’ai jamais vu de films de Kiarostami ! :o)
Et comme je ne lis jamais rien sur un film avant de le voir...
Mais, du coup, je vois qu’ils ont déjà bossé ensemble sur leurs projets respectifs. Un procédé en forme d’hommage, peut-être ? Quant au fond, je sais pas. Ce qui est sûr, c’est que, sur ce que j’ai vu là, Jafar Panahi est brillant (et comme c’était le premier film de ce réalisateur que je voyais, ça me donne envie de voir les autres...) |
| chrisB, 02.06.2015 à 10:26 | 358944 |
| | | Il y a un petit gout d'Abbas Kiarostami, non ? |
| | | | chrisB : | Vu après la bataille le Kingsman, sympa mais un peu déçu tout de même. |
Alors que pour moi, ce fut un vrai régal. Le film de l'année, quoi. Dans son genre, comme je le disais, je trouve que ça frise la perfection ! :o)
Dans un autre genre, l'autre film de l'année, c'est celui-ci, que je viens de voir ce week-end alors qu'il est en fin d'exploitation :
Taxi Téhéran ou "La leçon de cinéma de maître Panahi".
Avec trois francs six sous, Jafar Panahi continue vaille que vaille et coûte que coûte à faire du cinéma. Du vrai, du bon, mine de rien. Son (faux) taxi est une métaphore à lui tout seul. Jafar Panahi est interdit de tournage et de diffusion en Iran, et il ne peut quitter le territoire. Qu’à cela ne tienne, il embarque trois petites caméras de surveillance dans une auto (j’en ai rapidement compté trois, mais peut-être n’y en a-t-il que deux... ou quatre !), complète le tout avec téléphone portable et appareil photo numérique, et envoie le résultat monté à Berlin, pour la Berlinale !
L’air de pas y toucher, sans pathos et avec une bonne dose de bonne humeur et même d’humour, Panahi autopsie son pays. Un pays "schizophrène", à l’image de quelques-uns des personnages qui viennent peupler son taxi. Et donne une leçon de cinéma, jouant sur la frontière entre fiction et réalité, tenant son spectateur constamment en éveil avec des moyens rudimentaires, par la seule force du cadrage et du montage, du travelling aussi, quelque part, et donc de la morale, comme dirait Godard, de l’esquisse, de la substance des personnages, du dialogue, enfin.
Il questionne l’art en général, et le cinéma en particulier (entre autres scènes savoureuses, j’ai aimé celle qui confronte le réalisateur, jamais à cours d’idées mais qu’on empêche de tourner, à un étudiant en cinéma, libre de tourner mais qui ne sait pas quoi tourner !). Qu’est-ce que faire du cinéma dans un pays où le gouvernement a édicté une charte devant être respectée à la lettre (malgré quelques contours flous, comme celui de bannir la "noirceur") pour qu’un film soit diffusable ?
J’ai aimé aussi ces petites choses qui font qu’on mesure pleinement le sens de cette tournure usée jusqu’à la corde en nos contrées qu’est la "liberté d’expression". Par exemple, lorsque le dealer de films, qui avait un jour procuré sous le manteau à Jafar Panahi une copie du Midnight in Paris de Woody Allen qu’il avait absolument envie de voir, annonce tout enjoué à son client que, dès la semaine prochaine, il pourra enfin lui fournir les dernières saisons de The Big Bang Theorie et The Walking Dead, toutes choses interdites de diffusion en Iran, bien évidemment.
Il use de tous les subterfuges, se servant par exemple de son incroyable nièce - âgée d’une dizaine ou d’une douzaine d’années tout au plus, réalisatrice en devenir, jeune fille vive, volubile, sarcastique, au caractère bien trempé et à l’intelligence aussi aiguisée que celle de son oncle - pour faire toucher du doigt l’absurdité du système et établir un constat de l’état des choses. D’un même mouvement, léger comme une plume, il métaphorise et tourne en ridicule la chape de plomb religieuse qui pèse sur son pays, dans une scène cocasse mettant en scène deux vieilles bigotes et leurs poissons rouges... Du grand art, vraiment.
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| chrisB, 26.05.2015 à 10:44 | 358906 |
| | | Vu après la bataille le Kingsman, sympa mais un peu déçu tout de même. |
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C’est complètement bourrin et complètement con. Du coup, j’ai bien rigolé devant le kitsch et le ridicule de la chose. L’assourdissant fracas de moteurs, de furie et de musique vaguement heavy-symphonique cache mal la maigreur du scénario et l’inconsistance des personnages. En même temps, il paraît que la seule chose qui compte dans ce film, c’est l’action ! Alors certes, y’a que ça, ou presque, mais, à la limite, il vaut mieux. Les quelques rares tentatives de temps morts et les encore plus rares tentatives de dialogues, parfaitement affligeants voire ridicules, faisant immédiatement regretter que les scènes d’action s’arrêtent, quand bien même celles-ci venaient de filer au spectateur un gros mal de crâne. Et pourtant, elles font presque moins mal au crâne que dans un film d’action "standard" actuel, la caméra étant plutôt bien maîtrisée, le montage étant moins "cut", frénétique voire épileptique que dans la production "standard". Bon, j’ai toujours du mal avec les esthétiques jeux vidéo d’action, et celle-ci ne déroge pas, mais bon...
Le personnage du héros, Mad Max, est totalement transparent, voire insignifiant. Sans compter qu’il est servi par Tom Hardy, un acteur aussi peu expressif que l’inexpressif Daniel Craig. C’est dire. Le héros, c’est en fait l’héroïne : Furiosa. Et c’est le seul bon point du film : Charlize Theron, qui apporte presque un peu de consistance à la chose. Le second "bon point", si l’on peut dire, et même si c’est simpliste à souhait, c’est que ce sont les femmes qui ont le "beau rôle" (je mets des guillemets partout, parce que faut pas exagérer non plus) : plus intelligentes, plus loquaces, plus humaines que les hommes, qui sont tous des crétins dégénérés et des brutes épaisses. C’est par elles que devrait passer le salut de l’humanité, s’il y en a un.
Bref, j’ai ri, mais pas forcément pour les bonnes raisons, et je me suis pas totalement fait chier pour un film d’action, mais c'est quand même bien naze et je ne conseillerais cette chose qu’aux amateurs de films complètement bourrins et complètement cons.
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| | | | Eh bien dites-donc, les gens, je me rends compte que je vous avais pas fait chier depuis un bout de temps (au moins un mois et demi !) avec mes verdicts panoramiques des nouveaux films que j'ai vus au cinoche dernièrement.
Je m'en vais donc réparer et expédier tout ça... :o)
John May a un métier pas banal. Il est chargé de retrouver les hypothétiques proches de défunts dont personne ne vient réclamer le corps avant qu’il parte pour la fosse commune. En général, au terme de ses quêtes, il se retrouve seul à l’enterrement de ces défunts, dont il organise les derniers instants avant qu’ils ne finissent six pieds sous terre.
John May, travailleur consciencieux, mène une petit vie grise, étriquée et solitaire, peuplée des seuls souvenirs fragmentaires laissés derrière eux par ces êtres abandonnés, dont il finira sans doute par rejoindre la cohorte après son dernier souffle.
Et puis un jour, après une restructuration au sein de sa boîte, il est remercié. Le dernier cas dont il doit s’occuper l’amène à faire une connaissance inattendue. Sa vie prendrait-elle soudain une direction nouvelle ?
Uberto Pasolini et Eddie Marsan, qui interprète le discret John May, excellent à rendre le quotidien besogneux et déprimant de ce petit employé aux marges de l’humanité. Même s’il n’est peut-être pas recommandé aux dépressifs, ce film - tour à tour étonnant, amusant, touchant et émouvant (un peu too much sur le finale, cela dit, même s’il n’est pas interdit d’écraser une petite larme avant de sortir de la salle) - trouve un ton original, bien servi par le travail sur la photo. Le titre anglais, Still Life, reflète beaucoup mieux l’esprit du film que le titre français.
Comme pour Une belle fin, encore un film quasiment monochrome, où l’humour (scandinave, cette fois-ci) perce sous les couleurs ternes et tristes et les ambiances mélancolico-neurasthéniques. Le tout en plans fixes, d’une lenteur calculée. Il y du Aki Kaurismäki dans tout ça, je trouve. Je n’ai pas vu les précédents volets de ce qu’il faut paraît-il désormais qualifier de trilogie (avec Chansons du deuxième étage et Nous, les vivants), mais ça ne m’a pas empêché de goûter l’expérience. La comédie humaine selon Roy Anderson, pour pathétique qu’elle soit, n’en est pas moins touchante, voire amusante. Je ne conseillerais pas ce truc à tout le monde - ça pourrait rebuter même les gens les mieux disposés - peut-être seulement aux amateurs d’un triangle cinématographique à géométrie variable dont les points d’angle pourraient s’appeler Kaurismäki, Tati et Ozu.
Avec ses faux airs de Woody Allen (en plus vulgaire, en moins subtil et moins profond) et ses vrais airs de screwball comedies de l’âge d’or hollywoodien tel qu’à l’air d’en raffoler Peter Bogdanovitch (et on ne saurait l’en blâmer), cette comédie vitaminée ne se casse étonnamment pas la gueule et fonctionne plutôt bien. Les acteurs s’en donnent à cœur joie, et c’est plutôt réjouissant, sans être extraordinaire. Après Birdman, les névroses du petit monde du théâtre semblent décidément inspirer les réalisateurs américains, ces derniers temps, et ils s’en sortent plutôt bien...
Emmanuel Mouret, toujours entre Eric Rohmer, Woody Allen et Blake Edwards, même s’il n’a le talent et la profondeur d’aucun des trois, continue son petit bonhomme de chemin et ça fait plutôt plaisir. Après un petit crochet par la veine dramatique, le revoici dans la comédie, même si l’humour est hélas moins présent que dans ses précédents films. J’ai eu plaisir à retrouver ce mauvais acteur de Mouret (qui ne se glisse dans la peau de son personnage lunaire, quasiment le même de film en film, que pour avoir le plaisir de pouvoir embrasser de jolies actrices – ici Anaïs Demoustier et Virginie Effira) dans cette variation plutôt originale sur le triangle amoureux. Loin d’être un des ses meilleurs films, cela dit, et loin du niveau de l’excellent Un baiser s’il vous plaît (son chef-d’œuvre ?).
Jennifer Aniston (très bien dans Broadway Therapy, au passage) a du mal à passer le cap du drame. Elle cabotine un brin (même si on ressent bien sa souffrance physique, surtout dans le dos, là...), on serait même tenté de dire qu’elle "Rachel-Green-ise" un tantinet, tant ses mimiques sont souvent trop proches de sa manière de jouer dans Friends, je trouve, même si elle tente de les faire oublier sous des dehors pas trop à son avantage. En même temps, elle est pas aidée par une réalisation et un scénario non exempts de faiblesses, alors qu’il y avait pourtant matière à pondre du solide et du consistant, voire du remuant et du déchirant. |
| Le PBE, 15.04.2015 à 12:49 | 358501 |
| | | Deux films bien barrés, drôles mais pas que.
Filth
(IMDB / allocine)
Du pur politiquement incorrect à la sauce écossaise
D'après un roman d'Irvine Welsh, l'auteur du fameux Trainspotting (d'ailleurs l'affiche française y fait écho)
Conseil: A moins d'être familier de l'accent scottish à couper au couteau, ne faites pas comme moi, évitez le DVD norvégien qui ne propose pas de sous-titres anglais... ou alors ne faites pas comme moi et soyez moins fainéant dans votre apprentissage du norvégien.
Cold Souls
(IMDB / allocine)
J'aime beaucoup Paul Giamatti.
Un petit air de Dans la peau de John Malkovitch avec des névroses à la Woody Allen. |
| | | | ingweil : | Le Majordome de Lee Daniels
Ce n'est pas que ce soit mauvais, c'est tellement mal filmé surtout. Les acteurs font le job (Oprah Winfrey est très bien) mais c'est tellement convenu et attendu. Ce n'est même plus du classicisme, c'est un enchaînement poussif de tout ce qu'on a déjà vu : même les champs de coton sont filmés comme dans Ray (j'ai eu l'impression que c'était les même filtres couleurs). La couleur des sentiments, même si ce n'était pas non plus un grand film, avait au moins un peu d'humour, un peu de caractérisation. Ici on ne prend pas la peine de s'attacher aux personnages, on ne cherche qu'à rapporter un autre pan de l'histoire. L'empilement des anecdotes en retire la force : les bus de la liberté à peine évoqués sont déjà détruits et on passe à autre chose. Il manque une histoire à ce film, une vision, un souffle, à défaut d'une réalisation. Mais bon ça se laisse regarder, un petit rafraîchissement de la mémoire au sujet de la ségrégation raciale ne fait jamais de mal. |
oui, super académique et pro, mais sans âme
hollywood adore ce genre de film "édifiant" qui permet en général de se faire nomier aux oscars et de jouer sur la corde mémorielle.
D'ailleurs, c'est souvent bien joué et plaisant. Mais sans plus. Et sans réflexion |
| | | | Le Majordome de Lee Daniels
Ce n'est pas que ce soit mauvais, c'est tellement mal filmé surtout. Les acteurs font le job (Oprah Winfrey est très bien) mais c'est tellement convenu et attendu. Ce n'est même plus du classicisme, c'est un enchaînement poussif de tout ce qu'on a déjà vu : même les champs de coton sont filmés comme dans Ray (j'ai eu l'impression que c'était les même filtres couleurs). La couleur des sentiments, même si ce n'était pas non plus un grand film, avait au moins un peu d'humour, un peu de caractérisation. Ici on ne prend pas la peine de s'attacher aux personnages, on ne cherche qu'à rapporter un autre pan de l'histoire. L'empilement des anecdotes en retire la force : les bus de la liberté à peine évoqués sont déjà détruits et on passe à autre chose. Il manque une histoire à ce film, une vision, un souffle, à défaut d'une réalisation. Mais bon ça se laisse regarder, un petit rafraîchissement de la mémoire au sujet de la ségrégation raciale ne fait jamais de mal. |
| | | | je n'avais toujours pas vu la trilogie mythique de FF Coppola. Ben non, jamais vu
J'ai donc acheté le coffret il y a 2 ans, et je ne l'avais toujours pas regardé.
Ca y est, je suis dedans. Vu le 1 et une partie du 2.
Bon, ben, jusque ici, the godfather mérite largement tous ses éloges.
Marlon Brando... ben Marlon Brando, que dire ? Il est juste extraordinaire, imposant, hypnotique, à la fois inquiétant et touchant.
Ma seule réserve sur le premier opus, c'est un scène complètement nulle, quand Michael Corleone revient et retrouve Kay Adams. Ma première réaction fut 'putain, il est mauvais,, Pacino, dans cette scène'. puis 'DIane Keaton n'est pas meilleure'. Et enfin 'En même temps, elle est horriblement mal écrite, cette scène'. Mais 2 minutes sur près de 3 heures, surtout en se terminant sur une scène aussi magnifique que cette première partie, on pardonne sans problème. |
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Marjane Satrapi semble avoir (définitivement ?) lâché la bande dessinée pour le cinéma. Elle a bien fait. Elle est visiblement plutôt douée pour ça (elle était aussi douée pour la BD, cela dit). Marjane Satrapi fait du cinéma américain. Elle a raison, ça lui va vraiment bien. Marjane Satrapi se lance dans le cinéma de genre, mais à sa manière. Comédie noire, horreur comique, allez savoir... En tout cas, ça fonctionne. On rit de bon cœur (on peut se contenter de sourire aussi), pour peu qu’on ne soit pas hermétique à certaines formes d’humour macabre à base de schizophrénie, de psychopathie, de tueur en série... On admire la manière de faire, aussi. Le fond et la forme. Les acteurs sont aux p’tits oignons. A ce propos, je dois dire que Marjane Satrapi a aussi bon goût en actrices. Gemma Arterton (dont le nom à l’affiche provoque toujours chez moi l’irrésistible envie d’entrer dans la salle) et la délicieuse Anna Kendrick (que je suis persuadé d’avoir déjà vue quelque part... mais où ?) sont vraiment parfaites (à tous points de vue). |
| | | | Ce week-end fut un week-end "-man". Kings- et Bird-. Je ne l’ai pas regretté !
"- Do you like spy movies ?"
"- Nowadays, they're all a little serious for my taste. But the old ones... marvelous."
Outre le film lui-même, voilà qui résume parfaitement mon sentiment à l’égard des derniers James Bond... et des premiers.
Prenez une bonne dose de 007 (the old way), ajoutez-y quelques gouttes 60’s de Harry Palmer (Harry Hart alias Galahad alias Colin Firth a le look du Michael Caine de l’époque dans ce personnage tout droit issu des 60’s, le même Michael Caine interprétant Arthur, le chef du service secret dont il est ici question) et de Chapeau Melon et Bottes de Cuir (un petit côté John Steed aussi, sans compter quelques délices so british), une petite rasade de X-Men et de films d’action actuels (un peu de Tarantino dans ce qu’il a de meilleur, aussi, peut-être ?), secouez-bien le tout et vous obtenez... Le véritable nouveau James Bond tel que vous n’auriez jamais osé l’imaginer, tel que vous ne l’espériez plus ! En mieux, même. Le talentueux Anglais Matthew Vaughn balaye d’un coup d’un seul, d’un revers de la main et d’un coup de parapluie, la période Daniel Craig du "reboot" bondien et prouve qu’on peut encore faire un film dans un véritable esprit bondien sans passer pour un complet has-been.
Tout fonctionne tellement bien que c’en est presque trop. Les temps morts sont bien gérés ; les scènes d’action sont enlevées, pleines d’adrénaline, et très amusantes (à l’esthétique un peu trop "jeu vidéo" peut-être, mais bon, faut bien coller un peu à l’époque, et puis c’est tellement bon qu’on ne saurait lui reprocher cet effet de style à moitié moqueur...) ; les personnages bien dessinés, à commencer par celui de l’impeccable et très britannique Colin Firth ; le méchant (Samuel L. Jackson) est à la hauteur d’une idée de base, digne des meilleures mégalomanies bondiennes, en phase avec une critique de la société interconnectée actuelle, et qui n’a pas aboli les différences de classe, loin s’en faut ; l’humour fait mouche et l’aspect légèrement parodique ne prend jamais le pas sur la construction de l’intrigue ; les rebondissements sont toujours bien menés et bienvenus ; le tout est à la limite de l’immoralité. Même avec du déjà-vu, Matthew Vaughn parvient à faire surgir des idées neuves, comme si on se laissait surprendre pour la première fois par un truc attendu. Faut peut-être avoir gardé un esprit ado pour apprécier totalement la chose, mais c’est très réjouissant, voire jouissif. Dans le genre, ça frise la perfection. Un vrai régal. Allez hop ! 10/10.
Dans un genre très différent, voire plus "ambitieux", ça aussi, c’est du tout bon.
Alejandro Gonzalez Inarritu maîtrise son sujet à la perfection, tant dans la forme, hallucinante de fluidité, que dans le fond. Il aborde avec brio et force mises en abyme (à commencer par la présence méta-cinématographique de l’excellent Michael Keaton, qui joue peu ou prou, dans une certaine mesure, son propre rôle à l’écran), l’équilibre mental précaire et la psychologie toujours sur la brèche du comédien, de l’acteur (la distinction toujours prégnante entre les planches et le plateau est ici un des moteurs de l'histoire), de l’artiste, ses phases de mégalomanie en alternance, parfois concomitantes, avec celles de dépression. Le tout sans lourdeur, avec une tension savamment calculée qui ne se départit jamais d’une certaine légèreté. La partition jazzy originale, hypnotique et chaotique, réglée à coups de cymbales et de drums, rythme l’ensemble comme une course éperdue. Les acteurs, d’Edward Norton à Emma Stone, de Zach Galifianakis à Naomi Watts, sont tous excellents. Un très bon moment de cinéma.
P.S. : Mine de rien, la Twentieth Century Fox a donc sorti coup sur coup les deux meilleurs films de l’année, pour l’instant. Chapeau.
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| | | | Ah, tiens, je voulais dire un mot sur la musique du film aussi.
La bande originale est signée Jonny Greenwood et je ne m'étais pas aperçu avant le générique de fin qu'il y avait une musique de film originale ! C'est dire à quel point elle se fond dans l'image et l'action, ce qui participe sûrement à la bonne tenue de l'ambiance générale, et c'est plutôt une qualité.
En revanche, j'avais remarqué l'excellent usage des morceaux d'époque, jamais utilisés de manière trop ostentatoire, juste bien utilisés, parmi lesquels j'avais reconnu ceux de Can (excellent passage après le début du film), Neil Young ou Sam Cooke, par exemple. |
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Paul Thomas Anderson adapte Thomas Pynchon. Lire Thomas Pynchon, c’est déjà une expérience. On comprend pas tout, mais on prend plaisir à se plonger dans sa prose décalée et ses ambiances floues. Anderson réussit son adaptation en ce sens qu’on comprend pas tout non plus et qu’on prend un certain plaisir à plonger dans son film aux ambiances floues.
Inherent Vices se situe dans la lignée du Grand Sommeil de Raymond Chandler et donc du film de Howard Hawks (en beaucoup moins bien, forcément) et, surtout, de son adaptation des années 70 signée Michael Winner (en beaucoup mieux), puisque l’action se passe à Los Angeles en 1970, et donc dans la lignée du Big Lebowski des frères Coen (mais en beaucoup moins drôle et beaucoup moins décalé) ; dans la lignée du Privé de Robert Altman aussi (et là aussi, en moins bien). Bref, il faut aimer ce genre d’ambiances polar dans des milieux où tout le monde est, à des degrés divers, pourri. Anderson restitue plutôt bien le côté "Nouvel Hollywood" et cinéma des années 70 de la chose (que ce soit le grain de l’image, une certaine manière de filmer, les décors, costumes et looks des personnages, les ambiances, parfois...). Comme Pynchon, il enterre le rêve hippie qui a tourné au cauchemar (drogues et libération sexuelle en tête), il dézingue la société américaine (et surtout californienne, ici) gangrénée par l’argent, la corruption, les "vices cachés"...
Les acteurs assurent un max (Joachin Phoenix en tête, mais aussi Josh Brolin, Owen Wilson, Benicio Del Toro, Martin Short, Martin Donovan... ou les toujours charmantes Reese Witherspoon et Katherine Waterston, entre autres...) et, malgré les 2h30 de film, je me suis pas fait chier une minute, ce qui est plutôt rare. Bref, pas un chef-d’œuvre ni un grand film, mais, pour qui aime le genre, c’est plutôt de la belle ouvrage.
P.S. : Je préfère mettre l’affiche américaine originale en exergue, parce que je la trouve classe, plutôt que la version choisie pour l’affiche française, que je trouve moche et racoleuse, comme vous pouvez en juger ci-dessous :
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| | | | double rattrapage avec
je ne connais pas les personnages en vrais, je ne suis pas fan de Marvel mais on m'avait dit que c'était du popcorn bien fait et plutôt amusant. Ben oui, c'est ça. C'est bien fait, c'est marrant, c'est rythmé. Le contrat est rempli
je profite de l'absence de ma chérie pour rattraper.
j'avais aimé pitch black, bonne série B de SF sans grande imagination mais beaucoup de savoir faire
les chroniques de riddick est un des films à l'esthétique la plus laide que j'ai vu depuis longtemps, avec en plus un scénario ridicule, mais pas pireque d'autres bouses du genre. Cela dit, je me rappelle avoir bien ri devant une telle débauche de laideur (parait que le Jupiter Ascending des Wachowski dispute le titre de film le plus moche à celui-ci)
et donc, troisième épisode. David Twohy a bien compris à quel point le 2 est une bouse. Il revient uax fondamentaux: Riddick libvré à lui-même sur une planète très hostile. Il évacue vite-fait les problèmes laissés à la fin du film précédent (Riddick maître des necromongers) grâce à un flashback sans intérêt qu'on peut aisément sauter. Et puis? ben, remake de pitch black...conflit, chasseurs de prime... et la planète qui, lorsqu'il fait nuit pleut se tranbsforme en piège mortel pour les humains. Bon, ben ce n'est jamais ennuyeux, mais c'est mal joué comme c'est pas permis. Il paraît que Vin Diesel a déjà montré qu'il pouvait jouer la comédie. Ici, il est mauvais qu'il ouvre la bouche ou la ferme. mais il est raccord avec les autres figurants. Stéréotypé à mort, toujours très laid et on sent que ce qui différentie ce film des productions Asylum, c'est un peu plus de pognon. Sinon, ce film combien les défauts du 1 et du 2. Je n'ose imaginer à quoi ressemblera le 4ème volet, s'il y en a un.
à vrai dire, le meilleur film que j'ai vu dernièrement, c'est
j'avoue, j'ai ri
mais ça donne une idée du désert culturel qu'est ma vie de cinéphile |
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J’y suis allé pour revoir Tokyo (et voir Pauline Etienne, aussi). J’aurais pas dû. Parce que du coup, je suis en manque. J’ai eu envie de retourner au Japon dès les premières images. Je suis comme la plupart des gens qui ont vécu cette expérience et qui, dès qu’ils ont eu posé le pied dans ce pays, en sont tombés immédiatement et irrémédiablement amoureux.
Pour le reste, c’est pas extraordinaire ni très profond, plutôt léger même, mais, à une ou deux scènes près, ça se laisse bien regarder. C’est basé sur le bouquin autobiographique d’Amélie Nothomb, Ni d’Eve ni d’Adam, qui fait office de prélude à Stupeur et tremblements. Mais bon, j’ai revu mon Japon adoré et Pauline Etienne, je suis content. :o)
(P.S. : je vois que l’affiche française (oui, parce que c’est un film belge), pour appâter le chaland, a collé un sticker disant : "Quand Amélie Poulain rencontre Lost in Translation". Qu’est-ce qu’il faut pas écrire comme conneries, j’vous jure ! Y’a tromperie sur la marchandise, qu’on aime un de deux, les deux ou aucun des deux)
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Il est dommage que le réalisateur québécois, Maxime Giroux, n’ait pas trouvé le bon rythme et se soit rendu coupable de trop de longueurs, même si celles-ci permettent, du coup, de mesurer l’ennui dans lequel évoluent les personnages. Lui, Félix, célibataire errant dans une oisiveté sans but, elle, Meira, mariée et jeune mère de famille, s’étiolant au sein de la communauté juive hassidique de Montréal (que le film permet de découvrir un tantinet, du coup... et ça n’a effectivement pas l’air très folichon, comme vie). Certaines choses ne fonctionnent que moyennement, et c’est dommage, parce qu’il y avait vraiment matière à faire quelque chose de bien meilleur sur le thème archi-rebattu de l’histoire d’amour impossible. Les émois et les parenthèses enchantées sont traités sur le même ton de l’ennui que le reste du film et sont baignés dans la même lumière pâle, sombre, triste et froide (mais esthétiquement intéressante, quand même). La fin est un sommet de pessimisme ironique.
Outre cette légère plongée dans la plombante communauté juive hassidique, je retiens du film sa lumineuse actrice, Hadas Yaron, dont je suis tout de même tombé sous le charme, et une utilisation fort à propos de ce qui est sûrement ma chanson préférée de Leonard Cohen, Famous Blue Raincoat. La musique (aux couleurs blues, jazz et soul), plaisir défendu, plaisir interdit, est d’ailleurs une des rares bouées de sauvetage à laquelle se raccroche clandestinement l’héroïne, une de ces petites bulles d’oxygène (avec le dessin), qui lui permettent de ne pas sombrer définitivement. Y’a de l’idée, et le réalisateur et ses acteurs savent faire passer des choses avec une quasi absence de dialogues, mais ça aurait pu être tellement mieux qu'on en sort quelque peu frustré.
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| | | | Aujourd’hui, dans la série "le grand n’importe quoi, ça fait du bien, parfois", vous aurez droit à deux films :
J’avais bien aimé Rubber, cette histoire de pneu serial killer qui tombe amoureux d’une jolie conductrice (dit comme ça, c’est déjà chouette, mais à voir, c’était encore mieux, même si la dernière demi-heure était un peu poussive). Du coup, je suis allé voir Réalité, cette histoire d’un gars qui ne pourra réaliser son premier film (fantastique/d’horreur) que s’il dégotte le meilleur gémissement/cri de douleur de l’histoire du cinéma (ça, disons que c’est la ligne directrice de l’intrigue, vu qu’il faut bien se raccrocher à quelque chose...). Quentin Dupieux, en mode David Lynch light (du pauvre ?), joue avec les notions de réalité/fiction, vie/rêve, réel/fantasme, secoue le tout dans un grand shaker et laisse le spectateur médusé (consterné ?) mais hilare au moment de quitter la salle. On se fout de comprendre quoi que ce soit, on se laisse porter, on profite de l’instant présent et, putain, ça fait du bien. Qu’il est con, ce Dupieux ! :o)
Romain Goupil est un des rares cinéastes à encore fonctionner dans une certaine idée de faire des films, directement issue des années 60, tendance nouvelle vague puis soixante-huitarde, disons, pour faire vite et approximatif. Certes, ça joue moins bien que dans du Rohmer (c’est dire !) et ça n’arrive pas à la cheville du moindre plan de Godard ou de la moindre intention scénaristique de Truffaut, mais bon, on sent les racines… Douze ou treize ans (déjà !?) après l’extraordinaire Une pure coïncidence (meilleur film de l’année 2002, pour moi), je retourne voir du Goupil au cinéma. C’est moins bien, forcément, mais ça se laisse bien voir quand même.
Romain Goupil entame la soixantaine mais ne se sent pas vieux, même si tout, autour de lui, se charge de lui rappeler que ça sent la fin de course et bientôt le sapin. Il documentarise (images d’archives familiales à l’appui) tout en fictionnisant (ou le contraire), il fait ça à la louche et à l’emporte-pièce et ça peut vite tourner à la chientitude sans intérêt, mais, allez savoir pourquoi, on a envie de rester un peu avec cet éternel révolté à moitié crédible. La scène finale, pleine d’autodérision, vaut le coup de rester jusqu’au bout. Qu’il est con, ce Goupil ! :o)
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| chrisB, 09.02.2015 à 17:06 | 357830 |
| | | Ouais comme Charlie, on l'aime le Wes, c'est un bon, faut juste qu'il arrete de ronronner :)
Je deconne c'est un des rares dont j'attends quelquechose de ses films (mais il est loin de Chaplin tout de meme, restons serieux). |
| | | | crepp : | bon après la première attaque sur wes anderson que j'ai laissé passer sans répondre, je vois que l'on rajoute une couche donc là je craque :o)
Non il ne se "Burtonise" pas le monsieur, il se "chaplinise" pour moi. C'est à dire qu'il a plus de moyens, et qu'avec ça même si dans un sens je l'admets il reste dans sa marque de fabrique, il s'améliore pour atteindre la perfection oui oui la perfection et non pas juste sur la forme.
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Non mais il n’est pas question d’attaque. Wes Anderson reste un de mes cinéastes favoris. On minimise, tout au plus. On s’inquiète, parce qu’on l’aime bien, le bougre, et qu’on ne voudrait pas le voir s’enfermer, voire s’enferrer, dans un système, une mécanique sans âme qui friserait la perfection. Parce que c’est ce que j’ai commencé à ressentir, quand j’ai vu The Grand Budapest à sa sortie, cette désincarnation, cette perfection sans âme. Je ne suis déjà pas un adepte de la perfection, surtout en matière d’art. Mais si en plus je ne ressens pas grand-chose...
J’ai aimé le côté un peu foutraque des premiers films, Bottle Rocket et Rushmore. J’ai aimé aussi, dans ce dernier, la mise en place d’un système narratif propre à son auteur, la patte Anderson, poussée encore un peu plus loin dans La famille Tennenbaum puis The Life Aquatic. Trop loin ? Peut-être… Du coup, là aussi, j’émets des réserves sur ces deux films, qui, au même titre que The Grand Budapest Hotel, m’ont un peu laissé de marbre (mais je les aime quand même, hein), contrairement à ses deux premiers films (surtout Rushmore, que j’adore). Et puis, il a rebondi. Trois fois de suite. Avec The Darjeeling Limited, d’abord, qui regagnait un peu de cette folie aléatoire, foutraque et imparfaite, qui faisait le charme des débuts. Puis en appliquant son univers et sa patte à l’animation, avec le formidable Fantastic Mr. Fox, avant de radicaliser avec succès son univers esthétique dans Moonrise Kingdom. C’est pour ça que, même si je m’inquiète parce que The Grand Budapest Hotel est trop parfait, trop désincarné, à mon goût, j’espère qu’il n’ira pas, tel un Tim Burton, s’enferrer dans un système (esthétique, mais pas que, effectivement), qu’il maîtrise trop bien, si bien que ça risquerait de tourner à l’autocitation, voire l’auto-parodie perpétuelle, dans des productions de plus en plus "boursoufflées" mais de moins en moins habitées, et qu’il réussira, malgré l’énorme succès de son dernier film (il n’a jamais eu autant de succès qu’avec ce film), à se renouveler et à rebondir une nouvelle fois (j’ai tendance à lui faire confiance, mais sait-on jamais...).
Tiens, puisque j'ai vu tous ses longs métrages, si je faisais un top 8 (oui, il n'y en a que huit), ça ressemblerait à ça :
1. Moonrise Kingdom
2. Rushmore
3. Fantastic Mr. Fox
4. The Darjeeling Limited
5. Bottle Rocket
6. La famille Tenenbaum
7. The Grand Budapest Hotel
8. La vie aquatique
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| crepp, 09.02.2015 à 12:51 | 357826 |
| | | bon après la première attaque sur wes anderson que j'ai laissé passer sans répondre, je vois que l'on rajoute une couche donc là je craque :o)
Non il ne se "Burtonise" pas le monsieur, il se "chaplinise" pour moi. C'est à dire qu'il a plus de moyens, et qu'avec ça même si dans un sens je l'admets il reste dans sa marque de fabrique, il s'améliore pour atteindre la perfection oui oui la perfection et non pas juste sur la forme.
Je vous aime bien les gens si si je vous jure, mais quand même là vous me décevez :o) |
| | | | lanjingling : | A mon tour de vous balancer mon top 9 (perche tendue pour rétorquer que vous vous en balancez aussi:) |
Les autres, j'en sais rien, mais moi, c'est un truc dont je ne me balance jamais. J'aime, moi aussi, balancer comme un sagouin ! :o)
lanjingling : |
- The Grand Budapest Hotel de Wes Anderson
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crepp : |
1/ The Grand Budapest Hotel de Wes Anderson
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Bon, je vais pas recoller ici mon verdict panoramique d'il y a un an, mais disons que je suis plutôt d'accord avec chrisB sur ce coup-là :
chrisB : | The grand budapest, je l'ai trouvé sympa mais j'ai pas réussi à me sortir le procédé à la "Wes Anderson" du film. Donc un peu décu tout de même par le film (qui reste symap comme tout) |
Plus il a de succès et plus il a les moyens, plus ça touche à la perfection formelle et au système bien rôdé, à la mécanique bien huilée. Trop. Du coup, je suis resté un peu en dehors, je ne suis jamais vraiment entré totalement dans le film, qui m'a laissé un peu froid. J'ai pas passé un mauvais moment, mais, pour la première fois, ça m'a presque laissé indifférent, ça ne m'a pas assez touché, alors que jusqu'à Moonrise Kingdom, ça me touchait et m'amusait. Comme je l'ai dit à sa sortie, j'ai peur que Wes Anderson soit en voie de Tim-Burtonisation. J'espère que l'avenir me contredira...
lanjingling : |
- Au revoir l'été, de Koji Fukada (Pauline à la plage au Japon, transposition complètement justifiée)
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Alors celui-là, je voulais vraiment le voir. Il est sorti à Paris, mais jamais par chez moi... Snif...
Sinon, hier, entre deux films d'une rétrospective Elia Kazan (toujours excellent), je suis allé voir ça :
J’avais loupé le précédent film de Christian Petzold, Barbara, sorti il y a un peu plus de deux ans et dont on m’avait dit le plus grand bien, à l’époque. Du coup, je suis allé voir Phoenix, toujours avec son actrice fétiche, Nina Hoss. Alors, j’ai eu du mal à entrer dans le film, les trente premières minutes, j’étais pas dans le truc, ça fonctionnait pas complètement. Et puis, petit à petit, la mécanique s’est mise en place et, au final, j’ai beaucoup aimé.
Rescapée des camps de concentration, défigurée, Nelly, ramenée de Suisse par son amie Lene pour retrouver visage humain grâce à un bon chirurgien esthétique berlinois, erre dans les ruines du Berlin d’après-guerre à la recherche de son mari et de son passé dévasté. Elle le retrouve, il ne la reconnaît pas, mais lui trouve quelques vagues ressemblances avec sa défunte épouse. Il décide de la façonner et de la faire passer pour cette dernière afin de récupérer son argent, elle décide de jouer le jeu pour voir où ça la mène. L’a-t-il trahie et dénoncée aux nazis ? L’aime(rait)-t-il encore ou n’en veut-il qu’à son argent ? Beaucoup de questionnements, historiques et sentimentaux, universels et intimes, finement orchestrés par le réalisateur et son actrice. On est en droit de rapprocher certaines thématiques du Vertigo d’Hitchcock, entre autres références, mais la petite musique de Petzold semble n’appartenir qu’à lui. Ce qui me donne envie de voir ses autres films.
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| | | | A mon tour de vous balancer mon top 9 (perche tendue pour rétorquer que vous vous en balancez aussi:)(top 9, comme pour les Bulles d'Or)(mais sans ordre par contre)(un peu tard, mais comme la plupart des films que je vois sont asiatiques, je ne voyais pas l'intérêt de balancer, donc, des titres qui ne diraient rien à personne, et inaccessibles, mais je viens de me rendre ompte que certains étaient sortis en France, donc autant y aller)(fin des parenthèses, la liste)
- The Grand Budapest Hotel de Wes Anderson
- Adieu au langage de Jean-Luc Godard
- The Midnight After, de Fruit Chan ;un film de S.F.-horreur-comédie-critique sociale complètement bricolé et bourré d'invention; plusieurs films de Fruit Chan sont sortis en France.
- Hill of Freedom, de Hong Sang-soo
- Au revoir l'été, de Koji Fukada (Pauline à la plage au Japon, transposition complètement justifiée)
- Lake August, de Yang Heng
- Zero Motivation, de Talia Lavie, qui m'a vraiment fait crouler de rire
Et deux documentaires:
- Campaign 2, de Kazuhiro Soda
- Cotton, de Zhou Hao
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| | | | une friandise :o)
pour faire court, dans la famille Lake, les hommes ont le pouvoir de remonter le temps et modifier leur passé. Pas de tuer Hitler ou sauver Kennedy. Juste revenir à certains moments de leur vie et les revivre, et les modifier.
Pour Tim, 21 ans et ballot avec les filles, il espère que ce don lui permettra de trouver l'amour. Mais rien n'est simple.
Je craignais la fausse bonne idée qui débouche sur rien, mais l'histoire se tient vraiment et réussit à renouvelé l'intérêt plusieurs fois sans que cela soit forcé. On est dans une comédie romantique anglaise, il y a donc des personnages excentriques qui gravitent autour d'un héros maladroit (Domhnall Gleeson, nettement plus convaincant que Hugh Grant dans le registre), d'une jeune femme charmante (Rachel McAdams, pétillante) et des seconds rôles bien sentis, dont un Bill Nighy excellent.
Il n'y a pas de grandes théories sur le pouvoir du temps ou les paradoxes temporels. On ne tombe pas dans les quiproquos et les portes qui claquent. Le propos du film se résume dans une phrase du héros qui parle de son extraordinaire vie ordinaire (ou de son ordinaire vie extraordinaire, je ne sais plus)
Un film léger sur la quête du bonheur, un feel good movie plus fin qu'il n'en a l'air. Drôle quand il faut, grave quand il le faut. Pas un chef d'oeuvre, aucune prétention particulière, mais un divertissement de qualité |
| | | | Thierry : | crepp : | ben être touché par des chansons de Sardou si si j'ai honte là :o)) |
bon, j'ai une confession à faire
[...]
j'ai aimé Michel Sardou
J'ai des excuses, j'étais jeune, dans un environnement familial traditionnaliste et peu ouvert à la nouveauté culturelle
|
Pareil que Thierry. :o)
Et il y a encore des chansons que je peux écouter sans honte et même avec un certain plaisir.
Mais là, dans le film, au bout de 5 versions de "Je vais t’aimer" et l’intégralité de "Je vole", j’en pouvais plus !
Le problème de Lartigau, c’est qu’il ne sait pas s’arrêter. Il tire tellement sur la corde de ce qui pouvait être un bon gag ou une source d’émotion potentielle, qu’à la fin, t’en peux plus de sa lourdeur (sans compter qu’il n’y a pas l’once du début de l’amorce d’une idée cinématographique dans ce... téléfilm de base !)
D’ailleurs, en causant de films qui ressemblent à des téléfilms, la sélection pour les César de cette année est gratinée ! Les nominations pour le meilleur film (sic) comprennent : "La famille Bélier" (si, si, je vous jure !), "Les combattants" (sans déconner !), "Hippocrate", "Saint-Laurent", "Sils Maria", "Eastern Boys" (je n’ai eu envie de voir aucun des quatre, mais bon) et "Timbuktu" (je ne savais même pas que c’était un film français ! Du coup, vu la concurrence, je lui souhaite le meilleur).
Rien pour "Bird People" ! Pascale Ferran n’est même pas nommée dans les réalisateurs de l’année (ni Godard, d’ailleurs), alors qu’il me semble évident qu’en matière de maîtrise cinématographique, elle se pose un peu là !
Côté actrices, Anaïs Demoustier, qui me semblait une des valeurs sûres de l’année, n’est nommée ni pour "Bird People" ni pour aucun des 5 films dans lesquels elle était à l’écran cette année ! Alors que Karin Viard, qua j’aime beaucoup aussi et qui a aussi été à l’affiche de 5 films, est nommée pour... "La famille Bélier", soit sa plus mauvaise prestation de l’année. Si encore elle avait été nommée pour "L’amour est un crime parfait" ou "Lulu femme nue", mais même pas...
Déjà que j’avais trouvé cette année cinématographique française très mauvaise, tout ça n’arrange pas mon désamour progressif pour le cinéma français actuel. Et puis, c’est chiant, quand le cinéma français ne produit pas des films familiaux, grand public, sans grande saveur et sans un minimum de "prise de risques", il ne s’intéresse quasiment plus qu’à ce qui touche à la sexualité sous toutes ses formes et sous toutes les coutures. Et ça n’a quasiment plus aucun intérêt. Bref, ça fait chier grave ! C’est clair que, dans ces circonstances, un film aussi inclassable que "Bird People" n’intéresse plus grand monde (Pascale Ferran intéresse la profession quand elle touche, brillamment, certes, à l’érotisme – oh comme c’est étrange ! – avec l'excellent "Lady Chaterley", mais dès que ça sonne moins "sulfureux", ça n’intéresse plus personne, et ça, ça me saoule !)
Tiens, puisque j'en étais à causer de téléfilms déguisés en films de cinéma, ça me fait penser que, dans ce triste mois de janvier où aucune sortie ne me fait envie (quoique, vous m’avez un peu donné envie d’aller voir "Imitation Game", du coup), j’ai accompagné une amie pour voir ça :
Alors, je n’ai jamais lu David Foenkinos, mais, si c’est à l’image de ce film, c’est bien gentillet. Comme "La famille Bélier", c’est gentil, ça mange pas de pain, ça se laisse bien regarder, mais il n’y a aucune ambition cinématographique derrière (c’est quand même mieux filmé, cela dit, mais peut-on faire pire qu’Eric Lartigau ?). On peut passer un moment agréable (j'ai personnellement passé un moment pas désagréable en charmante compagnie, ce qui est déjà bien :o)), et c’est même parfois assez amusant (surtout les passages des petits rôles dévolus à Jean-Paul Rouve lui-même, à William Lebghil (oui, le gars de "Soda") ou à Blanche Gardin (excellente en quelques répliques)), sans trop tomber dans le pathos (un bon point pour Rouve). Mais bon, sitôt vu, sitôt oublié. |
| | | | il semblerait que, dans le genre, the theory of everything est beaucoup plus intéressant |
| chrisB, 21.01.2015 à 15:23 | 357586 |
| | | Yep j'ai trouvé ça très passable.
L'histoire je le connaissais donc j'avais besoin d'une bonne mise en scène pour tenir le bout de gras.
Effectivement c'est calibré pour les récompenses, mais je peux pas m'empécher d'être tout de même étonné que ce film soit nominé pour autant de catégories... |
| | | |
Alors, en gros, Tywinn Lannister engage Sherlock Holmes pour décrypter Enigma avec l'aide de Tom Branson (qui a bien grossi), le gendre de Lord Grantham. On croise aussi le DRH de Mr Selfridge, devenu policier par la suite.
Pas pû m'empêcher de les reconnaître :o)
Disons qu'il n'est pas étonnant qu'un film aussi académique soit nominé aux Academy Awards. Ce film est une bête à concours, comme il en sort plusieurs par an: un destin incroyable et tragique, une histoire qui mèle grande histoire et destinée personnelle, une performance de l'acteur principal pour donner corps à un personnage réel... tout est propre, rien ne dépasse. La structure du film fonctionne comme un coucou suisse, tout est parfaitement huilé, bien en place
Mais je savais ce que j'allais voir. Je m'attendais bien à un film carré et sans originalité, comme Lincoln, comme The Butler...
Et ce "Imitation Game" remplit parfaitement son contrat. C'est du classique de chez classique, sans rien qui dépasse, mais bordel que c'est bien fait, dans le genre. Et, on s'y attendait, extrêmement bien joué. Benedict Cumberbatch est très bon, comme d'habitude. Et le "supporting cast" fait plus que lui passer la soupe. Keira Knightley continue de se construire une belle filmographie, Mark Strong a un putain de charisme, Charles Dance est toujours impeccable dans ce genre de rôle, Matthew Goode apporte un très bon contrepoids à Cumberbatch. Les années de fin de guerre sont un peu expédiées et, bizzarement, la mort de Turing est zappée. Aucune mention de la pomme, par exemple même si il y a une allusion au cyanure au début et une histoire de pomme dans la deuxième moitié, comme si les auteurs ne voulait pas en parler directement mais placer un clin d'oeil.
Du haut de gamme dans la veine ultra-académique. |
| chrisB, 19.01.2015 à 16:57 | 357559 |
| | | The grand budapest, je l'ai trouvé sympa mais j'ai pas réussi à me sortir le procédé à la "Wes Anderson" du film. Donc un peu décu tout de même par le film (qui reste symap comme tout) |
| crepp, 19.01.2015 à 13:09 | 357553 |
| | | crepp : | Juste un top 5 de mon coté
1/ The Grand Budapest Hotel de Wes Anderson
2/ Her de Spike Jonze
3/ Gone Girl de David Fincher
4/ Hippocrate de Thomas Lilti
5/ American Bluff de David O. Russell (même si c'est peut être pour en nommer un cinquième, il est à la limite)
Par contre j'espère voir Whiplash et Le Conte de la princesse Kaguya qui pourrait changer ce classement qui ne sert à rien :o))
Et sinon j'ai honte oui mais j'ai bien aimé la famille Belier, si si je vous jure. |
rien de plus bullsnob que de s'auto-citer mais bon je viens de voir Whiplash de Damien Chazelle, et donc mon classement change.
Putain d'acteurs, putain de bande son, putain de rythme et putain de final !
1/ The Grand Budapest Hotel de Wes Anderson
2/ Her de Spike Jonze
3/ Gone Girl de David Fincher
4/ Whiplash de Damien Chazelle
5/ Hippocrate de Thomas Lilti |
| | | | crepp : | ben être touché par des chansons de Sardou si si j'ai honte là :o)) |
bon, j'ai une confession à faire
avant Nick Cave
avant Björk
avant Jean-Louis Murat
avant Marianne Faithfull
avant PJ harvey
avant Dominique A
j'ai aimé Michel Sardou
J'ai des excuses, j'étais jeune, dans un environnement familial traditionnaliste et peu ouvert à la nouveauté culturelle
mais, oui, j'aimais ce monsieur
ça m'a passé
et j'ai aimé la famille Bélier, malgré son côté téléfilm écrit avec les pieds, les inutilités comme la candidature de François Damiens à la mairie, sa strcuture de film de sport (ouéééé, entraînement, doute, gros doute, abandon la grande finale ouske, contre toute attente, ça déchire grave sa race après un quiproquos plein de sens et d'émotion)
je n'ai même pas été choqué par Viard et Damiens, qui sont assez touchants. mais je me suis demandé jusqu'à quel point le film n'est pas en partie pompé sur un roman dont le nom m'échappe (les mots qu'on ne dit pas") écrit par une fille à propos de son enfance avec des parents sourds-muets (elle entendante et parlante).
La description de la vie de famille est tellement proche de ce que l'auteur racontait en interview (pas lu, mais il me fait de l'oeil), sur le bruit incessant, la libido très forte, le besoin de toucher... et la anière de la fille de saluer ses parents en leur disant "salut les enculés" |
| crepp, 17.01.2015 à 12:17 | 357440 |
| | | ben être touché par des chansons de Sardou si si j'ai honte là :o)) |
| | | | crepp : | J
Et sinon j'ai honte oui mais j'ai bien aimé la famille Belier, si si je vous jure. |
Non mais, en soi, c'est pas honteux, c'est pas vraiment désagréable à regarder non plus (et, quand tu as toi-même une progéniture bientôt sur le point de voler de ses propres ailes, c'est forcément parfois touchant…) Mais c'est vraiment too much, même si je ne me suis pas totalement fait chier non plus…
Thierry : | Ken, que t'est-il arrivé ?
C'est quoi, ce machin sans substance ? Sans fondement ? Sans une once d'intértêt ? |
Oui, j'ai pas vu celui-là, mais c'est effectivement le problème de Ken Loach, ces derniers temps. Surtout depuis le très mauvais It's a Free World de 2007. Bon, y'avait quand même des trucs à sauver dans Looking For Eric ou même dans La part des anges, mais bon, c'est plus ça. Ou alors c'est moi qui ait trop changé, et qui supporte de moins en moins le cinéma de l'ami Ken. C'est pour ça que j'ai fait l'impasse sur Jimmy's Hall, j'avais plus envie du tout. Et ce que tu en dis ne m'incite pas à changer d'avis…
Oui, ils sont bien loin les Hidden Agenda, Raining Stones, Riff-Raff, Land and Freedom de ma jeunesse. Ou même les sous-estimés Bread and Roses et Just a Kiss du début des années 2000, ou encore le très noir mais très bon Sweet Sixteen de 2002, son dernier grand film… Le cinéma de Ken Loach a beaucoup compté pour moi, mais depuis une dizaine d'années, j'y arrive plus, hélas... |
| crepp, 16.01.2015 à 17:56 | 357429 |
| | | Juste un top 5 de mon coté
1/ The Grand Budapest Hotel de Wes Anderson
2/ Her de Spike Jonze
3/ Gone Girl de David Fincher
4/ Hippocrate de Thomas Lilti
5/ American Bluff de David O. Russell (même si c'est peut être pour en nommer un cinquième, il est à la limite)
Par contre j'espère voir Whiplash et Le Conte de la princesse Kaguya qui pourrait changer ce classement qui ne sert à rien :o))
Et sinon j'ai honte oui mais j'ai bien aimé la famille Belier, si si je vous jure. |
| | | | Tiens, puisque je viens de pondre mes deux derniers verdicts panoramiques cinématographiques de l’année écoulée, je m’en vais vous livrer mon top 10 cinéma pour 2014 (même si vous vous en foutez :o)) :
1. Bird People de Pascale Ferran
2. The Double de Richard Ayoade
3. Whiplash de Damien Chazelle
4. Only Lovers Left Alive de Jim Jarmusch
5. Her de Spike Jonze
6. New York Melody de John Carney
7. L’amour est un crime parfait d’Arnaud et Jean-Marie et Larrieu
8. Qu’il est étrange de s’appeler Federico d’Ettore Scola
9. Adieu au langage de Jean-Luc Godard
10. A Girl at My Door de July Jung
Parmi mes habituels favoris, Wes Anderson (The Grand Budapest Hotel), Woody Allen (Magic in the Moonlight) et François Ozon (Une nouvelle amie) restent à la porte du top 10.
Mes grosses déceptions de l’année (ou mon top 5 des plus mauvais films de l’année) :
1. Under the Skin de Jonathan Glazer
2. Les combatants de Thomas Cailley
3. Aimer, boire et chanter d’Alain Resnais
4. Maps to the Stars de David Cronenberg
5. Shirley, un voyage dans la peinture d’Edward Hopper de Gustav Deutsch
Et puis y’a plein de films que j’ai loupés et que j’aurais bien aimé voir, comme par exemple La vie rêvée de Walter Mitty, Tonnerre, Ida, How I Live Now, Nebraska, Apprenti Gigolo, La chambre bleue, Zero Theorem, Maestro, L’enlèvement de Michel Houellebecq, Gone Girl, White Bird, Interstellar, entre autres…
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| | | | Durant les fêtes de fin d’année, je suis allé voir ça :
Whiplash, c’est un premier film, un premier film incroyablement bien maîtrisé. C’est un film américain réalisé par un Français. Malgré le sujet (un jeune batteur talentueux et travailleur veut intégrer la meilleur école de jazz du pays sous la baguette du très craint et respecté professeur/instructeur/chef d’orchestre emblématique de ce conservatoire) et malgré les apparences, ce n’est pas vraiment un film sur le jazz, ni sur la musique d’ailleurs. En fait, c’est un film de guerre, mais un bon film de guerre, voire un western moderne. C’est un duel entre une ordure et un fou furieux, un duel foutrement bien mis en scène, magnifié par un montage super efficace et servi par une interprétation de haute qualité. J.K. Simmons est hallucinant en chef d’orchestre/instructeur militaire. C’est parfois drôle, parfois éprouvant, mais on ne se fait jamais chier, la tension est toujours constante et bien dosée. Un autre point fort du film, c'est que ce n'est pas un film moral, ni moraliste. Damien Chazelle ne dit jamais si ce qu'il film est bien ou pas bien, chacun se fait son idée sur le fond (ou pas). Si on aime le jazz, on a droit aussi à quelques passages pas désagréable pour les oreilles, mais qu’on aime le jazz ou pas, on ressort presque avec l’envie de détester le jazz et la musique ! Non, vraiment, ce n’est pas un film sur la musique. Mais c’est un putain de bon film. Je ne sais pas dans quelle direction ira Damien Chazelle par la suite, mais, pour un premier long métrage, c’est assez impressionnant.
Ça, en revanche, c’est tout naze. Ça fait parfois sourire, et ça tente parfois de faire naître l’émotion (de manière assez grossière), mais c’est assez mal fichu, voire maladroit. On dirait une sorte de cross-over entre Les Choristes (même si je ne l’ai jamais vu, mais j’imagine bien la chose) et le Meilleur espoir féminin de Jugnot, par exemple (qui, lui, était plutôt bien, pour le coup), le tout sous une couche de vernis pseudo-social plongé dans le monde des sourds-muets. Bon, perso, j’ai trouvé François Damiens et Karin Viard pas crédibles une minute en sourds-muets (c’était vraiment trop demander de faire tourner de vrais acteurs sourds-muets ?). D’autant plus que ce sont deux acteurs chez qui la voix, la diction, le sens du dialogue et de la repartie sont primordiaux, font toute la qualité de leur interprétation. Privés de cet atout majeur, ils gesticulent ici comme des pantins pathétiques, roulant des yeux et agitant les comme de mauvais acteurs de cinéma muet. L’actrice principale, la charmante Louane Emera, n’est pas actrice du tout, alors je lui pardonne sa prestation plus que moyenne, qui nuit moins à la qualité de l’ensemble que celle de ses aînés et que la réalisation degré zéro d’Eric Lartigau, à peine digne du moindre téléfilm de base.
Les deux satisfactions du film sont la jeune Roxane Duran, l’amie de l’héroïne, promise à un bel avenir selon moi (je l’avais déjà aperçue dans le Augustine d’Alice Winocour), et Eric Elmosnino, excellent en prof de chant/musique aigri et fan de Michel Sardou, ce qui donne lieu à certaines des scènes les plus amusantes du film. Enfin tant qu’on prend ça au second degré. Parce qu’à la longue, malgré toute l’ironie que peuvent y mettre les scénaristes, réalisateur et interprète, on a beau faire un effort surhumain (et on a beau ne pas détester en bloc ce qu’a pu faire Michel Sardou), ça finit par tourner en monument à la gloire de Michel Sardou et ça casse grave les couilles !
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| | | | Ken, que t'est-il arrivé ?
C'est quoi, ce machin sans substance ? Sans fondement ? Sans une once d'intértêt ?
D'abord un contexte historique sans doute évident pour les anglo-saxons, mais moins pour nous, ce qui fait qu'on ne reconnaît pas ses petits. Mais les méchants sont très méchants, et bigots, alors que les gentils sont très gentils et communistes. Mais qui se situe où dans l'échiquier politique de l'époque? Pô clair.
Puis une histoire où on sent confusément qu'il traite d'un sujet fort: l'opposition entre les riches & l'église et le peuple, se cristallisant autour d'un "dancing" (vu en français, trèèèèèès mal doublé, un peu comme si on doublait les films de Guédidian en anglais avec un accent oxfordien, et je ne suis pas sûr que "dancing" était le terme le plus adéquat, mais "la salle polyvalente de Jimmmy" aurait fait un titre un peu mollasson), où les gens s'amusent et s'instruisent librement.
Mais, bon, sans ligne narrative claire, sans personnages consistants, sans nuances, je me suis fait chier comme un rat mort. mais les paysages irlandais sont très beaux. |
| | | | Oups, j'avais oublié de vous causer de mon mois de novembre au cinéma (je sais bien que vous vous en contrefoutez, mais c'est devenu un sacerdoce, le verdict panoramique :o)).
Et donc, 3 films sympathiques mais sans plus, légers, qui se laissent bien voir sans être inoubliables (à part le premier, peut-être...)
(Pour voir du plus consistant, je vais peut-être suivre les conseils de Crepp et Thierry la prochaine fois, et donc me laisser tenter par Gone Girl et Interstellar... voire Mommy, même si, a priori, ce dernier ne me tente pas du tout...)
Un premier film pas mal maîtrisé du tout. July Jung aborde sans pathos et avec une certaine légèreté, et une certaine mélancolie, des sujets pas toujours faciles à traiter : l’alcoolisme (ça a vraiment l’air d’être un gros problème, l’alcoolisme, en Corée du Sud. A chaque fois que je vois un film coréen, les personnages se bourrent la gueule – la palme revient sans conteste à Hong Sang-Soo, qui ne sait pas filmer des protagonistes sobres – et deviennent cons, violents, tout ça tout ça), l’homosexualité, ici féminine (ça aussi, ça a l’air de poser problème en Corée), les enfants battus, la violence quotidienne (domestique ou en milieu scolaire), la rumeur en milieu rural (ici un village/petite ville de pêcheurs), l'exploitation des travailleurs clandestins… etc… Bon, tout n’est pas complètement abouti, notamment dans les dernières scènes du film, surtout celles des interrogatoires et de la prison, mais il y a pas mal de bonnes choses à retenir. Une réalisatrice à suivre, cette July Jung.
effer : |
Un film léger de Woody Allen, mais superbement filmé, à voir quand même pour les acteur et la qualité de la réalisation. |
Voilà, un film léger qui casse pas trois pattes à un canard, où tout est prévisible, mais dans lequel on prend plaisir à marcher quand même, à se faire embarquer, mener par le bout du nez, comme Colin Firth par Emma Stone (très charmante, au demeurant). Woody Allen y ressasse ses questionnements légèrement philosophiques sur l’absurdité de la vie et de la condition humaine. L’être humain a besoin de se bercer d’illusions pour continuer à vivre (Dieu, le surnaturel, l’art, l’amour… cette dernière illusion étant la plus belle, avec le cinéma, bien évidemment), même quand il sait (surtout quand il sait ?) que ce ne sont que des illusions.
Encore une œuvre légère (décidément, ce mois-ci…). Ozon aborde ici le travestissement, détaché de l’homosexualité ou de la transsexualité, et, comme à son habitude, donne à voir, à réfléchir, sans juger. Il conte aussi en creux l’histoire d’une femme qui découvre et accepte sa féminité. C’est souvent amusant et plutôt bien interprété, même si je n’aime toujours pas Romain Duris, l’acteur le plus tête à claques du cinéma français (bon, là, comme il est plus souvent déguisé en femme qu’en Romain Duris, on a presque moins envie de lui coller une baffe, mais bon…), qui, cela dit, ressemble à tout sauf à une femme quand il se travestit (c'est peut-être pour ça que c'est à peu près réussi). Anaïs Demoustier est très bien (j’allais voir le film pour elle, en fait, et parce que c’est Ozon qui réalise, ce qui est toujours intéressant) et, après l’excellent Bird People de Pascale Ferran, elle s’impose, à mes yeux, comme l’actrice française de l’année. |
| crepp, 25.11.2014 à 13:56 | 356765 |
| | | Je suis sorti du Nolan en me posant des tas de questions, incapable de savoir si j'ai aimé ou non (dans un sens).
Dans ce film, il est expliqué que tout est quantifiable sauf la force de l'amour qui prend en fin de compte le dessus. Bien quand je rentre chez moi j'ouvre la télé et je tombe sur "Moonrise Kingdom" de Wess Anderson, que je dévore un fois de plus. Et là le déclic se fait, il y a 100 000 fois plus de sentiment dans la description de cet amour entre les deux gamins que dans Interstellar., Nolan explique le sentiment mais il ne le montre pas, rien, c'est fade.
De plus il y a vraiment un défaut dans le rythme, des scènes sont totalement torchées, ridiculement courtes et pourtant hyper importantes
attention spoilers:
au début du film quand il découvre la base et le projet, c'est quoi ce bordel ? en deux minutes montre en main on lui dit tout, si c'est le meilleur des pilotes pourquoi personne ne va le chercher ?
Quand il part la gamine craque au bout de 30 secondes et sort dès que son père est dan la voiture, pourtant elle ne va pas lui parler pendant plus de 20 ans.
quand ils reviennent de la planète ou plus de 20 ans sont passés, ils croisent leur ami et "ho la la tu as vieilli" et hop on passe à autre chose
Quant au robot, je suis le seul à avoir rigolé des plans où le robot se trouve à l'extérieur? doit rentrer dans un des vaisseaux et tu vois que la porte est très très petite par rapport à lui, jamais ça ne passera.
Oui il y a des beaux moments, oui la musique en jette un max. Mais en fin de compte il m'en reste rien. |
| | | | pas au même niveau, il est en dessous de GG à cause de son dernier acte plus poussif
mais il reste pour moi un très bon film |
| crepp, 24.11.2014 à 22:55 | 356757 |
| | | houla mettre le dernier Nolan au même niveau que Gone Girl t'es vraiment très très gentil là.
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| | | |
je suis allé voir sans presque rien savoir du film, juste alléché par le nom de Christopher Nolan et l'excellente réputation qui précède ce film.
On sent que Nolan aimerait faire son 2001, mais son film tient plus de Contact, selon moi. Ce n'est pas grave. J'aime Contact (avec un certain Matthew McConaughey, qui a, contre toute attente, réussit à se refaire une crédibilité d'acteur en quelques années après une errance dans les romcom) même s'il ne boxe pas dans la même catégorie que 2001.
Tout n'est pas parfait, le film se perd en peu dans le dernier quart, un peu wtf, hormis quelques belles idées de cinéma. Je suis une buse en astrophysique, j'ignore donc jusqu'à quel point l'aspect scientifique est crédible ou affligeant. Mais en tant que spectateur, je me suis pris au jeu. Le scénario est malin, plein de petites trouvailles, parfois faussement anodine (l'histoire révisée de la conquête de la lune), parfois spectaculaire (la planète de Miller) ou même touchante (la relation à distance entre Coop et Murph, surtout après le retour de la planète de Miller).
Je crois que Christopher Nolan est autant ambitieux que prétentieux. Mais il a les moyens de son ambition, ce qui excuse sa prétention. Il signe un blockbuster intelligent, et qui marche. Comme quoi...
(après Gone Girl, un deuxième très bon film en quelques semaines... après des années de disette pour cause de gamins et des mois à regarder les programmes de ciné à me dire "et quoué, il n'y a vraiment rien qui me tente", ça me change) |
| crepp, 09.11.2014 à 15:08 | 356625 |
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"Mommy" c'est l'histoire d'une mère qui récupère son ado très turbulent et violent. Ils vont devoir vivre ensemble aidé par une étrange voisine. C'est mon premier Xavier Dolan, jeune réalisateur de 25 ans avec déjà 5 films à son actif. "Mommy" c'est surtout un trio d'acteurs d'une qualité incroyable. Ce trio est tout simplement bouleversant. "Mommy" est un film dur avec dans un sens peu d'espoir. "Mommy" sans être parfait, a des moments magiques (la scène où Kyla donne son cours pour la première fois, ou celle où tout le monde danse et chante sur Céline Dion). "Mommy" c'est aussi une bande son très forte, qui joue plus qu'un rôle d'ambiance. Mais "Mommy" c'est aussi une incompréhension totale sur le choix du personnage de Kyla. Je ne vais pas spoiler, mais tout ce qu'elle fait pendant le film pour aboutir à son choix, ne fonctionne pas. Pas complétement convaincu donc, mais il y a de la qualité. Bon il faut quand même s'adapter au joual (un dialecte argotique québécois), ça attaque grave :o) |
| effer, 09.11.2014 à 10:43 | 356624 |
| | | "Magic in the Moonlight" de Woody Allen:
avec Colin Firth, Emma Stone et Simon Mac Burney.
Dans les années 20, un anglais bon teint et pédant présente un numéro sur scène sous le déguisement d'un chinois: Wei Ling Soo.
Dans le décors enchanteur ( superbement filmé) de la Côte d'Azur (French Riviera), il rencontre une jeune, belle médium et spirite.
En bon cartésien il veut immédiatement la confondre car il pense qu'il y a une supercherie.
Beaucoup croient en elle dont son ami d'enfance et un bellâtre qui lui joue la sérénade et l'invite partout.
Tombera-t-il ou non sous le charme de la belle?
Un film léger de Woody Allen, mais superbement filmé, à voir quand même pour les acteur et la qualité de la réalisation. |
| | | | lanjingling : | Charlie Brown : |
Le peu de choses que Naomi Kawase voudrait exprimer (sur l’amour, la vie, la spiritualité, le rapport de l’homme à la nature…) | Ca fait beaucoup de choses, je trouve... |
Oui. Le problème, c'est qu'elle aborde beaucoup de choses, mais, sur chacune d'elles, elle n'a que peu de choses à exprimer, et elle ne sait pas trop comment les dire, les faire passer, et ça se sent. Du coup, l'intérêt s'émousse et l'ennui, voire l'agacement, gagne le spectateur, hélas... |
| chrisB, 03.11.2014 à 11:46 | 356581 |
| | | Vu Only god forgives hier, grosse déception.
J'avais pas adoré Drive, mais là c'est clairement en dessous... |
| | | | Charlie Brown : |
Le peu de choses que Naomi Kawase voudrait exprimer (sur l’amour, la vie, la spiritualité, le rapport de l’homme à la nature…) | Ca fait beaucoup de choses, je trouve... Charlie Brown : | est fait sans grande profondeur, mais non sans une certaine lourdeur malgré le caractère éthéré, contemplatif et spirituel qu’elle voudrait donner à la chose, et ne méritait pas un tel traitement : longueurs inutiles, problème de rythme, abus de caméra à l’épaule… Deux points positifs : les deux jeunes acteurs, d’une part, et la découverte d’un Japon rarement vu, d’autre part, îlien, avec sa vie en bord de mer, même si, là encore, on reste en surface de tout. Vraiment dommage. | Pour le reste, je suis d'accord, la spiritualité prend le pas sur tout le reste. |
| crepp, 31.10.2014 à 17:31 | 356569 |
| | | Thierry : |
un David Fincher foutrement manipulateur et bien corsé. Nick Dunne rentre chez lui. Sa femme a disparu alors que le salon présente des signes de lutte. La police trouve rapidement qu'il n'est pas très crédible en mari inquiet, alors que la mobilisation s'organise.
Le point de départ est classique, le développement beaucoup moins. Gone Girl commence comme un thriller, puis glisse vers... autre chose. Et c'est tant mieux. Mention spéciale à Rosamund Pike, au passage. |
Rosemund Pike est incroyable.
Finch est vraiment un grand réalisateur, un des rares que je vais voir systématiquement au ciné sans connaître le sujet du film, ou les acteurs etc etc
Encore une fois il met une ambiance une tension que l'on peut presque toucher. Et sa manière (surtout dans la première moitié du film) de passer d'avant la disparition à la période de recherche est fantastique.
Maintenant j'ai deux bémols :
-Ben affleck. Il est pas mauvais, mais parait assez fade.
-Et la chute. J'avoue une nette préférence pour que le film se termine quand Ben Affleck rentre dans sa chambre et ferme sa porte. J'aimais bien l'idée que le spectateur imagine lui même la suite. La je trouve ça trop, j'ai du mal à comprendre sa décision.
Mais bon ca reste quand même du très bon cinéma. |
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Le peu de choses que Naomi Kawase voudrait exprimer (sur l’amour, la vie, la spiritualité, le rapport de l’homme à la nature…) est fait sans grande profondeur, mais non sans une certaine lourdeur malgré le caractère éthéré, contemplatif et spirituel qu’elle voudrait donner à la chose, et ne méritait pas un tel traitement : longueurs inutiles, problème de rythme, abus de caméra à l’épaule… Deux points positifs : les deux jeunes acteurs, d’une part, et la découverte d’un Japon rarement vu, d’autre part, îlien, avec sa vie en bord de mer, même si, là encore, on reste en surface de tout. Vraiment dommage. |
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un David Fincher foutrement manipulateur et bien corsé. Nick Dunne rentre chez lui. Sa femme a disparu alors que le salon présente des signes de lutte. La police trouve rapidement qu'il n'est pas très crédible en mari inquiet, alors que la mobilisation s'organise.
Le point de départ est classique, le développement beaucoup moins. Gone Girl commence comme un thriller, puis glisse vers... autre chose. Et c'est tant mieux. Mention spéciale à Rosamund Pike, au passage. |
| | | | Premières séances automnales :
Après Tamara Drewe, la magnifique Gemma Arterton se glisse à nouveau dans la peau d'un personnage de Posy Simmonds, Gemma Bovery. Toujours aussi irrésistible (Mon dieu ! La scène de pétrissage du pain…), l'actrice est cependant moins bien servie que dans le film de Stephen Frears. Son personnage, intéressant au début du film, perd peu à peu de son intérêt, comme le film lui-même. Fabrice Luchini, toujours impeccable, aurait mérité qu'on étoffe son rôle et qu'on lui offre plus de saillies verbales. Bon, ça se laisse quand même bien regarder (ne serait-ce que pour Gemma), même si, in fine, il y a moins de profondeur chez Anne Fontaine que chez Stephen Frears, qui est quand même un grand cinéaste. Cela dit, comme je n'ai pas lu l'album de Posy Simmonds, c'est peut-être simplement parce que Gemma Bovery était moins abouti que Tamara Drewe...
Une adaptation de John Le Carré claire, sobre et efficace. A l'ancienne, serait-on tenté de dire, dans le bon sens du terme (ici les terroristes islamistes internationaux ont cependant remplacé les anciens protagonistes de la guerre froide). Les quelques défauts et invraisemblances du scénario sont largement compensés par l'atmosphère, l'interprétation et l'impression de toucher du doigt la réalité d'un métier, d'un univers quotidien baigné dans l'espionnage, la grande force des romans de John Le Carré. Les amateurs de films d'action devraient s'y ennuyer ferme, les autres, simples amateurs de films d'espionnage, devraient goûter la chose avec un certain plaisir, malgré une réalisation un peu plan-plan, pas très inventive, et un point de vue parfois caricaturalement et bêtement anti-américain (ça change un peu, seriez-vous tenté de dire, mais bon…)
Grand amateur de la peinture d'Edward Hopper, j'étais curieux de voir ce qu'allait en faire le documentariste viennois Gustav Deutsch. Eh bien je suis venu, j'ai vu, je suis déçu. Deutsch se contente de faire bouger quelques tableaux du maître américain, liés de manière plus ou moins cohérente par la rêverie d'une dénommée Shirley plongée dans la lecture d'un bouquin d'Emily Dickinson. Outre le fait que je ne suis pas vraiment d'accord avec certaines interprétations de l'auteur (frisant parfois le contresens, selon moi… mais bon, chacun son ressenti et sa vision des choses…), plus ou moins confessées en voix off par le monologue intérieur du personnage principal, j'ai trouvé le procédé d'un mortel ennui. Pas "l'ennui" qui se dégagerait des toiles de Hopper, le réalisateur n'arrivant jamais à saisir la profonde mélancolie de sa peinture, ou alors de manière tellement grossière que ça ne présente aucun intérêt. La pseudo-contextualisation de l'époque de chaque toile introduite par des sortes de flashs info radiophoniques n'apporte absolument rien à la chose. Plastiquement, ce n'est pas inintéressant, cela dit, malgré un usage pas toujours heureux des technologies numériques. Et, heureusement, l'actrice Stephanie Cumming est très agréable à regarder, ce qui m'a permis de m'ennuyer sans trop souffrir… Disons qu'elle sauve le film. |
| | | | Quelques séances estivales (suite et fin) :
Après l'excellent Submarine, premier film très réussi et très prometteur, Richard Ayoade nous revient avec le tout aussi excellent The Double, dans un registre très différent, puisque nous avons affaire ici à un conte fantastique, plongé dans un univers oscillant entre Kafka et Orwell, mâtiné de Brazil. Cela dit, des éléments de ce qu'on pourra bientôt appeler la patte Ayoade subsistent : un humour assez noir, légèrement décalé, qui fait sourire et parfois rire jaune, qui met parfois mal à l'aise mais qui n'est jamais malsain ; le mal-être adolescent ou propre aux jeunes adultes, avec comme axe central de l'histoire la difficulté des relations amoureuses et sentimentales ; un univers à l'esthétique sombre où le désespoir le dispute à un espoir tout relatif…
L'histoire du double passe ici au second plan et l'adaptation du livre de Dostoïevski ne semble qu'un vague prétexte pour creuser un univers esthétique et cinématographique passionnant. Jesse Eisenberg est parfait dans son double personnage, et Mia Wasikowska, pour moi actrice de l'année (déjà partie prenante du dernier Jarmush, le très bon Only Lovers Left Alive, et seule actrice à tirer son épingle du jeu du mauvais Maps to the Stars de Cronenberg), fait merveille en Hannah, personnage dont le prénom en forme de palindrome est déjà tout un symbole…
Agréablement surpris par ce "feel-good movie", par cette comédie (presque) romantique, qui fait sienne tous les poncifs du genre mais qui en évite aussi tous les écueils. A chaque fois que le film pourrait sombrer dans la mièvrerie la plus totale ou le cliché le plus éculé, il est sauvé par un ensemble de haute tenue, que ce soit le jeu des acteurs, la musique originale plus que correcte, quelques idées de réalisation assez inspirées… et le tout fonctionne parfaitement bien. La toujours craquante Keira Knightley excelle dans ce rôle de jeune pop-folkeuse en reconstruction sentimentale, qui se cherche mais qui n'est pas prête à toutes les concessions, que ce soit dans sa vie privée ou dans sa vie d'artiste, intimement liées (et en plus, elle chante vraiment pas mal du tout… une autre bonne surprise de ce film) et les autres acteurs sont au diapason, à commencer par Mark Ruffalo, en vieux routier un peu usé du monde de l'industrie musicale. J'ai aussi été enchanté de retrouver la jeune et jolie Hailee Steinfeld, qui m'avait fait forte impression dans le True Grit des frères Coen. Elle semble être sur la bonne voie, cette jeune fille. Pourvu qu'elle ne se fourvoie pas trop et qu'elle garde à peu près le cap…
Bref, un bon petit film qui n'usurpe pas son titre de "feel-good movie" et, quelque part, ça fait du bien.
Scola raconte Fellini, ou plutôt raconte Scola et Fellini, son Fellini. Ettore se raconte en racontant Federico. Ettore Scola raconte un petit pan de l'histoire italienne, un petit bout du cinéma italien. Et, surtout, il le fait avec inventivité, légèreté et malice. Pas de témoignages directs, pas d'interviews, quasiment pas d'images d'archive, juste une histoire, des histoires, plus ou moins distordues, magnifiées. Juste un patchwork légèrement surréaliste sur les bords. Mais sans singer l'ami Fellini. Et c'est un vrai plaisir de cinéma que de suivre le fil de ces anecdotes choisies, ces bribes de moments partagés. Les silhouettes de Federico et Ettore traversant le film et la vie, telles des ombres, à la recherche des histoires.
Scola s'attarde pas mal sur une première expérience commune, fondamentale et fondatrice, celle de leur passage au journal satirique Marc'Aurelio – l'aîné juste avant et pendant la guerre, le cadet juste après la guerre – leur marchepied vers le monde du cinéma. De jeunes acteurs incarnent alors les deux protagonistes. Ces scènes en noir et blanc sont bien plus que des "reconstitutions", elles baignent dans une atmosphère aussi irréelle que peut l'être celle des souvenirs, aussi clairs soient-ils, et se fondent parfaitement dans le patchwork élégamment élaboré par l'auteur.
Bref, Ettore Scola raconte, et il raconte bien.
Un film ni fait, ni à faire. Je ne suis jamais vraiment entré dans le film… Enfin, quand je dis le film… le téléfilm serait plus juste, s'il n'y avait des téléfilms parfois plus audacieux que certains films. C'est au moment d'une des dernières scènes du film, la scène de la tempête de cendres, première et seule scène à peu près cinématographique de la chose, que je me suis rendu compte qu'un de mes malaises venait de cette esthétique de téléfilm moyen. Il y a aussi un gros problème de rythme. Le réalisateur n'est visiblement pas à la hauteur de ses ambitions. Même lorsqu'il veut donner quelques respirations "contemplatives", ça tombe irrémédiablement à plat, plongeant le spectateur dans l'ennui et la consternation en lieu et place de la contemplation et de la respiration. L'humour ne fait quasiment jamais mouche et certains parti-pris ont sonné totalement faux à mes oreilles. Comme la manière de parler de la plupart des protagonistes, et surtout du personnage de Madeleine Beaulieu (impeccable Adèle Haenel, cela dit), dont la diction ne colle visiblement ni avec le milieu social duquel elle semble issue, ni avec le niveau culturel/intellectuel attendu, eu égard à son parcours universitaire (elle est quand même censée être en master, la demoiselle…). Et son statut d'handicapée émotionnelle n'y est pour rien.
Bref, une comédie romantique mal déguisée, mal maîtrisée, maladroite, qui reste en surface de tout sans jamais parvenir ni au plaisir cinématographique, ni à l'humour libérateur. |
| | | | Que l'on change d'affiche pour la VF, pourquoi pas.
Mais on aurait pu retoucher sa mèche de cheveux, devant le menton... On dirait qu'elle a une barbichette digne d'un Méphisto blondinet. |
| | | | Quelques séances estivales :
J'y suis allé pour le plaisir de retrouver Margherita Buy, une de ces actrices dont je tombe régulièrement amoureux dès leurs premières apparitions à l'écran, ou qui du moins me donnent toujours envie d'aller voir les films dans lesquelles elles jouent (il faudra que je pense un jour à me faire une liste, toute personnelle, de ces divines apparitions), magnifique actrice italienne trop rarement présente sur les écrans français faute de distribution des films transalpins dans nos contrées cinéphiles (en même temps, tout n'est sûrement pas bon à voir…). Et je ne fus pas déçu. La cinquantaine fringante, elle est toujours aussi belle, Margherita, même si elle n'est plus tout à fait la Margherita du Chef de gare de Sergio Rubini ou celle de La semaine du Sphinx de Daniele Luchetti, mes premiers émois à son endroit, il y a près de 25 ans déjà... Dieu que le temps passe vite…
Le temps qui passe. Vite. Trop vite. C'est un des thèmes du film, justement. Avec sa classique interrogation du "bilan" de la quarantaine, le temps des dernières questions, des derniers doutes existentiels. Réflexions somme toute assez subtilement mises en scène par Maria Sole Tognazzi (fille d'Ugo, et elle-même quadragénaire), avec pour angle d'attaque le versant liberté/solitude de la chose, celui des choix de vie, conditionnés ou non par l'environnement social de l'individu. Un petit film qui ne pousse pas la réflexion trop loin, mais assez loin pour passer un bon moment en compagnie de ses personnages sympathiques.
En prime, Maria Sole Tognazzi ne donne vraiment pas envie de vivre dans les hôtels quatre ou cinq étoiles de la planète (le personnage principal y passe une part conséquente de son temps dans le but de les noter et de critiquer leurs prestations, c'est ainsi qu'elle gagne, visiblement bien, sa vie). C'est toujours ça de pris (le luxe a souvent quelque chose de vulgaire, kitsch, aseptisé, froid voire déshumanisé, bien rendu par le film).
Heureusement qu'il y a le fond, parce que la forme, c'est pas une réussite. Documentaire basique à l'américaine, avec ses interviews de témoins retrouvés, assis dans leurs salons, et son montage pas très intéressant (on est loin du chef-d'œuvre de la canadienne Sarah Polley, Stories We Tell, ou même du sympathique Searching for Sugar Man du suédois Malik Bendjelloul, vers lequel lorgne quand même pas mal ce film de John Maloof et Charlie Siskel).
J'avais découvert Vivian Maier par hasard, il y a quelques années, grâce à des blogs internet tenus par des amateurs de photographie et, du coup, je croyais qu'elle était très connue. J'aimais beaucoup les quelques photographies sur lesquelles j'étais tombé. Je sais aujourd'hui que je dois tout ça à la passion et à la ténacité de John Maloof, et il faut lui être reconnaissant d'avoir exhumé l'œuvre de cette sorte de Fernando Pessoa, voire de Franz Kafka, de la photographie (même si ces deux auteurs avaient publiés quelques textes de leur vivant, essentiellement dans des revues, mais leur vraie découverte reste posthume). Maloof et Siskel creusent la personnalité mystérieuse de Vivian Maier, nourrice pour vivre et artiste talentueuse, photographe à l'œil sûr, femme amère et frustrée (et timide ?), mais pleine d'humanité, tour à tour attachante et glaçante, aimable et détestable, qui trouvait un certain équilibre dans la pratique anonyme et très privée de son art. Un portrait pas inintéressant, au final.
Malgré quelques passages un peu longuet et une fin assez grotesque, ce presque classique film de princesse malheureuse assiégée par d'insupportables prétendants (je dis "presque" parce que, quand même, c'est japonais, et que la morale et l'issue ne sauraient être totalement "classiques") emporte l'adhésion grâce à la beauté du dessin, à l'esthétique de son trait, avec quelques moments de grâce, au souffle parfois fulgurant, comme celui où (***attention spoiler !***), prisonnière de son palais pendant que les invités font la fête en son honneur, l'héroïne s'évade, lors d'un songe, dans une fuite éperdue à couper le souffle. (***fin du spoiler***). Bref, c'est parfois un peu chiant /longuet, mais c'est quand même beau. |
| SydN, 01.08.2014 à 19:01 | 355911 |
| | | ah oui et 2001, j'ai pas vraiment eu besoin de le revoir pour écrire ce texte (je l'ai vu tellement de fois, plus jeune!),juste re-regardé quelques passages.
Et quand mon frere à fini le montage j'étais absrobé par la beauté des images, que je ne me souvenais aps si belles ! encore plus que dans mes souvenirs en tout cas.
Du coup, comme toi, j'ai eu envie de le revoir ! |
| SydN, 01.08.2014 à 18:59 | 355910 |
| | | Anoeta : | Je viens de voir celui sur 2001, mon film préféré ! Ca m'a donné envie de le revoir.
Dans le générique de fin, SydN, tu donnes Richard Strauus comme compositeur du beau Danube bleu. Or c'est Johan Strauss qu a écrit le beau danube. L'erreur est d'autant plus facile que l'autre grand musique du film est Ainsi parlait Zarathoustra de Richard Strauss d'où très certainement ton erreur.
T'as gagné un nouveau spectateur ! |
ah mince !
J'avoue que j'ai pas vérifié et j'ai pensé que c'était richard. crotte.
quelle idée de s'appeler pareil aussi lol
je corrigerais ca dans les commentaires. merci
et merci aussi de nous suivre, je t'avoue que 2001 restera certainement le meilleur épisode, car c'est un film tellement immense, qu'il y avait beaucoup de choses à dire ! Pas facile de faire aussi interessant sur des plans moins riches...
Parfois ce sera certainement un peu superficiel, mais j'essaie de parler quand même de choses pas forcément évidentes non plus au premier abord. Donc même si un peu "juste" niveau consistance, tout de même un minimum interessant.
Un peu comme celui sur star wars, qui en fait est assez évident, je pense que plus ou moins tout le monde comprend ce que j'explique en voyant ce plan. Sauf que j'essaie de creuser le truc pour en débusquer toutes les ramifications.
Nous venons de poster un nouveau "film injustement méconnu", sur un film coréen. Puis nous allons commencer le montage d'un nouveau facepalm, avant de s'attaquer à un très gros morceau, une nouvelle émission intitulée seconde vision, consacrée à Inception. Une tentative de décryptage avec un point de vue rarement lu sur le net (donc je suppose rarement soutenu par le public). |
| Anoeta, 16.07.2014 à 20:39 | 355823 |
| | | Je viens de voir celui sur 2001, mon film préféré ! Ca m'a donné envie de le revoir.
Dans le générique de fin, SydN, tu donnes Richard Strauus comme compositeur du beau Danube bleu. Or c'est Johan Strauss qu a écrit le beau danube. L'erreur est d'autant plus facile que l'autre grand musique du film est Ainsi parlait Zarathoustra de Richard Strauss d'où très certainement ton erreur.
T'as gagné un nouveau spectateur ! |
| SydN, 16.07.2014 à 18:06 | 355822 |
| | | Mr_Switch : | Ah cet épisode m'a plus accroché que le précédent ! A suivre !
👍
|
merci ! y avait plus matière déjà !
je suis désolé de ne plus trop etre présent et de faire ma pub, ca fait un peu con, mais bon je sais que c'est pas par ici que je vais faire des vues, c'est plus que ca me fait plaisir de partager mon travail avec vous.
Un plan, un film : Star wars, le retour du jedi
n'hésitez pas a commenter (j'essaie vraiment de m'améliorer niveau diction et présence vocale. c'est dur...)
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| Le PBE, 14.07.2014 à 22:51 | 355812 |
| | | Soirée Arte: Après « Le Grand Embouteillage », je me laisse tenter par le pitch de « Rubber » |
| chrisB, 01.07.2014 à 13:32 | 355615 |
| | | Under the skin, je passe, Godard et Ferran il faut que ! |
| | | |
Arty, poseur et prétentieux. Voici un film sans aucun intérêt (- "Même pas Scarlett Johansson nue ?". – "Non, même pas Scarlett Johansson nue". Et pourtant, dieu sait si je l’aime, ma chère Scarlett), parfaitement ennuyeux et creux, faussement expérimental et d’une laideur plastique rarement égalée. Laideur formelle en accord avec le "fond" du film, cela dit, vu que l’humanité vue à travers les yeux de Scarlett l’alien et, de fait, à travers ceux du réalisateur, est uniformément moche, grise, triste à pleurer (à l’image du Glasgow, et même de l’Ecosse, mis en scène ici), même quand un soupçon d’humanité, comme on dit, vient à surgir ici ou là. Le tout sous couvert d’œuvre d’art et essai se voulant légèrement innovante, voire hypnotique et envoûtante. Ça m’a rappelé un film tout aussi arty, poseur, prétentieux, tout aussi bêtement expérimental, devant lequel la critique unanime s’était pâmée de même en son temps, un film signé Philippe Grandrieux intitulé Sombre. La seule sensation palpable étant in fine ce mortel ennui, qui ne fait que s’accentuer à mesure que le film avance. Sans compter qu’ici, la redondance inutile de nombreuses scènes n’arrange pas les choses.
Heureusement que Scarlett est constamment présente à l’écran, ça aide à faire passer le temps (en tout cas, moi, ça m’a diablement aidé). De fait, la seule chose intéressante à retirer de ce film, c’est le fait qu’elle ait choisi de le faire. Ça participe de son envie de toucher à tous les cinémas, d’expérimenter, d’innover. Elle, au moins, y arrive à peu près.
Quand on me parle cinéma expérimental, ou expérience cinématographique, je réponds volontiers Jean-Luc Godard. Lui, au moins, ne se prend pas au sérieux, et continue de jouer avec les codes, la matière, les techniques, la technologie… tout en procurant des sensations purement cinématographiques. Ludiques et amusantes, parfois éprouvantes voire légèrement dérangeantes, intelligentes, toujours, mais jamais ennuyeuses et creuses.
Au-delà de Philippe Grandrieux (je ne sais même pas s’il le connaît ou non), Jonathan Glazer essaye visiblement de marcher dans les traces de Stanley Kubrick et d’Andreï Tarkovski, avec des crochets parfois vaguement lynchiens, peut-être, mais ça n’a ni la virtuosité du premier (que je n’aime pas plus que ça, soit dit en passant), ni l’effet hypnotique du second (qui frise parfois le soporifique, lui aussi), ni la force et le côté décalé du troisième (Lynch reste assurément mon préféré des trois). Peu de chances que je lui laisse une seconde chance.
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| | | | ingweil : | T'as le temps d'aller au cinéma, de voir des matches... |
Oui.
Je lis aussi pas mal de bouquins (BD et littérature), je surfe un peu sur le net et j’écoute beaucoup de musique. :o) (Je fais aussi les courses, la bouffe, la vaisselle et le ménage ! Pas la lessive, c’est déjà ça... Parfois, je sors aussi boire un coup avec des potes (des amies, surtout). Si si !)
Bon, pour la littérature, ce qui est chiant, c’est mon mode de fonctionnement. Je lis toujours une trentaine de bouquins à la fois (et je suis un lecteur assez lent). Du coup, il m’arrive d’en commencer certains que je ne termine que des mois voire des années après ! La BD, ça va. Un film ou un match de foot, ça prend deux heures maxi, à quelques rares exceptions près.
Enfin, je ne suis pas très manuel, je ne bricole pas, je ne suis pas propriétaire, ma fille est autonome... Et je ne crée rien. Comme je le disais un jour, je suis un spectateur-né.
J’ai aussi la chance de :
1. Avoir un boulot pas trop fatigant.
2. Du coup, je peux me coucher tard.
3. Et en plus je ne me lève pas très tôt (en général, mes horaires de boulot c’est grosso-merdo 9h30-18h30, et je n'ai jamais de travail à ramener à la maison, et ça, c'est cool).
4. Sans compter que ça me prend pas 3 plombes pour aller et revenir du boulot (entre 15 et 30 minutes selon que je me déplace en bus, en bagnole ou à pinces).
5. J’habite en centre ville, et je suis à 5 minutes à pied (10 minutes maximum) des 4 cinémas de la ville (16 écrans en tout, et une excellente programmation).
6. J’ai des cartes de fidélité annuelles qui me mettent les séances entre 3, 50 € et 5, 80 € selon les salles (pas de système de carte illimitée par chez moi, hélas).
7. Du coup, mon seul regret, c’est de ne pas habiter Paname (quoique après je serais aussi tenté d’aller voir pas mal de concerts, d’expositions, tout ça tout ça, et j’aurais jamais assez de sous. Donc, finalement, pas trop de regrets non plus).
Donc, oui, j’ai le temps. :o)
ingweil : |
Dis-moi tu es à la retraite ?
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A vrai dire, je suis même pas sûr d’y arriver...
Vu comme c’est parti, va falloir que je bosse jusqu’à 72 ans au moins pour pouvoir la toucher... En plus, elle sera tellement maigre que si j’ai un toit et à bouffer, ce sera déjà pas si mal. :o)
P.S. : comme tu le vois, et comme le dit ma chère Pénélope : ma vie est tout à fait fascinante ! :o)
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| | | | Ah cet épisode m'a plus accroché que le précédent ! A suivre !
👍
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| | | | T'as le temps d'aller au cinéma, de voir des matches...
Dis-moi tu es à la retraite ?
(pour le Ferran, tu m'as bien donné envie, je pense pas que j'arriverai à y aller malgré tout, dommage) |
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A près de 85 ans, Jean-Luc Godard continue ses expérimentations, entamées il y a près de 20 ans, depuis ses Histoire(s) du cinéma disons. Il continue de déstructurer le langage cinématographique, de peindre sa toile de plus en plus abstraite à l’aide de ses caméras-pinceaux, de ciseaux et de colle virtuels. Ici, il en rajoute une couche en s’attaquant à la 3D. L’usage qu’il en fait est assez fascinant. C’est bricolé à l’artisanale et ça tend vers la poésie. Il innove, même. Il invente. Il fait un truc que je n’ai jamais vu auparavant (en même temps, je vais rarement voir des films en 3D) : à deux ou trois occasions, il superpose deux plans, deux séquences différentes à la fois. Ça fait tellement mal à la tête qu’on se met à cligner des yeux. Et là, miracle, on se rend compte que si l’on ferme l’un des deux yeux, l’image que voit l’autre est parfaitement nette ! Ainsi, en alternant rapidement fermeture de l’œil droit et de l’œil gauche, on peut suivre deux séquences, deux actions qui se répondent. C’est assez amusant.
Pour le reste, c’est du Godard dernière manière pur jus (Eloge de l’Amour, Notre musique, Film socialisme...), en encore moins narratif, en encore moins compréhensible, si possible. Avec toujours ces quelques fulgurances qui font qu’à un moment donné, on a l’impression de tout comprendre en une fraction de seconde avant de replonger dans le chaos voire la consternation. Mais toujours, toujours, l’esprit en alerte et la curiosité piquée. J’aime aller voir ses films pour la sensation. Je me laisse porter. Comme si je me laissais porter par le courant d’une rivière. L’impression d’être à la fois tranquillement guidé et balloté dans tous les sens. Lettres écrites, textes lus, voix, dialogues, sons, musique et image, tous en décallage, obligeant le cerveau à effectuer des recollages rapides, qu’il narrive jamais à faire complètement.
Comme d’habitude, je ne conseille ce film à personne, à part aux inconditionnels de Godard, dont je fais partie, et, peut-être, aux curieux prêts à tout.
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| | | | Et comme j'aime bien ce que fait Pascale Ferran , et que de plus l'affiche est belle, je vais essayer de voir ce film (pas facile). |
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Attention, film de l'année ! Rien de moins !
Foin de métaphores. Faisons fi de toutes celles, faciles ou non, qui ne manquent pas de venir à l'esprit à chaque plan de ce magnifique film et laissons-nous porter tel l'oiseau – même pas moqueur – par le souffle de liberté qui en émane. Pascale Ferran nous invite à célébrer le mariage réussi de la fiction et du documentaire, du réalisme et de l'onirisme, de la trivialité et du fantastique. Film sur le point de rupture, film sur le second souffle, cette œuvre hybride improbable nous emmène loin en nous-mêmes, loin avec elle, loin après elle, pour peu qu'on laisse libre court à nos aspirations profondes. Bird People, c'est un peu comme si la Sofia Coppola de Lost In Translation avait adapté un bouquin de Haruki Murakami, avec un truc en plus. Un truc indéfinissable qui doit n'appartenir qu'à Pascale Ferran. On marche ou on ne marche pas. En ce qui me concerne, je ne marche plus, je vole. |
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Contrairement à ce que pourraient laisser penser le titre, l'affiche à dominante jaune (jaune Little Miss Sunshine / jaune Sundance ?), le lieu de tournage (New York) et la langue parlée, Swim Little Fish Swim n'est pas un film indé américain, mais un film indé français ! Lola Bessis et Ruben Amar ont tout compris des tics de ce type de productions presque devenues cinéma de genre. Ils s'y vautrent avec une certaine facilité même s'ils n'ont pas l'air dupes de ce qu'ils font. C'est déjà ça (du coup, ils ne tombent pas totalement dans le piège, comme avait pu le faire Frances Ha l'année dernière, un film bourré de tics pour faire cinéma indé, justement). Entre railleries sur les hipsters new yorkais et volonté d'en faire partie, le film semble souvent toucher juste (ce qui n'exclut pas certains clichés. Mais peut-être n'en sont-ce pas totalement...), et l'ensemble des thèmes abordés et des manières de faire, très à la mode chez tous les jeunes créateurs qui s'expriment artistiquement sur le net, je trouve, est un bon marqueur de l'air du temps. Le plus gros reproche que j'aurais à faire, plastiquement, c'est l'emploi de la "caméra à l'épaule" et le rendu de l'image légèrement tremblée, totalement inutile, comme souvent. Cela dit, c'est un film plein de bons sentiments, qui fait plutôt du bien par où il passe.
Pour un premier long métrage, c'est plutôt bien. Et c'est même prometteur. Lola Bessis est jeune, très jolie, assez talentueuse (je ne sais pas quelle est sa part de responsabilité dans la réalisation et dans l'écriture – je la suppose assez conséquente – mais je l'ai bien aimée à l'écran, même si elle semble parfois se regarder un peu trop jouer – je ne dis pas ça de manière vraiment négative). En tout cas, je garderai un oeil sur elle... |
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