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interview accueil interview Interview de Jean-Luc Masbou par cubik Interview de Jean-Luc Masbou, dessinateur de la série De Cape et De Crocs, et scénariste de L'ombre de l'échafaud, chez Delcourt.
Bonjour. J'ai lu dans votre bio que vous avez eu une vocation précoce pour la bd. Comment vous êtes-vous donc retrouvé en BEP électromécanique?
Jean-Luc Masbou : (rires) Bonjour. Il aurait fallu que le dessin ait un coefficient beaucoup plus élevé pour que je ne redouble pas 2 fois (rires). Je n'étais pas un bon élève.
Ensuite, vous êtes allé aux Beaux-Arts. Dans des interviews précédentes, vous disiez avoir fait 2 premières années, la première où ce n'était apparemment pas la joie et la seconde où c'était mieux. C'était le pire et le meilleur de ce que vous attendiez?
J.L.M. : Non, ça aurait pu être pire. Je ne pense pas que ça aurait pu être meilleur. Je ne regrette pas du tout la deuxième année. Mais ça, c'était juste mes années d'études à Angoulême. Avant ça, j'ai fait 2 années de Beaux-arts à Pau, avant de partir à Angoulême où j'ai re-redoublé (rires). La première année, je suis tombé sur des gens qui n'avaient pas le même imaginaire, pas la même façon de concevoir la bande dessinée que moi. Il n'y avait pas une très bonne ambiance au niveau de la classe. Et puis l'ambiance des Beaux-arts d'Angoulême était totalement différente de ceux de Pau. Donc ça a fait une espèce de choc.
J'imaginais ça comme un eldorado, une académie où on allait me faire faire des choses incroyables, et en fait, l'enseignement n'était pas à la hauteur du tout. Je me suis donc retrouvé à redoubler. Et je me suis donc retrouvé l'année suivante, dans une session avec par exemple Alain Ayroles, Tiburce Oger, Turf, Mazan. Et là, c'était le plein bonheur. Même si l'enseignement était toujours aussi mauvais, il y a eu une espèce d'émulation qui s'est faite et qui a poussé tout le monde en avant. En s'entendant bien et en travaillant dans une bonne ambiance, on a vraiment réussi à progresser.
Du coup, conseilleriez-vous les Beaux-arts d'Angoulême à un jeune qui voudrait se lancer dans la bd?
J.L.M. : Bah, non (rires) et oui à la fois. C'est un peu délicat à dire. Les Beaux-arts ont beaucoup changé depuis que j'y étais. La section bd a quasiment disparu. Je crois que ce n'est plus qu'un enseignement aléatoire dans le département communication ou quelque chose d'approchant. Il y a des gens qui y sont et qui viennent de temps en temps à l'atelier Sanzot pour rencontrer les auteurs et voir comment ça se passe. Finalement, pour eux, ça ne se passe pas si mal que ça. Ca dépend des gens, des années, d'un tas de choses en fait. Donc, oui, faites les Beaux-arts de toutes façons. Pour apprendre à dessiner, c'est toujours mieux de se retrouver avec des gens qui ont envie de le faire.
Avant de proposer De capes et de crocs avec Alain Ayroles, qui s'inspire d'un jeu de rôle que vous aviez créé ensemble, vous aviez proposé d'autres projets. De quoi s'inspiraient-ils?
J.L.M. : Il y en a eu tellement... J'étais plutôt inspiré par la bande dessinée historique, médiévale ou par l'heroic-fantasy, le médiévale fantastique. C'était plutôt anglais, comme les contes et légendes celtiques, Alan Lee et ses illustrations de Tolkien...
Est-ce qu'aujourd'hui, on retrouve ces influences dans votre travail?
J.L.M. : D'une certaine façon, forcément, au niveau du dessin, même si les histoires que je raconte ne se passent pas au moyen age. J'ai forcément, dans ma façon de traiter le dessin et les couleurs, toutes ces influences là qui reviennent à la charge. Et je ne regrette pas du tout d'ailleurs de ne pas faire ce que je voulais faire au début. D'abord, c'est laissé de côté. Ca donnera peut-être quelque chose d'autre. Quand j'aurai fini De capes et de crocs, j'aurai peut-être envie de me remettre à raconter de l'heroic-fantasy ou pas du tout.
De toutes façons, De capes et de crocs, c'est tellement complémentaire, et on s'entend tellement bien avec Alain, vu qu'on est copains depuis presque 15 ans maintenant et qu'on a le même imaginaire. Alors que ce soit des histoires de pirates ou des histoires de chevaliers au moyen age, finalement c'est pareil. C'est des histoires féeriques, fantastiques, qui font voyager les gens dans des univers plus ou moins exotiques dans lesquels on peut délirer et faire rêver. Donc c'est du pur bonheur.
C'est vrai que par rapport à tout ce que vous faites, vos influences (Tolkien, Conan, ...) sont quand même plus tragiques ou plus violentes. Ca ne vous manque pas?
J.L.M. : Non, ça ne me manque pas. Ce serait le cas, je ferai tout mon possible pour écrire un scénario ou pour dessiner autre chose à côté. Donc ça ne me manque pas vraiment, juste un tout petit peu.
Ce qui me manquait vraiment, c'était le fait de ne pas raconter des histoires. Donc, c'est pour ça que je suis devenu scénariste sur une autre série. C'est une série que je n'avais pas envie de dessiner. J'avais juste envie de raconter des histoires. Donc il fallait trouver un dessinateur qui puisse illustrer ce que je voulais faire. Ca me manquait beaucoup plus.
Mais sinon, dans le temps, je me dis qu'un beau jour, j'arriverais à raconter des histoires avec des grandes batailles, peut-être plus violentes et un peu moins féeriques.
Dans mes différentes recherches, j'ai lu que votre personnage dans le jeu qui a inspiré De capes et de crocs était le loup. Est-ce toujours vrai dans la bd? Est-ce un personnage qui vous représente bien?
J.L.M. : Ce n'est pas qu'il me représente bien, c'est que quand tu joues au jeu de rôle, tu crées soit un personnage qui te ressemble, soit un qui ne te ressemble pas du tout et qui est ce que tu voudrais être. Donc moi, je ne suis pas du tout violent. Et quand je jouais à des Donjons et dragons ou autre, j'aimais bien jouer des aventuriers assez violents, des barbares très musclés, des tueurs à gages ou des gens comme ça. Et donc le loup était inspiré d'une part par le personnage d'Inigo Montoya dans Princess Bride, un espagnol vengeur qui veut tuer l'assassin de son père et de mon personnage. Et puis c'était un personnage suffisamment aventureux pour que quand je le joue, je passe d'un duel à l'autre et que ce soit du défouloir total. Mais je ne crois pas qu'il me ressemble plus que ça (rires). Pas plus que le renard ne ressemblait à celui qui l'interprétait. Ce qui est intéressant au niveau de ces 2 personnages, c'est qu'en fait, c'est totalement accidentel qu'on se soit retrouvé, les 2 amis qui jouions le plus de partie avec Alain comme maître du jeu. Moi ayant décidé de jouer un loup espagnol, redresseur de tort, et lui, Jean-Yves, l'autre ami, un renard irlandais également redresseur de tort. Donc sans savoir, on avait tous les 2 le même type de personnage avec des caractères complètement différents. C'est le fait de les jouer avec des caractères très différents qui a rendu ces personnages très intéressants. Avec Alain, on s'est dit qu'ils étaient excessivement complémentaires. Il suffisait juste de changer leurs noms, de faire du renard un français, ce qui collait encore mieux au personnage et puis d'en faire des héros de bd qui peuvent vivre des aventures.
La série était initialement prévue en 5 tomes. Vous vous êtes laissés emporter par cette complémentarité?
J.L.M. : Oui, on s'est totalement laissé emporter (rires). Et par tout, pas seulement par la complémentarité des personnages. Il y a le lapin qui arrive à la fin du tome 1 qui est une source inépuisable de gags, les pirates qui devaient intervenir juste un tout petit peu dans le tome 2 et qui sont devenus des personnages récurrents et pratiquement aussi important que les personnages principaux... En fait, on s'amuse à rebondir de l'un sur l'autre. Ca nous donne des idées de poursuites, de situations burlesques qui rajoutent 2 pages par ci, 3 pages par là, un album par ci, un album par là. Et comme ça marche, que ça plait aux gens et que nous on s'amuse follement à raconter ces histoires là, profitons en.
Et donc, allez-vous continuer à vous laisser déborder ou la fin est toujours prévue?
J.L.M. : La fin est toujours prévue, elle est écrite. C'est juste les péripéties avant d'y arriver
J'ai vu qu'une série dérivée sur Eusèbe devait voir le jour. Tout d'abord, est-elle toujours prévue?
J.L.M. : Ce n'est pas une série. C'est juste un gros album en pleine page, histoire de raconter la jeunesse d'Eusèbe, du moment où il quitte le terrier familial avec une lettre de recommandation de son père auprès de monsieur de Rochefort pour rentrer dans la garde du cardinal et ensuite, toutes les aventures qui lui arrivent avant de se retrouver aux galères, le moment où on le rencontre dans De capes et de crocs.
Etant donné qu'Alain Ayroles est également dessinateur, vous n'avez pas eu d'inverser les rôles sur ce genre d'album?
J.L.M. : Lui a eu envie. Pas moi. Il s'est retrouvé, à la suite de Garulfo, scénariste plutôt qu'auteur complet. Il devait dessiner et raconter l'histoire et la plupart des éditeurs qu'il rencontré ont trouvé que son dessin ne collait pas au scénario. Ils lui ont donc conseillé de trouver un dessinateur. Ensuite, je suis arrivé en lui demandant de m'écrire un scénario. Et de fil en aiguille, il s'est retrouvé scénariste et pas dessinateur du tout. Donc, ça lui manque d'être auteur complet et d'être reconnu aussi en tant que dessinateur. Et parmi ses nombreux projets, il y avait celui là, la jeunesse d'Eusèbe. Mais je me suis totalement approprié l'univers au niveau graphique. Donc je ne crois pas que j'aurai supporté les personnages, même Eusèbe, dessinés par quelqu'un d'autre que moi. Même Alain, même si je l'adore. Et puis Alain a finalement changé d'avis. Il s'est dit qu'il valait mieux que ce soit moi qui le dessine.
Votre manière de travailler est très construite. Alain fait le story-board et vous dessinez. Est-ce toujours aussi construit? C'est cette base très construite qui vous permet d'aller plus loin, qui vous fait dériver?
J.L.M. : Non. Le fait d'avoir une base très construite, ça permet de faire un boulot pro. Ca permet de ne pas partir n'importe où dans la narration. Ca permet à Alain de raconter quelque chose d'excessivement pointu. Quand il veut raconter une situation, il ne la raconte pas de 36000 façons. Il choisit la meilleure, parce qu'il se remet en question des tas de fois. Mais par contre, ce qui nous permet de partir à droite à gauche, d'improviser de temps en temps, ça, c'est l'imagination, le fait qu'on parle ensemble. Alain écrit une première mouture du scénario. On passe 2h au téléphone où il me la raconte. Je lui dis ce que j'en pense. Quinze jours plus tard, il me rappelle, m'en relis une 2ème et ainsi de suite jusqu'à ce que finalement, on soit d'accord. Il ne demande pas que mon avis d'ailleurs. Il interroge plein d'autres gens. Et après, c'est pareil au niveau des découpages. Il me fait des découpages dessinés sur feuille A4, parce qu'il dessine très vite et très bien. Au niveau des cadrages et des dialogues, on en rediscute pour voir si ça me convient. Ensuite, je dessine, je lui montre mes dessins pour voir si ça correspond bien à l'idée qu'il se faisait de ce qu'il voulait que je fasse. Et après, le seul truc sur lequel il n'a rien à voir, c'est la couleur. Généralement, quand il veut une ambiance particulière, il me le dit juste et après, je m'amuse à mettre les couleurs que je veux. Et généralement, il est agréablement surpris.
Au dessin, vous ne pouvez pas lui faire beaucoup de surprise, j'ai l'impression. Il vous fait quelque chose de très carré.
J.L.M. : C'est très carré, même trop carré en ce moment. Il a un gros problème. Comme il est en manque de reconnaissance en temps que dessinateur, il s'éclate à faire les découpages. Donc il les pousse de plus en plus. Les découpages, à la limite, je les mettrai en couleur et on les imprimerai, ce serait pareil (rires). Il m'a dessiné toute une séquence qui se passait dans un cabinet de curiosité chez une espèce de savant taxidermiste astronome. Donc il y a un observatoire, un musée... Et il m'a fait tous les détails, les vitrines avec les animaux épinglés, les squelettes de dinosaures, les rouages, les constellations sur le plafond... Je suis super coincé. Quand je reçois un découpage comme ça, j'ai plus qu'à recopier. C'est super énervant (rires). Donc là, on est arrivé à un compromis. Il m'a fait les découpages jusqu'à la page 18 et à partir de la page 18, il revient à quelque chose de plus simple parce que sinon, au dessin, je ne m'éclate plus du tout.
Avec toute cette frustration, il ne vous a pas demandé de lui écrire un scénario?
J.L.M. : Non.
Il aurait pu.
J.L.M. : Ouais mais non. J'oserai jamais en plus, parce qu'il est meilleur scénariste que moi. Ce serait un affront de l'obliger à dessiner sur un de mes scénarios. Et puis le scénario, j'en écris que sur L'ombre de l'échafaud et j'en suis qu'à mon deuxième album. Même si j'ai de bons échos, je n'ai pas suffisamment de recul pour savoir si mon scénario est bon ou pas, si je suis bon scénariste ou pas.
Quel a été l'apport de De capes et de crocs par rapport à L'ombre de l'échafaud? Ca vous a aidé à vous lancer pour le scénario?
J.L.M. : Ca m'a mis la barre assez haut. Quand j'écrivais un scénario avant, je ne me posais pas énormément de questions. Et puis je n'arrivais jamais à les écouler, de façon professionnelle donc ça ne restait qu'à l'état de projet. Ce n'était qu'un synopsis de 3 pages avec l'envie ensuite de développer des personnages, de découper l'histoire. Mais je n'arrivais jamais à le faire, vu qu'à chaque fois, mes projets étaient refusés. Donc là je passais tout d'un coup, avec le contrat sous les yeux, à l'obligation d'en faire un truc professionnel. Je savais où j'allais. Le problème, c'était qu'ayant l'écho du public par rapport à mon travail en tant que dessinateur, ce qui me faisait peur, c'était ces gens qui me connaissaient en tant que dessinateur et qui allaient devoir m'accepter en temps que scénariste, et c'était pas évident du tout. Les gens font forcément des comparaisons. ET je m'attendais forcément à recevoir des critiques dans les canards de bd ou sur le net avec des remarques du style "Masbou, il ferait mieux de rester derrière sa table à dessin plutôt que de passer à la machine à écrire" ou ce genre de chose. Ca fait très peur. Surtout en travaillant sur De capes et de crocs où connaissant le travail d'Alain excessivement pointu, recherché et où il se remet en question énormément de fois alors que moi je ne le fais pas. Je ne travaille pas comme ça. Je fais d'un premier jet. Si j'écris un dialogue, c'est comme je le sens. Et si ça me convient, c'est bon. Au découpage, pareil. Mais ça m'a quand même donné du fil à retordre. J'avais cette peur de livrer un boulot aux gens, qui ne soit pas forcément abouti, qui me contente mais pas les gens. Donc j'ai du travailler. J'ai eu très peur.
L'esprit de L'ombre de l'échafaud, c'est de faire un feuilleton?
J.L.M. : Il y a eu 2 choses. C'est un peu comme De capes et de crocs. C'est issu d'un jeu de rôle. En tant que maître du jeu, je faisais jouer pas mal d'aventures qui se passaient début 1900, un peu comme l'appel de Chtulu mais sans la mythologie de Lovecraft, juste avec une mythologie normale (loup-garou, vampire, ...). C'est beaucoup plus proche de la réalité telle qu'on la connaît, de nos peurs d'enfants. Je m'amusais à faire peur à mes joueurs avec ces peurs d'enfants. Et j'avais écrit un scénario avec un méchant qui s'appelait le spectre, une sorte de Fantômas. Et, les 2 joueurs principaux étaient le commissaire Picon et le docteur Renoir. Donc là, exactement comme pour De capes et de crocs, j'avais deux personnages dont le caractère était bien trempé, qui étaient complémentaires, avec lesquels je pouvais m'amuser, exactement comme Alain. On a la même façon de bosser. Ce n'est pas que je le pompe mais on a la même conception de raconter une histoire: avoir 3 ou 4 personnages qui ont des caractères diamétralement opposés et s'amuser à les confronter pour finalement les amener dans la même quête. Ils ont le même but mais ils n'ont pas la même façon d'y aller et ils sont obligés d'y aller ensemble. Ca donne, et c'est ça qui m'amuse, des situations cocasses, de pages entières de parlotes.
Y a-t-il comme pour De capes et de crocs une fin de prévue?
J.L.M. : Oui.
Vous savez dans combien de temps?
J.L.M. : Ben non (rires). C'est exactement comme pour De capes et de crocs. On a eu la chance d'être suivi par le public. Comme la série marche, comme ça plait aux gens, on se dit qu'on continuer à leur en donner et à se faire plaisir. Normalement, j'avais prévu que ce soit bouclé en 4 albums. Mais bien évidement, si le public suit et que l'éditeur me laisse la possibilité de faire un album de plus, ce ne sera pas plus mal. Je pourrai développer un peu plus les personnages, les situations et c'en sera d'autant plus rigolo. Mais je sais où je vais.
Est-ce que les à côté comme la pièce dans le tome 4 ou les passes d'armes inspirés de la bd qu'il y a au festival en ce moment sont toutes à votre initiative?
J.L.M. : Ce n'est pas à notre initiative. Les passes d'armes sont à l'initiative des fans de la série. Ca fait 10 ans qu'on a commencé à bosser sur De capes et de crocs et ce genre d'incidence se manifeste depuis 2 ans. Ca commence à devenir bien concret. Mais ce n'est pas à notre initiative. Ce sont les lames du marais, une compagnie d'escrime artistique, dont la plupart des bretteurs lisent la bande dessinée. Ils sont fans de De capes et de crocs et du scorpion aussi, pour lequel ils ont monté un spectacle également. Et ils nous ont invités pour leur kermesse annuelle pour nous rencontrer et nous présenter leur passe d'arme. De fil en aiguille, ils ont été invités ici (NDR: l'interview a été réalisée pendant le festival Delcourt Bercy) pour pouvoir faire des animations.
La pièce qu'Alain avait écrite à la fin du tome 4 avait été montée au théâtre Montansier à Versailles à l'initiative des organisateurs du festival de Versailles. Ca avait demandé un énorme boulot puisqu'il avait fallu réunir la salle, des comédiens, des décors, des costumes et toute la logistique pour une seule représentation. Ca avait été énorme.
Et il y a d'autres trucs satellites qui se passent et qui en ce moment, sont en train de me ravir, notamment cet après-midi. Il y a un acteur que j'ai rencontré hier, monsieur Guy Delorme, qui était le méchant des films de capes et d'épées à l'époque de Jean Marais. Dans une interview, j'avais dit que Mendoza est en fait inspiré de Guy Delorme. Sa fille, sur le net, est tombé sur l'interview, m'a contacté, lui m'a contacté. On s'est rencontré hier, on a passé une journée fabuleuse. Et il revient cet après-midi (rires). C'est tout à fait satellite, totalement incontrôlable et miraculeux.
Vous avez donc une série où vous êtes dessinateur, une où vous êtes scénariste. Envisagez-vous un jour de bosser seul?
J.L.M. : Ouais. C'est pas quelque chose qui me manque. J'étais habitué à dessiner les histoires que je racontais. Passer au dessin, ça m'a frustré parce que je ne pouvais pas être scénariste. Je m'éclate à dessiner De capes et de crocs, ce n'est pas ça le problème. Et scénariste, c'est tout à fait autre chose en fait. C'est comme metteur en scène au cinéma. Et depuis que je suis scénariste, ça ne me manque pas de faire une bande dessinée tout seul. Peut-être que ça me reprendra. Mais en ce moment, je suis content (rires).
Vous avez un certain succès en dédicace. Est-ce que ça devient agaçant à la longue?
J.L.M. : Ca devient agaçant quand ce n'est pas dirigé et je suis obligé maintenant de faire un tirage au sort si je ne veux pas avoir systématiquement les mêmes personnes. Et c'est ça qu'est agaçant en fait. C'est quand il y a trop de monde et que les gens n'ont pas de fair-play. Généralement ils l'ont, mais des fois, ça tourne un peu à l'émeute et c'est un peu dommage.
Ou c'est quand la loi de la jungle s'impose et qu'on a systématiquement les mêmes personnes, parce que ce sont les plus courageuses. Ca m'a fait réagir, il n'y a pas longtemps au festival de Bergerac. Je dédicaçais le samedi à partir de 16h. Donc je me pointe et j'ai appris que les gens que j'avais dans ma file d'attente étaient arrivé la veille à 20h et avaient dormi dans leur voiture sur le parking. Donc je veux éviter ce genre de trucs. Le gars qui a acheté ma bd, et qui veut une dédicace sans être fana de dédicaces, un chasseur invétéré et excessivement courageux, va se faire systématiquement grillé par ces gens là dont c'est quasiment la profession. Je veux éviter ça et le tirage au sort permet d'écrémer. Seuls les chanceux ont une dédicace. Mais même là, il y a des dérives. Il y a des gens qui achètent des tickets gagnants (rires). Il n'y a pas de moyen vraiment parfait mais pour le moment, c'est celui qui me convient le mieux.
Sans tirage au sort, vous auriez arrêté les dédicaces?
J.L.M. : Non, mais je n'aurai plus fait de dédicaces à certains endroits. A Paris, j'évite. Une fois, j'ai fait 2 dédicaces à 15 jours d'intervalle et j'ai eu les mêmes personnes. Donc c'est pas marrant. J'aime bien rencontrer des gens, mais pas toujours les mêmes.
Merci.
Interview réalisée au festival Delcourt Bercy le 19/09/2004.
Images Copyright © Masbou/Ayroles - Delcourt
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