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interview accueil interview Interview de Jean-Marc Lainé - Angle Comics Interview de Jean-Marc Lainé, directeur de la nouvelle collection Angle Comics, chez Bamboo.
Les premiers albums de cette collection sont en preview ici.
Bonjour. Est-ce que tu pourrais commencer par te présenter, toi et ton parcours?
Jean-Marc Lainé: Salut. Oh, mon parcours est simple. J'ai commencé à publier des articles dans Scarce dès 1988 (là, je remercie Jean-Paul Jennequin et Yvan Marie). Dans les mêmes années, j'ai commencé à m'occuper du stand de Scarce au festival de Saint-Malo (là, je remercie Jacques Plouët). De fil en aiguille, j'ai commencé à connaître des gens (Jean Wacquet au festival de Villeneuve d'Ascq, Dominique Verret le patron de Tonkam). Je me suis remis au dessin en 1996, et quand Thierry Mornet a vu mes dessins, il les a publiés. J'ai fait une couverture pour Scarce, un sketchbook dans l'Inedit, puis des couvertures pour les Pockets Semic, grâce à Thierry. Mi 1999, j'ai intégré la nouvelle équipe Semic. Je faisais de l'édition (superviser le lettrage, la traduction, les pages de pub, de sommaire, de courrier), et je me suis remis à écrire, d'abord dans les Pockets, puis pour Strangers. Et comme j'avais un carnet d'adresse qui s'étoffait encore, j'ai commencé à bosser chez Pif, chez Bamboo (l'album Omnopolis) chez Mickey, en tant que scénariste. Et en janvier 2005, j'ai commencé à discuter comics avec Olivier Sulpice, le patron de Bamboo. Et les premiers Bambooks sortent début septembre.
Voilà l'histoire.
Pourquoi avoir quitté Semic?
J.M.L.: Parce que, depuis quelques temps, je n'étais pas d'accord avec l'orientation politique générale de la société, je n'avais pas confiance en l'avenir. Donc, quand il y a eu une crise de confiance, j'ai fait remarquer que je croyais pas que la direction donnée allait nous mener quelque part. Et j'ai été remercié.
Quel est ton rôle aujourd'hui (éditeur? rédacteur en chef? directeur de collection?)?
J.M.L.: Directeur de collection. C'est marqué sur la carte de visite et sur les bouquins.
En quoi ça consiste exactement?
J.M.L.: En gros, je sélectionne des projets US, que je montre à l'équipe Bamboo (Olivier Sulpice, Arnaud Plumeri, mais aussi Hervé Richez et Mauricet). Une fois que nous sommes globalement d'accord pour faire le projet, je fais une proposition à l'éditeur US, et si nous tombons d'accord, c'est vendu.
Olivier signe les contrats, moi je commande le matériel et je commandite traduction et lettrage. Ensuite, c'est du suivi, c'est trouver des trucs en plus (des préfaces inédites, des trucs du genre), c'est aussi jouer le contact avec les auteurs US, pour essayer d'avoir une dynamique différente. Bref, amener du plus-produit. Je participe aussi aux communiqués de presse et à l'ensemble de la communication autour de la collection.
Tu es donc arrivé chez Bamboo, il y a moins d'un an je crois. Comment s'est fait le choix de cette nouvelle maison pour toi? C'est toi qui leur a proposé ton programme ou c'est eux qui sont venus te chercher?
J.M.L.: C'est un peu par hasard. J'appelle Olivier pour parler d'Omnopolis. Dans la discussion, je l'informe que je quitte Semic. On en vient à parler de Thierry Mornet, qui venait de quitter Semic pour aller chez Delcourt superviser la collection comics. Olivier me dit qu'il souhaite aussi explorer le monde des comics, et je lui propose de lui envoyer mon CV. Il me demande plutôt un plan éditorial. Mi-janvier 2005, on a eu notre premier rendez-vous pour parler du projet. On a fait Angoulême et San Diego ensemble, j'ai participé à la première réunion des représentants, bref je me suis impliqué dans pas mal de rouages.
Quel est l'ambition des "Bambooks" dans le chambardement actuel des traductions de comics en France (Panini qui récupère les droits DC, Delcourt qui déploie sa ligne comics...)?
J.M.L.: Explorer les indépendants et développer un angle "polar / thriller". L'axe proposé par Bamboo, c'est l'axe polar. Le mien, c'est l'axe indépendants. On construit sur les deux axes.
Les comics made in Bamboo, aussi baptisé "Bambooks" s'annoncent clairement dans la continuité des Semic book. Tu n'as pas peur qu'on reproche à Bamboo de venir piocher dans le panier de Semic, même si tu as contribué à leur succès?
J.M.L.: Les Semic Books ressemblent aussi aux 100% Marvel. Ce que Bamboo souhaite faire, c'est s'inscrire dans une continuité éditoriale, dans un format que connaissent les lecteurs.
Sans même parler du format des Bambooks, ils restent vraiment dans la lignée de ceux sur lesquels tu bossais chez Semic (rédactionnel, choix de séries plus risquées). C'est une continuité importante pour toi?
J.M.L.: Je reste le même, moi, donc je reste intéressé et séduit par des choses identiques ou similaires. C'est un peu normal qu'il y ait une continuité entre deux boulots que je fais.
A l'inverse, une des grosses différences par rapport à Semic est le rythme de parution annoncé. C'était une demande forte des lecteurs?
J.M.L.: Des lecteurs et des libraires. Et de Bamboo aussi : on veut développer des séries, et dans un catalogue fortement composé de one-shots, travailler les séries plus rapidement est à la fois une nécessité et une volonté.
Cela ne va pas être difficile à gérer?
J.M.L.: Pas plus que de gérer des one-shots.
Pour respecter votre planning de parution des séries, vous n'allez choisir que des séries terminées aux usa?
J.M.L.: Pas toujours, ce qui peut nous causer des retards. 303 par exemple, est décalé à janvier parce que l'éditeur américain, Avatar, n'a toujours rien envoyé.
Tu es conscient que la comparaison avec les Semic Books va vous revenir assez souvent dans la face (à commencer par mes questions). Cela te gêne-t-il?
J.M.L.: si l'on nous compare à Semic, ce sera à cause de mon nom, ce qui n'est guère flatteur pour Bamboo : ce serait un peu idiot de tout focaliser sur moi. Et si ce n'est pas à cause de ça, alors ce n'est pas très flatteur pour Panini 100% Marvel, qui font aussi du boulot conséquent. En bref, comparaison n'est pas raison. Je préfère que les gens analysent les qualités et les défauts. J'espère d'ailleurs avoir des échos rapidement. Pour l'instant, les annonces semblent être bien accueillies. Reste à voir ce que les gens pensent des livres, une fois qu'ils les ont dans les mains.
Les premiers comics annoncés semblent très différents les uns des autres. L'éclectisme est un des fondements de la collection?
J.M.L.: Oui : on veut montrer la variété de la production US. Mais c'est vrai que l'axe "polar / thriller" sert d'épine dorsale : Fierce, 303, Hawaian Dick ou New West sont des projets qui vont cimenter la collection.
Pour autant, pour l'instant, je ne vois pas (mais je ne connais pas bien les séries non plus) ou peu (Tech Jacket?) de série de super-héros, qui est quand même traditionnellement le fond de commerce du comics en France, dans les futures publications Angle Comics. Pourquoi ce choix?
J.M.L.: Justement, pour se distinguer : les super-héros seront les minoritaires dans cette collection. On veut en faire peu. Mais faire des bons. Et par exemple, on va faire Wildguard, de Todd Nauck, qui est une vision assez fraîche du thème super-héros.
Comme tu veux développer un axe indépendant également, peut-on s'attendre à des projets plus pointus et/ou ambitieux comme par exemple le Jimmy Corrigan, édité chez un de vos concurrents?
J.M.L.: Pas tout de suite. On va essayer de s'adresser au "grand public". Mais on a quelques idées pour proposer des trucs différents, tant au niveau contenu qu'au niveau format !
Par vos choix différents, est-ce que vous espérez attirer le lecteur de bd européenne, encore parfois réticent aux comics?
J.M.L.: C'est un peu l'idée : lui montrer autre chose que des héros costumés. L'expérience Semic Books, pour le coup, est très enrichissante, en ce sens que certains des plus gros succès de Semic sont des trucs différents : Torso, Red Star.
Est-ce que les séries Vertigo et Wildstorm dont les droits d'édition en France sont beaucoup sujet à discussion ces derniers temps, entrent dans vos projets/envies?
J.M.L.: Oui, comme d'autres éditeurs français.
La publication de périodiques fait partie des projets?
J.M.L.: Non.
Etant donné que c'est un truc auquel tu as participé chez Semic, est-ce que vous envisagez de lancez des comics "à la française"?
J.M.L.: Pour l'instant, non, mais je présente des gens, que ce soit des Français ou des étrangers, à Hervé Richez, le directeur de collection de "Grand Angle".
Le retour vers le public est quelque chose que tu as longtemps pratiqué, notamment via les courriers de lecteurs. Etant donné que je vois mal les Bambooks disposer d'une section courrier, est-ce qu'une interface avec les lecteurs est prévue?
J.M.L.: On songe à des FAQ sur Internet, mais hélas, le temps nous manque pour s'en occuper. Alors je donne des informations à des sites, comme par exemple superpouvoir.com, afin qu'ils tiennent les gens au courant le plus régulièrement possible.
Comment s'est fait le choix des 3 premières séries à paraître (Spy Boy, Crush et Lazarus Jack)?
J.M.L.: Spy Boy me semblait une évidence. Crush correspondait à l'orientation de la série (thriller fantastique) et en plus je connaissais Jason Hall, le scénariste. Et Lazarus Jack, j'ai été convaincu par les pages sur le site Dark Horse, et je me souvenais vaguement d'un exemplaire que j'avais vu passer, et qui me semblait un brin "franco-belge" dans l'ambiance.
Quelles sont les dates de sorties des premiers Bambooks?
J.M.L.: Trois en septembre : Spy Boy #1, Crush et Lazarus Jack, deux en octobre : Remains et Fierce, et trois en janvier : Spy Boy #2, Detonator et 303. Et ensuite, nous allons publier à raison de deux livres par mois.
Merci.
Interview réalisée par mail entre le 31/08/05 et le 01/09/05.
Pour en voir, savoir et discuter plus:
-le sujet dédié à la collection
-les albums en preview sur Bulledair
-Previews et discussions sur superpouvoir.com
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