|
| |
|
|
|
|
| Rika Saginuma est à un tournant de sa vie, elle vient de se faire larguer, et des suites d’une grave blessure, elle a été disqualifiée de l’équipe de saut en hauteur, le sport qu’elle pratique depuis des années. Rien ne va plus dans sa vie, elle est déprimée. C’est alors qu’elle trouve sur le net, un site où dialoguent quatre personnes plein de désillusions comme elle. Ils se rencontrent, apprennent à se connaître et en viennent à décider ensemble d’un plan pour se venger de la société... |
  herbv
| Cette courte série nous raconte une histoire profondément ancrée dans le présent de la société japonais (mal-être d'une jeunesse dorée, nouvelles technologies de communication) et l'éternel humain (recherche de l'amour, difficulté de communiquer) et d'une façon qui sait être intelligente, touchante, prenante. Et comme la forme rejoint le fond, on obtient une oeuvre réellement intéressante.
La narration est nerveuse tout en sachant ménager des ruptures, par exemple lors des discussions sur le chat, rendant ainsi parfaitement compte de l'échelle temporelle différente entre monde virtuel et monde réel. Le dessin, très shôjo, est très plaisant, sachant allier une certaine froideur générale à des expressions faciales tout à fait réussies. On est loin de la sensualité du dessin d'Okasaki, mais on est loin du dessin figé de Yamaji.
Pour développer, on pourrait dire que Rika Saginuma semblait avoir tout pour connaître une adolescence heureuse selon les critères habituels : future championne de saut, avec un petit ami depuis 3 ans, bonne élève au lycée... Tout semblait lui réussir. Malheureusement, tout s'est arrêté suite à rupture : blessure physique qui l'a éloignée des pistes et blessure morale suite à l'abandon de son amoureux qui lui a préféré une autre athlète. Mais les apparences sont sauvées, les apparences si importantes au Japon, car elle reste une élève modèle et ne semble pas atteinte par cette rupture.
N'oublions pas que les maux invisibles sont souvent les pires, comme Rika s'en rendra compte en fréquentant d'autres individus, eux aussi en rupture avec la société. Ceux-ci sont rencontrés par le biais d'un salon de discussion virtuel (un chat sur intranet) interne au lycée et de la téléphonie mobile, ces deux moyens de communication modernes. De nouveaux liens sociaux seront ainsi tissés, permettant ainsi d'être plus soi-même en groupe, de se réunir autour d'un but commun. Et oui, rappelons que l'être humain est un animal grégaire avant tout et qu'il a besoin de compagnie. Que ce point commun soit la destruction du lycée n'est après tout qu'un détail secondaire dans l'histoire, un prétexte aussi valable qu'un autre.
Ce qui compte, c'est de voir les questionnements qui peuvent naître autour du mal-être et de ses raisons, aussi futiles peuvent-elles être. L'autodénigrement en est une, l'absence de raison de vivre en est une autre, l'impossibilité d'être soi-même en société en est une troisième. Nanaka Shimada, étudiante calme et introvertie au lycée, Japan-gothic en ville, est un autre exemple de la difficulté de vivre pour certaines personnes, alors même que ses raisons d'en finir avec cette vie peuvent sembler terriblement triviales pour qui ne s'est pas interrogé sur le fond de son problème.
Et si, pour l'instant, on ne sait rien des raisons de Reiichi Takano et de Kumihiko Tsukimura de s'engager dans cette destruction, gageons qu'on aura des pistes dans le second et dernier volume. Mais comprendre est une chose, très importante certes, mais réussir à aider en est une autre, bien plus cruciale et bien plus difficile. Comment l'auteure arrivera à nous rappeler cette vérité est une interrogation supplémentaire qui fait attendre avec une certaine impatience le volume 2. |
|
|
|
|
|
| |
| |