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| Jonglant avec la forme traditionnelle du conte, Blutch nous propose, légèrement travestis, un chevalier errant, une Belle au bois dormant, des chasseurs et des forêts impénétrables. |
  thyuig
| On pense à Blutch le plus souvent comme à un dessinateur talentueux, certainement l’auteur le plus emblématique de sa génération. Avec raison d’ailleurs, on voit en lui l’homme de la fuite, de la fluidité du trait, du dessin dynamique, enlevé. Cette « Volupté » ne déroge une nouvelle fois pas à la règle. Ce nouveau Futuropolis est splendide, un délice pour les yeux, le crayon à papier de l’auteur y réalisant des merveilles de mouvement, d’accélération subite, de style.
Bref, c’est éloquent.
Mais pas seulement.
On oublie d’insister sur l’autre visage de l’auteur Blutch : son humour décalé, souvent cynique, et au bout du compte irrésistible. Cette « Volupté » est drôle, cyniquement drôle. L’absurdité des scènes le disputant à l’incongruité des situations et dans la plupart des cas, l’auteur touche juste. Qu’un personnage soit éjecté d’une voiture parce que son lacet est défait et la machine impudente et insolente de Blutch est en marche. De même, ce décalage déjà orchestré avec brio dans « Rancho Bravo » permet à cette traque de bête sauvage de se dérouler hors des sentiers battus de ce genre d’histoire.
C’est ici qu’on pense à « Pierre et le loup », et voilà pourquoi. Un animal s’est échappé et terrorise le département. Nous avons notre loup. Le corps des chasseurs se joint aux militaires pour traquer la bête. Quant à savoir qui crie au loup ? Mais les femmes évidemment, toujours ces satanées femmes objets de désirs chez Blutch. Elles sont belles, ne s’appellent pas Pierre mais Séverine, Christine, Farrah. Et bien sûr toutes crient au loup, mais à la différence du petit Pierre, elles l’appellent et le désirent (peut-être comme Pierre finalement). Elles ont soif, une soif lascive mais une soif tout de même. C’est l’attraction de la bête, transformée ici en désir lubrique qui permet à Blutch d’amuser par son récit. Les situations s’emmêlent à la façon des corps qui s’attirent et l’auteur admet ainsi cette projection cynique de notre façon d’aimer, de s’éprendre. Que le loup soit un singe, que Pierre soit une femme n’y changent rien, la fable est là, le conte affranchit le réel.
C’est pour toutes ces raisons que Blutch est un auteur rare et précieux. Parce que son dessin agit comme un leurre et piège le lecteur qui ne croit voir qu’une simple histoire lubrique où l’onirique le dispute à la réalité. Mais c’est sans compter par le talent de l’artiste qui élabore à merveille son piège à lecteur et peut nous entraîner alors dans un conte dont lui seul a le secret et sans doute aussi la clef. Voluptueux.
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Coacho
| Déjà le 2° album de Blutch pour le néo-Futuropolis et pour la 2° fois, un Blutch un tantinet plus « lisible » que dans ses autres expériences narratives…
Le don de soi est présent, une fois encore, servi par un trait torturé, travaillé, mais d’une beauté à couper le souffle…
Formes, ellipses, vitesses, force, ombres et lumières, on que l’auteur se donne et nous donne, partage et nous fait partager…
Un livre où le plaisir est à la limite de l’avilissement, comme un écho à une enfance douloureuse, et qui pousse chaque personnage à se dépasser et à accepter l’inacceptable, le désir et le plaisir prenant le pas sur toute volonté…
Difficile d’exprimer, plus, ou mieux, cette ombre fantasmatique qui a l’image d’un singe inquiétant, peu libidineux ni vicieux mais qui suscite les pensées les plus inavouables…
Comme chaque fois, Blutch nous bluffe, nous entraîne sur des chemins tortueux, nous pousse à réfléchir, nous interroger, nous conduit dans des impasses intellectuelles ou jusqu’à l’incompréhension.
C’est ce qui me fascine en même temps que ce qui me repousse…
Une impression de comprendre, puis de se rendre compte d’avoir rien compris…
Mais là, j’ai l’impression que quelque chose cloche et nuit à la cohérence ou à l’incohérence de l’ensemble… A découvrir cependant…
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