| Roger Knobelspiess, le révolté. Un doigt coupé, des années passées dans les Quartiers Haute Sécurité, les procès, les fourgons blindés, Mesrine quelque part dans l'ombre. L'auteur de QHS reste un personnage trouble au parfum de souffre. Et pourtant, sous le tôlard à la rude expérience, pointe un brin de plume lorsque s’écartant de son propos militant, il raconte son enfance, tout simplement.
Une histoire d’enfant et celle de la grande famille des prolos qui tirent la diable par la queue, dans l’après-guerre, en Normandie, dans des baraquements où la famille nombreuse de Tonton et Gaby s’entasse. Le jeune Roger a une passion, son père : “Tonton”, “l’ramoneu”, “roi de la cambriole”, avec sa camionnette qui fume et couine de partout. Il aime trousser les femmes et il lui arrive d’avoir le vin mauvais, Tonton, mais c’est un rebelle.
Or rien ne plaît davantage à Roger : "Les écrasés, les victimes du système ont ma compassion, mais pas ma préférence. Je me situe du côté de ceux qui refusent, qui s’indignent, se rebellent. Je rêve encore d’une lutte colossale. Désobéir fut ma vocation et ma fraternité va à ceux qui refusent le sacrifice du présent. Je suis d’un monde fusillé par la misère et l’exclusion, et mon regard s’est porté ailleurs. Hors de cette épaisseur du sommeil qui ensevelit les victimes de la soumission et du renoncement."
Du vol de poules à celui d’un coffre “Fichet-Bauche”, Roger grandit, apprend la cambriole, évite les flics, les chiens, et découvre son père. Les liens qui les unissent et les souvernirs de cette nuit vont les marquer, lui et son frangin, pour le reste de leur vie.
La couche de crasse est épaisse, on nage dans le sordide, la misère la plus profonde. Et pourtant on se surprend à sourire, car la nostalgie d’une enfance de rapine donne à Roger Knobelspiess des éclairs hésitant entre Gavroche et La Guerre des Boutons. |