|
| |
|
|
|
|
| Un livre, 3856 possibilités narratives : une bd dont vous êtes le héros qui a fait événement aux États-Unis. |
  rohagus
| Avec cet ouvrage, Jason Shiga a poussé le concept du « livre dont vous êtes le héros » en travaillant fortement sur la méthode de son adaptation au format d'une bande dessinée. « Vanille ou chocolat ? » diffère en effet des récits de ce type car il n'est pas composé de chapitres numérotés renvoyant vers tel ou tel autre numéro de chapitre. Tout s'y joue sur la mise en page des cases et des planches, chaque case étant reliée à la ou les suivantes par des traits de couleurs, et ce vers des cases insérées n'importe où sur leur planche, pas forcément voire presque jamais dans l'ordre classique de lecture. Quant aux renvois vers d'autres pages, ils se font lorsque ces traits de liaisons aboutissent vers des onglets dépassant sur les côtés d'autres planches.
Il faut un peu de temps pour s'y faire mais le travail de mise en page et d'élaboration de l'ouvrage est assez impressionnant quand on réfléchit à la complexité de la chose et à l'algorithme à mettre en place pour pouvoir placer au mieux cet assemblage de cases, de planches et d'onglets.
J'ai bien eu l'impression pourtant qu'il y avait un petit bug dans une page qui m'a plusieurs fois induit en erreur et un peu agacé car le récit que je voulais suivre n'aboutissait nulle part. En effet, je n'avais pas vu une ligne m'emmenant vers une autre page et à la place j'ai suivi une case logique dans la suite du récit mais pourtant sans aucune ligne menant à elle en réalité.
Cette erreur (volontaire ou non ?) ainsi que l'obligation de lire et relire les mêmes séquences et dialogues m'a lassé un bon moment et j'ai failli lâcher la lecture avec frustration et l'impression de tourner en rond. Mais à force de m'acharner et d'essayer de comprendre pourquoi je n'arrivais pas à progresser, j'ai finalement compris mon erreur et eu la satisfaction d'avancer dans le récit et de comprendre les nombreux éléments mystérieux rencontrés ça et là.
Tout se tient même si j'avoue avoir eu un peu de mal à saisir où l'auteur voulait en venir dans ce que je considère comme étant la fin la plus « heureuse », la plus compliquée à atteindre. L'idée d'insérer comme outils essentiels du récit des machines permettant de voyager dans le temps et de lire les pensées récentes des personnages, s'adapte idéalement pour ce type de récit qui doit pouvoir fonctionner en boucle et pour l'aspect ludique du récit. Cela donne envie au lecteur d'essayer différentes solutions et cela titille son esprit logique.
A noter aussi que l'auteur joue avec le lecteur un peu tricheur qui essaiera de feuilleter l'album à la recherche de la solution avec notamment une fausse double page théoriquement inatteignable qui laisse croire à une solution possible mais mène plus tard à une fin alternative en queue de poisson, ainsi qu'avec un dessin en double page lui aussi en principe inatteignable et présenté comme un clin d'oeil un peu humoristique.
J'ai failli ne pas conseiller l'achat de cette BD car j'ai vraiment été frustré par les trop nombreuses répétitions de scènes sur lesquelles je revenais sans arrêt sans réussir à progresser. Cela m'agaçait d'autant plus qu'à ce stade du récit, trop de points restent inexpliqués et donnant l'impression d'être gratuits et sans logique. Ce qui m'ennuie surtout, c'est que le moyen d'éviter ces lassantes répétitions était de ne pas se faire avoir par cet élément de confusion que je décrivais plus haut et à propos duquel j'essaie encore de comprendre s'il s'agit d'un faux-pas de l'auteur ou d'une tentative volontaire de sa part d'induire le lecteur en erreur.
Mais je reconnais la réussite de cet œuvre-concept à la réalisation très complexe et dont le scénario tient finalement très bien la route alors que je le croyais trop facile au départ. Un intéressant jeu de lecture pour qui réussit à passer outre l'agacement de devoir relire un peu trop souvent certains passages récurrents.
|
|
|
|
|
|
| |
| |