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  rohagus
| Nos vacances au bled est la suite quasiment directe de Famille nombreuse. Le premier album abordait l'immigration de la famille tunisienne de l'auteure en France, leur installation sur place, la naissance de ses très nombreux frères et sœurs et leur vie ensemble dans un petit appartement, les uns sur les autres mais avec une jeunesse plutôt heureuse malgré tout. Cet album-là raconte un été où la famille entière est retournée passer les vacances en Tunisie dans la famille, et en ont profité pour y entamer la construction de leur future maison non loin de la mer. Nous n'avons plus ici de thématique autour de l'immigration elle-même, mais plutôt le récit de ce que ces familles de migrants, une fois bien installées en France, vivent quand elles reviennent au pays et retrouvent des racines que les plus jeunes d'entre eux ne connaissent quasiment pas.
Dans mon imaginaire, quand on me parlait de retour au bled, je pensais à un retour dans un village un peu paumé, avec des chèvres et probablement ni électricité ni eau courante. Ici, la famille de l'auteure revient dans une petite ville de la grande banlieue de Tunis, dans un décor plutôt urbain donc. Ils sont hébergés dans la maison de la grand-mère maternelle, une maison traditionnelle tunisienne avec un patio central. Mais ça reste une petite maison d'un autre âge, sans salle de bain notamment, et qui ne fait que 100m² pour accueillir les 18 membres de la famille qui vont vivre ensemble cet été-là.
J'apprécie l'ambiance chaleureuse qui règne sur ces souvenirs de jeunesse, les touches d'humour et la bonne entente familiale derrière les petites engueulades du quotidien. Malgré les conditions de vie parfois assez rustiques, les uns sur les autres, on y sent de la joie de vivre.
J'ai aussi apprécié de découvrir de l'intérieur ce retour au pays qu'en français « de souche », je ne pouvais qu'imaginer. On y comprend que les jeunes ayant grandi en France ne sont clairement plus vraiment tunisiens. Ils ne parlent pas bien arabe et ont de toute façon un accent qui les fait assimiler à des étrangers pour les locaux. Ils voient le pays et ses habitants avec un mélange d'affection un peu distante mais aussi d'un soupçon d'impatience à rentrer en France et retrouver leurs petites habitudes. Et en même temps, on sent un amour sincère pour leur famille et un plaisir à vivre avec eux durant ce séjour malgré la promiscuité, le manque de confort, la chaleur et les mouches.
En parallèle, l'album nous raconte le début de la construction de la maison tunisienne des parents, en prévision de leurs vieux jours. On constate les difficultés à obtenir que le travail soit fait correctement par les ouvriers locaux. Et on retrouve la force de caractère et la volonté inflexible de la mère qu'on avait déjà pu constater dans Famille nombreuse tandis que le comportement du père est tourné un peu en dérision, quoique ce soit fait toujours gentiment et avec affection.
C'est une agréable tranche de vie et de souvenirs heureux, avec au passage un côté instructif pour les Occidentaux qui n'avaient qu'une vague idée d'à quoi pouvait ressembler des « vacances au pays » pour une famille d'immigrés bien implantée dans leur pays d'accueil. |
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