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| Une trop bruyante solitude |
Durant trente-cinq ans, Hanta, ouvrier illettré et alcoolique, a détruit quotidiennement des livres. Tombé amoureux fou des oeuvres qu'il était chargé d'éliminer, il a sauvé toutes celles qu'il pouvait, entassant des tonnes d'ouvrages dans son appartement. Jusqu'au jour où son patron lui fait visiter une usine de recyclage moderne et lui annonce sa mise en disponibilité. Le monde de Hanta s'effondre. |
  Eugène le jip
| Une trop bruyante solitude est une oeuvre hybride, à mi-chemin entre le livre d'illustration et la BD. Adapté du roman éponyme de Bohumil Hrabal, romancier tchèque peu traduit en français, Une trop bruyante solitude est avant tout un texte d'une force extraordinaire. C'est bien simple, malgré toute la recherche graphique et le talent des dessinateurs, la première fois que j'ai lu cette Bd, je n'ai prêté qu'une attention minime à ces illustrations en noir et blanc, minutieusement travaillées à la plume et à l'encre de chine. je nesais pas si c'est voulu et si c'est pas le cas, ça doit être très frustant (z'avaient qu'a adpater Oui-Oui après tout). Mais je pense que c'est voulu car il y a de temps en temps, en forme de respiration, une page blanche uniquement occupée par les bulles de texte.
Ce n'est qu'après, en deuxième ou troisième lecture, lorsqu'on a bien assimilé la force de la narration, que l'on prend le temps de découvrir ces dessins et la subtilité du dialogue entre les textes et les illustrations. Les auteurs travaillent plus sur l'ambiance et les associations d'idées que sur le narratif immédiat du dessin. ça fonctionne parfaitement car ce qui n'aurait pu être qu'un exercice de style, intéressant en soi, est avant tout une BD intelligente, très sombre et bigremment originale à la fois par la forme et les propos. A apprécier si vous aimez à la fois la Bd et, de temps en temps, un bon roman. |
NDZ
| On se retrouve dans le microscosme qui gravite autour de Bohumil Hrabal, qui nous raconte l'Homme au travers de destinées individuelles. Cette ode au livre et à l'Intelligence est bénéfique en cette période où le livre objet est plus qu'une réalité et où le profit et la rentabilité écrasent souvent les hommes (dans leur presse ultra-libérale, un nouveau combat post-mortem de Hrabal qui s'est battu vaillament contre la censure... une presse à livre encore et toujours).
On retrouve (également à travers les images) la langue magnifique d'un des quatre plus grands auteurs tchèques (avec Kafka - même s'il écrivait en allemand, Kundera - même s'il écrit désormais en français et Hasek) dont la poésie est puissante, iconoclaste parfois, orgiaque souvent, jouissive (de drôlerie) tout le temps. La mélancolie de cet ouvrage est à rapprocher de celle "Des milliers d'arlequins", tout en distillant ça et là des anecdotes et des portraits qui auraient pu figurer dans "Les palabreurs" ou le magnifique "Tendre barbare".
Cette adaptation (d'un récit autobiographique de Hrabal, docteur en Droit et ouvrier dans sa jeunesse) est splendide à tout point de vue. Le découpage du texte et des images, qui se répondent, s'opposent (je bois... du Coca, ahah) et s'épousent, est parfaitement réussi. Très beau travail de Tran et d'Ambre aux dessins sombres et touchants, à découvrir. |
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