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© Casterman

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Tome 2
ScénarioHanawa Kazuichi
DessinHanawa Kazuichi
CouleursNoir et Blanc
Année2005
EditeurCasterman
CollectionSakka
SérieTensui - L'eau céleste, tome 2
autres tomes1 | 2
Bullenote [détail]

Plus que jamais déterminée à retrouver sa mère et toujours accompagnée par son ami le kappa, Natsume poursuit son exploration du monde des esprits japonais ; un univers rempli de pièges et de faux-semblants, mais également peuplé de créatures merveilleuses, comme le Tengû, cet être à bec d’oiseau et à la force surhumaine mais au caractère ombrageux… Un quête qui la mènera jusqu’aux tréfonds de l’enfer – telle Orphée –, afin de délivrer sa mère des griffes de démons particulièrement retors.

 

2 avis

thierry
Ne jamais juger un livre par sa couverture.
A priori, le beau bleu ciel qui orne la couverture de "Tensui" a de quoi me rebuter. Il me rappelle trop le bleu des collections de romans pour jeunes filles, comme chez Marabout. Les histoires étaient beeeelles, avec des princesses, des jeunes filles courageuses (hôtesses de l'air, institutrices...) dont les efforts vertueux finissait toujours par être récompensé... ce qui ne correspond pas exactement avec mes goûts. Et au milieu de ce bleu, une petite fille danse sur le premier tome alors qu'une drôle de créature vaguement batracienne danse sur le second. C'est zoli-mignon mais il y a de quoi craindre un petit quelque chose de puéril. Le pitch n'a pas de quoi rassurer. La petite Natsume, accompagnée d'un lutin des eaux, recherche sa maman. On va pleurer dans les chaumières !
Seulement, il y a la signature de Kazuichi Hanawa, auteur du formidable "Dans la prison", fascinante chronique carcérale parue récemment chez Ego comme X.
La quête de Natsume se révèle avant tout spirituelle. Les 1000 obstacles qu'elle doit surmonter avec l'aide du lutin des eaux l'obligent a confronter ses propres angoisses. Au fil des péripéties qu'elle rencontre, elle est amenée a faire le deuil de ses illusions, de reconnaître ses erreurs, d'affronter ses peurs. L'histoire la plus révélatrice de cette quête presque karmique est celle ou Natsume et le kappa viennent en aide a une mère et sa fille déchirées par une étrange malédiction: la ...erie, qui se nourrit de la haine et des mensonges enfouis qui grouillent sous les planchers.
L'univers magique que décrit Hanawa est a l'image de ce thème. Il regorge de faux-semblants, de leurres, de pièges mortels dissimulés derrières les plus beaux atours. Hanawa adopte consciemment un trait rond, commun aux récits enfantins. Pourtant, les monstres regorgent dans cette histoire. Ainsi, la très courte nouvelle qui ouvre le tome 2 est exemplaire. Le Kappa et Natsume sont a l'orée d'une foret maudite. Il lui conseille de fermer les yeux et lui fait traverser sans encombres un enchevêtrement de créatures diaboliques, plus effrayantes les unes que les autres. Il élude les questions de Natsume sur cet environnement qu'elle doit appréhender sans le voir, minimisant les horreurs qui les entourent. Le trait rassurant semble aussi minimiser l'impact de ces planches, mais en prenant le temps de les regarder, on découvre d'effrayants démons qui tentent de tourmenter Natsume.
Quand Hanawa projette Natsume en enfer, il se livre a une description de supplices particulièrement terrifiants. A certains moments, je ressentais un malaise similaire a celui que j'avais ressenti dans "Panorama de l'enfer" d' Hino. "Tensui" utilise de manière étonnante les liens qui la représentation d'un objet et sa nature. La facilite reviendrait a adopter un style torturé. Hanawa préfère le trait précis et familier de la "belle" bande dessinée pour enfants sages. Il impose au lecteur de traduire ce qu'il voit pour lui donner sa vraie signification, ce qui accentue la violence de l'environnement. La couverture, en tant que premier contact avec le lecteur, donne le ton, laissant croire que les pages qu'elle renferment relatent une jolie histoire. Il s'agit du premier faux-semblant d'une longue série. Ce genre de parti-pris a 99% de chances de se ramasser comme une pomme trop mure sur le crane du dormeur installe sous le pommier. Hanawa s'inscrit heureusement dans le dernier %.
herbv
Avec le second et dernier volume de Tensui, l’eau céleste, Kazuichi Hanawa conclut les aventures de Natsumé et du kappa sans nom (un lutin d’eau). Pour la petite histoire, la série a été terminée en catastrophe du fait de l’emprisonnement de son auteur, séjour en prison qui donnera naissance au chef d’œuvre Dans la prison paru en français chez ego comme x.

Dans la première partie, nous avions pu être surpris par le côté naïf et enfantin de l’histoire, par un côté plutôt mignon du dessin du fait de ses rondeurs. Transporté dans un Japon du passé, fantastique, folklorique et animiste, il en était ressorti une lecture dépaysante et captivante, alors que nous suivions les tribulations de la petite fille à la recherche de sa mère. Donc, après avoir retrouvé et à nouveau perdu sa mère, Natsumé est repartie dans sa quête de reformer un foyer familial. Malheureusement, très rapidement, elle va s’apercevoir qu’elle devra aller jusqu’en Enfer pour y parvenir. Et pour perdre encore une fois sa mère, enlevée par un démon qui a usurpé son identité. Surtout que les pouvoirs du lutin vont de plus en plus montrer leurs limites devant toute l’ignominie dont est capable le monstre.

À la différence du premier volume, le second est nettement moins mignon, naïf ou gentillet. Tout le passage infernal est particulièrement dur tant dans le dessin que dans les événements, notamment lors de la description des tourments que doivent subir les damnés. Le ton de l’œuvre devient résolument plus sombre, désespérant plus d’une fois. L’auteur réussit parfaitement à rendre une atmosphère démoniaque. De même, les sévices que subit la mère de Natsumé sont parfois très durs à supporter et on a mal pour la pauvre fillette qui doit assister à toutes ces horreurs. Si au début de l’histoire, certains moments étaient terrifiants d’un point de vue enfantin, la suite et la fin sont tout simplement atroces. Mais en aucun cas, le mangaka verse dans la surenchère et dans le gore grotesque, sanguinolent. Il s'est souvenu de ses débuts dans le métier, ce que l'on peut appeler sa période ero-guro, caractérisée par de courtes histoires qui jouaient plus sur l'ambiance que sur l'exagération.

Soutenue par une adaptation française de qualité aussi bien au niveau du texte que du lettrage, il en ressort une lecture captivante et une fois commencé ce volume, attendez-vous à ne pas pouvoir le relâcher avant d’avoir vu la dernière case, superbe et envoutante. Voilà donc une œuvre à ne pas manquer, sous aucun prétexte.
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