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  pikipu
| On se réjouit d'abord de l'épaisseur du volume (encore plus gros que le premier tome) parce qu'on sait que ça va durer longtemps. On se réjouit du dessin de Taniguchi parce que du Taniguchi ça fait toujours plaisir, surtout ici parce que c'est encore plus beau. On se réjouit de l'histoire parce qu'il y a tellement d'infos qu'on sait que la lecture va durer deux fois plus longtemps que ce que l'on avait prévu. On se réjouit de la complexité apparente de ce manga littéraire parce qu'on l'impression d'être un peu moins con à la fin qu'au début. On se réjouit de la qualité de l'édition parce que ça c'est de la bonne bête et ça se garde bien... Et on se réjouira sans doute de le relire dans quelques années. |
CoeurDePat
| Bon, j'ai quand même voulu perséverer un peu, et mal m'en a pris. Ce second tome m'a quand même plus plu que le premier, mais j'ai eu un mal fou à le finir. Si les passages concernant Takuboku sont plutôt intéressants malgré le fait que le personnage ne soit aucunement charismatique, voire même qu'il soit plus ou moins antipathique, on se retrouve souvent soit dans de la comptabilité (j'ai emprunté tant de yens à untel, dépensé tant pour ceci et tant pour cela), soit dans un contexte historique incompréhensible : les personnages sont innombrables, avec des noms irretenables, les événements et dates sont complètement embrouillées (un an après ce qui s'était passé trois mois avant alors que pendant ce temps... j'éxagère à peine, c'est une horreur !), bref, c'est un vrai bordel.
En fin d'album, une douzaine de pages (écrites) retracent la vie de Takuboku. Elles sont certes plus compréhensibles, mais du même niveau d'intérêt, c'est-à-dire dans mon cas proche de zéro. On remarquera tout de même que Takuboku présentait un aspect déplaisant de jalousie malsaine, lequel aspect ne transparaît pas dans l'album, possiblement à cause du dessin de Taniguchi, qui lui donne un aspect trop "sage".
Certes l'album (l'objet) est beau et de bonne qualité, mais je vais arrêter là les frais. :( |
wandrille
| Deuxième tome d’une fresque sur le Japon de l’ère Meiji, ce livre nous fait découvrir un personnage attachant et énervant dans la personne d’un jeune poète prolifique et prodigue, véritable panier percé, empruntant et dépensant à tout bout de champ. Ce portrait de ce Balzac nippon est le prétexte à découvrir le monde littéraire et politique du début du XX° siècle, à travers la foule des personnages que croisera le héros. Une œuvre pour des lecteurs chevronnés uniquement, magistralement servie par le dessin tramé en noir et blanc de Taniguchi.
Après avoir illustré la vie de l’auteur du livre Botchan, Soseki Natsume, les deux mangaka ( auteurs de littérature en estampe en japonais) nous livrent quelques mois de la vie du poète Takuboku Ishikawa. Un personnage ambiguë, à la fois touchant par sa détresse face à l’argent, impressionnant par sa facilité de poète et horripilant dans ses faiblesses de consommateur futile et volage, dont le portrait nous permet de découvrir une galerie de caractères qui touche à tous les milieux : Sport, politique, monde littéraire... Là réside la richesse mais aussi la faiblesse d’un album qui a tendance à perdre un peu le lecteur dans son foisonnement. D’autant que rien ne ressemble à un nom japonais qu’un autre nom japonais pour le lecteur européen, parfois largué dans les références. L’impression retenue de la période ainsi présentée est à l’avenant : On a l’impression d’un chaos créatif, dans lesquels quelques personnes essaient de maintenir un ordre battu en brèche par la montée des révolutionnaires communistes, la nouvelle vague littéraire et la puissance occidentale. Et au milieu de ce maëlstrom, court Takuboku, de dettes en emprunts, de poèmes en Geisha.
C’est un monde en pleine mutation que nous font découvrir les auteurs. Un univers qui nous fait comprendre la richesse culturel d’un Japon encore mal connue, même de la génération Manga. Cette nouvelle vague littéraire qui prend son essor lors de l’ère Meiji (éveil en japonais), qui fait actuellement figure de classique de la littérature orientale, éveille des échos du Romantisme Français. Dans les deux cas, on a affaire à une société rurale et conservatrice qui connaît une révolution industrielle et le développement d’un foisonnement culturel, l’apparition d’une conscience sociale contestataire. Et comme en France un siècle plus tôt, de véritables génies littéraires se révèlent en même temps, avec des peintres, des personnages d’exception. On a l’impression d’assister à la naissance d’un volcan. Le livre une fois refermé, l’envie vient au lecteur de retrouver les oeuvres écrites par tel ou tel des auteurs rencontrés, tous attachants car traités sans parti pris et avec douceur, lors même que leurs partis s’opposent. Au temps de Botchan est un déclencheur d’envie et en tant que tel, une grande réussite.
Quant au dessin de Taniguchi, que dire sinon qu’il est toujours aussi brillant de finesse et de douceur, de détails et de subtilités. On lui reprochera simplement une certaine uniformité des visages féminins, alors qu’il excelle à peindre des visages pleins de caractères chez les hommes. Enfin, concernant le découpage, il faut aussi préciser qu’il est très éliptique, à la limite du trop. La lecture de ce beau livre demande un véritable engagement de la part du lecteur pour combler les sauts de la narrations et rétablir l’unité temporelle du livre, mise à mal par quelques flash-backs surprenants. Un livre à mettre donc entre les mains de bons lecteurs chevronnés.
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