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- | [Récit complet] | - | P88. Deux ou trois choses qu'à mon avis vous devriez savoir sur Joe Matt, [Récit complet], Seth (SD) | D : Dessin S : Scénario Un mâle trentenaire occidental dans toute sa splendeur : égocentrique, maniaque et obsédé sexuel. À travers son journal dessiné, le dessinateur évoque sans complaisance ses multiples travers, avec force maestria graphique et narrative. Depuis sa radinerie désormais légendaire jusqu’à la quête obsessionnelle de vidéos porno qui le mèneront jusqu’aux réunions des “Sex Addicts Anonymes”. Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur l’intimité sexuelle des hommes sans avoir besoin de le demander. |
  Matt Murdock
| Chronique rédigée dans le cadre de la rubrique Comics de BDNews.
Joe Matt, fraîchement sorti des Beaux-Arts, alors coloriste sur la série Grendel de Matt Wagner, décide de se lancer dans un comic autobiographique. Il en résultera l’album Peepshow ; the cartoonist diary of Joe Matt , véritable journal intime de l’auteur, où il expose toute sa vie privée avec une redoutable impudeur et surtout un humour particulièrement corrosif. Il sera édité chez Drawn & Quarterly.
Cette première série d’histoires vient d’être traduite en VF chez Seuil sous le titre Strip-Tease. Joe Matt s’y livre totalement, et notamment en décrivant sa relation houleuse avec sa petite amie Trish, ses relations ratées avec ses anciennes petites amies, sa famille dont la mère est une fervente catholique pratiquante voire fanatique, ses défauts et ses qualités, son travail de dessinateur, et ses précédents petits boulots dans un comics-store rempli de geeks, son amitié avec d’autres dessinateurs vivant à Toronto : Chester Brown et Seth, et son attachement tenace, voire proche de l’addiction, à la pornographie. Tout cela y est décrit avec énormément d’humour trash.
Mais c’est surtout une immense sincérité qui émane de cette BD, difficile de ne pas être touché par ce journal intime que nous livre Joe Matt. Il y a aussi pas mal d’impudeur, et un côté revanchard dans cette BD. Joe Matt n’hésite pas à y révéler les faits les plus honteux de sa vie, et y étale les crises de couple. Certains passages étant décrits avec un humour corrosif, on y verra tout d’abord une forme d’autodérision parfaitement assumée, mais aussi un moyen de régler ses comptes avec les problèmes de sa vie personnelle. Evidemment, comme toute autobiographie, chaque passage doit sûrement comporter sa part de vrai et de faux, et lorsqu’on se demande quelle partie a été inventée et laquelle a été rapportée avec vérité, on tombe sur un gag de Joe Matt qui nous indique que les trois gags précédents sont très exagérés.
Côté dessins, Joe Matt fait dans l’efficace : une page = un sketch, des cases très petites, le style de dessins est volontairement simple et diablement efficace, avec pour ultime référence revendiquée : Crumb, où, dans un sketch, Crumb lui-même vient protéger Joe Matt en dégommant un critique (Arrgh).
Bref Strip-Tease est une BD géniale, un journal-intime-BD dont le style trash serait aux antipode d’un Blankets de Craig Thompson.
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pessoa
| Strip-Tease est un ensemble de récits autobiographiques assez anciens de Joe Matt, l’auteur de Peep Show (publié il y a quelques années aux Humanos). Les histoires rassemblées dans ce recueil sont antérieures à Peep Show.
Formellement, Strip-Tease est beaucoup plus complexe que Peep-Show, parfois même alambiqué. Joe Matt fait preuve de beaucoup d’audace, comme dans cette page organisée comme un labyrinthe ou cette planche composée de pas moins de 96 petites cases plutôt bavardes. Presbytes s’abstenir ! D’ailleurs, l’ensemble de l’album est dessiné petit et écrit petit ; au début, ça déroute un peu, c’est vrai qu’il faut parfois s’arracher les yeux. Mais ça fait manifestement partie des contraintes que Joe Matt s’est imposé sur cet album, et on s’habitue assez vite à ce parti pris.
La comparaison avec le dessin épuré, organisé en gaufrier strict, de Peep-Show aboutit à un match nul. Qu’il fasse dans le minimalisme propre ou dans le dessin riche en effets de toutes sorte, Joe Matt atteint toujours son but : l’émotion. Parce qu’il faut bien le dire : c’est un album qui vous retourne !
Ici, l’accent est d’abord mis sur deux aspects complémentaires de sa personnalité : l’attirance maladive pour le porno et les restes de son éducation catholique. La seconde écrasant d’une culpabilité écrasante la première. Par sa crudité, l’ensemble pourrait être malsain (on y parle beaucoup de diverses fonctions corporelles, une page complète sur l’art de chier par exemple), mais l’aspect théâtral de cette mise en scène emporte le malaise et on finit par s’identifier à Joe Matt même si on ne partage pas ses névroses. Plus difficiles sont les passages qui mettent en scène sa copine, souvent présentée sous son plus mauvais jour et dans des disputes homériques. Un épilogue viendra dissiper cette gêne, mais finalement, ça reste « pour public averti ».
La fin de l’album voit apparaître Chester Brown et Seth, à qui je laisse le mot de la fin :« Je devrais peut-être mieux choisir mes amis. » |
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