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| Shinkirari - Derrière le rideau, la liberté |
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  herbv
| Je sais tout de mon mari. Je connais la taille de ses caleçons, ses plats préférés, ses manies quand il est agacé, les actrices qui lui plaisent? Est-ce qu?il me comprend ? Que sait-il de moi, sinon que je suis sa femme ?
Shinkirari ? Derrière le rideau, la liberté raconte la vie d'une femme au foyer au Japon dans les années 1980. Son quotidien est rythmé par les tâches ménagères et l'éducation de ses deux filles, son mari étant absent, comme la plupart des hommes à l'époque. En effet, pour ces derniers, il était socialement obligatoire de faire des journées à rallonge, sur son lieu de travail ou lors de sorties entre collègues, et de laisser à son épouse l'ensemble des tâches liées au foyer familial.
À un moment, Yamada décide de prendre un petit boulot à temps partiel, ayant plus de temps à elle, ses filles étant scolarisées. On se rend compte alors de la précarité d'un tel emploi et du peu de considération pour ce travail salarié par son entourage. Lorsqu'elle décide d'une activité exercée en indépendante, elle rencontre encore plus d'incompréhension, surtout de la part de son mari qui n'a aucune idée de ce à quoi ressemble la vie de son épouse et des besoins de cette dernière.
Ce manga est semi-autobiographique. Il est basé sur la propre expérience de l'autrice qui a été mariée (elle a fini par divorcer), mère de deux filles et qui s'est heurtée aux diktats sociétaux. Le pire a été certainement l'incompréhension de son époux en ce qui concerne ses besoins et aspirations en tant que femme, ce qui l'a amenée à le quitter. Car, même si la perception de la vie au foyer des Japonaises commençait à évoluer au début des années 1980, l'idéal du ryōsai kenbo (être une bonne épouse et une bonne mère) né à la fin du XIXe siècle existe toujours d'après certaines historiennes. Le manga le montre clairement et le propos de Yamada, révélateur d'une époque, n'en est que plus touchant.
À travers 17 courts chapitres de 8 à 10 pages, prépubliés dans le magazine alternatif Garo entre 1982 et 1984 (et publiés en deux tomes reliés), Murasaki Yamada, l'autrice, nous présente la réalité sans idéalisation ni concession de la vie des jeunes femmes devant se consacrer à leur famille. La répétitivité des tâches, l'absence de soutien de la part de leur entourage, à commencer par le mari, font que cette vie devient de plus en plus insupportable pour certaines. C'est d'ailleurs l'indifférence que rencontre notre protagoniste dans son travail de tous les jours qui est le plus difficile à vire.
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