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| Shiga est gardien de refuge dans les Alpes Japonaises. Il y a treize ans, son ami Sakamoto lui a demandé, avant de mourir, de veiller sur sa femme et sa fille. Une tâche dont Shiga n’a pas eu à s’acquitter, jusqu’au jour où l’épouse de Sakamoto vient solliciter son aide pour retrouver sa fille disparue. Shiga quitte alors sa montagne et se retrouve rapidement à Shibuya, l’un des quartiers chauds de Tôkyô. Là se dévoilent le vrai visage de la jeune Megumi, et un monde de la nuit aussi dangereux que sordide… |
  nirvanael
| Si Jiro Taniguchi est surtout connu en francophonie pour des récits intimistes tels que "Quartier lointain" ou "Le journal de mon père", il a aussi publié des histoires mettant en scène des samurai, des alpinistes, des animaux ou encore des hommes volants. Avec "Le sauveteur", l'auteur nous dévoile une nouvelle facette de son talent, en abordant le genre du polar, même si certaines de ses thématiques de prédilection ne quitte pas le récit.
Nous y suivons Shiga, un sauveteur des Alpes japonaises, qui part à la recherche de sa nièce portée disparu. Cette enquête haletante le mène à Shibuya et dans d'autres quartiers tokyoïtes guère plus rassurants dans le contexte. La confrontation de deux mondes, celui des nuits bruyantes pleine de désirs et de frustrations parfois sordides d'une mégalopole qui digère tout, et celui des grands espaces synonymes de dépassement de soi que l'on affronte qu'avec la plus ferme volonté, se fait éclatante. Shiga avance, déterminé, au sein de ce qui n'est pour lui qu'une jungle urbaine, hostile, et se raccroche à tout ce qui le rapprochera de Megumi. Qu'a-t-elle fait qui a pu l'amener à disparaître, cette adolescente qu'il ne connait finalement que peu ?
Rien à redire sur le dessin, personnel et efficace, ni sur le découpage tour à tour contemplatif et vif. Les premières pages couleurs, dans les Alpes japonaises, sont ainsi magnifiques. Mais Tokyo n'est pas en reste dans la suite de ce récit dense et riche : la ville et ses quartiers ont leurs vies propres, grouillantes d'anonymes, débordants d'édifices de verre et de béton qui surplombent la multitude.
Nous ne sommes pas surpris de voir que Taniguchi aborde au fil de son intrigue autant le souvenir du passé mêlé de regrets que l'érosion de la cellule familiale. C'est le suspense qu'il parvient à instaurer à l'ensemble qui impressionne cette fois. Il sera très très douloureux et frustrant de reposer l'album avant d'être parvenu au terme de la lecture. Difficile en effet de reprendre son souffle, avec une tension qui augmente crescendo, jusqu'à ce final magistral.
Plus qu'une bonne surprise, "Le sauveteur" est une pleine réussite qui se joint facilement aux autres indispensables de l'auteur. |
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