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  corriveau
| J'ai tout récemment lu cet album, curieux de lire un nouveau récit autobiographique...
Tout d'abord, l'impression sur un papier jauni donne un très bon aspect à l'album. Comme le personnage narrateur nous raconte sa vie à partir de sa naissance, ça nous donne réellement l'impression que nous venons de tomber sur une boîte à souvenir que nous découvrons petit à petit, au fil des pages.
Le scénario est intelligemment monté. On sent que Mussat souhaite nous dévoiler plusieurs choses en tenant tout de même à demeurer discret. L'histoire tourne principalement autour de sa famille et à quel point sa propre personnalité s'est forgé en dépend de celle-ci. À travers ses propos, il se dévoile beaucoup. J'ai particulièrement été touché par l'album puisque je me suis pas mal reconnu dans certains propos de Mussat.
On referme l'album avec cette image d'un être torturé qui semble n'avoir jamais été heureux au sein de sa famille parce qu'il ne s'y reconnaissait pas.
Au niveau du dessin, l'auteur ne ré-invente pas l'art graphique et son style ne se démarque pas nécessairement énormément mais il va droit au but et est efficace.
En gros, ce n'est pas l'album de l'année mais il demeure une lecture intéressante et toujours mieux que certains programmes télévisés :o) |
lldm
| Voilà probablement le truc le plus consternant qui me soit tombé entre les mains depuis bon nombre d'années : quoi de plus pitoyable qu'une fausse introspection critique masquant mal une vanité sans borne, qu'une boursouflure intégrale avançant derrière l'apparence de l'humilité?
Mussat nous propose un récit geignard et pathétique, embourbé dans une écriture pompière de Homais ; maniéré, pleurnichard, laborieusement verni d'une hypercorrection risible, incapable même de mettre ces faidaises en bande dessinée : plat diaporama d'illustrations figées pour ce sous-texte qui célèbre l'enlisement avec une complaisance dégoûtante. Dix périphrases sur l'engourdissement angoissé qui obscurcissent ce qui n'est que de la paresse banale... Des envolées sur l'adolescent qu'on était qui trahissent l'inaptitude à saisir l'adulte qu'on est devenu... J'en passe et des pires, maman, le petit Jésus, les rêvasseries triomphales d'images d'Epinal, maman, les livres mal lus, maman, maman, maman.
Le tout est enrobé d'un dessin pataud, une sorte de fanzinat à gros nez à laquelle un graphisme d'écolier appliqué sert de cache-misère.
À offrir à votre pire ennemi.
C'est 18 euros, et c'est fait par Ego comme X à qui on doit pourtant de si bonnes choses. |
koko le gorille
| Xavier Mussat est un athlète: parmi les nombreux raseurs que publie Ego Comme X il fait figure de champion toutes catégories.
Ce livre insinue en vous un ennui extrèmement puissant, d'une dimension olympique, et vous arrache des baillements énormes.
Le dessin, lourd, moche, pauvre, est rempli d'emprunts éhontés au travail d'Olivier Josso.
Le procédé narratif, qui associe un récitatif assez maladroitement écrit à des vignettes chargées d'une symbolisme pesant, se dévide machinalement d'un bout à l'autre du livre, sans rupture et sans invention.
Le sujet: Papa, Maman, un divorce et une adolescence vue à travers cette séparation. Une prétendue introspection douloureuse qui n'est qu'un moyen faux-jeton d'écrire sur soi-même jusqu'à l'ivresse. Une oeuvre terriblement égotiste, en somme, derrière une humilité de façade.
L'absence d'humour est totale, la banalité du propos aussi.
Le ton très catho de gauche vous achèvera.
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Lambda
| Je viens de me replonger dans la Sainte Famille de Xavier Mussat et j’en ai retiré un plaisir encore plus intense que la première fois. Cette B.D. non réglementaire est si belle et poétique qu’on ne peut sortir qu’enrichi de cette intrusion dans l’univers de l’auteur.
Cela va sans dire, je raffole de ses dessins. Mais également, j’aime le portrait qu’il dresse de lui-même avec un brin d’humour et deux brins de self dérision pouvant aller jusqu’au dénigrement de soi. Il donne envie de rencontrer cet être sensible. Et d’approfondir sa vision de la société sur laquelle il entre-soulève le voile.
Quelques lignes de texte chapeautent chacune des vignettes, sagement alignées dans l’austérité de leur noir et blanc. La graphie de ces en-têtes est relativement mal aisée à décrypter. Et si au détour, « en pataugeant en rond », on y rencontre « des forteresses avec des airs de mauvaise foi », « des couloirs froids qui nous avalent » et d’autres délices tels « l’équilibre suspendu au seul fil de la vigilance », il faut toutefois reconnaître que le style parfois lourd (voire alambiqué) est l’unique obstacle à un plaisir total. Heureusement, les vignettes mangées à plus du tiers par le texte sont rares !
Une fois donc les paroles décortiquées, il n’y a plus qu’à savourer les dessins.
J’ai été enchanté par les paysages, tels des gravures anciennes, bien léchés, fignolés, superbes et intemporels (au point que les véhicules qui y circulent y détonnent presque).
Contrastant avec le réalisme de ces décors, les personnages (chiens compris, naturellement) sont caricaturés avec un grand talent. L’un se voit gratifié d’un nez crochu, un autre a les oreilles décollées, des yeux qui louchent, des paupières tombantes, presque tous sont voûtés par le poids de la vie. Personne, hors sa mère, n’est épargné. Cependant, tous laids qu’ils soient, ces personnages sont attachants (oui, même Pétain !).
Le plus mal loti, évidemment, avec son nez phallique, ses yeux globuleux et sa démarche de pantin, irradie son innocente naïveté.
D’autres dessins enfin complètent le tableau. Ils illustrent idées ou rêves. Parfois un poil trop symboliques, ils donnent toute la mesure du monde poétique de Xavier et dote cet album de sa couleur particulière. Il y a là de véritables joyaux, personnages volant dans les limbes ou voguant sur les eaux, maelstrom, anges et diables, pieuvres et chouettes, monstre quadricéphale et autres dragons venus d’un ailleurs très présent.
Tous ces dessins sont plus magnifiques les uns que les autre. Presque aucun, pas plus que le personnage central, ne laisse indifférent.
Xavier se peint sans complaisance (ou se complait à se noircir) : un gaffeur distrait, top « naze », malhabile et peu débrouillard ! Ah, non, il ne s’aime pas ! Il a honte de lui et craint le regard des autres.
Il se dit velléitaire et incapable de se gérer, inapte à communiquer, écrasé par la culpabilité et l’échec.
Et pourtant, de toute sa naïve humanité, le bon petit soldat ne renonce pas. Toujours présent à l’appel du sens moral, cet insomniaque s’extrait héroïquement chaque jour de sa couche pour affronter le monde et s’affronter lui-même. Il répond présent à l’appel des autres.
Il monte la garde contre le formatage des cerveaux. Il tient à distance la bête prête à mettre en défaut notre vigilance.
Dans cette vie éphémère, il accepte le fardeau de ce combat qui lui est échu, ce combat fut-il illusoire. : « le poids de l’humilité, le désintéressement et la générosité sont autant les consciencieuses vertus du pauvre que les matons de sa condition ». Le monde est pris en défaut. Cette lutte pour l’émergence de l’humain n’est-elle qu’une farce à l’avantage des prédateurs ? Possible. Mais l’étendard brandi par Xavier donne envie de s’y rallier.
Sur le point de conclure, il apparaît que je n’ai pas parlé de la Sainte Famille elle-même : le départ du père et sa pesante absence, le refus de sa faillibilité, le rôle assumé de chevalier servant, le poids de l’attente maternelle, le difficile équilibre des relations, la chrysalide qui se dégage de son cocon pour se réaliser, l’apaisement. C’est sur cette trame douloureuse que Xavier a mis ses images. La tisser l’a probablement aidé à en percer l’abcès. Pour nous lecteurs, ce fut une invite impudique à partager son monde si beau si dur et si dense.
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