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| Zola Vernor devient un superhéros contre sa volonté, détrônant ainsi Hyperclébard, le grand sauveur de Chattertown, juste au moment où une série de bande dessinée qui relate les aventures de ce dernier se classe numéro un au hit parade des best-sellers. Cela ne plaît pas du tout à Jean Rufeu, le responsable éditorial des "Aventures d'Hyperclébard"... |
  Coacho
| David de Thuin continue dans ce tome 2 à explorer ces sentiments forts et fragiles à la fois qui se tissent dans une famille dont on comprend qu’elle ne comporte pas de père.
Les frères sont toujours différents mais vivent sous le même toit et la douleur collatérale qu’ils ressentent face à la maladie de leur mère a des expressions diverses.
Mais puisque j’aborde le thème des sentiments, voilà qu’ils se révèlent multiples dans cet album.
Car l’auteur aborde aussi les doutes du créateur, son découragement, ses faiblesses, le dégoût des rouages de son métier même.
Par exemple celui que lui inspire le battage médiatique fait autour des aventures dessinées au scénario indigent d’« Hyperclébard », le héros local.
Il n’est pas possible de ne pas voir là un parallèle entre la création et le façonnage de petites perles comme celles que l’on trouve chez les éditeurs indépendants, et les « blockbusters » de chez Soleil ou la promotion énorme dont bénéficient des auteurs comme JJ Beineix et autres pipeules !
Ce sentiment est d’autant plus renforcé par le personnage de Raphaël, sorte de JC Menu local, qui se décide d’entrer dans une niche différente de l’édition industrielle.
Comme quoi, tous les débats immenses générés par la sortie de l’œuvre polémique « Plates-bandes » peuvent être habilement et finement résumés en quelques cases et dessins agencés par une main habile et un regard plein d’acuité. C’est ça, paraît-il, le talent.
Autre phénomène ressenti à la lecture du Roi des Bourdons, et mon interprétation faisant le reste, c’est celui lié à la reconnaissance.
Je m’explique.
Zola rêve de réussir, d’être parfois quelqu’un d’autre, ce que nous avons tous déjà rêvé d’être une fois dans sa vie, enviant parfois les gens célèbres, ou ayant été un peu lâches dans certaines situations…
Si on applique ce raisonnement au métier d’auteur, et que je me permette d’extrapoler, il y a un parallèle fait avec ce besoin de reconnaissance du public qui apprécierait le travail de l’auteur, et la peur de subir les pressions et effets pervers de cette notoriété nouvellement acquise.
Une sorte de pression cérébrale et intellectuelle (tiens, comme un bourdonnement, étrange non ?) difficile à gérer qui génère un sentiment d’attraction répulsion qui peut trouver des solutions dans des fuites psychotropiques. En cela, j’ai interprété la prise de « gelée » comme cette substance émotionnellement palliative qui permet à Zola de résister à ces éventuelles pressions responsables d’angoisses récurrentes, celles que l’artiste rencontre régulièrement lors de son processus créatif. La gestion de ce besoin de reconnaissance (représenté par la gloire lié à l’héroïsme du personnage principal) et les travers et risques qui en découlent (toujours bien faire, être attendu…) sont au centre de l’hyperbole de l’auteur me semble-t-il.
En tout cas, sous des dehors qui n’ont pas l’air d’être aussi sérieux que cela, David de Thuin creuse des pistes riches, lourdes, fortes, avec un ton léger qui nous entraîne dans une passionnante chronique qui nous rend hagards et vides, juste pris par le désir imminent et consumant de lire la suite. Les mangakas sont les rois pour maintenir le suspense et déclencher l’envie du tome suivant, David de Thuin serait donc, selon cette courte et castratrice définition, un excellent mangaka ! |
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