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  Coacho
| BD de grande qualité ou grande BD de qualité ? Voilà bien une question inutile et disséquée avec fougue et rage par tous les aficionados chevronnés et féroces de tous les fora dédiés à notre chère BD.
Car là, si besoin était, Peeters confirme qu’il est au-dessus du lot, très loin devant, de grand nombre de ses contemporains.
Il nous sert des planches superbes en couleurs directes qui suintent et poissent comme cette nouvelle aventure de l’inspecteur Dragon.
L’essai avait été transformé avec Riyad sur Seine, il restait à maintenir le cap, la qualité, l’effet. Et cet album est époustouflant.
Il s’agit d’une énième planque de RG, d’une sempiternelle histoire sordide d’esclavagisme moderne, mais le fond n’est pas l’enquête policière en elle-même.
Cela va au-delà et c’est surtout grâce à Pierre Dragon, ancien de ces mêmes RG, que le livre prend une tout autre dimension.
On suit la vie, les doutes, les interrogations, les difficultés, les handicaps de ces hommes qui n’ont que leur travail pour vie.
Le cynisme l’emporte, la défense d’idéaux de justice n’est même plus le principal moteur de leur vie. Il s’agit juste d’une habitude, d’une presque fatalité.
Alors on s’accroche à ces gars qui ne font rien rimer avec espoir et on suit les planques, les longs moments d’inactivité et leurs frustrations aussi.
Tout le succès de cet album réside dans la gestion du temps, de cette façon qu’il a de s’écouler et de la façon dont il est mis en scène.
Avec un sujet pointu, résolument empli de vécu, Frederik Peeters découpe et met en image ce tragique quotidien des hommes de l’ombre avec une faconde unique.
On vit le rythme, on stresse lors de certaines scènes, et notamment sur la brillante confusion des pages 40 et 41 quand Dragon reçoit un appel de la Juge sur son portable… C’est diablement bon, efficace.
Une série qui comporte déjà 2 albums hors norme, et qui rend chaque lecteur impatient de lire le tome 3.
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