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| Voici d’abord deux histoires largement autobiographiques :
- "Personne ne peut voler, personne ne peut se souvenir" nous entraîne dans le combat quotidien de l’auteur contre les standards rigides de la BD chinoise.
- "L’été de cette année-là" nous ramène dans son passé d’étudiant aux Beaux-Arts, avec ses brimades, ses histoires de filles, ses délires et ses crises ; histoire sombre dans une tonalité sombre.
Et pour compléter ce premier recueil, l’auteur nous livre quelques uns de ses travaux en couleurs, augmentés de commentaires intimes et de méditations pertinentes sur sa vie et celle de la jeunesse chinoise.
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  nirvanael
| Remember est un des premier titre qu'adapte l'éditeur Xiao Pan, et qui l'adapte très bien, rien à redire là-dessus, mais l'oeuvre en elle-même, malgré une couverture des plus aguichantes qui pousse à l'achat les yeux fermés, se montre mitigée.
Parmi les éléments génants, il y a d'abord la photo de l'auteur aussi grosse dans cette pose "g la klass". Ensuite les traits, une fois plongé dans l'histoire, se revèlent froids et simple pretexte à montrer le personnage principal, qui n'est autre que l'auteur ici, dans des postures plus cools les unes que les autres... On voit ses fringues classes, son torse (nu et tatoué) classe, ses répliques froides et cl... Le ton est vite donné.
Certaines choses passent tout de même lors des discussions sur l'intégrité dans le milieu de la BD par la suite et l'effet de froideur du dessin, avec la colorisation par ordinateur très marquée, s'efface petit à petit. La dernière partie de la nouvelle va jusqu'à laisser se dévoiler une sensibilitée, une émotion contenue alors que des faiblesses se mettent à jour et qu'un sentiment de nostalgie qui donne sens à ce titre, remember, apparait.
Une deuxième nouvelle, plus agréable encore, bien que plus dure, suit avec le même sentiment de nostalgie. Un personnage raconte le temps où il était en école d'art via ses souvenirs dans les dortoirs d'un "ptit plouc" venu de la campagne que personne ne comprend et qui subit d'horribles brimades dans l'indifférence générale, avec encore sur le final cette inexplicable impression de chaleur mélancolique et douce qui se dégage des planches. A noter un graphisme plus sombre et où l'impression de travail numérisé se fait oublier, servant véritablement le récit, qui est aussi libéré de la lourdeur de la présence de l'auteur qui s'est de même effacé.
En plus des deux nouvelles qui s'étale sur environ 120 pages, s'ajoute au volume une soixantaine de pages d'illustrations diverses et de notes de l'auteur.
A nouveau c'est joli, mais cela battra certainement froid le lecteur qui ne ressent pas grand chose au fil des pages si ce n'est une certaine lassitude voire un agacement face au caractère insipide que prennent les notes de "Benjamin" qui, dans une schyzophrénie bien symbolique d'une certaine Asie, n'en finit plus de se dénigrer en même temps qu'il ne peut s'empêcher de parler de lui pour montrer qu'il est cool malgré tout... Et si on a pas bien saisi on a droit à d'autres photos dans des poses "mate ma d + prè" du bonhomme qui se montre torse nu, avec ses chats, en train de dessiner sur son ordinateur, ou clope aux doigts et verre avec la main avec une guitare électrique posé negligement à côté (la "cool touch") qui ne servent qu'à illustrer une autobiographie (heureusement) succinte presque ridicule tant il se prend au sérieux et tant on en a rien à cirer des détails trépidants de la vie de monsieur raconté à la première personne.
Voilà, un livre dédié dans son ensemble à l'égo de monsieur Benjamin, le titre est plus qu'explicite si on y regarde de plus près puisque le nom de l'auteur est écrit juste sous le nom du volume, ce qui nous donne en fait comme véritable titre de livre "souvenez-vous de Benjamin", ce que nous rappelle la première et la dernière page du livre qui indiquent d'abord "n'oubliez pas ce livre, n'oubliez pas son auteur", puis "n'oubliez pas mon livre, ne m'oubliez pas".
Bref... C'est bien une des premières fois que le lecteur pourrait avoir envie de garder un livre dont il faudrait qu'il arrâche des pages pour que celui-ci ne soit pas lourd et indigeste... D'autant plus dommage que ses historiettes ont des choses à dire et à faire ressentir qui seraient d'autant plus fortes si ce volume n'avait pas pour ultime utilité une mise en scène et en avant de son auteur, qui cherche à s'imposer jusqu'au dégoût.
Nous sommes loin du magnifique my street, autre "manhua" qu'a décidé de publier Xiao Pan dans nos contrées, avec des dessins certes moins tape-à-l'oeil, mais emplis, à l'image du récit, d'une poésie délicieuse, onirique et morbide. Miam. |
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