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  herbv
| D'après Asuka, Redrum 327 est un Scream version manhwa. Mais on ne peut pas dire qu’après la lecture des deux premiers volumes (sur un total de trois), on soit vraiment convaincu par l'intérêt d'une telle comparaison.
La soirée d’anniversaire, qui se déroule, comme de bien entendu, dans une maison de campagne isolée, a tourné court après l’évanouissement de la belle Gahui après une sorte de flirt involontaire avec Théo devant les yeux d’Harrie, ce qu'on pourrait considérer commme une véritable trahison. Mais elle n’aura pas le temps s'en aller comme elle le voulait, étant stoppée par une ombre qui la frappe à mort. Inconscients du drame qui vient de se jouer, les autres s’enferment chacun dans leur coin pour cuver à l'instar de Woony le tombeur ou réfléchir comme Théo. Mais le tueur frappe de nouveau...
La première chose que l’on peut remarquer, c’est que les "amis" ne cessent de s’injurier entre eux, les « salopes » et autres « connards » fusant à tout bout de champ. On finit par se demander pourquoi ils se sont rassemblés pour quelques jours alors qu’ils ne peuvent pas se supporter. Histoire d'épaissir ce mystère comportemental, l’auteur ne cesse de les faire parler par énigme, faisant allusion à des drames de leur passé commun, ce qui fait immanquablement penser au film Souviens-toi l’été dernier où une bande de jeunes, un an après avoir causé la mort d’un piéton, se faisaient massacrer un à un... Si le but est de piquer notre curiosité, c’est plutôt raté. C'est que ces dialogues sans fin, aussi incompréhensibles que les phrases d’ouverture de chapitre qui se veulent mystérieuses mais qui se révèlent n’être que pompeuses et creuses, finissent par lasser au lieu d’intriguer le lecteur. Les personnages ne font que répéter toujours les mêmes choses, entre deux injures. On en vient à n’espérer qu’une chose : qu’ils meurent, vite, et dans d’atroces souffrances ! Et si l’auteur ne cesse de s’excuser de ses maladresses de narration (ce en quoi il a raison), il fait bien de préciser qu’il n’a pas voulu exploiter le côté policier de l’affaire, vu qu’on connaît l’identité du meurtrier avant même que les cadavres ne commencent à s’amonceler (à moins qu'il nous ai mené en bateau et nous prépare un retournement de situation). Et si c’était un thriller débordant d’angoisse, et de tension psychologique, là encore, c’est raté vu le peu d’intérêt qu’on porte aux personnages et à ce qui leur arrive...
Il s'agit donc d'un manhwa plutôt vide, jouant sur un esthétisme graphique tape-à-l’oeil, avec des personnages prévisibles et stéréotypés au possible, pas le moins du monde attachants, comme le dragueur pathétique ou la belle ingénue sans aucune personnalité. Le lecteur passera donc son chemin, il a bien mieux à lire en ces temps de surprodution chez tous les éditeurs. |
petitboulet
| La jeune maison d'édition Asuka s'est récemment mise aux manhwa (bd coréenne) avec entre autres Crazy love Story, une histoire d'amour dessinée par Lee Vin et Redrum 327, thriller fantastique en 3 tomes de Ko Ya Sung. La 4e de couverture de ce bel objet (pas de jaquette, vernis sélectif sur la couverture, pages couleurs gardées...) nous informe qu'il s'agit du "Scream du manga". Et effectivement, on retrouve dans Redrum 327 à peu près tous les éléments qui font un bon slasher américain: un groupe de jeunes propres sur eux qui se retrouvent dans une maison éloignée de tout, un lourd secret qui semble les diviser, plusieurs personnages troubles et inquiétants, des disparitions mystérieuses... Tous les ingrédients pour faire de Redrum 327 un bon huis-clos oppressant sont réunis.
Pourtant, ce manhwa ne décolle pas. Ko Ya Sung nous dit dans la postface que son livre se base plus sur la psychologie des personnages que sur le suspens et effectivement, on devine vite l'identité du tueur. L'intérêt résiderait donc dans les rapports qu'entretiennent les protagonistes. Et c'est bien là le problème. En faisant de ses personnages des archétypes de slasher, Ko Ya Sung scie la branche sur laquelle il veut s'installer. Théo et ses amis se révèlent trop caricaturaux pour être crédibles, leurs actions et leurs réactions se devinent (trop) facilement. Ce genre de personnage est utile pour une bd où l'ambiance et l'action prédominent, mais il devient un handicap majeur si l'auteur veut explorer leur psychologie, trop simpliste.
Outre ce défaut, Redrum 327 se révèle inutilement verbeux et faussement mystérieux. Puisque le but n'est pas d'intriguer avec le suspens créé par l'identité du tueur, Ko Ya Sung tente de tenir le lecteur en haleine par des phrases sibyllines. Malheureusement, son effet est noyé sous une loghorrée verbale incessante et incompréhensible de 50 pages. Tout cela est lourdement appuyé par des titres de chapitre du même acabit et en anglais. L'arrivée de la première scène d'action est donc reçue avec soulagement, après cette pénible et vaine mise en bouche. A partir de ce moment, le livre devient beaucoup plus plaisant, les scènes s'enchaînent assez harmonieusement et sans trop de temps mort, et on se surprend même à enfin s'intéresser au sort des personnages.
Reste un dessin qui, s'il est loin d'être extraordinaire, ne tire pas l'album vers le bas. On regrettera néanmoins un côté très lisse, un usage pas toujours heureux des trames et une propension au tape-à-l'oeil spectaculaire. Les pages couleurs en sont un bon exemple: très travaillées et nuancées, elles manquent néanmoins de lisibilité, l'oeil se perdant souvent dans la profusion de détails qui s'offrent à lui.
Redrum 327 n'est pas vraiment un mauvais livre. C'est juste une bd de plus, sans réel atout mais sans énorme défaut non plus. Un titre moyen, trop "occidentalisé" qui ne déchaînera pas les passions, mais qui, par son côté très lisse, ne rebutera pas non plus le lecteur. Un pur produit destiné à la détente, malheureusement sans grand intérêt. |
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