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| Le jeune Arthur Vlaminck est embauché en tant que chargé du ''langage'' par le ministre des Affaires étrangères Alexandre Taillard de Worms. En clair, il doit écrire les discours du ministre ! Mais encore faut-il se faire une place entre le directeur du cabinet et les conseillers qui gravitent dans un Quai d'Orsay où le stress, l'ambition et les coups fourrés ne sont pas rares... |
  rohagus
| Très intéressé par le thème de cette BD, j'ai été littéralement captivé par son contenu.
Quelle excellente idée de mettre en scène un personnage tout droit inspiré d'un animal politique tel que Dominique de Villepin ! Cela nous permet non seulement de découvrir une personnalité hors du commun mais également le fonctionnement particulièrement complexe d'une structure telle que le Ministère des Affaires Etrangères. Est-ce donc ainsi qu'était exercée la diplomatie à la française au début des années 2000 ? Est-ce ainsi que l'Etat Français réagit à des crises telles que la guerre en Irak, des prises d'otages, le début d'une guerre civile dans un pays similaire au Rwanda ou simplement les négociations européennes avec l'Allemagne ?
Le récit est légèrement fantasmé, un peu romancé, mais il repose visiblement sur un solide socle d'informations concrètes et véridiques. C'est parfaitement crédible et bigrement intéressant.
Le personnage de Taillard de Vorms est également assez magnifique. Hyperactif, dominateur, charismatique, impressionnant, presque effrayant, il en impose dès qu'il apparaît en scène.
J'ai retrouvé en sa présence une ambiance que j'ai déjà ressentie lorsque, en condition de travail, vous allez travailler avec des supérieurs hiérarchiques sur un projet complexe, avec de réels besoins de négociations et de réflexion politique, et qu'une ou plusieurs de ces personnes sont manifestement supérieurement intelligentes, du moins dans le domaine concerné. Vous avez alors l'impression d'être emporté par le courant, un peu noyé, et surchargé de boulot devant ces éternels insatisfaits qui vous font refaire le travail jusqu'à ce que finalement ils aient façonné l'ensemble du projet à leur image mentale. Vous vous sentez petit, agacé par leurs ordres directifs et parfois apparemment contradictoires, confronté à quelque chose de trop complexe pour vous et en même temps fasciné par ce ou ces personnages et la puissance de leurs idées. Vous avez l'impression qu'ils sont à côté de la plaque, qu'ils négligent les détails pourtant cruciaux au profit d'une vision d'ensemble parfois surprenante. Et ce n'est souvent qu'après coup qu'on se rend compte que, malgré tout ce qu'ils vous ont fait endurer, le pire c'est qu'ils avaient raison.
Taillard de Vorms est représenté comme un être à part, aussi admirable qu'il peut apparaître ridicule, aussi impressionnant qu'inquiétant. Colérique et emporté, il est parfaitement représenté dans une case comme une puissante locomotive qui fonce à toute vitesse, prête à défoncer tous ceux sur son chemin qui ne vont pas aussi vite que lui. Il est tourné en dérision par son habitude de baser toute sa réflexion sur des citations de livres qu'il prône comme d'implacables arguments alors qu'il les déforment tous pour leur faire dire ce qu'il veut. Et en même temps, il attire l'admiration de tous ses proches par sa pensée hors norme, ses discours passionnés où l'on a l'impression qu'il part en vrille alors qu'en fait il s'avère qu'il a tout compris, à sa manière, sur un plan supérieur. Vraiment un cas, une personnalité à part.
Mais Taillard de Vorms n'est pas seul. L'ensemble de son cabinet est composé de personnalités fascinantes et intéressantes. J'ai adoré découvrir ce microcosme d'intelligence mais aussi de caractère et parfois d'égoïsme. Il est d'autant plus intéressant de les voir s'agiter et peiner comme des fous pour réussir à suivre la pensée vrombissante de leur ministre.
Blain et Lanzac font en outre la part belle à l'humour. Au fil des chapitres, tandis que l'on apprend à connaître les personnalités des protagonistes, leurs réactions deviennent de plus en plus drôles alors qu'on se prend à les deviner mais qu'elles surprennent toujours autant.
Les bons mots et les dialogues ciselés sont légion dans cet album. Les clins d'oeil et les références sont également nombreuses, donnant une touche moderne à ce récit qui s'éloigne des basiques intrigues historiques et politiques d'une France désuète.
J'ai franchement ri à de nombreuses reprises au cours de cette lecture. Et malgré un dernier chapitre où la pression retombait un peu à mon goût, c'est sur la toute dernière page que j'ai le plus ri.
Intelligence, intérêt, humour, personnalité... Quand à cela s'ajoute un beau dessin qui donne parfaitement vie et caractère aux personnages, cette BD devient un vrai bijou.
A lire par tous les amateurs de politique, diplomatie, psychologie, par tous les curieux mais aussi par tous ceux qui veulent rire tout en s'instruisant.
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NDZ
| Une comédie sur le Politique, mesurée et renseignée, oh que ça fait du bien. Au milieu de l'amas d'immondices ultra-parodiques qui sortent au moment des élections (ou même en permanence - La face Karcher de Sarkozix & Compagnix), il y aura désormais cette pépite.
On a un ton (mi-canard enchaîné avec les minimares/secrets d'alcôves et les coups bas qui deviennent publics ; mi-guignols avec des transpositions parodiques débridées à destination de la génération Dorothée : X-OR, Star Wars,etc.), un rythme (on ne s'ennuie pas, même si on n'a pas une once d'admiration pour le Bonhomme - je sais ce dont je parle), un crédit (on n'est pas dans la réalité vraie mais loin de la fiction quand même... ce qui donne un caractère quasi documentaire au témoignage pourtant absolument romancé).
Alors on goûte le privilège d'avoir l'œil dans la serrure, d'être le scientifique penché sur le vivarium exposé et secret du ministère. Un peu comme le curieux qui observe la bassesse de la nature humaine via une webcam qui cadre la piscine dans laquelle s'ébattent et se battent les petits roquets ambitieux, les vieux cons pleins de certitudes et les cérébrales à l'ego démesuré... le tout pour avoir un su-sucre de la part du Grand Homme? plutôt un brouillon pseudo-visionnaire, un commandeur burlesque, un vain prétentieux.
La fascination pour le pouvoir, le langage et la séduction, voilà les vrais personnages de ce livre.
Bien sûr, on a envie de voir la suite (le tome 2 sur le discours à l'ONU contre la guerre en Irak) mais aussi la fin dans un tome 3 (pas de rallonges, pitié), dans lequel on pourrait voir un tout. La sortie de piste, la sortie des cabinets. Ministériels.
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