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  Mr_Switch
| Le délit de faciès existe aussi pour les couvertures de BD. Celle de cet album de Pythagore présentait une couleur, un dessin central qui me rebutaient plutôt. L’éditeur, qui m’était inconnu, semblait être suisse, en tout cas très alpin. Un hibou-vedette, un éditeur régional, j’imaginais bien un scénario plat, peut-être franchouillard. Les signatures de Job ou Derib ne désenflaient pas mes préjugés. Quand on commence à ne pas vouloir aimer un album, on lui trouve pleins de défauts apparents et on reste aveugle devant les détails qui prouveraient notre méprise. Monsieur Larousse dirait : Quand on veut noyer son chien, on dit qu’il a la rage.
Et en voyant Derib, je pensais Desberg, ce qui n’était pas valorisant sur le moment. En fait, j’aime bien Derib et son Yakari. Et j’ai lu des Desberg de tous calibres, souvent sans déplaisir. Bref, j’ai emprunté cet album car il n’y avait plus que ça. Et je prenais mon courage pour l’attaquer.
Des les premières pages, la réticence commence a s’évanouir. Derib utilise un style clairement de l’école de Marcinelle. Certains personnages (comme Matthieu) ont un physique typiquement à la Peyo. On dira que Derib fait du sous-Peyo, mais ce n’est pas comme cela que je le ressens. Derib paraît assumer ses influences pleinement, ainsi que les références, multiples dans cet album. On croise un singe sorti tout droit du Livre de la Jungle.
Plus loin, un éléphant se nomme Tembo, hommage possible au Tembo-Tabou de Franquin et Greg. C’est le point fort de l’histoire, des références assumées, une bonne humeur manifeste et un humour qui démarque des productions jeunesse habituelles. Attention, ce n’est pas non plus Trondheim ou Zep aux pays de Yakari. Cet album est assez classique. C’est une BD d’aventure comme on en trouve pas mal dans la production des disciples de Marcinelle (ou assimilés comme tels). Cet humour est remarquable car il ne se base pas sur de sempiternels comiques de situation, sur les mêmes gags éculés qu’on retrouve dans ce flot de BD d’aventure. Ce sont les diverses répliques jouant sur les mots qui sont réjouissantes. Qu’un personnage s’appelle Lord Traf Phalgar, c’est un genre d’astuce dont on est habitué et dont les auteurs abusent même. Qu’un satellite s’appelle Telsnik, en référence à Spoutnik, cela dépassera l’enfant sûrement. Mais quand un personnage se fait bander la tête et qu’il dit « Je pense que le mieux portant des 2 n’est pas celui que tu panses », je dois admettre que le gag n’est pas nouveau mais drôlement bien mis en place. Le tangage du bateau est mis en parallèle avec le tango, etc.… D’autres traits d’esprits viennent de Matthieu. Une fouletitude , ça n’existe pas mais on comprend très bien la collision lexicale entre foule et multitude. (« foultitude » existe dans quelques dictionnaires, après vérification)
Un discours emplis de phrases lourdes, pleines de « qui » et de « que » devient une quiquephonie qui n’est pas sans rappeler la cacophonie…
On peut aussi parler des pilotes d’avion qui utilisent des passés simples de politesse… mais pas spécialement sur des verbes de registre soutenu…
Pour l’histoire, un lord a fabriqué un super engin, Eurêka, qui amphibie, escalade les cotes les plus difficile et qui est muni de bras rétractables. Un super engin qui reste plausible. Il compte l’utiliser pour la défense de la faune. Il va partir sauver les rhinocéros, d’abord. Trois enfants Octane le savant, Ketty la judoka (Une Benoîte Brisefer, presque) et Matthieu.
…. Et Pythagore la chouette. Quand décrire l’animal ? Un sous-Spip ? Trop dur. Disons qu’il reste très secondaire dans ce tome. Je ne connais pas les autres tomes mais je comprends mal comment il donne son nom à la série.
La défense des animaux le point de départ de la série. C’est un peu ce qui me faisait peur, en réalité, plus que mon aveu de racisme anti-BD. Des BD écolo ont tendance a se faire démonstratives, moralisatrices (certes parfois a raison), rébarbatives ou soporifiques. Ici, on a le message écolo au début. L’aspect globalement bon enfant fait passer la chose en douceur.
Cela va de soi qu’il y aura de méchants trafiquants de corne et un casting de véritables autochtones de la jungle de Javatra (qui n’est pas Sumatra, bien sur). Mais c’est à vous de le découvrir, car peut-être ne l’avait vous pas deviné mais je vous y invite.
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