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| Prisonnière de l'armée rouge ! |
Prisonnière de l'Armée Rouge est le premier album scandaleux d'un jeune illustrateur de 25 ans qui signe seulement de son prénom, Romain.
C'était en 1978 aux Humanoïdes Associés. Le livre est une sorte de manifeste graphique. Cet esprit punk ingénieux, très proche du groupe Bazooka, s'empare du coté obscur du Japon et invente un nouveau genre du SM, le « bondage chirurgical ». Depuis Romain Slocombe creuse un rail obsessionnel et unique, incarnant son univers fantasmatique monomaniaque sous diverses formes artistiques avec talent.
Prisonnière de l'Armée Rouge fait le saut générationnel, bien des monstres ont été tués par les flux quotidiens d'images incontrôlées. On peut enfin lire ces photos redessinées de japonaises ligotées, blessées, tuméfiées, bandées comme de vraies oeuvres, révélant l'atmosphère tragi-comique de la fin des années 70, l'esprit glacé, le détachement des regards chimiques, autant que le talent d'un artiste au coeur du monde et déjà totalement singulier.
Réédité en 2006 par le Lézard Noir |
  Thierry
| A l'instar de Frédéric Boilet, Romain Slocombe est fasciné par les Japonaises. Mais les fantasmes de Romain Slocombe l'entraînent résolument vers la pratique du bondage et de l'humiliation.
Prisonnière de l'armée Rouge fut publie en 1978 par les Humanoïdes Associés de Jean-Pierre Dionnet (qui signe la préface de cette réédition). Elle fut alors frappée de la triple interdiction (vente interdite aux mineur -en effet, il vaut mieux-, mais également interdiction de publicité et d'exposition). Il faut reconnaître que pour l'époque, et encore maintenant, l'univers de Romain Slocombe est particulièrement sulfureux.
Fujiko, fille d'un riche industriel, est kidnappée par "les Femmes de l'armée Rouge", une organisation terroriste dirigée par Reiko Mitsuhirato (référence au Lotus Bleu ?). C'est le début pour Fujiko d'une série d'humiliations qui semble ne pas devoir connaître de fin.
Soyons clair, Slocombe se situe à l'extrême limite de la bande dessinée. Son livre se compose d'illustrations en pleine page, chacune accompagnée d'en moyenne une phrase de texte. Ces 46 planches ne permettent pas de développer un scénario dense. D'ailleurs, Slocombe se concentre essentiellement sur une visite des geôles de l'armée Rouge. Dans chaque geôle, une jeune femme attachée de manière plus ou moins élaborée. On retrouve déjà dans ce premier album la fascination de Slocombe pour les "broken dolls" et les prémices de son "art médical". Autant dire que ce genre de fantasme a de quoi rebuter.
Je ne serais pas surpris que Slocombe ait utilisé des modèles ou se soit inspiré de photos pour réaliser ces pages au réalisme quasi photographique. Slocombe est d'ailleurs réputé pour son travail de photographe. Il réussit pourtant à ne pas tomber dans une esthétique glacée. On ressent son attirance pour ces poupées cassées. Il arrive même presque à nous la faire partager, ce qui est assez troublant, et surtout dérangeant !
Il n'est pas étonnant que Le Lézard Noir ait choisi de rééditer ce livre, qui se situe tout-à-fait dans sa niche éditoriale: "avant-garde et japonisme décadent". Cela dit, je viens de lire (et d'apprécier) le premier volume de "Yapou, bétail humain", chef d'oeuvre masochiste de Shozo Numa. Je continue avec les poupées cassées de Slocombe... euh... ça m'inquiéterait presque. Et dire que le même Romain Slocombe a également écrit des romans pour la jeunesse... difficile d'envisager plus grand écart. |
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