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| Paul Forvolino est un chercheur médiocre. Sa spécialité, ce sont les lichens, ces végétaux qui résultent de la symbiose entre un champignon et une algue, leurs propriétés se combinant en un végétal plus fort, plus résistant que la simple somme de leurs particularités. Sa vie privée est ordinaire. Il est marié, a une petite fille qu'il ne voit guère car il passe l'essentiel de son temps au travail. Sa vie de couple est morne. Il est mal dans sa peau et son quotidien l'étouffe un peu plus chaque jour. Par mégarde, il renverse le contenu d'une éprouvette sur son bras. Une métamorphose étonnante s'opère alors peu à peu : son physique se fait plus attractif, sa force est décuplée, ses sensations aussi. Sa femme est aux anges, et ses amis ravis. Cette nouvelle nature qui prend possession de lui le comblera-t-elle ? |
  coacho
| Je suis bien incapable de faire un rapport de lecture honnête et cohérent de ce livre.
C’est tout simplement scotchant, bluffant, énorme dirais-je même pour faire le djeunz !
J’avais lu dans cette collection le Comix Remix d’Hervé Bourhis qui m’avait bien plu et j’avais la désagréable impression que ce « Prestige de l’uniforme » était une variante sur le thème…
Pourtant, après avoir plusieurs fois feuilleté les 80 pages de ce double expresso, j’étais attiré par ces cases sombres, ces dessins fouillés, mais bon… Sans plus d’envie que ça.
Traînant un midi dans ma Fnac, désœuvré, rien à lire avec moi, je me suis dit « Pourquoi pas ? » et j’ai acheté cet album un peu résigné par ma maladive compulsivité dans l’achat !
Est-ce pour cela que j’ai apprécié cet album ? Est-ce parce que je n’en attendais rien de particulier ? Est-ce parce que je n’avais pas de préjugés mais bien quelques a priori négatifs ?
Peut-être… Mais en fait, non. Il faut savoir reconnaître quand c’est bon et là, ça l’est !
Très vite on est happé par l’existence de Paul, ou plutôt son inexistence, dans un laboratoire Kafkaïen qui le coupe de toute réalité, à commencer par sa famille.
Sa femme subit et soutient son mari, malgré une certaine perversité psychologique dans cette démarche.
Sa fille souffre de l’absence de son père et développe de sombres pensées.
Et un jour, l’accident de recherche.
Le corps de Paul mute et il vit une période d’éclaircie dans sa vie.
Le scénariste, Loo Hui Phang, utilise le mode narratif personnel et c’est donc par les yeux du héros, et ses pensées, que nous lisons ce bouquin.
C’est désespéré, fort, poignant, beau… Les mots me manquent un peu pour faire quelque chose qui soit du niveau du sentiment qui m’a étreint à la lecture de cet album.
Une sorte de clin d’œil fait à tous les anonymes en quête d’un peu de lumière, une ode à l’anonymat, et une description fine et intelligente sur les méfaits de la reconnaissance et la gestion de la notoriété.
Un album magnifique à ne pas manquer. Dire que j’ai failli passer à côté…
L’édition nous réserve parfois de belles surprises, Prestige de l’uniforme en fait partie.
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Matt Murdock
| Je dois avouer que celui-là je l'ai ouvert uniquement grâce aux nombreux échos positifs que j'ai pu lire sur internet. En effet, le Prestige de l'uniforme de Micol et Phang est une superbe BD, dont il serait dommage de passer à côté.
Cet album raconte l'histoire de Paul Forvolino, chercheur travaillant dans un laboratoire hiérarchisé à outrance écrasant de travail ses employés. Problème, il est en bas de l'échelle hiérarchique et travaille très dur pour monter, mais n'y arrive pas. Sa vie privée en pâtit, il voit très rarement sa fille, sa femme le trompe et n'hésite pas à sortir dans des boîtes sado-maso. Enfin il est la risée de ses amis et de ses collègues, et il n'a pas le temps d'aller voir son père malade à l'hôpital. Bref sa vie ressemble à un cauchemar houellebecquien. Puis un soir, où il travaille tard, il apprend qu'il risque de se faire virer, il décide de se venger en sabotant les recherches en cours, mais il se fait asperger pas erreur d'une étrange mixture. Sa vie va alors changer. Passé une première transformation qui le rend plus fort, plus beau, plus intelligent, et semble lui corriger tous ses problèmes, il va très vite devenir un homme-lichen, une sorte de Swamp Thing en quelque sorte.
Ce qui est bon avec cet album, c'est qu'il réussit à marier parfaitement le comics adulte avec tout le côté "super-pouvoir, malédiction et grande responsabilité", sauce DC/Vertigo, tendance Swamp Thing, voir même Sleeper, avec une BD plus européenne, notamment avec un graphique très Blutchien, et une histoire qui met pas mal l'accent sur l'intimité du personnage principal. L'histoire est parfaitement construite, on passe des problèmes de la vie privée de Paul Forvolino, à la transformation physique progressive et un brin chirurgical du personnage, pour finir sur son intronisation involontaire en héros, sans oublier l'évolution de ses rapports avec sa famille. Sauf qu'une impression de vie ratée et de dépression se dégage à la lecture de cette histoire. Et c'est en sachant doser les rations entre Bd de genre de type super-héros avec une histoire plus réaliste, plus intime, centré sur le portrait d'un homme en crise que le récit réussi à faire chavirer le lecteur que je suis. Les dessins ne sont pas en reste, avec des traits sombres et parfois gras. Je ne dirais pas Blutch comme référence, car on a tendance à l'employer pour chaque nouvel auteur français qui perce, mais j'y ai pensé très fort. Toujours est-il que les dessins sont très bons, et ont un découpage classique, dont le ton assez froid donne tout son importance à la lente déchéance de Paul Forvolino. Coup de coeur. |
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