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| Fugue pour trois mineurs. Fuyant violence familiale et solitude urbaine, Manu, Julie et Anna trouvent refuge dans une maison forestière. Au fond de la cave de celle-ci, un menhir sculpté figure la "Porte au ciel". On dit que c'est le lieu où l'on peut parler avec les morts. Une légende qui trouve un écho particulier auprès des trois amies qui ont chacune déjà tenté de mettre fin à leurs jours... Inquiétant.
Le plus proche voisin des trois fugitives est un peintre, David, qui réalise chaque année le portrait de sa fille mystérieusement disparue, telle qu'il l'imagine vieillissante. Mais l'une des trois jeunes filles ressemble comme une soeur à l'absente... Troublant.
Dans ces parages campagnards, rôde aussi Vincent, l'éleveur de chèvres, qui vit avec sa tante et observe avec peut-être trop d'intérêt les adolescentes... Flippant.
Sans oublier, les gendarmes missionnés pour retrouver les fugitives... Stressant. |
  rohagus
| Eugenio Sicomoro, voilà un dessinateur qui a fait du chemin depuis Lumière froide, la seule autre série de lui que j'avais lue. J'y avais déjà noté ses personnages très travaillés et réalistes mais je lui reprochais des décors vides et des couleurs médiocres. Tout cela est corrigé et encore perfectionné dans cette nouvelle série qui parait dans la collection Aire Libre.
Ses personnages sont dessinés avec un souci du détail impressionnant. Ils ont un peu de la vie et du réalisme des héros de Gibrat. Et ils ont même temps la grande expressivité faciale des personnages de grands du dessin italien tels que Liberatore ou encore Serpieri. Face à un tel réalisme, il résulte parfois une légère impression de figé mais ce serait vraiment chercher la petite bête tant chaque planche est soignée et réussie.
Les décors ne sont pas en reste. A l'exception de quelques lignes droites trop tracées à la règle, ils offrent de simples mais superbes paysages campagnards et forestiers.
La colorisation est en outre excellente et ajoute à la beauté de chaque page.
Makyo nous offre un scénario mêlant plusieurs trames qui s'agencent de belle manière.
La principale, en toile de fond, est sur le thème de la disparition. La disparition d'un enfant et la force de vivre du père éploré qui maintient sa fille en vie par des toiles de peinture où il fait évoluer et vieillir son visage, années après années.
La seconde trame, force dynamique du récit, raconte la fugue commune de trois adolescentes, chacune pour des raisons différentes et très valables. Ce sont de vraies amies attachantes et jolies même si elles ont toutes les trois tenté de se suicider par le passé.
Ces deux fils narratifs vont se mêler autour d'un endroit légendaire, la Porte au Ciel, qui apporte une dimension un peu mystique à ce récit où les vivants côtoient la mort et la disparition.
Présentée ainsi, l'intrigue parait sombre et un peu sinistre. Mais il s'en dégage pourtant une vraie joie de vivre, de résister. Les héroïnes sont tourmentées mais pleines de vie et bien décidées à ne pas se laisser abattre. Le père dont la fille a disparu a su lui aussi redresser la tête et maintient l'esprit de sa fille en vie par la force de sa volonté. Et à cela s'ajoutent les très beaux décors champêtres de ce récit.
Tout cela pour donner une BD que j'ai lue avec grand plaisir et dont j'ai hâte de découvrir le second et dernier tome. |
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